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Festival de Barjac 2014

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Pour son édition 2014, qui se déroulera du 26 au 31 juillet, le festival Chansons de Parole de Barjac poursuit sa brillante investigation sur les sentiers de la chanson francophone. Aux talents confirmés comme Rémo Gary ou Anne Sylvestre qui sera là en marraine viennent s’ajouter des jeunes pousses qui ont déjà fait montre de leur talent par ailleurs. Ainsi, Lise Martin, Garance, Lily Lucas, Tony Melvil et bien d’autres viendront inscrire leur nom au programme de ce festival référence dont voici la programmation.

 

barjacSamedi 26 juillet
17h30 – OUVERTURE – PLACE CHARLES GUYNET AVEC LES POULIES TELESCOPIQUES
21H30 – cour du Château – LILY LUCA – ANNE SYLVESTRE


Dimanche 27 juillet
17h00 – chapiteau – ALEXANDRA HERNANDEZ ET JONATHAN MATHIS
18h30 – chapiteau – LA MEUTE RIEUSE
21h30 – cour du château – NATHALIE MIRAVETTE – REMO GARY


Lundi 28 juillet
17h00 – chapiteau – ENTRE 2 CAISSES – à partir de 8 ans !
18h30 – chapiteau – LILI CROS ET THIERRY CHAZELLE
21h30 – cour du château – DELPHINE COUTANT – GIANMARIA TESTA


Mardi 29 juillet
17h00 – chapiteau – GARANCE / LISE MARTIN
18h30 – chapiteau – LAURENT VIEL
21h30 – cour du château – ELSA GELLY – YVAN DAUTIN


Mercredi 30 juillet
17h00 – chapiteau – OLIVIER L’HÔTE
18h30 – chapiteau – ALCAZ
21h30 – cour du château – LAURENT BERGER – ANNE BAQUET


Jeudi 31 juillet
17h00 – chapiteau – JOZEF / BAPTISTE DUPRÉ
18h30 – chapiteau – EMMANUEL DEPOIX
21h30 – cour du château – TONY MELVIL – LO’ JO
Après minuit – Finale nocturne avec IOANES TRIO


 

RENSEIGNEMENTS

le festival est organisé par l’association Chant Libre – licence 1012642/3
Président : Jean-Miche Bovy – Vice-présidents : Pascal Menoux, Yves Chaulet – Trésorière : Cathy Ville

Bureau du Festival : 04 66 24 40 98 – Mairie : 04 66 24 50 09
Pour toute demande d’information, écrivez à : info@chansonsdeparole.com
Chansons de Parole – BP 26 – F – 30430 BARJAC

La Klôserie sans lilas

Mardi 10 juin 2014. Klô Pelgag, après un Café de la Danse en avril dernier, revient sur une scène parisienne. C’est au 104. On l’a rencontrée à cette occasion. A la Klô déchainée sur disque et sur scène laisse place une Chloé Pelletier-Gagnon très posée, presque timide. Posée mais déterminée, passionnée et passionnante quand elle explique sa démarche artistique. Son art déborde la musique sur les extérieurs et elle se pose en disciple de Dali et Lauzon plutôt que Desjardins et Rivard. Klô pratique l’art total, n’exclut rien sinon la tiédeur. L’art ne vaut que s’il est une mise en danger et s’il procure du sens, des formes et des émotions. Cette Klô-là est faite pour durer !

Hexagone : On te découvre en France alors que tu chantes depuis un moment au Québec et que tu as déjà raflé une montagne de prix. Peux-tu raconter en quelques mots le chemin qui t’a conduit à la chanson ?
Klô Pelgag : Quand j’étais petite j’ai pris des cours de piano classique, puis j’ai arrêté avant de reprendre à la fin de mon adolescence de façon plus autodidacte en écrivant des chansons. C’était plus un besoin à ce moment-là.

