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Nicolas Jules, le Scopitone de « Oint »

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Nicolas Jules s’est fait scopitoner par David Vallet. C’est le n°81 de la série et le résultat vaut le détour ! Toutes ressemblances avec des personnes voguant dans l’environnement de Nicolas Jules ne sont absolument pas fortuites ! Sauras-tu reconnaitre Roland Bourbon, Clément Petit, Dimoné, Brice Perda, Nicolas Mauro, Clément Bertrand & Nicolas Jules ? Allez on t’aide, Nicolas, c’est celui qui est le plus vêtu !


Chouf, un voyage de proximité

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Chouf. Un troisième album, L’hôtel des fous, sorti l’an passé. Une belle tournée cet été et cet automne. Une sélection pour la finale de Vive la reprise. Chouf est désormais une figure de la scène toulousaine. Ce bon vivant à la ville, nous emporte sur scène avec un univers personnel de textes mystérieux et une ambiance musicale cuivrée et colorée. Cet amoureux de la musique joue de la guitare dans un groupe de ska jamaïcain, œuvre dans un collectif de copains pour un cabaret chanson bimensuel, et conserve un groupe de rue. Il n’hésite pas, après les concerts, dans un bar, à prendre sa guitare et chanter le répertoire des autres. Curieux, il voit beaucoup de concerts, pour le plaisir et pour optimiser la construction des siens. Son moteur c’est d’être sur scène et souvent de la partager avec ses copains musiciens et chanteurs. La rencontre se déroule chez lui : sa discothèque est impressionnante, une grande affiche de Brassens dédicacée à sa mère est mise en valeur dans le salon.  C’est le moment de connaître et faire connaître un peu plus cet artiste toulousain, son univers et son parcours. 


Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : Que peux-tu dire aux lecteurs d’Hexagone pour présenter Chouf, l’artiste et son parcours ?
Chouf : Je dirais que je suis un chanteur de chansons basé sur Toulouse qui essaie de rouler sa bosse un peu partout. J’ai fait 3 albums. J’ai commencé sans trop savoir où j’allais, juste avec l’envie de chanter. Et au fil du temps, au gré d’écoutes, au gré des rencontres je me retrouve à affiner une direction, à découvrir un peu plus qui je suis en tant qu’artiste. Et c’est une quête perpétuelle. De savoir qui on est artistiquement, après quoi on court. De s’assumer en tant que soi sans chercher à être ce que l’on n’est pas. Et au bout d’un moment, arriver à se dire : « En fait moi je suis ça et j’assume d’être ça ». C’est un long chemin.

Hexagone : Premier album en 2008 sous le nom de Monsieur Chouf. Tu peux nous en dire un mot ?
Chouf : Cela devait faire un an que j’avais commencé, c’était vraiment très neuf. Je chantais quelques chansons sur scène, tout seul avec ma guitare. Je me suis dit que ce serait bien de faire un disque. Mais je n’avais aucune idée de ce qu’était le métier. J’y suis juste allé avec mes envies, et avec des copains musiciens. On a fait ce disque comme cela, sans se poser de questions.

 Hexagone : Cette évolution se voit avec trois disques sortis assez rapidement : le premier donc très chanson, puis en 2010 Têtes de Clou. Et en mars 2013, sortie d’Hôtel des fous avec des textes plus personnels, plus sombres et une couleur musicale affinée et affirmée.
Chouf : Au fur et à mesure il y a un peu plus de conscience de la direction où on veut aller, des sujets dont on veut parler. Tu ne peux pas raconter les mêmes choses et donner le même sens à 20 ans que maintenant. Il faut vivre pour avoir de la matière qui va nourrir ton imaginaire, nourrir une histoire, un propos. A 20 ans, peut être je n’avais pas vraiment envie de parler de moi puis au fil du temps tu désacralises un peu ça même si ce qui est personnel dans mon album ce n’est pas du personnel premier degré, cela reste toujours mis en images.

Hexagone : Tu dirais que la part personnelle de tes textes est devenue plus mystérieuse et laisse davantage la place à l’interprétation …
Chouf : Oui, c’est ça. C’est ce que j’aime bien. Je ne vais pas dire « je vais bien » ou « je ne vais pas bien.» Je vais suggérer, je vais laisser l’auditeur ouvrir les portes qu’il a envie d’ouvrir, prendre l’image qu’il y voit. Et je préfère laisser un champ d’interprétation très large plutôt que prendre l’auditeur par la main et lui dire je veux t’emmener exactement là.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : D’ailleurs sur scène en introduisant La cuisine de sorcière, tu racontes que les gens à la fin du concert te disent qu’ils ont bien aimé la chanson sur les chats alors que toi tu leur dis que tu n’as pas de chanson sur les chats …
Chouf : La cuisine de sorcière c’est un bon exemple. Au départ, c’était une chanson sur la démolition des barres d’immeubles dans les banlieues en France, l’histoire des gens disparaissait en un coup de dynamite. Et en fait, la cuisine de sorcière c’est un peu cette histoire de la cuisine, de la force politique, qui va broyer le chat noir et le chat noir c’est un peu l’étranger, le prolétaire, le révolutionnaire. J’ai fait une analogie. Au final dans ma chanson je ne parle pas de barre d’immeuble, je n’explique pas, je parle juste du chat noir et de la sorcière qui fait sa tambouille dans sa marmite en coupant la langue au chat. Et ce n’est pas perceptible comme cela si je ne précise pas le contexte. Bien sûr, pour les gens La cuisine de sorcière leur parle vraiment différemment. Cette chanson est un exemple parmi d’autres mais souvent c’est ce genre d’attaque, d’approche que j’aime bien.

Hexagone : Le troisième album parle de voyages mais voyages intérieurs ou physiques ?
Chouf : Je parle de tous types de voyages. Parfois des voyages qui mènent un peu nulle part. Parfois des voyages introspectifs ou personnels. Par exemple L’hôtel des fous c’est un voyage dans ses rêves, avec tout l’univers de questionnement sur la signification des rêves. Les rêves révèlent des secrets, des parties cachées que l’on n’arrive pas à sortir quand on est éveillés. L’hôtel des fous c’est clairement la cohabitation de cette folie de réflexion, de vie, d’inconscient.
Après il y a des chansons plus narratives comme Baikal Amour un voyage plus explicite mais quand même avec l’idée du voyage vers nulle part. Souvent il y a des histoires de train, de départ (Au hasard de deux trains, Dérailler). C’est lié à la vie, à sa fragilité, à son importance. Cet album parle de voyages mais sans une farouche volonté au départ. Quand tu commences à mettre les chansons, les idées bout à bout tu t’aperçois que cette thématique du voyage revient. Et ensuite tu peux la creuser.

