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Govrache : L’homme trottoir

Extrait de l’excellent EP Le bleu de travail de Govrache, voici L’homme trottoir, lumineux spoken-word quelque peu désabusé, le regard qui s’abat, presque impuissant mais indigné, sur une société qui ignore ses plus défavorisés. Une écriture au scalpel de la part de Govrache, une poésie qu’adouberait volontiers Loïc Lantoine. Entre autres.

Karimouche sensuelle et sensas !

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

L’autre soir, je veux dire le 19 juin dernier, ça ne s’était encore jamais vu une Karimouche à Clichy, au théâtre Rutebeuf !

Bon, on vous l’a dit à vous en claquer les tympans mais on le répète pour les durs de la feuille et pour que les gens qui font les bios aient l’impression de servir à quelque chose – il y a assez de chômage comme ça en ce moment – Karimouche donc, c’est pas son vrai nom mais c’est son vrai surnom. Celui de quand elle était petite et que tout le monde l’appelait « eh eh Karimouche ». Bon voilà, ça c’est fait.

Avant que ne débute le concert, franchement même si on soutient avec ferveur l’action des intermittents dans leurs grèves et leurs revendications, quand on a vu Karimouche débouler sur scène, ses musiciens à ses côtés avec un petit papier à la main, on s’est dit que le concert allait être annulé et que ce serait un peu moche moche quand même. Mais non, même pas. En fait, c’est Jean-Pierre Caporossi, le clavier, qui a pris la parole pour redire au public les coups bas de l’état envers le système de protection sociale des intermittents mais il a annoncé également que le concert était maintenu. Sortie de scène.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Retour sur planches dans la minute qui suit et place au live. Ça aussi, on l’a dit et redit que, sur scène, la Karimouche fait mouche et c’est pas des balivernes ! Quand t’as payé ta place, t’en as pour ta monnaie et quand t’as été invité, tu te sens redevable. Parce que ça envoie comme dit mon voisin de palier, c’est plein de jus et du meilleur, une énergie à faire passer un tube de Guronsan pour de la verveine. Et ça ne traîne pas.

Passée une très belle intro tout en jeu d’ombre et lumière, et Karimouche se donne pendant près d’une heure trente, pieds nus, fidèle à son habitude. On retrouve sur scène ce qui nous plaît en disque, cette gouaille, son écriture cash et très imagée comme autant de petit scénars fort bien ficelés, tout cela se retrouve donc mais avec un surplus de vitalité, de groove qui frappe à la porte du funky parfois. Vois le genre !

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Karimouche, c’est un groupe, on peut le dire. Accompagnée par Kosh à l’human beat box (un boulot de ouf qu’il fait celui-là !), Jean-Pierre Caporossi au clavier comme on a dit et Manu Praz à la guitare, il y a une cohésion entre les 4 qui est indéniable et produit un ensemble fort bien huilé. Carima peut ainsi se reposer sur ses compères et se concentrer sur sa presta scénique à l’énergie hors du commun. Sans déc’, depuis Manu Chao, j’avais jamais vu un artiste bouger comme ça sur scène. Dans ce registre-là, j’entends. Et je t’assure que c’est communicatif, la ferveur du public monte progressivement jusqu’au point où il ne veut plus lâcher Karimouche comme ça et réclame rappels à la pelle. 

Hormis les titres de l’album Emballage d’origine paru en 2010, Karimouche a dévoilé également nombre de nouveaux morceaux à paraître sur le prochain album attendu en octobre 2014. Pour les parisiens, une date à l’Européen est annoncée. On y sera, le rendez-vous est déjà pris avec Karimouche !

Demi mondaine : Intempérance

Groupe de rock de haut vol, Demi mondaine, c’est 4 membres emmenés par l’incroyable Béatrice à l’énergie redoutable, à la personnalité à couper le souffle. Ca pulse, ça remue, c’est pas de l’ersatz de rock ! En exemple, Intempérance, comme ça, juste pour se mettre dans le bain.

Anne Sylvestre – La java des assediques

Inlassablement, les gouvernements successifs de droite comme de gauche apportent leur coup de masse à l’édifice de l’intermittence. Cela consiste à détruire le peu de droits acquis par un secteur d’activité essentiel à un pays, le milieu de la culture. Comment s’y prennent les gouvernements ? Tout simplement, on stigmatise l’artiste et le technicien du spectacle en le faisant passer pour un abuseur, un profiteur, un fainéant afin que ce message infondé s’insinue doucement dans les esprits de tout un chacun… C’est une démarche malsaine qui non seulement mène à tuer les démarches artistiques du pays mais le conduit inévitablement à des résultats électoraux comme ceux auxquels nous avons eu droit dernièrement…

Anne Sylvestre, qui en connaît un bout sur la question,  a fort bien exprimé – avec tout le talent qu’on lui connaît – ce florilège de clichés dont on nous bourre le crâne. Tout en second degré. Grande classe Madame Sylvestre. C’est une java, choisissez votre partenaire et guinchez pendant que c’est encore permis !