Hexagone : Quel besoin ?
Klô Pelgag : J’avais besoin de faire sortir des choses, notamment des choses qui se passaient dans ma vie à un moment où je n’étais pas très heureuse. Et à partir du moment où je me suis mise à écrire, des chansons ou des textes, ça m’a montré le monde autrement et aidé à mieux vivre.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : Tu vis en Gaspésie, une région retirée qui se trouve à 10 heures de Montréal. Est-ce que cet environnement est propice à ta création ? Cet environnement a-t-il influé sur ton désir de faire des chansons ?
Klô Pelgag : Je pense car lorsque tu es ado, c’est très inspirant de n’avoir rien d’autre à faire que de contempler la magnifique nature qui t’entoure. L’écriture s’impose pour échapper à l’ennui.

Hexagone : J’ai lu que tu avais fait du théâtre au départ ?
Klô Pelgag : Pas au départ en fait. C’est lorsque j’ai commencé mon cursus universitaire que je suis allée en Arts et Lettres Option Théâtre et que je me suis découvert un grand intérêt pour le théâtre. Les différents aspects du théâtre, la scénographie, l’écriture dramatique, le jeu, m’ont beaucoup nourrie.

Hexagone : Pourquoi en revenir à la chanson du coup ?
Klô Pelgag : Ça me tentait d’essayer, j’avais un appel fort en moi qui me signifiait que ce medium-là est particulièrement intéressant dans le sens où l’on peut réunir beaucoup de formes artistiques à l’intérieur.

Hexagone : C’est plus direct comme expression ?
Klô Pelgag : Oui, j’aime les humains et j’aime pouvoir communiquer avec eux et la forme de la chanson permet de le faire. Aussi, dans mon spectacle, je suis libre de faire ce que je veux et je n’ai pas de metteur en scène ni d’auteur à qui je dois obéir.

Hexagone : Qu’est-ce t’apporte la chanson que le théâtre ne t’a pas apporté ?
Klô Pelgag : Une liberté complète. C’est moi qui décide si le spectacle est bon ou mauvais. Je peux greffer ce que je veux à mon spectacle comme des tours de magie, etc. J’aime quand c’est un mix entre quelque chose de rôdé mais qui laisse une place aussi à l’improvisation. Et puis il y a la musique que j’adore associer aux mots, à la couleur des accords.

Hexagone : Musique et mots, l’un ne va pas sans l’autre chez toi ?
Klô Pelgag : Dans ce que je fais, oui, mais j’adore la musique instrumentale aussi. Et j’adore lire.

Hexagone : Pour toi, quel est le rôle d’une chanson ?
Klô Pelgag : De toucher les gens, de les distraire. C’est le reflet d’une façon de voir, de les amener ailleurs, de leur montrer un aspect d’eux-mêmes qu’ils ne connaissent pas.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : Il y a une marque de fabrique « Klô Pelgag » dans tes chansons. Aux thèmes souvent lourds  (la maladie, la drogue, etc.) tu associes des musiques plutôt joyeuses. Que cherches-tu à créer ?
Klô Pelgag : J’écris par instinct et je ne réfléchis pas à ce que je fais quand je le fais. Quand j’écris, c’est que j’ai des choses à faire sortir mais j’aime les transformer. Une musique triste avec un texte triste, ça n’apporterait certainement rien l’un à l’autre. Je n’essaie pas de faire une science de la chanson, c’est du ressenti avant tout. Il y a des sujets qui me touchent plus que d’autres, j’ai une certaine violence en moi…

Hexagone : Oui, d’où vient cette hyper présence de la violence dans les thèmes de tes chansons ?
Klô Pelgag : Je suis passionnée et la chanson me permet de canaliser cette violence.

Hexagone : On parle beaucoup de surréalisme à propos de tes textes. Qu’est-ce qui t’intéresse dans les mots ? Que cherches-tu à en faire ?
Klô Pelgag : Dans le fait d’écrire, j’essaie d’exprimer à la perfection un état, en faire une description suprême de quelque chose. C’est fou ce que l’on peut faire avec les mots. Le contact d’un mot avec un autre, ça peut devenir plus grand que la signification dans leur unité. Pour moi, c’est sublimer un état, une sensation.

