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François Béranger : Tout finit par des chansons

Pendant plus de trente ans, François Béranger a poursuivi une carrière sans concession. Ses chansons – telles des balises – forment une œuvre essentielle, à l’image de leur auteur : simple, humble, sensible et humain. Une œuvre qui fait corps avec une vie pas banale.

 « Je suis né dans un p’tit village / qui a un nom pas du tout commun / bien sûr entouré de bocages / c’est le village de Saint-Martin » nous apprend Béranger dans Tranche de vie, le premier titre qu’il enregistre en 1969. En fait de petit village, c’est à Amilly dans le Loiret, près de Montargis – pays de Bruant – que François Béranger naît « par hasard », en août 1937.

Photo fonds personnel François Béranger
Photo fonds personnel François Béranger

Il passe ses jeunes années à Suresnes, en banlieue parisienne, où la famille occupe un logement d’une pièce-cuisine.  « On disait logement chez les pauvres, appartement chez les riches » justifie Béranger. Le père, militant syndicaliste, travaille chez Renault, à Billancourt. Autodidacte, résistant, orateur de talent, il se voit également confié un mandat de député de la Nièvre entre 45 et 51 (ou 52). Béranger nourrit une grande tendresse, une grande admiration pour son père. Sa mère, couturière à domicile, améliore l’ordinaire quotidien à force de confections vendues à la pièce. Cela lui permet également de s’occuper du rejeton à qui elle transmet la passion familiale de la chanson. Pour l’essentiel, ce sont les tubes de l’époque : Eliane Célis, Damia, Fréhel, Trénet, Jean Sablon, Jean Lumière.

Après quelques humanités passées « à égale distance du vedettariat des premiers et de la honte des cancres du classement », Béranger décide d’arrêter les études pour se frotter au monde du travail. C’est ainsi qu’en septembre 54, il devient ouvrier chez Renault.

Il constate rapidement que lorsque l’on a fait du latin et du grec, on ne se prolétarise pas comme ça, que la culture et l’enseignement reçus forment une bien belle différence dans l’appréhension du quotidien. « L’usine c’est bien joli, mais ça abrutit vite ». Toujours dans Tranche de vie, Béranger expose ce constat : « Quand on en a un peu là-d’dans / on n’y reste pas bien longtemps / on s’arrange tout naturellement / pour faire des trucs moins fatigants / je m’faufile dans une méchante bande / qui voyoute la nuit sur la lande ».

Envolé son rêve ouvrier, Béranger rejoint une troupe, « une méchante bande », de théâtre-amateur : La Roulotte. Des jeunes issus d’horizons divers s’adonnent aux mime, danse folklorique, marionnettes, chant, théâtre. Ils se produisent devant des publics défavorisés : enfants délinquants, prisonniers, malades dans les hôpitaux. C’est au cours de cette aventure que François compose ses premières chansons, à partir des modèles que sont pour lui Félix Leclerc et Stéphane Goldman. Le métier le tente mais l’Histoire l’appelle ailleurs… sous les drapeaux.

C’est 1958, la guerre d’Algérie, cyniquement nommée « Opération du Maintien de l’Ordre »… Après quelques mois difficiles passés à Berlin, Béranger  « commence à comprendre… qu’il y a quelque chose de pourri dans le royaume. Rien par la suite ne viendra contredire ce constat. Septembre 1959. Il gagne le sol africain. A Oran, affecté aux transmissions, il est suffisamment tranquille pour dévorer 3 kilos de livres par semaine. Tranquille mais néanmoins témoin des actes de torture. Omniprésente, institutionnalisée, pratiquée systématiquement jusque sur des enfants. L’atmosphère à trancher au couteau , les images, les explosions, les cris interminables d’hommes torturés sont autant de menaces qui contribuent à immiscer la peur de tout et de rien en chacune des personnes. Un climat de…guerre.