Hexagone : Sur scène cet univers de textes plutôt sombres avec des personnages et une ambiance plutôt mystérieuse cohabite avec une musique cuivrée souvent gaie, des interventions entre les chansons plutôt gaies. C’est voulu ?
Chouf : Les retours que l’on me fait, souvent, depuis que j’ai commencé c’est « tu renvoies une bonhommie, tu renvoies une joie de vivre, l’image d’un mec sympa et bon vivant. » Effectivement, j’ai tendance à être comme cela même si je peux avoir parfois des côtés timides.
Et il se trouve que mon univers artistique tourne autour de choses plus sombres. Pour moi ce n’est pas incompatible avec l’image d’un chanteur sympa. En plus cela peut éviter au spectacle de tomber dans une monotonie. Je chante aussi des titres un peu plus enjoués (On n’est qu’on, Les derniers qui restent par exemple). Si tu es toujours à te marrer, à un moment donné, quand tu vas faire une chanson plus triste, on ne va pas forcément te prendre au sérieux. On va croire que c’est du second degré. A l’inverse, sur un spectacle trop noir, on va se dire que c’est postural, ou se demander « que veut-il nous prouver ? » ou alors « vraiment il est mal dans sa peau et il faudrait qu’on l’aide » …

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : La cohabitation entre l’univers des chansons et l’image du chanteur s’est faite naturellement ?
Chouf : C’est vrai que la bascule de l’album à la scène a été un peu difficile. Sur les premiers spectacles, j’ai mis une intention un peu noire, un peu rock, plus physique dans l’interprétation et dans la forme scénique. Mais je ne m’y retrouvais pas. Il n’y avait plus cet échange avec le public. Et cela ne servait pas beaucoup plus le propos.  J’en ai pris conscience. Du coup, depuis, les concerts se sont dix fois mieux passés. Et le contraste entre la chanson un peu dure et le chanteur, qui va dire une connerie de temps en temps, cela permet cette bascule entre les différents univers. Pour chaque chanson je me mets dans un état d’interprétation, vraiment. Si je parle d’un sujet dur, personnel, je peux me mettre dans ce contexte. Et cela n’empêche pas qu’après, je peux être jovial et optimiste.
Vu le contenu des textes, il faut que le public puisse relâcher la tension. Chaque chanson est un petit film avec son univers et il faut un temps de passage entre chacune. Le spectateur a vraiment besoin d’une coupure pour se régénérer, se rafraîchir un peu.

Hexagone : Sur scène tu chantes surtout ce 3ème album qui comme les autres est autoproduit. Pourquoi l’as tu aussi sorti en vinyle ?
Chouf : D’abord parce que depuis que je le redécouvre, tout ce qui sort en vinyle je préfère l’écouter en vinyle qu’en CD. D’un point de vue musical c’est un son plus chaud, plus chaleureux. Et quand tu poses un disque sur une platine ce n’est pas anodin, tu es alors dans un état d’écoute. Ce n’est pas comme quand tu lances un MP3 et que tu vas faire une autre activité.
Et puis cet album, on l’a enregistré dans les studios de Nino Ferrer et on a essayé de lui donner un son un peu coloré, connoté vieux son. Comme on utilisait du matériel un peu vintage et que l’on a travaillé sur de l’analogique, sur des vieux micros, des vieilles consoles, des vieux amplis c’était un peu logique de le graver sur un support analogique. Je ne regrette pas. Bien sûr, seules quelques personnes férues du vinyle et du son l’achètent. Je suis content de l’avoir fait, en utilisant le budget habituel du livret des textes pour le fabriquer.

Hexagone : Une tournée importante cette année en France et en Suisse depuis ce printemps. Tes impressions ?
Chouf : C’est une tournée plus riche en concerts. Comme l’album est sorti depuis un an, il y a plus de dynamique, de dates rapprochées, de dates un peu importantes, quelques festivals. Des grosses scènes comme des petits lieux de quelques personnes.

Hexagone : Et tu aimes bien passer de l’un à l’autre ?
Chouf : Oui, Car tu ne t’installes pas. C’est vrai que la grosse scène c’est flatteur, c’est agréable, c’en est même grisant. Mais, en même temps, c’est souvent dans les petits lieux où l’on vit des moments qui nous marquent. Et où on sort en se disant là il s’est passé quelque chose.
Ce n’est pas le même rapport du tout, au public, à la dynamique du spectacle. Dans un petit lieu tu peux t’adresser directement, quasi individuellement, tu peux te permettre de faire 2 chansons tout seul à la guitare, de prendre le temps de raconter quelques « conneries ». Le public est beaucoup plus attentif, captif. Sur une grosse scène, tu es obligé de créer une dynamique forte, de booster, c’est un flux tendu permanent. Temps morts et relâche interdits. Dans un festival, il faut vraiment tenir les gens en haleine car sinon ils partent, ils changent de scène, vont à la buvette, ailleurs.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : Tu tournes avec plusieurs formules : en quartet, en solo dans tous petits lieux et depuis cette année en duo guitare accordéon.
Chouf : Le quartet, bien sûr, c’est la formule la plus adaptée pour présenter l’album. Et le quartet n’est pas destiné uniquement pour les grandes salles, cela nous arrive de faire des petits lieux. On a joué dans une grange, chez des gens en acoustique, à quatre.
Le solo c’est pour les courtes durées. Les chansons ont vraiment été écrites pour l’arrangement de groupe avec les cuivres, la batterie. Donc je ne me sentais pas trop de tenir une heure et demie tout seul avec ma guitare, c’est compliqué.
Quand t’es pas trop connu, que tu dois faire ton nom à partir de petites scènes souvent on te demande une formule assez légère et du coup le duo s’est imposé un peu comme la formule idéale par rapport à l’univers de l’album. Avec l’accordéon, on garde l’esprit peut être un peu fanfare des cuivres et en même temps, on assoit la rythmique main gauche. Cela permet aussi de ne pas chanter tout le temps, d’avoir des parties musicales avec des thèmes, des riffs, des mélodies. C’est aussi l’idée de faire un concert assez chanson dans un esprit plutôt acoustique. Peut être, dans un autre contexte, demain, j’aurai envie de faire un duo avec une autre guitare avec un piano.