Hexagone : On peut rapprocher ton mode de fonctionnement de celui du poète. Comme les Fleurs du Mal étaient les poèmes de Baudelaire, ton Alchimie des Monstres (ou du verbe ?) semble faire état de tes chansons. Comment fonctionnes-tu dans ton écriture ? Est-ce que tu t’astreins à t’asseoir à ta table tous les jours…
Klô Pelgag : Non non. On pourrait rappeler la comparaison entre Picasso et Dali. Picasso a travaillé tous les jours et a livré une production mirifique dont des choses extraordinaires ont sont sorties. Et puis Dali, lui, réfléchissait pendant des mois à ce qu’il allait faire, puis il le faisait en un souffle. Il savait ce qu’il voulait. C’est deux façons de travailler.

Hexagone : Du coup, tu serais plutôt Dali ?
Klô Pelgag : Oui, dans ma façon de travailler. Et je suis très critique envers moi-même. Quand j’écris, je veux avoir envie de pouvoir dire les phrases que j’ai écrites durant toute ma vie. Si j’écris sans en ressentir le besoin, je vais être déçue et frustrée.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : Tu as mis combien de temps à écrire l’album ?
Klô Pelgag : C’est un premier album, c’est particulier. Certaines datent de trois ans, certaines sont récentes et ont été enregistrées juste avant la sortie de l’album.

Hexagone : Qui t’a donné envie de faire de la chanson ?
Klô Pelgag : Beaucoup de choses m’ont influencée mais parmi les personnes qui m’auraient donné envie de faire de l’art – plutôt que de la chanson – je pense à un cinéaste comme Jean-Claude Lauzon avec son film Léolo, des peintres comme Botero, Magritte. Des poètes comme Claude Gauvreau qui m’a beaucoup touchée dans mon adolescence et qui m’a fait découvrir qu’on pouvait faire n’importe quoi et essayer des choses.

Hexagone : Ton approche est iconoclaste dans le monde de la chanson. Tu mélanges tous les arts et c’est plutôt inédit comme démarche en chanson. L’art pour toi, c’est vraiment une mise en danger ?
Klô Pelgag : Oui, bien sûr.

Hexagone : Du coup, tu ne vas certainement pas chercher à ronronner sur ta formule et le prochainement album sera probablement très différent ?
Klô Pelgag : C’est ça. Et puis si je fais quelque chose avec lequel je suis mal à l’aise, quel regard porterais-je sur moi dans 10 ans ? J’aimerais pouvoir toujours rester fière de ce que j’ai fait.

Hexagone : Qu’est-ce que tu écoutes en musique ?
Klô Pelgag : J’ai écouté beaucoup de rock progressif quand j’étais adolescente.

Hexagone : Comme qui ?
Klô Pelgag : Gentle Giant notamment avec l’album Interview. J’ai écouté beaucoup de chanson française aussi, j’ai écouté du reggae. J’ai écouté un peu de pop aussi, j’adore l’album de Metronomy, The Bay.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : Tu as davantage une culture pop / rock anglo-saxonne ?
Klô Pelgag : Non, j’adore les classiques français comme Gainsbourg et Histoire de Melody Nelson. J’aime Brassens, Brel et Bashung que je découvre en ce moment. J’aime le côté épique de son univers. Pas de compromis dans son œuvre, je m’en sens proche. J’aime les gens qui ne renient pas leurs idéaux et vont au bout de leur démarche artistique.

Hexagone : Comment décrirais-tu le tien d’univers ?
Klô Pelgag : Je ne sais pas. Je préfère que ce soit les autres qui le décrivent parce qu’il n’y a pas de vérité. Personne n’a raison. Aujourd’hui on va dire que je suis surréaliste et peut-être que dans deux ans on dira que je suis baroque. Je ne veux pas m’attribuer de qualificatif parce que je veux me laisser la chance d’évoluer et de changer même si certaines choses resteront toujours.

