Bacchus gagne à l’Extérieur

3
2630
Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Ça fait maintenant trois mois que Nicolas Bacchus a pris ses quartiers et nous donne un rendez-vous mensuel dans son nouveau repaire parisien sis au 5, rue d’Alsace, Paris Xème. A un demi pas de la gare de l’Est. Extérieur Quai que ça s’appelle le lieu et c’est une brasserie où les prix sont très raisonnables, la bouffe (et la bière) plutôt très bonne et personnalisée en fonction de l’artiste du jour. Enfin du soir.

Mercredi soir donc, avant que le troubadour du bas canal – comme on disait quand il habitait encore Toulouse mais ça date – nous envoie ses rengaines à te mettre la chair de poule aux feuilles de chou, hier soir donc disais-je avant de partir dans mes soliloques digressifs, je me suis envoyé une assiette Bacchus pour pas nourrir bête. Des pousses d’épinards et de jeunes asperges ou l’inverse, des patates douces et bien sûr le tout arrosé du filet mignon qui a rendu célèbre Bacchus eu égard à son savoir en filet justement.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Passée la métaphore filée donc, revenons à nos chansons. Tout de chemise à carreaux vêtu et accompagné fort élégamment et subtilement au violon par Sylvain Rabourdin, Nicolas Bacchus a montré à nouveau tout le métier qu’il possède, tout son art de tenir une salle de bar dans sa main. Car qu’on ne se méprenne pas. C’est certainement les lieux les plus difficiles à apprivoiser pour un artiste que ces bars, ces coins d’estrade au demeurant fort sympathiques. L’échange avec le public est direct, frontal et un artiste mal aguerri pourrait s’y faire rôtir les ailes en moins de deux. Pour peu qu’il chante le répertoire d’un Bacchus j’entends.

Parce que ce Bacchus qui sillonne les salles et les bars de l’Hexagone depuis plus de 15 ans, il ne débarque pas avec des chansons de tapette mais avec des chansons de pédé ! (Mais pas que) Des chansons saignantes et « à poing » comme il s’était amusé à nous le raconter sur son album A Table en 2006. Des chansons au travers desquelles il exprime inlassablement son goût de la liberté et de la différence. Des chants de revendication aurait peut-être dit Ferré sauf que chez Bacchus, le chant tout aussi engagé soit-il et il l’est, le chant est presque toujours enjoué et jouissif ! Chez Bacchus, on brandit plutôt le poing pour dire « laisse-moi aimer qui je veux » plutôt que « je ne t’aime pas ». Alternant la Takamine acoustique et la Gretsch électrique, Bacchus passe ainsi en revue une quinzaine de morceaux dont l’essentiel est puisé – non pas à l’encre de tes yeux – mais dans l’œuvre récente à l’exception toutefois des Sans Papiers et du Tango que nous fait danser Bacchus depuis plus de dix ans.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Quand il chante dans les bars, Nicolas, comme mercredi dernier, il greffe toujours des chansons des autres à son tour de chant. Pas forcément de grands standards dans ses reprises, mais des chansons moins convenues d’artistes illustres, comme la superbe interprétation de Saturne de Brassens notamment. Aussi, des chansons des collègues et amis chantistes – plus confidentiels ou moins exposés selon comme on voit la chose – comme Reno Bistan, Sarclo, Jehan, Font & pas Val. Faut pas déconner non plus.

Chez cet énergumène patenté, ce qui frappe, qui réjouit et vaut maximum respect pour la dire comme les jeunes c’est le sérieux du travail. Derrière une espèce de fausse inconséquence, Bacchus ne laisse pas de place au hasard, c’est un perfectionniste. Qu’il joue sur une scène ou dans un bar, si la set list diffère l’application à la tâche est la même. Il suffit de le voir faire et parfaire ses balances avant le spectacle pour s’en douter. Il suffit de l’écouter dans ce mini groupe à 2 avec Sylvain Rabourdin pour en être convaincu et comprendre qu’une seule chose anime Nicolas Bacchus depuis qu’il chante : donner et donner bien. Donner généreusement. Que tu sois venu l’applaudir ou non.

A Extérieur Quai, la saison est terminée en ce qui concerne l’ami Bacchus. Les concerts reprendront à la rentrée et paraît-il que le taulier du lieu – qui est aussi celui des Bouillons Belge et Saint-Stef si tu connais – a un projet de cabaret burlesque. On en reparle ici bientôt.

3 Commentaires

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici