Hôtel Morphée – Dead Road 66′

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Non, les fou-fou obsessionnels ne sont pas seuls… merci, je vais bien, mais figure-toi que je viens de découvrir qu’il y a d’autres gensses qui font de graves blocages musicaux. Quand j’ai entendu Baptiste Vignol dans une précédente interview hexagonale parler de son arrêt total, depuis des mois, sur Christine and the Queens, j’ai souri des dents du cœur ; I was not alone ! car j’étais une nouvelle fois moi aussi en train de bloquer sur un band, un groupe, une association de gens faisant de la musique. Version Frankenstein ça aurait donné ça : she’s not alone she’s not alone ! (Frankenstein)Stills-bride-of-frankenstein-19762014-1872-1442

Si tu veux me suivre et que la créature du professeur Frankie te fait un peu flipper les napperons, ça commence mal, mais rien n’est perdu !, je crois en toi et en ta force intérieure… que te dire d’utile pour commencer ce voyage ? Qu’il va falloir grésiller tes semelles à dillots sur quelques routes et repaires fantômes ? Dead road 66′, baby girl, rude boy ! … Bienvenue sur la route des cauchemars… Québec city. Nom de code du band en cavale : Hôtel Morphée. 3 gars 1 fille… du sang ! Be strong, la route sera longue.

Je venais de découvrir le dernier album de Salomé Leclerc (une autre talentueuse québécoise) et au gré des interactions nétaires, je suis tombée sur l’Hôtel de Sandman (rapport au maître des cauchemars et des rêves de Gaiman parce qu’il faut bien que je plante le décor de façon efficace en te parlant direct aux rétines – Sandman). Me voilà donc aux portes de la nuit et des brumes. Une faible lumière clignote, le froid se glisse entre tes vêtements, se glisse sous tes paupières rougies, ça sent la mauvaise histoire, le mauvais polar… Vois ce loupiot blafard qui te fait de l’œil. Te voilà à avancer sur la route noire… tout a l’air abandonné… une enseigne désossée gringue au vent et aux vautours, des lettrines qui ont perdu leur carmin, mais tu y lis encore le nom du rade :
Hôtel Morphée. Toc toc toc…

morphée J’aurais pu totalement passer à côté. Au départ on pense que c’est juste de la pop comme on en entend un peu partout sur les ondes, en plus il y a une superbe chanteuse tendance mannequin reconverti, mais il suffit de se plonger dans deux chansons pour démentir aussitôt cette impression. C’est que la bombe blonde a des crocs et ne s’en laisse pas compter, ne fait pas dans la bluette post-traumatimentale, mais dans le bien sombre tendance amours cannibales, hémoglobine, petite mort… Il n’y aura pas de dentelles et d’évaporations langoureuses; la langue est crue, va droit au but. Et puis j’ai regardé le clip de Garde à vous (que je n’ai pas mis en avant dans cet article pour ne pas effrayer les schtroumpfs!). Un vrai hommage aux films gore, tout autant que Des histoires de fantômes, façon La Colline a des yeux, avec cauchemars et zombis planqués !

2 albums au compteur qui suivent le fil rouge d’une sorte d’Amérique fantôme, d’une route 66 de l’enfer, d’un univers post-apocalyptique. Le second album s’appelle d’ailleurs Rêve américain, mais ça serait plutôt le rêve d’une Amérique lessivée, d’une Amérique de fin du monde. Le désert et la nuit sont les deux mots qui me viennent pour décrire leur univers. Cohérence encore avec une chanson comme Tucson sur le second opus qui aurait parfaitement eu sa place sur le premier tant on sent qu’en deux albums, déjà, quelque chose est en train de se construire et que, forcément, on attend la suite avec impatience. Tucson, sublime chanson qui incarne idéalement leur univers, qui en serait le condensé ou la bande annonce. Je ne te parle pas de film par hasard…

Ces deux albums sont comme des BO. Albums d’ambiances, d’atmosphères pour paraphraser Arletty dans Hôtel du nord (tiens tiens un hôtel encore… Hôtel du nord). Ce sont des albums cinématographiques et il y a un réel travail d’ambiance tant sur les clips que sur la musique. Recherche de sonorités, travail et trouvailles pour illustrer cet univers zombi-western. Dub sous acide, voix scandée sur la fin de la chanson Petite mort avec en boucle « toi et moi c’est comme un porno ». Travail de réverb’ un peu crade et poussiéreuse, de distorsion, robotisation sur la voix de Laurence Nerbonne (la chanson Rêve américain notamment). On trouve le côté électro-pop barrée de groupes comme feu Prototypes ou Vive la fête; version moins sucrée. La voix de Laurence a une identité forte surtout lorsqu’elle la pousse dans les rauques. Une voix qui me fait penser à plusieurs autres sans que je puisse fixer d’influence directe. Plusieurs charmes s’y mêlent : d’un côté le léger accent québécois qui participe étrangement et subtilement de ce rocaillement et de l’autre côté une tendance Riot girrrl je vais défoncer ou bouffer le micro, notamment dans la tubesque Des milliers de gens, à l’énergie très punk.

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En résumé Hôtel Morphée c’est :
De l’électro-black-horror-pop où alternent des chansons boxées pas botoxées et des chansons plus mélancoliques. Une ambiance et un visuel presque parfaits sur le triptyque Des fantômes / Garde à vous / Tucson. Tucson qui fait partie des chansons qui se détachent vraiment et s’incrustent si bien dans la tête que tu ne peux plus que l’écouter, encore et encore… c’est chimique c’est une drogue, blocage looping sans fin… à croire qu’il existe des musiques spécialement créées pour alimenter, perfuser tes obsessions… et les pieds à plein plats sur le chemin, la loupiote se fait révélation et tu te dis : ça y est ! j’ai trouvé la musique qui risque de m’accompagner pour un moment. C’est une attente que tu ne formulais pas distinctement mais qui est récompensée.

Bless the dead Cowboys !

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