Hexagone : Tu joues beaucoup en tant que Chouf mais tu aimes beaucoup jouer en dehors de Chouf, dans plusieurs autres groupes. C’est bien de changer de contexte, de ne pas être toujours devant, de partager ? 
Chouf : Pour TSF, le groupe de ska jamaïcain, qui existe depuis dix ans, c’est surtout bien d’avoir un autre rapport dans la musique, dans la danse et dans l’énergie physique. J’y joue de la guitare et je fais les chœurs. C’est un peu ma récréation, une bouffée d’oxygène. Tous les deux mois, le collectif Les Fils de Ta Mère (re) visite un répertoire d’un artiste ou d’un thème sous la forme d’un cabaret chanson. J’y participe avec mes potes toulousains dont Manu (Galure) et Florent (Gourault). Et j’ai toujours un trio de rue Les Cotons Tiges. Sur tous ces projets-là, je suis la même personne, que je sois guitariste dans un groupe de ska ou chanteur dans un concert de chansons.
Ce qui nous a toujours intéressés avec mes groupes de copains c’est la scène, c’est jouer. J’aime bien faire des disques. J’aime bien être en période de composition. Mais la finalité, c’est d’avoir une nouvelle matière à jouer sur scène.

Hexagone : Tu utilises souvent les mots « pote » et « copain » dans ton vocabulaire et tu joues dans des groupes de « potes. » C’est important pour toi ?
Chouf : Oui, vraiment. Pour moi, c’est indispensable. On est des privilégiés de pouvoir consacrer notre vie à notre passion, à ce qui nous tient vraiment à cœur. Alors autant faire ce métier avec des gens que tu apprécies ! Si au départ ce n’est pas forcément des potes avec qui je vais jouer, en général ça le devient, parce que sinon on n’a pas grand-chose à faire ensemble. Quand tu es sur une scène, il faut porter un propos, l’apporter au public et à mon avis ce n’est jamais aussi bien porté que par une énergie humaine commune.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : On te voit régulièrement en invité d’autres artistes, et parfois, au bar Chez Ta Mère, en fin de soirée prendre ta guitare et chanter des reprises. C’est un besoin, un plaisir ?
Chouf : La musique c’est fait pour s’éclater. Et à certains moments il faut relâcher la pression. Se faire plaisir, faire plaisir aux gens.
En plus d’aimer la chanson, je suis très curieux ! Et aller voir des concerts c’est prendre du plaisir en tant qu’auditeur. C’est aussi très important parce qu’il ne faut pas imaginer qu’il n’y a que ce que l’on fait qui tient la route. Il faut aller voir un peu ce que les autres font, ce qu’ils ont à dire, et comment ils le font et comment ils le disent. Parfois tu vois des choses à ne pas faire et parfois à atteindre. Tout cela nourrit ta manière d’être sur scène.

Hexagone : Tu as parlé de « potes » tout à l’heure et si on revient à la discographie on voit que les textes ou/et musiques sont parfois de toi ou souvent faites par des copains musiciens Toulousains (Manu Galure, Olivier Gil sur le premier, Florent Gourault sur le dernier) 

Chouf : Oui. Il y a eu aussi sur les premiers Philippe Sizaire, surtout conteur et aussi auteur de chansons pour Reggiani. Et un autre copain Ludo avec une écriture plus narrative, un angle assez engagé. Effectivement au début, j’ai vraiment eu besoin d’avoir recours à des textes de copains parce que je n’avais pas assez de matière.

Hexagone : Mais tu as aussi écrit dans le premier…
Chouf : J’ai écrit quelques titres. Mais chanter les autres me permettait aussi de désacraliser. En fait il faut qu’à un moment donné je sois vraiment un interprète au service d’un répertoire. Et quand je suis chanteur je ne fais plus attention à qui a écrit quoi, je m’approprie tout, je me réapproprie tout. Du coup, avoir d’autres textes m’a permis d’assumer une globalité et de mettre mes premières chansons dans cette globalité là. J’en ai vraiment eu besoin pour assumer la scène. Et puis je suis assez critique sur plein de choses alors je le suis aussi sur moi.

Hexagone : Dans L’hôtel des fous beaucoup de textes et de musique sont signés Chouf.
Chouf : Sur les 11 titres j’ai écrit 7 textes et toutes les musiques sauf une. Donc effectivement c’est la direction. Aujourd’hui, cela me parait plus évident d’écrire les textes et musiques que j’ai envie de dire et de faire entendre. Mais à l’avenir, je ne m’interdis pas du tout d’avoir des textes de copains ou de rencontres que tu fais au fil du temps.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : On trouve aussi des reprises : Maria Suzana de Michèle Bernard dans le premier album, le superbe Les enfants de Louxor de Dimey dans le dernier. Pourquoi ces choix là ?
Chouf : Maria Suzana c’est une belle rencontre, une grosse émotion. A l’époque j’avais l’habitude de la chanter beaucoup dans les bars, notamment avec Grabowski. C’était naturel de la mettre dans l’album et d’ailleurs Grabowski fait la guitare. Les enfants de Louxor me plaisait beaucoup, en plus elle correspond complètement au propos défendu dans l’album. Et puis sur le prochain il y aura peut être encore une reprise …

Hexagone : L’autre vendredi tu as gagné la sélection Sud Ouest de Vive la Reprise. A l’occasion, sur les quatre titres, tu as interprété trois reprises là ou d’autres n’en font que deux. Tu peux nous parler de tes choix ?
Chouf : Pour le titre de Michèle Bernard, Maria Suzana c’était une évidence. Pour les Têtes Raides, j’adore ce groupe, j’ai choisi l’une des premières chansons qui m’a marqué ; et l’idée était de me la réapproprier dans mon univers musical. Et après, je suis parti sur une thématique autour de portraits ou sur les femmes. Du coup j’avais une nouvelle chanson qui parle d’Alzheimer et de ma grand-mère. Et Mimi la douce ça me plaisait, et elle a été reprise aussi par Magyd Cherfi qui en a fait une superbe version.

Hexagone : Sur scène tu dis que tu es « un artiste accessible » prêt à te « mélanger aux gens après le concert pour parler et pour boire » et pour « remettre dans l’économie locale l’argent gagné dans le concert et la vente de disques. » Le Chouf de ville ressemble au Chouf sur scène ?
Chouf : Le chanteur sur scène ne peut pas être exactement ce qu’il est dans la vie. Mais, en même temps, pour que le public y croie il faut qu’il y ait un peu de vrai là dedans, il perçoit vite si ce que le chanteur dit est faux. En scène, on raconte plein de conneries pour l’artifice du spectacle mais pour embarquer les gens dans nos histoires il faut être un peu authentique.


Pour plus d’infos, rendez-vous sur le site de Chouf. On signale ses prochaines dates : le 11 Novembre à Cébazat (Semaphore en chanson), le 22 Novembre à Ganties (31) en duo, sans oublier, Les Fils de Ta Mère chantent Barbara du 7 au 9 Novembre à Toulouse (Chez Ta Mère).


