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Garance : De l’hôtel à la gare du Nord

Garance, comme dans un Carné-Jeanson bien célèbre. La même fraicheur, la même âme populaire dans son acception originelle… Elle raconte comment elle a appris à jouer de la guitare avec le Diapason, « le livre des scouts », elle dit sa fougue, son besoin de monter sur scène, elle parle de ses potes chanteuses et chanteurs, elle ne cache pas la galère du statut d’artiste de la chanson en 2014 sans se lamenter jamais. Bien au contraire. Garance parle comme elle chante, en toute sincérité, sur le mode de l’échange profond. Humaine cette Garance.
 

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : Peux-tu raconter en quelques mots le chemin qui t’a conduit à la chanson ?
Garance : Mes parents écoutaient beaucoup de chanson : Bobby Lapointe, Renaud, Souchon, Le Forestier et du coup la chanson m’a accompagnée durant toute mon enfance. Par la suite, en 2006, J’ai revu mon ami Brams chez mes parents près de Poitiers. Je lui ai fait écouter mes chansons, il m’a dit qu’il me rejoignait dans 3 mois à Paris – alors que j’étais montée faire du théâtre deux ans auparavant – afin que l’on fasse des concerts ensemble. Et on a joué tout l’été dans tous les bars comme des malades.

Hexagone : Donc tu as une formation de théâtre au départ ?
Garance : Oui, j’ai fait les Cours Florent.

Hexagone : Qu’est-ce que tu as trouvé dans la scène chanson que tu ne trouvais pas dans le théâtre ?

Garance : Déjà, l’aspect ludique. Je trouve ça moins douloureux, plus sain, simple, moins prise de tête et surtout beaucoup plus direct avec le public. Je pouvais dire aussi très simplement ce que je voulais dire et le transmettre directement à quelqu’un. La chanson est aussi accessible à une majorité, ce qui n’est pas exactement le cas du théâtre.

Hexagone : En même temps, la chanson est aussi là pour faire réfléchir et n’est pas que ludique non ?
Garance : Oui, je suis d’accord. Je parlais uniquement de la forme. Le format court de la chanson me convient mieux et je le trouve plus ludique aussi en ce sens. La chanson, un concert, j’assimile ça à un recueil de nouvelles. Je raconte une histoire et dans 3 minutes j’en raconte une autre.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : T’inscrire dans le monde de la chanson, ce n’est donc pas un rêve d’enfant pour toi ?
Garance : Non franchement, je dis souvent que c’est grâce à Brams que j’ai commencé parce que lorsque je faisais mes pièces de théâtre cela me convenait tout à fait. Et puis, on s’est mis à faire des concerts et le plaisir des concerts a pris le dessus sur le théâtre.

Hexagone : Il y a eu un déclic ?
Garance : On ne peut pas vraiment parler de déclic mais ça me plaisait vachement. Plus je monte sur scène, plus je fais des concerts et plus j’ai envie de jouer et d’aller jouer dans toute la France. J’aime bien rencontrer des gens par ce biais-là, de voir différents publics. C’est comme si tu allais sur France Inter et que tout à coup tu avais la parole, tu peux dire aux gens des choses que tu as envie de dire.

Hexagone : Ça ne fait pas flipper en même temps d’avoir ce pouvoir de parole ?
Garance : C’est clair, on s’interroge toujours sur sa propre légitimité. Quand tu fais des chansons légères ou d’amour, la question ne se pose pas trop mais dès que tu fais des chansons avec un avis pseudo-engagé, pseudo-politique…

Hexagone : Pas forcément pseudo. Quand tu chantes « N’oubliez pas d’aller voter au cas où ça servirait », ce n’est pas anodin et tu portes comme un étendard à ce moment-là.
Garance : Oui et c’est cet aspect-là qui fait un peu flipper. Après, les gens reçoivent la chanson comme ils veulent et libre à eux surtout de voter ou pas. Ce n’est pas un message que je veux passer. Je pose juste la réflexion à partir de mon sentiment, de la façon dont je vis les choses.