Hexagone : L’importance de la scène pour toi ? Ça se passe avant tout là ou bien est-ce juste un passage obligé auquel tu ne tiens pas forcément ?
Klô Pelgag : Ah ! J’adore la scène et je suis vraiment heureuse de pouvoir tourner autant. C’est violent la scène et j’essaie toujours d’être le plus honnête possible avec ce moment, avec le public. C’est un moment fragile et j’aime cette fragilité, j’aime qu’on laisse la possibilité au spectacle d’être bon, moyen excellent ou nul.

Hexagone : Pour le coup on retrouve si ce n’est le théâtre au moins le goût du jeu ?
Klô Pelgag : Oui, j’aime tester les gens. Sur scène, on est un peu un concentré de certains aspects de nous-mêmes.

Hexagone : On retrouve sur scène ton côté « barré » et c’est un compliment. La scène c’est le prolongement de ton travail artistique d’écriture et de composition ?
Klô Pelgag : Oui, bien sûr. J’ai toujours été un peu « à part », on m’a toujours regardée un peu comme une extra-terrestre mais j’assume et ça me plaît.

Cendrio : Parlez-moi de moi

Cendrio est un artiste cévenol. Ses chansons colorées sont loin d’exclure toute forme d’engagement. Bien au contraire. On retrouve chez lui un cousinage avec le presque voisin d’Astaffort, Francis Cabrel. Les mélodies folk et la voix au méridional accent y sont pour quelque chose pour sûr.

Le morceau du jour est la chanson Parlez-moi de moi qui est également le titre du nouvel album à sortir très prochainement. Un morceau tout en second degré qui dit toutefois en creux la propension très actuelle à se regarder un peu trop son propre nombril. On peut donc lire aussi cette chanson comme une urgence à regarder et à aimer son voisin.

Nosfell : Rubicon

Premier single du dernier album Amour massif paru en mars dernier, Rubicon montre l’évolution de l’univers artistique de Nosfell. Avant de reparler à la rentrée de son passage au Trianon le 12 novembre prochain.

Yoanna – Elle est double

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Yoanna dans ta face ! Une fille un accordéon des cheveux rouges, parfois, et une gouaille à faire pâlir tes poulets ! Mots qui smatchent leur reum. Moi je me suis pris Yoanna en pleine goule en 2008, ne m’en suis pas remise de ses boxes et il paraît qu’elle revient bientôt avec un nouvel album…

Bacchus gagne à l’Extérieur

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Ça fait maintenant trois mois que Nicolas Bacchus a pris ses quartiers et nous donne un rendez-vous mensuel dans son nouveau repaire parisien sis au 5, rue d’Alsace, Paris Xème. A un demi pas de la gare de l’Est. Extérieur Quai que ça s’appelle le lieu et c’est une brasserie où les prix sont très raisonnables, la bouffe (et la bière) plutôt très bonne et personnalisée en fonction de l’artiste du jour. Enfin du soir.

Mercredi soir donc, avant que le troubadour du bas canal – comme on disait quand il habitait encore Toulouse mais ça date – nous envoie ses rengaines à te mettre la chair de poule aux feuilles de chou, hier soir donc disais-je avant de partir dans mes soliloques digressifs, je me suis envoyé une assiette Bacchus pour pas nourrir bête. Des pousses d’épinards et de jeunes asperges ou l’inverse, des patates douces et bien sûr le tout arrosé du filet mignon qui a rendu célèbre Bacchus eu égard à son savoir en filet justement.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Passée la métaphore filée donc, revenons à nos chansons. Tout de chemise à carreaux vêtu et accompagné fort élégamment et subtilement au violon par Sylvain Rabourdin, Nicolas Bacchus a montré à nouveau tout le métier qu’il possède, tout son art de tenir une salle de bar dans sa main. Car qu’on ne se méprenne pas. C’est certainement les lieux les plus difficiles à apprivoiser pour un artiste que ces bars, ces coins d’estrade au demeurant fort sympathiques. L’échange avec le public est direct, frontal et un artiste mal aguerri pourrait s’y faire rôtir les ailes en moins de deux. Pour peu qu’il chante le répertoire d’un Bacchus j’entends.