« Feignants d’intermittents » par Aldebert

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Dans un souci d’actualité, Guillaume Aldebert, agacé par les les clichés et les lieux communs sur le statut d’intermittents, s’est fendu d’une petite vidéo de mise au point très éclairante !

A voir sans aucun doute !

 

Le Manque : Champion du monde

Le Manque est un projet littéraire musical et cinématographique nourri de milliers d’influences. C’est ainsi que se présentent Christophe Esnault et Lionel Fondeville, chacun étant respectivement les mots et l’autre la musique de cet ovni qu’est Le Manque. Ovni dans le sens où ce groupe qui est allé mourir à Chartres (C’est eux qui le disent !) ne se limite pas à mettre mots et musique ensemble mais y ajoute ce supplément d’art qui en fait un objet insolite qui agite nos mirettes et chatouille notre curiosité.

C’est en quelque sorte des chansons à voir. Les images en disent autant sinon plus que les textes. C’est malin comme démarche. Malin mais pas que car tout est soigné. On est ici dans une recherche artistique, une mise à l’épreuve et en danger qui forme doucement les prémisses d’une œuvre.

Le Manque est présent sur Youtube et c’est là qu’il faut aller les découvrir. Une quinzaine de clips sont dispos. Le morceau, Champion du Monde, ici choisi est à la fois remarquable et profond mais tous valent le coup d’œil et d’oreille.

TaParole, l’amour à la More

3 minutes sur mer Photo David Desreumaux
3 minutes sur mer
Photo David Desreumaux

Ils sont venus et ils étaient tous là pour la cuisine de la mama ! Mais pas que ! Mais quand même !

Bien souvent, dans les festoches on te refile des vieilles merguez pourries voire cramées dans du pain sec, de la bière de seconde zone et tiède et tu repars en ayant fondu ton bifton de 20 €. T’es content… A TaParole, dont les quartiers sont dorénavant établis depuis plusieurs sessions à la Parole Errante à Montreuil, la recette est la même depuis le début. Depuis ce fond de cour du XXème arrondissement en 2003 à ce lieu aujourd’hui autrement dimensionné. Bien plus grand l’espace mais l’esprit familial et de proximité non seulement règne en maître mais est l’estampille de la maison ! La bouffe donc est super bonne, maison, servie par une équipe dont la gentillesse le dispute à l’efficacité. C’est la grande classe !

Nevché Photo David Desreumaux
Nevché
Photo David Desreumaux

Nous autres d’Hexagone, on a désensablé les portugaises pour l’occase et on a été y pointer nos mirettes le samedi 14 juin. C’était le jour où la prog était plutôt pop/folk/rock. Ce n’était pas du tout un parti pris mais une considération de planning dirons-nous. La qualité du programme méritait largement d’y venir les 3 soirs ! Parmi les Batlik, Nicolas Joseph, Maison Tellier, Nevché, 3 minutes sur Mer, Richard Desjardins, HK et les Saltimbanks et j’en passe, difficile de faire un choix définitif et d’exclure qui que ce soit ! Nous, donc, on a vu les jeunes et prometteurs Radio Elvis dans leur rock tétouillant l’orteil gauche de Dominique A, la belle folkeuse suédoise Eskelina qui parle aussi bien le français que toi et mieux que moi, l’énergie et la chaleur des 3 minutes sur Mer, on s’est mis à genoux devant Nevché avant de guincher avec les Zoufris Maracas en gardant bien haut le poing de la révolte avec eux. A la fin, j’avais mal au bras quand même.

Les cotons tiges Photo David Desreumaux
Les cotons tiges
Photo David Desreumaux

A chaque changement de plateau, en extérieur et sur la paille installée pour la circonstance, Les Cotons-Tiges ont assuré la transition. Trio composé de Jean, François et Coppé comme ils disent que l’on reconnaît aussi sous les traits de Manu Galure, Simon Chouf et Florent Gourault, Les Cotons-Tiges – « parce que ça décrasse les z’oreilles » – revisitent au cumulé une douzaine de standards de la chanson francophone, plus ou moins connus : Delpech, Dassin mais aussi Félix Leclerc ou Aznavour. C’est péchu, c’est fou, c’est joyeux, c’est sans micro et au cœur du public avec une caisse claire avec balais (Florent), une guitare classique (Chouf) et une contrebasse (Galure).

L’après-midi et la soirée passent aussi vite que le temps est assassin et l’on se dit en repartant que l’on vient de vivre une belle page d’humanité et de partage. Une utopie réussie. On vient de faire une pause dans notre quotidien dicté par la réal-égoïste-attitude. Et ça, c’est pas tous les jours !