Hexagone : On n’écrit plus aujourd’hui des chansons d’engagement comme Renaud pouvait en écrire dans les années 70 ou 80 ?
Garance : Oui c’est pas faux. Tu vois Batlik, il a des chansons que l’on qualifie d’engagées, en tout cas avec un point de vue très affirmé, il n’est pas dans la modération quand il s’exprime et en même temps il n’est jamais simpliste. Certaines chansons, t’as intérêt à les écouter plusieurs fois pour capter tout ce qu’il dit et te faire ton propre point de vue. Ce n’est pas forcément frontal.

Hexagone : Dans tes influences, on sent bien Renaud. On pourrait ajouter qui ?
Garance : Avant d’écrire mes propres chansons, on peut citer Renaud, Anne Sylvestre, Lynda Lemay, Souchon.

Hexagone : Et ceux que tu écoutes aujourd’hui ?
Garance : Batlik, j’ai pas mal écouté Marie Cherrier, Buridane, Benoît Dorémus. Et de plus en plus, j’écoute des gens avec qui j’ai joué et qui sont devenus des amis : Pauline Paris, Govrache, Tomislav, etc.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : C’est quoi « des idées rock qui ne pèsent pas lourd » ?
Garance : Parfois on part dans la vie avec une ambition, une certaine vision des choses, de la liberté et puis il arrive que toutes ces convictions, ces ambitions ne se réalisent pas exactement comme on l’imaginait. Tu n’es pas ce que tu voudrais être, tu ne fais pas vraiment ce que tu voudrais faire, tu ne représentes pas vraiment ce que tu voudrais représenter, etc. Mais peut-être que cela ce n’est pas grave finalement, peut-être que les grands discours ça ne pèse pas lourd justement. Je ne suis peut-être pas un punk mais je peux en avoir gardé l’esprit, c’est un peu ça ce que veulent dire Les idées rock.

Hexagone : Comment se passe le travail chez toi ? Comment écris-tu, comment vient le choix d’un thème, d’une chanson ?
Garance : Souvent, les idées me viennent d’un coup. Si je suis dans les transports ou autre, je prends mon carnet et je note à toute vitesse. Mais même si je ne suis pas chez moi et que je n’ai pas ma guitare sous la main, j’ai toujours un rythme dans la tête. Les mots sont posés sur un rythme et sur une mélodie approximative. Je mets les mots et la musique en même temps. Je ne peux pas écrire le texte sans la musique sinon ça ne fera jamais une chanson.

Hexagone : Pour toi, c’est quoi le rôle d’une chanson ?
Garance : J’ai besoin qu’une chanson me parle, me fasse réfléchir, qu’elle me fasse me ressouvenir de choses, qu’elle fasse jaillir des émotions.

Hexagone : Du coup, ce serait quoi une bonne chanson ?
Garance : (Rires) Alors, le directeur de la programmation de France Bleu m’a dit, avec des pincettes et très gentiment, qu’il aimait beaucoup ce que je faisais et qu’on allait bosser ensemble mais que je n’étais pas une fille qui faisait des refrains. Alors, peut-être qu’une bonne chanson, c’est une chanson à refrain ! Je pense qu’une bonne chanson c’est une chanson que chacun peut s’approprier, en tirer sa propre interprétation.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : Aujourd’hui, bosses-tu à côté ou bien ne fais-tu que de la chanson ?
Garance : Je ne fais que ça. C’est carrément la galère ! (Rires) Je suis au RSA depuis 2 ans, je n’arrive pas à avoir mon statut d’intermittente. En attendant d’arriver à obtenir mon statut, ça me permet de démarcher pour trouver des dates, de bosser mes chansons et c’est cool de ce côté-là de pouvoir vivre comme ça, de pouvoir avoir la disponibilité pour bosser sur des projets, pour pouvoir répéter avec le groupe, etc.

Hexagone : Oui du coup, comment ça se passe pour répéter ? Vous avez un local, quelque chose ?
Garance : Non, ça aussi c’est compliqué, je suis obligée de louer des studios et c’est super cher. Heureusement que je vends des CD à la fin des concerts sinon je n’y arriverais pas.

Hexagone : Ton nouvel album vient de sortir. Qu’est-ce qui va se passer pour toi dans les semaines, les mois à venir ?
Garance : Je ne fais pas de rétro planning. Au jour le jour, je démarche, je cherche des dates pour jouer en solo ou en groupe. Si je jette un coup d’œil en arrière, je me rends compte tout de même que c’est de mieux en mieux de ce côté-là d’année en année. J’ai vraiment envie de jouer le plus souvent possible et ce qui me ravit c’est que plus ça va et plus il y a de belles dates qui arrivent, dans de chouettes endroits avec des gens qui te font confiance. Je vais à Barjac cet été par exemple, je suis super contente.