Robi : L’éternité

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Alors qu’elle participe à la nouvelle session du Mégaphone Tour, Robi sortira son nouvel album, La Cavale, le 26 janvier 2015. L’Éternité, en écoute ici, est le premier clip et morceau de ce nouvel opus. Très prometteur, belle ambiance. On attend la suite avec impatience !


Gérald Kurdian, la preuve par 104

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En vue de la sortie prochaine de son nouvel EP, La Solidité des Choses, Gérald Kurdian sera le jeudi 13 novembre 2014 au 104 à Paris, à 20h30. Avec Robin Leduc et Chapelier Fou comme invités.

Gérald Kurdian fait de la pop. Jusqu’ici pas de quoi casser trois pattes à un canard, penses-tu, mais le garçon vaut le détour dans la mesure où ses ambitions sont bien plus élevées. Il travaille à la création d’un ensemble plus surréaliste basé sur l’innovation de sons s’inspirant notamment des expérimentations de Laurie Anderson, des samplers de Matthew Dear et des mélodies de Sufjan Stevens.

A l’arrivée, les chansons de Gérald Kurdian apparaissent comme d’agréables curiosités, sur fond d’ambiance tantôt retenue, tantôt plus dynamique. A voir. Nous l’avions vu en première partie de Klô Pelgag en juin dernier, au même 104, et Gérald avait retenu tout notre attention.


En novembre à La Menuiserie

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Bon, Lecteur, t’as vu la programmation qui est passée le mois dernier à La Menuiserie ? Ils se sont pas moqués de toi les Menuisiers hein ? Nicolas Jules, Lucas Rocher, Chouf, tout ça, c’est pas n’importe quoi, on est bien d’accord. Mais attends, c’est pas fini. Regarde ce qui t’attend en novembre ! Ca ne mollit pas à Pantin ! Ca démarre sur les chapeaux de roues avec Babx pour deux soirs et là, moi je dis chapeau !

Eclectisme et qualité, c’est la règle à La Menuiserie ! Une équipe qui programme aussi bien Babx, Bernard Joyet, Radio Elvis et La Demoiselle Inconnue, ça témoigne d’une belle ouverture, d’un rejet des chapelles et nous autres à Hexagone, on applaudit des 6 côtés !  Allez, tous avec moi : « La Menuiserie ! La Menuiserie ! La Menuiserie ! La Menuiserie ! »


Vendredi 07/11 & Samedi 08/11/2014
Babx-web-300x257Babx
Chanteur virtuose, auteur démesuré à la langue d’orfèvre maniaque, compositeur orgiaque, fantasque, élégant, déglingué mais toujours précis, doté d’une mémoire d’éléphant et d’une curiosité de visionnaire, BABX nous bluffe par son ambition poétique et musicale, sa puissance et sa fièvre contagieuse.
Babx chante, parle, scande et sa voix s’étale, lape, lèche, s’enroule, se froisse, se casse, il crie même, et le frisson gagne.
Babx : chant, piano – Sébastien Gastine : contrebasse


Vendredi 14/11/2014
zsuzsanna-varkonyi-200x300Zsuzsanna Varkonyi
Chanteuse, comédienne et accordéoniste hongroise, Zsuzsanna Vàrkonyi a voyagé à travers le monde. Ses nouvelles chansons sont comme un carnet de voyage. Un univers poétique dans lequel les chants traditionnels de ses origines se mélangent à ses propres textes et compositions. C’est une musique élégante où le rythme prédomine et la mélancolie tzigane se mêle à des sonorités pop, blues ou rock.
Zsuzsanna Varkonyi : chant, accordéon –  Csaba Palotai : guitare – Frederic Norel : violon –  Steve Arguelles : batterie  – Sebastien Gastine : contrebasse


Samedi 15/11/2014
Portrait-La-Fonta1-300x199La Fonta
Tantôt fantaisistes, tantôt dramatiques, les paroles sont acérées, mélancoliques et les interludes inattendus… Elle  dévoile un univers singulier esquissé d’une plume aiguisée, appuyée par de solides références et des sons électro réjouissants.
La Fonta : chant, clavier


carole-masseport-web-300x300Carole Masseport
La voix de Carole Masseport est grave et limpide. Entre ses doigts, une basse élégante résonne, comme une signature. Ses mots de velours noirs crient, se taisent, en disent long et bouleversent… Sombre et pop, un univers à découvrir.
Carole Masseport : chant, basse


Vendredi 21/11/2014
bernardjoyetwebBernard Joyet
Voilà un farceur qui a trouvé son chemin entre les plus belles histoires à conter et la gaudriole à magnifier. Bernard Joyet dompte les mots pour leur faire dire de jolies choses, il forme avec l’excellente Nathalie Miravette au piano, un duo explosif.
Bernard Joyet : chant – Nathalie Miravette : piano


Samedi 22/11/2014
ivy-web-300x165Ivy
Certains plantent des arbres, d’autres des mots. Ivy est de ceux-là et c’est par un slam engagé et engageant qu’il s’illustre depuis plusieurs années au Québec. Dotée d’une force de frappe subtile, sa parole réjouit, remue, émeut et vrille les sens. Une poésie orageuse et instinctive, à la fois sociale et intime, où percent ici et là des pointes aiguisées de révolte.


www-LaDemoiselleInconnue_1-300x257La Demoiselle inconnue
Marchant avec un sens de l’équilibre relatif sur un fil de mots entre gravité et légèreté, La Demoiselle inconnue passe avec un air ravi d’une berceuse d’infdélité à une chanson d’amour pour un zombie. Armée de trois guitares, de deux téléphones et d’une paire de fesses à walkman intégré, elle parsème ses textes d’impulsions impudiques ou électriques.
La Demoiselle inconnue : chant, guitare


Vendredi 28/11/2014
Mégaphone Tour : Robi + Radio Elvis + Eskelina
Le MEGAPHONE TOUR est un dispositif d’aide à l’émergence, de soutien, d’accompagnement et de développement par la scène des talents de demain.
Chaque année, 12 auteurs-compositeurs-interprètes, préalablement sélectionnés, partent sur 4 tournées dans 4 grandes Régions de France (Sud Ouest, Sud Est, Nord Est, Nord Ouest), proposant ainsi un plateau découverte de 3 artistes en bas de chez vous …


robi-890x395_cRobi
Robi oscille entre l’obscurité et la lumière, la force et la délicatesse. Sorte de Dominique A au féminin, elle sort des sentiers battus avec des textes ciselés, précis et cascadeurs. Robi passe du rire du larmes, de la chaleur à la tristesse de l’hiver sans jamais s’arrêter. Le résultat est noir, poétique, mais terriblement entêtant et efficace.
Robi : chant – Radio Elvis : guitare