Parce que ce Bacchus qui sillonne les salles et les bars de l’Hexagone depuis plus de 15 ans, il ne débarque pas avec des chansons de tapette mais avec des chansons de pédé ! (Mais pas que) Des chansons saignantes et « à poing » comme il s’était amusé à nous le raconter sur son album A Table en 2006. Des chansons au travers desquelles il exprime inlassablement son goût de la liberté et de la différence. Des chants de revendication aurait peut-être dit Ferré sauf que chez Bacchus, le chant tout aussi engagé soit-il et il l’est, le chant est presque toujours enjoué et jouissif ! Chez Bacchus, on brandit plutôt le poing pour dire « laisse-moi aimer qui je veux » plutôt que « je ne t’aime pas ». Alternant la Takamine acoustique et la Gretsch électrique, Bacchus passe ainsi en revue une quinzaine de morceaux dont l’essentiel est puisé – non pas à l’encre de tes yeux – mais dans l’œuvre récente à l’exception toutefois des Sans Papiers et du Tango que nous fait danser Bacchus depuis plus de dix ans.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Quand il chante dans les bars, Nicolas, comme mercredi dernier, il greffe toujours des chansons des autres à son tour de chant. Pas forcément de grands standards dans ses reprises, mais des chansons moins convenues d’artistes illustres, comme la superbe interprétation de Saturne de Brassens notamment. Aussi, des chansons des collègues et amis chantistes – plus confidentiels ou moins exposés selon comme on voit la chose – comme Reno Bistan, Sarclo, Jehan, Font & pas Val. Faut pas déconner non plus.

Chez cet énergumène patenté, ce qui frappe, qui réjouit et vaut maximum respect pour la dire comme les jeunes c’est le sérieux du travail. Derrière une espèce de fausse inconséquence, Bacchus ne laisse pas de place au hasard, c’est un perfectionniste. Qu’il joue sur une scène ou dans un bar, si la set list diffère l’application à la tâche est la même. Il suffit de le voir faire et parfaire ses balances avant le spectacle pour s’en douter. Il suffit de l’écouter dans ce mini groupe à 2 avec Sylvain Rabourdin pour en être convaincu et comprendre qu’une seule chose anime Nicolas Bacchus depuis qu’il chante : donner et donner bien. Donner généreusement. Que tu sois venu l’applaudir ou non.

A Extérieur Quai, la saison est terminée en ce qui concerne l’ami Bacchus. Les concerts reprendront à la rentrée et paraît-il que le taulier du lieu – qui est aussi celui des Bouillons Belge et Saint-Stef si tu connais – a un projet de cabaret burlesque. On en reparle ici bientôt.

Robi – Où suis-je

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Si tu ne sais pas encore qu’en 2014 on ne meurt plus d’amour, qu’on peut avoir une voix velours-rauque-cigarettes sur des mélodies aussi efficaces qu’un bon tube de Blondie… alors c’est que tu n’as pas encore écouté Robi. Entêtant.

Festival TaParole avec Roxane Joseph

Depuis quelques semaines, difficile d’ignorer cet évènement qui a démarré lundi dernier et dont les points culminants sont attendus pour les 13, 14 et 15 juin à La Parole Errante à Montreuil. Difficile d’ignorer disais-je car le tout Paris populaire et des salles de spectacles est placardé de cette affiche chatoyante jaune et rouge. Des bénévoles – pour la plupart – qui ne rechignent pas à la besogne pour faire vivre leur passion de la chanson tractent et affichent inlassablement. Le Festival TaParole arrive donc pour sa session 2014. Avec cette année encore une programmation où l’éclectisme le dispute à la qualité. La Maison Tellier, Nicolas Joseph, Batlik, Richard Desjardins, Eskelina, HK et les Saltimbanks, Alain Schneider pour les plus petits, etc. Devenu un rendez-vous incontournable de la chanson d’expression, TaParole a su imposer sa vision d’un autre système de valeurs associée à une idée exigeante de la chanson. Roxane Joseph, cofondatrice du festival avec son frère Nicolas en 2003 répond à nos questions.

Roxane Joseph par Bauer
Roxane Joseph par Bauer

Hexagone : Taparole a été créé en 2003. Rappelle-nous comment l’idée est née et quel était l’objectif au départ ?
Roxane Joseph : Mon frère est moi sommes passionnés de chanson depuis toujours. Il n’y avait pas de festival de chanson à Paris, en allant beaucoup au concert, nous avons rencontré beaucoup d’artistes talentueux et nous avons eu envie de les rassembler et de les aider à trouver un public plus large. L’idée était simple, si chaque artiste parvient à rassembler 20 personnes en les regroupant nous parviendrions à faire venir 200 personnes et dès la première édition nous étions complet chaque soir. Nous voulions donc offrir à ces artistes de belles conditions pour présenter leur travail et attirer l’attention du public et des professionnels tout en travaillant sur une idée d’accueil du public différente de celle qu’il trouve habituellement dans les salles. Il y avait aussi l’idée de recréer un petit monde en accord avec nos idéaux de partages, d’échange, de rencontre et de montrer le monde tel qu’il est ou devrait être, inviter des collectifs de militants mêlés à l’expression artistique et donner envie au public de s’impliquer dans les luttes en cours.

Hexagone : En 2014, l’objectif est-il toujours le même ?
Roxane Joseph : L’objectif est toujours le même mais l’échelle à changé, d’un public de 400 personnes nous sommes aujourd’hui à plus de 3000, la recette est la même aujourd’hui, le travail et l’expérience nous ont permis d’approfondir certains aspects, toujours au plus près de notre idéal : mêler découvertes et artistes plus professionnels, accueil du public convivial et humaine (cuisine maison avec des produits locaux ou bio), projet pensé dans sa globalité (recyclage des déchets, rémunérations équitables, focus sur des sujets de l’actualité militante, prix raisonnables, joie et enthousiasme!)

Hexagone : Comment s’opèrent les choix d’artistes ? Existe-t-il un comité ? Un vote ?
Roxane Joseph : Les choix est purement subjectif ! Nous sommes 3 à la programmation et le choix s’opère à l’unanimité. Pas de vote mais des discussions et beaucoup de concerts. Il faut que l’on puisse défendre tous les artistes programmés aucun n’est là par hasard, il y a aussi l’harmonie des soirées, il faut une cohérence donc certains artistes chéris ne trouvent pas leur place dans la programmation de cette année, on les garde pour une autre édition où leur couleur artistique correspondra à ce qu’on a envie d’exprimer alors. Comme nous ne sommes pas tenus par l’actualité de l’artiste mais guidés uniquement par notre cœur chacun trouve sa place le moment venu.

Batlik
Batlik

Hexagone : Que doit impérativement contenir le CV des artistes pour être programmés à Taparole ?
Roxane Joseph : Bon, on regarde pas les cv!! Il faut impérativement qu’on l’ait vu sur scène, première étape. Puis ensuite c’est vrai que le texte prime, la poésie, le contenu, les convictions. La démarche de l’artiste nous intéresse aussi, quels choix fait il pour tenter d’ouvrir les portes de ce métier? Quels sont ses prises de position, dans l’ensemble il faut que le contenu artistique nous emporte et qu’on observe une cohérence entre son discours et ses choix artistiques, si en plus il y a des affinités humaines c’est l’idéal!

Hexagone : Taparole, c’est combien de bénévoles, combien de salariés ?
Roxane Joseph : 60 bénévoles et 5 salariés pendant le festival. Plus une soixantaine d’artistes et une dizaine de techniciens qui sont également salariés durant le festival.