Manon Tanguy : Somniloque

Somniloque, premier extrait du premier album du même titre de Manon Tanguy sorti en mars dernier. Une belle découverte.

Hervé Suhubiette – Le charme

A quoi ça tient Le Charme s’interroge Hervé Suhubiette ? C’est ça d’abord. A quoi ? La réponse en chanson par ce garçon qui sait coudre aussi habilement sur mesure pour le jeune public comme pour les plus grands. Chez Suhubiette, la question est ici et la réponse est tailleur !

Photo Bruno Wagner

Cantinero : Je suis ton homme

Nouveau single d’un EP 5 titres à paraître le 9 juin prochain sur iTunes, Je suis ton homme illustre bien l’univers de Cantinero où la folk puise ses racines dans le grand Ouest américain sur fond de banjo. L’engagement toujours à l’affût, la main posée sur la poche revolver.

Stef! Y en a pas 2

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Parmi les raisons qui font que l’on aime tant la chanson, c’est que celle-ci est protéiforme. En langue vulgaire, on dira qu’il y en a pour tous les goûts. Dans nos hexagonales colonnes, nous n’avons aucunement envie de cloisonner les formes, d’en privilégier une plutôt qu’une autre à partir du moment où la qualité est au rendez-vous. Tout registre présente son intérêt intrinsèque et c’est ce regard croisé qui met notre curiosité aux aguets.

De curiosité, d’intérêt et de qualité, il est ici question. Hier soir, sur la scène du théâtre des Blancs Manteaux, se produisait Stef!. Un peu comédienne, un peu artiste de cirque, un peu humoriste, un peu chanteuse et un peu femme de ménage du théâtre. Une « fantaisiste comme pouvait l’être Fernandel » se plait à dire la Stef! en question et on ne pourrait mieux définir la performance à laquelle se livre cette femme bouillante, bouillonnante, brouillonnante, débordant d’énergie et parfois d’alcool aussi. Pour le spectacle uniquement, rassurez-vous… Spectacle mis en scène par Laurent Stachnick.

Photo David Desreumaux
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Dans ce One Woman Chant intitulé Y en a pas 2, Stef! est accompagnée au piano par François Debaecker. Dans une veine traditionnelle entre humour et chanson qui lui sied bien, elle tisse une maille de personnages en exploitant les multiples facettes de son talent. Venue du cirque avant de passer par le théâtre, Stéphanie Bourguignon (Oui oui, c’est la même !) a poussé la porte de la chanson il y a de cela 7 ans. Grosso modo. Elle tire de cette « pluri-expérience » ce spectacle détonnant où la fameuse et fumeuse femme de ménage du théâtre, Tapiôka, vient agacer une Stef! – chanteuse trop maquillée « sans micro parce que Édith Piaf aussi a commencé sans micro » – qui toute gorge et lyrisme de boulevard déployés nous chante son Ode à mon cul, les bonnes copines, raconte qu’elle n’aime pas les régimes, qu’elle n’encaisse pas bien l’alcool, qu’elle a raté 5 fois son permis de conduire, qu’elle cherche un Jules avec du fric et j’en passe.

Photo David Desreumaux
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Si le premier et seul album de Stef à ce jour, paru en 2011, s’intitule Chansons à voir, c’est – et vous l’aurez compris – que la dimension visuelle est si ce n’est fondamentale tout du moins fortement recommandée. Actuellement, Stef! joue tous les mercredis soirs au théâtre des Blancs Manteaux à 21h00 et ce jusqu’à fin juin 2014. On ne saurait trop vous conseiller de saisir les 3 dernières occasions pour aller voir et entendre cette Stef! qui chante et parle bien, beaucoup et même très très fort parfois. Stef! est une touche à tout et même aux hommes mariés qui sont dans la salle. Mais seulement s’ils sont friqués ! On vous aura prévenus.

Sachez aussi que le site Billetreduc fait des prix sur le spectacle et que donc, vous pouvez même y aller plutôt 3 fois qu’une !