Eskelina-webEskelina
Eskelina chante des chansons poétiques, libertines, engagées, à la fois actuelles et intemporelles. Un tour de chant taillé à la mesure de cette magnifique interprète et habité par la grâce de sa voix qui n’est pas sans rappeler Joan Baez et Joni Mitchell.
Eskelina : chant, guitare –  Christophe Bastien : guitare


Radio -®NicolDespis 2Radio Elvis
Les chansons de Radio Elvis sont élégantes et ambitieuses, un croisement entre Dominique A, Rodolphe Burger et Tindersticks. Les guitares amples et les sons synthétiques se mêlent aux percussions et aux textes de ce jeune chanteur. Le résultat est là : un rock littéraire et atmosphérique.
Radio Elvis : chant, guitare


Samedi 29/11/2014

dans-le-ventreSoirée Dans le Ventre (cabaret, théâtre, performance)
La Compagnie Dans le Ventre vous invite le temps d’une soirée à venir goûter leurs performances visuelles, sonores et théâtrales. Une soirée osée et brutalement féminine.
Rebecca Chaillon : direction et mise en scène


ACCÈS

La Menuiserie se situe à Pantin, à la limite des Lilas et du Pré-Saint-Gervais

77 rue Jules Auffret 93500 Pantin

En transports en communs
métro L11 Mairie des Lilas ou L5 Église de Pantin
bus 61 arrêt Jean Jaurès ou bus 249 arrêt les Pommiers

station vélib au niveau du bus 61 arrêt Jean Jaurès

En voiture
Bd périphérique sortie Porte des Lilas ou Porte de Pantin

The Rising Solex : Centre Barbara, qui me dira ?

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Hexagone te dit tout. Non… Hexagone te dit rien ! Hexagone te montre. Jeudi 23 octobre, on est allés au Centre Barbara de Barbès et on n’a pas été déçus. Fichtre pas ! The Rising Solex jouait et ça a donné ça. Ecoute voir.
Et si t’es déçu d’avoir loupé ça, t’inquiète, retrouve Mathilde, Olivier, Guillaume, Thibault et Antoine le 9 Janvier au Bus Palladium. Mais si… On te l’avait déjà dit ! Pour toutes les infos et plus encore, clique sur le lien. 
Ah oui, si t’es mon pote, tu passes la vidéo en HD, sinon achète-toi un minitel ! Rock’n’roll baby !


Jean-Roger Caussimon : Du gauchisme à la mode

Dans la famille, Caussimon, demandez le père ! Disparu il y a près de trente, Jean-Roger Caussimon a écrit quelques trésors de la chanson. Ferré avait d’ailleurs vu juste en le faisant un de ses auteurs de prédilection !

Ici, en écoute, Du gauchisme à la mode. Mise en abyme de la chanson humaine plus que d’idées. C’est fin, c’est grinçant, subtil et proprement engagé. De la haute couture ou de la dentelle. A toi de choisir. « Je fais du gauchisme à la mode, mais que fait ce pouvoir d’argent qui prend souci des pauvres gens mais juste en certaines périodes ? » Dylan chantait le changement des temps. Caussimon montre que Bob s’est un peu planté.

Je fais du gauchisme à la mode
Oui, j’ai lu ça dans un journal
C’est offensant quoique banal
Pourtant quelle à-droite méthode
Si vous chantez la Liberté
La Justice, l’Égalité
On vous traite de « démagogue »
Et dès que l’on vous catalogue
« Auteur dont il faut se méfier »
De vous, l’on écrit, c’est commode
Avec dédain, avec pitié
« Ce monsieur connait son métier
Il fait du gauchisme à la mo-o-de ! » {x2}

Je fais du gauchisme à la mode ?
Mais que fait ce pouvoir d’argent
Qui prend souci des pauvres gens
Mais juste en certaines périodes ?
Quand pensionnés et retraités
De quelques francs sont augmentés
Ce sont leurs voix que l’on racole
Ils vont voter dans les écoles
Huit jours plus tard, l’immobilier
Brandissant les foudres du code
Les expulse de leur quartier
« Dressez constat, monsieur l’huissier »
Je fais du gauchisme à la mo-o-de ! {x2}

Je fais du gauchisme à la mode
Si, quand je pense aux objecteurs
Traités comme des malfaiteurs
Mon cœur point ne s’en accommode
Et que dire des étudiants
Que l’on fait chômeurs et mendiants
Bien avant qu’ils n’aient leurs diplômes
Quand au Prince de ce royaume
À l’intérieur bien intégré
Vais-je lui consacrer une ode
Quand il traque les immigrés ?
« Non, mon Prince, mille regrets
Je fais du gauchisme à la mo-o-de ! » {x2}

Je fais du gauchisme à la mode
Et l’on me dit manipulé
Et l’on croit pouvoir révéler
À quel parti je m’inféode
Allons, messieurs, soyons sérieux
Tout simplement j’ouvre les yeux
Je suis témoin de mon époque
Le succès présent, je m’en moque
L’Histoire d’hier à nos jours
Fut écrite par des rhapsodes
Des rimeurs et des troubadours
« Le temps des cerises » est bien court
(C’était du gauchisme à la mo-o-de ?)
C’était du gauchisme à la mo-o-de !


Nicolas Jules, show à Pantin !

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C’était vendredi 31 octobre, à La Menuiserie, à Pantin. C’était Halloween partout ailleurs mais Nicolas Jules rien que pour nous, dans ce petit lieu qui fait tant pour la chanson qu’on aime. Celle avec des vrais gens dedans. Celle qui rassemble quelques dizaines de spectateurs par soirée, pour un partage sincère et chaleureux, autour d’une bonne table et de jolies chansons.

Vendredi soir donc, Nicolas Jules venait faire son show à Pantin. Son spectacle solo. Tu sais, cher Lecteur, qu’à Hexagone, le Jules, on le tient tout en haut de notre Panthéon des chanteurs vivants. On ne te fait pas l’article en long, en large et en travers mais juste on te met les papilles et les poils au garde-à-vous avec cette reprise du Mouton de Panurge de Georges Brassens. Rares sont les artistes qui parviennent à reprendre Brassens sans que cela sente trop fort la moustache. Nicolas Jules en fait du Nicolas Jules et ça, c’est très très fort. Juste, passe la vidéo en HD et apprécie. C’est du haut vol.