Hexagone : Etes-vous aidés par différents organismes pour boucler le budget ?
Roxane Joseph : Oui la région, la ville de Montreuil, l’ADAMI, la SPEDIDAM, la SACEM, les subventions couvrent environ 50% du budget, le reste est financé par le bar/restaurant et la billetterie.

Hexagone : On vous sait très ancrés à gauche. Vois-tu Taparole comme le véhicule d’un autre système économique ? D’un autre système de valeurs ?
Roxane Joseph : De valeurs différentes oui, si on peut montrer au monde que c’est possible de réaliser de beaux projets qui perdurent et se développent sans renoncer à ses idéaux, en les mettant en œuvre alors le pari est réussi. Quant à l’aspect économique il est évident que l’on prouve chaque jour que notre projet est viable, crée des emplois, une certaine économie, mais c’est aussi au prix de beaucoup d’abnégation, d’obstination et de travail, c’est un secret pour personne que les structures associatives restent dans une grande précarité, fragilité économique, notre réussite tient beaucoup à l’énergie des bénévoles et à la passion qui nous anime ! Mais je crois beaucoup au monde associatif, aux collectifs, aux initiatives citoyennes pour faire évoluer le monde, l’espoir se situe là, assurément.

Richard Desjardins
Richard Desjardins

Hexagone : Quelle a été l’évolution de la fréquentation depuis la création jusqu’à 2013 ?
Roxane Joseph : De 400 à plus de 3000. Cela a été très progressif, à échelle humaine, en suivant notre bonhomme de chemin, le public s’est toujours montré très réceptif aux intentions que l’on mettait dans la programmation, dans nos évolutions, nous avons une grande confiance dans notre projet car nous sommes convaincus de sa pertinence!

Hexagone : La prog est assez éclectique cette année dans les styles présentés. Est-ce Taparole ou la chanson en général qui évolue, qui se modifie ?
Roxane Joseph : J’ai toujours pensé que la richesse de l’esthétique chanson se situait dans sa variété au sens noble du terme. Elle est variée, riche, foisonnante, la chanson c’est du rock, du slam, de la poésie, du minimalisme, de l’humour, de la revendication, c’est tout ça à la fois, mais cette année, c’est vrai, on avait envie de couleurs, de mouvements, de rythmes, inviter la maloya réunionnaise, le folk de la Maison Tellier… Je pense que la chanson s’est toujours inspirée de nombreuses influences mais qu’elle est parfois défendue par des chapelles qui l’emprisonnent un peu, alors qu’elle n’est jamais plus belle que lorsqu’elle est libre et qu’elle surprend. Bien qu’il y ait beaucoup de groupes qui choisissent l’Anglais, il y a aussi un regain d’intérêt pour notre vieille langue, on le voit avec le succès d’un groupe comme Fauve ou La Femme, il y a donc des mouvements contraires mais je crois que c’est ainsi depuis longtemps.

Hexagone : Aussi, le festival se déroule sur quasiment une semaine et sur différents lieux à Montreuil. A quelle envie également cela répond-il ?
Roxane Joseph : C’est dans l’essence d’un projet de le faire évoluer, grandir, c’est ce qui motive, entretient la passion, mais dans notre cas nous ne voulons pas nous développer en perdant justement les objectifs de départ, donc un des choix qui est fait est de s’étendre dans la ville, nouer de nouveaux partenariats, s’ouvrir et collaborer avec d’autres structures, chaque année nous rencontrons de nouvelles personnes qui nous permettent d’ancrer davantage le festival dans la ville, on aimerait bien s’étendre à d’autres villes encore et embraser toute la région!

Nevché
Nevché

Hexagone : Si Taparole avait le budget des Vieilles Charrues, on verrait qui à la Parole Errante ?
Roxane Joseph : Ou la la…. Vaste question. On se paierait Brigitte Fontaine, Higelin, Fauve, Manu Chao…. On pourrait surtout se payer le luxe de multiplier les découvertes.