Si vous ratez Stef! aux Blanc Manteaux en juin, c’est très mal mais vous pourrez vous rattraper ou revenir à :

L’Instinct Théâtre
18, rue de Beaujolais
75001 PARIS (M° Bourse)

Mercredi 24 septembre 2014 à 21h00

Mercredis 8 et 15 octobre 2014 à 21h00

Mercredis 5 et 19 novembre 2014 à 21h00

Mercredis 3 et 17 décembre 2014 à 21h00

 

Son Of : Interview Rock and Fight

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Interview exclusive de Son Of et de leur meneur Arnaud Mazurel (ex leader du groupe « Jack the Ripper »).
Un grand merci encore à Arnaud pour la franchise et l’électricité et on n’aura que quelques mots à dire sur Hexagone : Foncez voir ces mecs sur scène, c’est là que tout se passe !

Hexagone : Vous êtes 4 dans « Son of », qui fait quoi ? Tu es seul aux textes, Arnaud ?
Arnaud Mazurel : On est quatre comme les doigts de la main. Le pouce se la suce, le majeur joue du doigt, l’auriculaire se le met là où on sait à cause des problèmes d’acouphènes et de larsens trop fréquents dans nos concerts; quant à l’index il pointe du doigt les problèmes de l’industrie musicale qui est si vache avec nous; mais l’annulaire, elle, cette petite pute est prête à se faire passer la bague au cou si Universal lui propose une dote. On la tient à l’écart pour le moment. C’est pourquoi nous sommes un peu handicapés quand on joue. Ça s’entend dans notre son, non ?

Hexagone : Toutes les chansons de « Jack the ripper » et celles de « Son of », pour le moment, sont en anglais, est-ce que l’utilisation d’une autre langue s’est posée, se pose ou pourrait se poser ?
Arnaud Mazurel : Ce n’est pas de l’anglais à proprement parler. Ça en a l’air parce qu’on entend quelques phrases, mais c’est une impression. C’est un anglais d’étranger. C’est un anglais de merde. Et j’en suis fier.

Hexagone : Arnaud, as-tu déjà écrit des chansons en français ?
Arnaud Mazurel : Oui pour Eddy…

Hexagone :  Mitchell ?
Arnaud Mazurel : Non, Constantine. J’étais fasciné par son regard. Eddy Constantine a quelque chose d’un iguane . C’est le Iggy Pop du cinéma vérolé. Je voulais absolument lui proposer un poème. Lui seul aurait pu porter le français assez haut à un degré d’animalité encore inconnu de nous. Malheureusement il est mort avant, comme vous le savez.

Hexagone :  Il y a de plus en plus de groupes français qui choisissent l’anglais et on a l’impression que pour faire du rock et de la pop, c’est un peu le passage obligé aujourd’hui (contrairement à quelques années où « Jack » avait été desservi par le choix de l’anglais) : qu’en pensez-vous? L’anglais s’est-il imposé à vous?

Photo David Desreumaux
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Arnaud Mazurel : L’anglais j’ai essayé de le charmer, j’ai essayé bon dieu de merde, avec une danse du ventre, je lui ai aussi montré mon cul remué mon popotin et essayé de l’ensorceler en lui arrachant quelques cheveux , mais rien n’y a fait. Il m’a relégué au rang des nègres. Où ? Dans le trou du cul de la banlieue de la chanson. Là où je me trouve actuellement.

Hexagone :  Dans une ancienne interview, Arnaud, tu disais que tu n’avais jamais été fasciné par la culture anglo-saxone, mais plus par la culture de la « vieille » Europe ; tu parlais notamment de l’Allemagne…
Arnaud Mazurel : La vieille Europe c’est descendre le Danube des Vosges jusqu’à la mer noire… au début c’est sûr ça parle le boche. J’en étais à ce stade là à l’époque et plus tu descends plus ça se complique et ça finit en mode balkanique. Dans un même village on parle allemand juif hongrois rom croate grec roumain : ce qui a donné la musique la plus riche du monde parce que la plus proche du chaos.