Virage à Droite, allumez le feu Ferré

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Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal

Jeudi soir le Forum Léo Ferré subissait pour la seconde soirée consécutive un affront dont il mettra longtemps à se relever. Voilà pas que la bande à Gilles Tcherniak a eu la drôle d’idée d’ouvrir ses portes et le piano de Léo à Virage à Droite. Piano qui, comme on en convenait avec Patrick Engel de NosEnchanteurs à la fin du spectacle, piano qui a bien failli vomir à plusieurs reprises son ivoire ! Léo Ferré a dû faire 3 fois le tour de sa boîte avant de retomber dans le sens de la marche ! En avant droite !

Virage à droite ? What The Fuck comme on dit dans ma cité. La thèse est simple mais sa mise en application plus délicate, plus osée.  La chanson engagée n’est pas le privilège de la gauche affirme l’affiche du quatuor composé de Nicolas Sarcchus (Nicolas Bacchus), Stéphanie de Morano (Stef!), Lucas Stoipovcon (Lucas Lemauff) et Manu Galladur (Manu Galure). La chanson de droite a elle aussi su produire un grand nombre de chansons, d’idées, idéologiques et toutes souvent plus ordurières les unes que les autres.

Photo Flavie Girbal
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Ne te méprends pas lecteur, si les quatre lurons ont décidé de reprendre ces infâmes ritournelles, ce n’est guère pour proclamer un quelconque ralliement à une crasse cause, ni un retournement soudain de veste. Non, l’ambition est plus potache et il s’agit bien d’un pastiche. Sinon rien.

Le public présent et nombreux, ce 30 octobre, ne s’y est pas trompé et la soirée a tenu toutes les promesses espérées. Du rire, du rire et encore du rire.  Mais pas que. A entendre ou réentendre certains titres, interprétés très souvent de façon volontairement neutre, on s’est demandé si les paroles n’avaient pas été modifiées, truquées ou amplifiées. Je suis pour de Sardou résonne comme une ignominie sans nom. Comme la négation de l’homme par l’homme. Homo homini lupus est. Par exemple. L’homme en blanc de bachelet, la pétasse de Doc Gynéco, le vendéen de l’autre idiot et j’en passe et des plus gratinées et rances.

Photo Flavie Girbal
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Il faut avouer que parfois notre rire, nos éclats de rire ont des accents coupables au fil de la soirée. Faut il en rire ? Ou, plus exactement, peut-on rire de tout ? Et l’on repense à la formule célèbre de Desproges pour se rassurer et se dire que l’on est en bonne compagnie. Que l’on n’est pas avec n’importe qui et qu’on peut donc se lâcher sans retenue.

Potache, certes, mais il convient de pousser un peu plus loin tout de même. Virage à Droite a aussi le mérite d’inviter sinon à une réflexion profonde, tout du moins à se questionner sur la question de la chanson d’opinion. Débat s’il en est.  Dans l’imaginaire collectif ou plutôt dans le carcan des idées reçues, chanson engagée rime avec brûlot de gauche. Souvent vilipendé au reste ! Virage à Droite met les pieds dans le plat et balance la merde au milieu de la table semblant dire « et ça c’est du brûlot de gauche ? » L’amnésie n’est pas l’apanage des promesses politiques mais également des encrasseurs d’esgourdes de droite.

Photo Flavie Girbal
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Chanter ce florilège consternant n’est donc pas à lire simplement comme un jeu – même si l’on s’amuse beaucoup et y compris sur scène où l’on jette les cotillons en chantant la peine de mort – il est à considérer comme un contre-placement politique, un pas de côté, une belle feinte dans une époque où les repères gauche / droite, soi-disant morts, reprennent une couleur alternative où la politique politicienne n’est pas invitée. Trop décevante. Pas clivante comme l’est la chanson.

Sur le plan du spectacle en lui-même, nos quatre âmes égarées de droite d’occasion assurent plutôt très bien. Mention spéciale à Lucas Lemauff, qui a remplacé Nathalie Miravette réquisitionnée par ailleurs, et qui est la star du casting. Pur gueule de jeune UMP, super jeu de piano, bon comédien. Galladur, en jeune con de droite provoc et orienté autour de sa quequette n’est pas mal non plus tout comme la Morano psycho cintrée du cortex et le Sarcchus parfait en monsieur blanc et loyal, chef de choeur.

Photo Flavie Girbal
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Toutes ces chansonnettes pourrites mais savoureuses dans ce virage bien négocié sont souvent introduites ou suivies de petits baratins, petites pépites subtiles (ou graveleuses pour Galladur ) qui jouent sur les codes et les références. De droite évidemment. Et qui enfoncent le clown !

L’ensemble qui tourne parfois à la franche fanfare déconneuse demanderait peut-être, néanmoins, une mise en scène un poil plus strict, plus dirigée, et quelques rectifications sur le rythme pour que la prestation soit parfaite. Mais la Tournée des Enculés (c’est son vrai nom) n’en est qu’à son introduction. Et cela doit plaire à Galladur. Nul doute que la formule va être affinée et mitonnée. Tu n’auras qu’à venir le 13 novembre prochain à Canal 93, à Bobigny, dans le cadre des soirées FrancoFans. Tu auras la réponse.

Pour l’heure, jeudi soir, Virage à Droite a allumé le feu Ferré, et c’était bath !


Virage à Droite sera donc en co-plateau avec Aldebert, le 13/11/2014 à Canal 93, à Bobigny, dans le cadre des soirées FrancoFans. On y re-sera !

Pour regarder la vidéo ci-dessous, pense à passer la qualité en HD !


 

Céline Caussimon, « J’aime la précision et la suggestion »

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On avait rencontré Céline Caussimon en 2003 pour la parution de son second album Je marche au bord. Elle expliquait, notamment, vouloir se tenir à l’écart de l’engagement politique dans la chanson. Le petit dernier, Attendue, paru tout récemment, montre le parfait inverse. Rares sont les albums de pareilles dimensions politique et sociale. Avant de présenter cet opus aux Trois Baudets le 27 novembre prochain, Céline est venue nous en parler. Avec toute cette constante humanité qui l’habite. Un moment de partage sans calcul, sans fard. Céline Caussimon, au naturel, comme toujours. Humble et entière. A Hexagone, on aime l’artiste, on adore la profondeur de l’humain.