Voir aussi l’interview de Roxane Joseph à propos de TaParole ainsi que la galerie photo

Le Prince Miiaou – J’ai deux yeux

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Il y avait une fille qui s’appelait Maud-Élisa et qui déclara : les princesses perdent des « oeils », parfois; je deviendrai la Prince des Chats et ainsi naquit le Prince Miiaou (enfin peut-être). La reine Elisa ne miaulait pas toujours en langue de Verlaine mais faisait des « œils » doux à celle de Shakespeare, surtout. Elle clama ses vicissitudes et affûta ses miauleries, les clama encore et encore. Entre électro, pop, rock et expérimentations de tout bois, le royaume du chat se mira à l’envers et se révéla. Je reviens toujours à cette chanson, régulièrement, crame en came. « J’ai deux yeux mais sur les deux y’en a qu’un qui m’appartient ». Voilà à peu près le genre de phrase qu’on aimerait avoir écrit de ses deux doigts : Go !

Babx assure la transition acoustique de la France

Mercredi dernier, le 11 juin, tu t’en souviens, nous étions allés applaudir Bacchus à Extérieur Quai. Cependant, forts de notre don d’obliquité, nous avons aussi assisté au concert que Babx donnait au 104. On t’en a rapporté quelques photos et surtout cette conviction : Babx assure, je t’assure.

Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal

On avait passé 10 ans sans assister à un de ses concerts, sans qu’il y ait une raison à cela, ça s’est juste fait comme ça. Imagine… La dernière fois, c’était au Limonaire, ce proverbial bar à chanson de derrière les fagots et derrière les Grands Boulevards et il était seul au piano. Alors, autant dire que le choc décoiffe. Passer sans transition du dénuement du piano solo à la profusion, voire à une fusion pro d’une formation de 6 musiciens tous plus brillants les uns que les autres, ça décoiffe, comme je te dis. Et il suffit de voir la couverture du dernier album de Babx, Drônes personnels, pour s’en persuader.

Que je t’explique. Déjà le Limonaire, y’a pas à tortiller, c’est chouette, c’est un hotspot dans la chanson mais y’a juste un spot, un vieux piano et roulez. Le 104, c’est plus fourni niveau équipement. Et Babx, non content d’être pianiste, n’en fait pas non plus une prérogative de se clouer à son piano acoustique comme Christ en croix. Du coup, sur scène, y’a du monde et un peu tous les musiciens jouent du clavier. La liberté artistique est de mise, c’est moi qui te le dis.

Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal

Que je te raconte depuis le début. A l’ouverture des portes, on a été accueillis par un quatuor à cordes accompagné d’une guitare électrique dans une ambiance grand siècle de l’électro. Et déjà, ça en jette. C’est classieux et beau, ce qui ne gâche rien. L’arrière scène projetait des images de théâtre à l’italienne vieillot alors, comme dans les théâtres à l’italienne où le spectacle est dans la salle autant que sur scène, on a regardé autour de nous pendant cette première partie. Et là, on a vu Kent, Arthur H et Albin de la Simone. Je m’excuse auprès de ceux qui étaient là mais que je n’ai pas vus, je vous claque une bise quand même et on tapera le carton un de ces 4. Bon, rien que ça, ça te donne une idée des univers que Babx arrive à réconcilier. La présence particulièrement d’Albin de la Simone place notre lauréat du Prix Raoul Breton 2014 dans la cour des grands arrangeurs. Ceux aux pavillons d’or qui savent faire sonner tout et tous, même Julien Doré.

Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal

Bref, quand le concert a commencé, Babx a entamé la démonstration : il est à l’aise dans tous les registres avec tous les modes. Du quatuor à cordes électro donc, aux arpèges de Bach, des boucles très Radiohead à la plume d’un Gainsbourg à bouclette, du tour de chant du chââânteur à la formation rock fusion égalitaire où chaque musicien y va de son innovation. Abolition des frontières, abolition des hiérarchies. Musique décomplexée, plume brillante. On trouve dans les textes de Babx le motif éternel du portrait féminin, charnel et inventif. Celui de Baudelaire, plutôt que celui de Julien Clerc et Francis Cabrel – sauf le respect que je leur dois. Plus encore, ce motif montre à quel point Babx est décentré. Car notre chanteur, contrairement à une scène – respectable néanmoins – ne verse pas dans l’autobiographie. Il s’adonne au littéraire et fait sonner le français comme s’il venait d’Oxford avec une ligne mélodique vallonnée et glissée porteuse d’un style. Avouons que c’est un soulagement.

Alors, on n’en a entendu parler, de Babx, pendant 10 ans. Que ce soit sur un thème maraîcher – « il a le melon » – ou sur un mode mineur – « quel prétentieux, ce type ! »… Après examen approfondi de son parcours, on dira de manière définitive à qui veut bien l’entendre, sur un mode baroque décomplexé : Quel artiste brillant qui a su gravir tous les échelons de la chaîne de production de la chanson jusqu’au moment où il les a dépassés, faisant de la chanson ce qu’elle n’avait pas encore été. Et vu qu’il joue dans cette cour-là, il aurait bien le droit, Babx, l’artisan, l’artiste, le visionnaire, le petit trentenaire, d’être l’homme à la tête de pastèque ça-comme !

Richard Desjardins : Va-t’en pas

Il était tout récemment sur la scène de La Parole Errante à Montreuil dans le cadre du festival Taparole. Le voici en chanson du jour, interprétant Va-t’en pas en live, juste pour le plaisir. Richard Desjardins, c’est grand.