Hexagone : Le choix de l’anglais était au final assez surprenant… Est-ce que l’anglais ne s’impose pas aux artistes parce que c’est la seule langue qu’on connaisse en dehors de sa langue maternelle et que c’est la langue qui peut toucher le plus grand monde?
Arnaud Mazurel : Ce n’est pas la langue qui touche c’est la personne touchante qui fera le « truc ».
Après comment être touchant ? Gag !
Mon rapport à l’anglais est à peu près le même de toute façon que celui du créole au français. Je ne cherche pas à me faire comprendre d’ailleurs de lui. Je me fous de l’anglais. Le chant n’a rien à voir avec des mots. Le chant est là pour dire merde à la conversation justement. C’est quand on en a marre de parler marre de communiquer marre des autres marre de la langue française marre de sa mère de la radio du journal marre des maisons de disques qui veulent vous imposer leurs vues qu’on commence à chanter. Pour la première fois peut-être, on arrête de minauder. Pour foutre le camp. Alors qu’est ce que c’est que ces faux débats sur le choix de la langue ? Ça concerne les politiques culturelles d’un pays en souffrance identitaire, mais les ministres ne savent même pas ce que c’est que chanter c’est pour cela qu’ils croient encore que la chanson comme ils disent; et je le dis puisqu’ils ne le savent pas mais les pauvres paroles qu’on doit dire sont faites pour être hennies ou braies ou miaulées jusqu’à la déformation des phonèmes pour que l’or retourne à l’or et se détache de son écrin qui n’était que de la camelote. Parce que la musique n’est pas une illustration de la langue non la musique n’a rien à voir avec la chanson comme si le langage avait besoin de la musique pour se défendre. Non mais quel mépris ils ont du Verbe ! Si j’ai envie de savoir quoi penser c’est pas à un chanteur que je le demanderais. Au son ce qui est au son au sens ce qui est au sens. On te demande c’est quoi le message de ta chanson? Quand tu chantes t’es censé être humble. Je ne le suis pas et c’est pour ça que je chante d’ailleurs. Pour fouler aux pieds mon intellect de connard qui fait de moi un petit arrogant au quotidien. Presque jusqu’à la bêtise. Peut-être vers la sainteté. Alors je ne comprends pas la question ou je veux pas la comprendre.

Photo David Desreumaux
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Pour le reste j’adore la langue anglaise et aussi la langue allemande là encore parce que je ne les comprends pas. Je peux donc sans problème y jouer mon rôle de sang papiers avec mon accent français pourri il ne sera pas pourri tant que je ne chercherai pas à me faire comprendre par les anglais ou à me le jouer briton (le meilleur moyen de sonner français) mais à parler « ma » langue « mon » anglais. Il n’y a rien de mieux qu’être français et d’écouter une musique étrangère. Oh comme c’est bon de mettre un disque le soir et demander à ce monde de porcs de la boucler. Alors très belle une note pure s’élève et balaie toute cette boue. La langue anglaise est peut-être si belle c’est qu’on ne la comprend pas toujours, qu’à moitié, et donc qu’on y met beaucoup de nous-même pour remplir les trous.
C’est beau de revenir à la base au sens au son à l’origine et c’est pas grave parce que les hommes ne parlent pas; je l’ai découvert il y a pas longtemps : ça a été un choc émotionnel qui a été à l’origine de Son Of . Je ne m’en suis toujours pas remis. Depuis j’aboie.
Tu veux savoir ? C’était à la terrasse des cafés et tout à coup le serveur au lieu de dire « on ferme » il a grogné. A ton avis ? Il parlait français ? Oui et le meilleur. Alors ma voisine qui s’entretenait au téléphone avec ses yeux globuleux des problèmes qu’elle avait « avec les mecs en général » me parut une espèce de chihuahua obscène. Puis quand je me tournais vers ma belle mère elle avait une tête de caniche et je n’arrive pas à m’imaginer moi-même avec cette tête d’abominable roquet derrière ce visage que je croyais pourtant humain !!! je cours aux lavabos et qu’est ce que je vois. Un labrador? Hé bien non ! Je suis un doberman aux oreilles pointues et méchant avec ça qui juge les autres et se prend pour un animal supérieur un surhomme peut-être! Ah! Ah! Oui tout de prussien mâtiné !
Je voudrais hurler mais je me dis pour ta peine tu apprendras une phrase de yiddish par jour Car le yiddish est un mixte incroyable d’allemand d’hébreu de polonais de toutes ces langues issues des différents pays que le Juif Errant a traversés. Il sait au demeurant que la langue de Dieu elle reste la vraie… Donc non ce n’est pas l’anglais qui sera la langue de la vérité, mais il arrive que Dieu fasse la grâce à l’anglais d’être habité comme à d’autres langues, mais ce n’est pas elles, les langues, qui décident, c’est Dieu.
Ainsi a parlé l’Enigme. Et je suis me mis à repisser tranquille.