Photo Flavie Girbal
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Hexagone : Le précédent album remonte à 2007. Pourquoi autant de temps entre les 2 ? C’est l’arrêt du Chant du Monde qui a pesé ?
Céline Caussimon : Oui, c’est sûr que ça a joué. Il y avait quelque chose de confortable d’avoir une structure. Puis, il n’y a pas eu de suite la matière suffisante pour faire un nouveau disque. L’important pour moi, c’était de faire des concerts. Écrire des chansons et les jouer sur scène. Au bout d’un moment, on se rend compte que le concert issu du disque Le Moral des ménages n’intègre plus que la moitié des chansons de l’album original mais a fait la place à beaucoup de nouvelles chansons qui ne sont enregistrées nulle part. Et là, l’idée du nouveau disque s’impose.

Hexagone : Tu écris au fil du temps, tu n’arrêtes pas tout pour dire « maintenant j’écris un album » ?
Céline Caussimon : C’est ça. C’est long d’écrire une chanson. Je ne sais pas comment les autres artistes fonctionnent, mais chez moi, c’est un long cheminement.

Hexagone : Ça reste important de faire un disque pour toi ou est-ce juste un passage obligé ?
Céline Caussimon : Ce n’est pas un passage obligé mais lorsque à la fin des concerts les gens me demandent « elle est sur quel disque celle-là ? » et que je réponds « sur aucun, » ça m’ennuie. S’ils souhaitent garder la chanson, j’ai envie qu’ils puissent le faire. Le disque permet ça.

Photo Flavie Girbal
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Hexagone : Quand tu envisages un disque, ça ne correspond pas une envie artistique particulière. Une couleur, une thématique, un concept ?
Céline Caussimon : Non. Ça a été le cas sur Le Moral des Ménages mais pas pour Attendue qui est davantage un reflet de ce qui est joué sur scène.

Hexagone : Du coup, les chansons de l’album existent depuis combien de temps ?
Céline Caussimon : C’est très variable. Certaines, comme Parisienne qui était sur Je marche au bord, sont anciennes. Je l’ai reprise parce que je la chante régulièrement sur scène et l’arrangement initial ne me plaisait plus. J’avais envie de chanter cette chanson différemment. Tout ça fait que, pour moi, cette chanson est comme une nouvelle chanson et j’ai souhaité la faire figurer sur ce disque. Elle est recréée.

Hexagone : De qui vient l’idée, la décision de faire l’album Attendue ? Merlin Prod ?
Céline Caussimon : Non, c’est moi qui suis allée trouver Etienne Champollion et j’ai eu envie de travailler avec lui. Il m’avait accompagnée sur scène quelque fois et j’aime beaucoup son travail.

Photo Flavie Girbal
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Hexagone : Cet album, c’est une grande histoire de réseau et d’amitiés. Tu peux raconter comment est née cette aventure avec Etienne Champollion  ?
Céline Caussimon : Dans cet album, quels sont les dénominateurs communs ? Ça fait longtemps que je n’ai pas fait de disque et on « l’attend » et je vais réunir les gens que j’aime artistiquement. Que j’aime et qui m’ont accompagnée. Des gens qui ont partagé l’aventure. Il y a Etienne, Cécile Girard (Violoncelle), Thierry Bretonnet (Accordéon). Etienne, je l’ai connu au Festival de Concèze, la première fois que j’y suis allée, en 2010. Etienne est le pianiste du festival. Il est là pour accompagner les artistes qui ne peuvent pas venir avec leurs musiciens. C’est un garçon très étonnant, un boulimique de musique. Il est autant dans le classique que dans la chanson. Ensuite, il m’a accompagnée sur une tournée. Ce que j’apprécie chez lui, c’est qu’outre le fait d’être excessivement cultivé en musique, il est très ouvert. Toujours à l’écoute. Quand on n’est pas musicien, le rapport avec le musicien est quelque chose de complexe. Certains vous le font sentir, Etienne est tout l’inverse.

Hexagone : Qu’est-ce qu’il a apporté sur cet album Etienne selon toi ?
Céline Caussimon : Il a apporté la musicalité. Une beauté de la musique, une présence. C’est quelqu’un qui a le sens de la phrase mélodique notamment.

Photo Flavie Girbal
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Hexagone : En 2003, tu disais « marcher au bord » de l’engagement, la politique. T’en tenir à distance. En 2014, Attendue est certainement le disque le plus politique que j’ai entendu depuis pas mal de temps. Explique-toi !
Céline Caussimon : Oui je sais, c’est ce que tout le monde me dit. Quelque part, je n’aime pas que l’on me dise ça parce que pour moi, ce disque, il est surtout humain. La société actuelle, dans laquelle nous vivons, nous confronte au quotidien avec tous les problèmes politiques et sociaux. On n’y est confrontés en permanence, on ne les laisse pas à la porte quand on rentre chez soi.

Hexagone : Attendue est dense et présente un florilège de chroniques sociales. Chez toi, les chansons sont toujours subtilement tissées d’un canevas social qui intègre une part personnelle. Tu ressens cela ?
Céline Caussimon : Oui, c’est ça mais la part personnelle, c’est très difficile à exprimer. La moindre chose que tu achètes, la façon dont tu dépenses ton argent, ça a des répercussions sur la marche du monde, on le sait, on ne peut pas faire semblant d’ignorer. On sait qu’on est dans un système mondialisé et que la liberté individuelle est fondue dans le monde. Elle est mélangée au monde et le monde marche avec nous.

Photo Flavie Girbal
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Hexagone : Tu sembles questionner ton époque dans tes chansons.
Céline Caussimon : Ce n’est pas questionner. Je pense que l’ignorance est la pire des choses. Ne pas savoir les choses et ne pas avoir envie de savoir, c’est encore plus terrible. C’est ça qui me donne envie de chanter. Je n’ai pas la prétention de révéler quelque chose mais plutôt d’inviter à faire attention aux choses, à rester en éveil. Raconter une histoire qui soit complètement détachée de la société dans laquelle on est, je ne vois pas comment on peut. J’ai bien conscience que c’est dérisoire, je ne vais pas changer le monde. Mais déjà si ça touche, si ça provoque une émotion…

Hexagone : On retrouve toujours l’humour dans tes chansons pour faire passer la pilule. Chanson amicale par exemple, que raconte-t-elle ?
Céline Caussimon : C’est une chanson au second degré. Je me suis amusée. C’est le paradoxe du monde complètement libre d’Internet, cette planète où l’on est tous citoyens, tous égaux face à notre écran, tous copains. Si ce n’est que dans ce « tous copains », on peut faire des sous-catégories où l’on est plus copain avec le copain de l’autre copain, etc. Mais si l’on recrée une communauté en opérant des sélections comme ça, et bien on recrée des frontières et on marche avec les mêmes lois, etc. Dans la chanson, je me suis amusée à faire le parallèle « ne pas accueillir toute la misère du monde » / « ne pas accueillir tous les amis du monde ». Pourquoi dans ce monde ouvert, on remet des sous-catégories ? Et puis, c’est un lieu où l’on ne sait plus ce que les mots veulent dire. « Ami », on ne sait plus ce que ça veut dire. On « supprime » des amis !