Hexagone : Dans le sillage de Taparole, il y a eu La Menuiserie comme nouveau labo à chansons. Quelles sont les prochaines étapes, les prochains projets ?
Roxane Joseph : Et bien comme toujours…. Pousser les murs de La Menuiserie où on commence à se sentir à l’étroit, on cherche sérieusement un lieu plus adapté à notre démesure! Le festival c’est génial, mais éphémère, le vrai pied c’est des concerts toute l’année, accompagner des artistes au quotidien, être auprès d’eux, de leur fragilité et frôler le bonheur à travers les yeux du public, pour ces instants vécus, partagés, on est prêts à bouger le monde!

Hexagone : Quel est ton meilleur souvenir à Taparole depuis sa création ?
Roxane Joseph : Un des moments que je préfère c’est à la fin de chaque soirée, quand le public repart, je me place près de la sortie et je les vois sortir, heureux, beaux, apaisés, émus, ils ont souvent un mot doux pour nous, pour les artistes, les bénévoles et ça fait tellement de bien de vivre ça, je peux rentrer chez moi, dormir quelques heures avec la quiétude que procure la certitude du travail bien fait.


 

INFOS PRATIQUES

Festival TaParole à La Parole Errante
du 13 au 15 juin 2014
La Parole errante 9 rue François Debergue – 93100 Montreuil
Métro Croix de Chavaux – Bus 102 / 115 / 127 / 122 / N16 / N34
01 48 40 56 53 | info@festivaltaparole.org | www.festivaltaparole.org
Tarifs : 15€ |11 € | PASS 4 jours 30 € | gratuit pour les -12 ans
Spectacle jeune public : 5€ pour les accompagnants

Festival TaParole Hors les Murs
du 9 au 12 juin 2014

Lundi 9 juin 2014 à partir de 17h
Bal folk du Collectif Markus
Théâtre de Verdure, la Girandole
65 rue Pierre de Montreuil 93100 Montreuil | Métro Mairie de Montreuil et bus 122 arrêt Saint-Just ou 15 mn à pied
Libre participation à partir de 5€

Mardi 10 juin 2014 à 19h30
Lavomatic Tour (scène ouverte, entrée libre)
Ser’press laverie
41 bd Rouget de Lisle 93100 Montreuil

Mercredi 11 juin à 15h00
Spectacle jeune public François Lemonnier Quand j’étais petit
Théâtre Berthelot
6 rue Marcelin Berthelot – 93100 Montreuil
Réservations conseillées : 01 41 72 10 35 – resa.berthelot@montreuil.fr
5€

Jeudi 12 juin à 20h30
Rocé
Café La Pêche
16 rue Pépin – 93100 Montreuil
www.lapechecafe.com – 01 48 70 69 65
Tarifs : 14€ | 11€ | 8€ | Pass 4 jours 30€

Nicolas Bacchus : Saturne

Voici un morceau extrait du CDVD de Nicolas Bacchus, Devant tout le monde, enregistré en 2012 aux Trois Baudets. Une reprise de Brassens. Saturne. Alors, je vous vois venir avec vos questions, vos interrogations et vos réflexions désagréables du genre « ah ouais quel intérêt encore une reprise de Brassens pffff ! » que vous dites.

Oui, mais sauf que là c’est pas pareil. Bacchus a jeté la moustache, gardé la pipe si l’on veut, a déshabillé le génial Jojo pour le re-saper comme un milord ! Brassens dégeorgifié habilement, avec beaucoup de respect parce que ça n’empêche pas, pour une interprétation vive et vivifiante. Bacchus a encore quelques bons tours de sablier devant lui, qu’il se rassure et nous avec !

Photo David Desreumaux

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Anaïs : DRH

Attention, attention, Anaïs prend la parole : « Ta daaa! Le nouvel album d’Anaïs est donc bien prévu pour mi septembre, il va s’appeler HellNo Kitty, et (re)voici ci dessous le clip de mon 1er single (et pas le dernier j’espère ;-): DRH…..tout un programme…
Les dates de concert sur mon site… voilà vous savez tout! Partagez mes mogwaïs, partagez! »