Photo David Desreumaux
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Hexagone : Vous avez fait la première partie de Déportivo à la Cigale en février dernier, Déportivo qui vous ont accueillis aux tout débuts de Son of, pour répéter. Est-ce que c’est devenu un chemin de croix de réussir à faire sa musique aujourd’hui ou est-ce qu’au contraire la difficulté rend plus créatif?
Arnaud Mazurel : Ce sont des garçons très sincères et je pense qu’Eddy

Hexagone :  Constantine ?
Arnaud Mazurel : Non Eddy Barclay les aimait pour ça. Le chant de Jérôme est pur. Mais les majors sont capricieuses : elles se lassent comme les riches attirés par les pauvres. Qu’est-ce qui les a séduits ? Leur authenticité comme ils disent ah ah L’ingénuité les attire parce qu’elle représente tout ce qu’ils ne sont pas. Puis très vite les majors vous larguent, comme un vieux pédophile lassé d’un jeune garçon. Vous étiez juste un fantasme. Un caprice justement. Tout ce qu’ils touchent, ils le salissent de toute façon. Le problème est que sans eux vous n’existez pas. Tu parles de chemin de croix ? C’est trop d’honneur! Si je ne me rase plus j’ai l’air d’un saint Jean Baptiste de troisième classe sauf que le problème c’est que je n’annonce rien !!!

Photo David Desreumaux
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Hexagone : Y a t il d’autres groupes/artistes de langue francophone qui inspirent Son of ?
Arnaud Mazurel : Mon fils. Il a quatre semaines. Il hurle comme personne.

Hexagone :  Ta voix, Arnaud, est poussée dans ses retranchements, flirtes-tu délibérément avec les limites ? Est-ce pour « provoquer » les gens, les bousculer ou est-ce une démarche plus inconsciente et personnelle ? Avez-vous besoin que les chansons fassent sens ou préférez-vous être dans un rapport plus viscéral et émotionnel?
Arnaud Mazurel : Oui elle et moi (ma voix) nous avons lancé un ultimatum au monde, retranchés derrière nos dents en forme de barreaux de banques. Et nous voilà encerclés par la Star Academy, la police de la chanson, qui nous somme de nous rendre au nom du bon goût

Hexagone : La scène : une nécessité ?
Arnaud Mazurel : Financière, oui. On a touché cent euros pour notre concert hier, c’est un assez joli score, deux tickets boissons, j’ai encore l’impression d’avoir quatorze ans, c’est cool.

Hexagone :  Sur scène, Arnaud, tu utilises ton corps comme un véritable instrument, il y a une intensité qui frôle l’auto-combustion : est-ce la seule façon d’y « être » ? Lorsque l’on donne autant, quel est le rapport avec le public ? Est-ce que l’énergie des gens en face vous nourrit et peut vous pousser plus loin encore?
Arnaud Mazurel : Mon corps produit trop d’électricité. J’en ai parlé à EDF. Ils ne veulent rien savoir. Je suis obligé de lui donner son dû. Si je ne joue pas assez, il me le fera payer.

Hexagone :  Petite tribune ouverte. Si « Son of » a un message à laisser aux lecteurs d’Hexagone et aux autres, c’est le moment :
Arnaud Mazurel : Ne croyez pas les photos qu’on montre, elles mentent.
Tout se passe à l’intérieur. Dans le noir.
Les os ont des oreilles.

Arnaud Mazurel – Mai 2014 – Photo de une @Frédéric Lemaître

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La Maison Tellier : Un bon français

Les mots passants de La Maison Tellier viennent se figer dans nos oreilles un peu comme pour les nettoyer. Par exemple ce Bon français qui résonne amèrement 10 jours après les élections européennes dominées par un FN que l’on montre systématiquement comme une honte mais qui n’en finit pas d’enfler…

Souscription Giovanni Mirabassi

Giovanni Mirabassi va produire un documentaire sur sa récente tournée en Asie et a besoin de nous tous. C’est dit !