Hexagone : Parmi les thèmes abordés sur Attendue, l’immigration revient trois fois (Exit, La Camisole, Shiva).  C’est un thème qui semble te toucher particulièrement ?
Céline Caussimon : Oui, ça me touche. Parfois je me dis que c’est la chance d’être à Paris. Quand je rentre à Pantin, que je vois tous les continents dans le même métro, sur la même banquette, ça me bouleverse. Je trouve ça magnifique. Pourquoi les gens partent de chez eux, pourquoi on ne les accepte pas, pourquoi on ne peut pas les accepter, je n’ai pas de réponse. On ne peut pas être indifférent à ça.

Photo Flavie Girbal
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Hexagone : La Ménagère de moins de 50 ans. Tu peux raconter comment est arrivée cette chanson ?
Céline Caussimon : Parce que j’ai dépassé mes 50 ans ! (rires) J’ai constaté que si le monde est si terrible c’est parce que l’on veut plaire à la ménagère de moins de 50 ans. Et qu’à partir du moment où je n’ai plus 50 ans, je ne suis plus responsable de ce qui arrive sur cette planète. Ce terme « ménagère de moins de 50 ans », je ne le comprends pas. Comment peut-on parler comme ça ? Être une ménagère, c’est une fonction et quand on va la quitter, ça va faire bizarre… Dans mes chansons, j’aime interroger les expressions qu’on nous impose. La « ménagère de moins de 50 ans » comme ici, « le seuil de la pauvreté » que j’ai également traité sur l’album précédent.

Hexagone : On en a déjà dit 2 mots mais pourquoi reprendre précisément Parisienne sur ce disque plutôt qu’une autre ?
Céline Caussimon : C’est un texte qui me tient particulièrement à cœur. Je parle de moi, je parle de Paris, je ne connais que Paris, j’y suis né. Mais c’est une ville où l’on ne peut pas se fixer, avoir des souvenirs, des liens avec les lieux parce que les lieux changent, parce qu’on les fout en l’air. Le Paris des années 60 n’a rien à voir avec ce que c’est devenu. Donc mon passé, je ne peux pas aller le chercher dans Paris, il n’y est plus. Il a disparu. Pour moi, « ce n’est pas un pays et je ne suis que de là » comme dit la chanson.

Hexagone : Je trouve que sur ce disque tu chantes plus que d’habitude, tu es moins dans le jeu de comédienne. C’était un souhait ?
Céline Caussimon : Oui, c’est une chose dont j’avais envie et je pense que c’est également lié au travail avec Etienne. La musicalité et les arrangements qu’il a amenés ont conduit à ça justement. A un ensemble plus musical qui me plaît bien.

Photo Flavie Girbal
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Hexagone : Comment décrirais-tu ton écriture, ton esthétique, ta poétique ?
Céline Caussimon : J’aime la précision et la suggestion. C’est à dire que parfois je peux rester longtemps à chercher, à buter pour choisir le bon mot et parfois placer un mot qui relève purement du ressenti. Laisser un flou, quelque chose qui est plus de l’ordre de l’évocation et de la suggestion aux côtés de choses très précises.

Hexagone : Comment travailles-tu ? Tu t’y colles tous les jours ?
Céline Caussimon : Non, je ne travaille pas tous les jours. Je fonctionne avec le principe du cahier. J’ai mon cahier toujours à portée de main où je vais écrire des débuts, des phrases, des idées, des refrains, etc. Il y en a qui vont connaître comme un développement de cellules et qui feront des chansons, et d’autres qui ne resteront jamais que deux lignes perdues dans un carnet. Il n’y a pas de « je veux écrire là-dessus », ce n’est pas dans cet esprit-là.

Hexagone : Les textes d’Attendue sortent du standard en chanson qui privilégie les octosyllabes ou hexasyllabes. C’est un choix poétique ?
Céline Caussimon : Alors, l’octosyllabe, je ne peux plus l’encadrer. C’est un peu une contrainte que je me donne de ne pas tomber dans la simplicité. Avec l’octosyllabe, ça donne forcément quelque chose que l’on a déjà entendu. Il faut des surprises.

Hexagone : Qui apprécies-tu parmi les auteurs contemporains ?
Céline Caussimon : Je ne suis pas forcément un bon public, mais j’aime bien Nicolas Jules par exemple. J’aime bien ce que Clémence de Mèche écrit. Beaucoup Emilie Marsh, aussi.

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Hexagone : Finalement, est-ce que tu ne te considères toujours pas davantage comme une comédienne que comme une chanteuse ?
Céline Caussimon : Oui, je crois. Je ne suis pas franchement dans le réseau chanson en fin de compte. Pour moi, la chanson, c’est quelque chose de très indépendant et personnel et je ne me verrais pas être copin-copine avec machin, écrire avec untel ou untel. Je ne suis pas dans cette approche de la chanson.

Hexagone : Tu as écrit tous les textes de l’album. Mais pour les musiques : Emilie Marsh (2), Gabriel Levasseur (2), Jean-Luc Priano (2), Gérard Pierron, Mickaël Guillaume, Jean-Yves Lacombe, Pierre-Michel Sivadier. Comment se fait le choix du compositeur ?
Céline Caussimon : Je fais la demande en fonction de l’atmosphère, l’ambiance qui se dégage du texte. C’est assez empirique comme démarche finalement.

Hexagone : Quand tu écris ton texte, même si tu n’as pas la musique, est-ce que tu sais déjà comment tu vas l’interpréter sur scène ?
Céline Caussimon : Oui. Par exemple, quand j’écris Chanson amicale, je sais que je vais m’amuser à la jouer.

Hexagone : Tu mets combien de temps en moyenne à écrire une chanson ?
Céline Caussimon : Longtemps. Parce que je l’écris, je la laisse reposer un peu, parce que je ne suis pas sûr que ça me plaise vraiment, après il faut que je trouve à qui je vais demander de composer la musique.

Hexagone : T’es plutôt slow food du coup. ?
Céline Caussimon : Oui, carrément. Mais carrément.


Céline Caussimon présentera son nouvel album, Attendue, le 27 novembre 2014, aux Trois Baudets.


Ci-dessous en vidéo, Céline Caussimon interprète La Camisole, accompagnée au piano par Flavie Girbal, lors de l’interview pour Hexagone. N’oublie pas de passer la qualité en HD.