S’il semble plus évident de croiser Giovanni Mirabassi au Sunset ou à Pleyel, les liens de ce pianiste virtuose avec la chanson ne datent pas d’hier et sont solidement ancrés entre tradition et engagement. D’ailleurs, si Montmartre peut s’enorgueillir d’avoir Giovanni sous son toit, c’est à La Bohème d’Aznavour qu’elle le doit !

C’est ainsi qu’on a pu voir Giovanni, non pas seulement accompagner Nicolas Reggiani sur l’album (et en tournée) Léo en toute liberté en 2004, mais ré-inventer l’univers musical du vieux lion tout en le respectant et en prenant malgré tout ses distances par rapport à l’original.

Giovanni Mirabassi, c’est aussi le tout premier compositeur et pianiste d’Agnès Bihl. Il suffit de ré-écouter La fleur du large sur l’album La Terre est blonde paru en 2001 pour s’engouffrer dans l’univers raffiné et virevoltant du pianiste.

Mirabassi, c’est encore un album très personnel consacré aux chansons révolutionnaires sur Avanti en 2000. C’est toujours de chansons dont il est question avec l’album Cantopiano en 2006, florilège de la chanson française d’hier à aujourd’hui. Gainsbourg, Alexis HK, Agnès Bihl à nouveau, Jeanne Cherhal, Bernard Dimey et Jehan, entre autres sont passés à la moulinette du Steinway & sons de Giovanni.

Donc, Giovanni Mirabassi était en tournée en Asie du 12 au 24 mai 2014 dernier. De cette tournée, un documentaire réalisé par le jeune Romain Daudet-Jahan devrait voir le jour et c’est très réjouissant. « Devrait » dis-je car aujourd’hui si une grosse part du budget est bouclé entre les divers subventions et mécénats, il reste cependant 3400 euros à trouver en 17 jours !

Une souscription est donc lancée sur Kisskissbankbank pour remplir au plus vite l’enveloppe qui n’attend que notre modeste contribution à tous. C’est pour la bonne cause là aussi, c’est pour la musique. Et si « c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens » disait Leprest, Giovanni a déjà tellement joué pour nous qu’on lui doit bien ça !

Nevché : Vas-tu freiner

Issu de son dernier remarquable album Rétroviseur, écoutez voir ce Vas-tu freiner de Nevché et vous m’en direz des nouvelles ! Ce garçon est pourri de talent !

 

 

Gaëlle Vignaux : J’aime tes ex

Des fois comme ça, quand on la voit en photo, on dirait qu’elle ressemble à Amélie Poulain Gaëlle Vignaux. Mais en photo seulement parce que sur son nouveau disque, J’aime tes ex,  paru le 26 mai dernier, elle lui ressemble beaucoup moins tellement l’univers de la Malakoffiote est à perpète du Montmartre de Jeunet. Il y a le périph’ entre les deux…

Car oui, si Gaëlle volait de ses 2 L comme une petite fée il y a quelques années , aujourd’hui la plume qu’elle a gardée trempe dans un réel qui ne fait pas toujours rêver et qui nous parle de « la moche qui garde les sacs oubliés dans le métro de Tolbiac à Tolbiac » et qui « rêve de finir aux objets cherchés » (La Moche). Avant d’enchainer au titre suivant sur cette Mini Miss en dénonçant l’histoire d’une pauvrette obligée de « souffrir pour être belle parce que c’est maman qui l’a dit ». Critique d’une société qui tantôt ferme les yeux sur ses SDF et tantôt veut faire de ses enfants des produits marketing. Deux situations du quotidien, deux extrêmes, traités entre humour et dérision mais sans cynisme aucun.

Des petites perles comme ça, J’aime tes ex en est cousu de tout son long. On trouve une vraie langue chez Vignaux nourrie du goût de la trouvaille verbale tout comme son compère Nicolas Jules avec qui elle interprète un très joli duo, Notre ombre. Toute cette poétique urbaine et contemporaine ne nous fait malgré tout pas prendre les chansons de Gaëlle pour des lanternes. La poésie illustre la situation et non l’inverse.

Co-composé, arrangé et dirigé par Clément Petit, l’album jouit d’une belle homogénéité musicale. Violoncelles, guitares, banjo, clarinettes, tuba, trombone, bugle, violon, trompettes s’enchaînent et se superposent subtilement pour créer l’idéale étoffe pour emballer ces ex.