Dix-neuf mois plus tard, c’est la quille. Mais aucune excitation. Béranger est vide, sans réaction, épuisé, mutique. C’est plus de trente ans après ces évènements que Béranger trouve la force d’évoquer ce retour douloureux, cette souffrance indélébile dans  La valise rose : « Dans ce bateau de libérés / c’est pas la joie qui surnage / Après trente mois de merdier / on est épuisé par la rage / Si tu veux pas sombrer foldingue / dans tes souvenirs cradingues / t’as plus qu’à t’échapper pépère / dans des mots imaginaires »

Pour Béranger, la réinsertion passe par le retour chez Renault. Sans conviction, il circule dans nombre de services de la Régie avant qu’on finisse par lui demander de chercher sa voie ailleurs. Ce dont il est lui-même convaincu…

Photo fonds personnel François Béranger
Photo fonds personnel François Béranger

Béranger est passionné pour le cinéma. Présenté à des amis par le père de sa femme, il débute comme assistant auprès d’un réalisateur de courts métrages. Il fait ses classes à « l’école pratique », sur le tas, où il multiplie les tâches : écriture de scénarios, découpages, budgets, préparations, plannings, régie, prises de vue, etc… Suite à cette formation, il est engagé au Service de la Recherche de l’ORTF, dirigé par Pierre Schaeffer. Béranger a beaucoup d’estime pour l’homme qui « vous apprenait tout » dit-il. Tour à tour régisseur, chef de production, réalisateur, producteur d’une émission de variétés expérimentale, il finit par quitter la maison pour sa voisine débutante, la Deuxième Chaîne. Il y devient chargé de production dans différents magazines d’informations et culturels, mais la façon non conventionnelle qu’il a de traiter les sujets le propulse vers la porte de sortie… Qu’importe, dehors il souffle un vent de révolte, un vent d’espoir. C’est mai 68.

Mai 68 explose au visage de la France et impressionne le monde entier. C’est tout une appréhension de la société qui va s’en trouver chamboulée. Béranger a de la sympathie pour le soixante-huitard, « malgré le ridicule de son look » ajoute-t-il. Cependant, âgé de 31 ans, lucide et expérimenté, il ne peut adhérer sans nuances aux tendances de tout poil de l’époque. Interpellé un soir par des jeunes composant une chanson collective, l’aventure de La Roulotte refait surface à l’instar de son envie d’écrire. Béranger vient de mettre en route sa révolution permanente…

Fin 68, Béranger enregistre une douzaine de chansons, sur une minicassette, qu’il fait écouter à quelques amis avec lesquels il a – entre temps – créé une société d’étude et de réalisation en relations publiques. L’un de ses collègues, à son insu, transmet cette cassette à une directrice artistique chez CBS. Convocation. Contrat de 5 ans. Premier 45 tours : Tranche de vie suivi d’un album dans la foulée, en 1970. Le succès est au rendez-vous. Des titres-phares tels que Natacha ou Une ville, figurent sur ce premier disque. Tout comme y’a dix ans, évocation limpide de la période de La Roulotte.  « Y’a dix ans je chantais partout / dans les rues dans les cours dans des trous / perdus / On frappait à la porte des hostos / On chantait dans des prisons des chantiers / des métros / La belle vie ». En dépit de l’accueil très favorable réservé à cet album, Béranger n’est pas pleinement satisfait et regrette la façon dont les producteurs travaillent.  « Vous donnez vos maquettes et quelques semaines plus tard on vous convoque au studio pour enregistrer la voix… »

Le deuxième album, Ca doit être bien paraît l’année suivante, en 1971. Avec le groupe américain Mormos, Béranger y impose une nouvelle formule musicale. L’engouement est plus discret, les ventes piétinent et CBS ravale ses sourires. Après une séparation à l’amiable, Béranger signe en 1972 sur un petit label indépendant : l’Escargot-Sibecar. Il y reste 10 ans et enregistre 8 albums.

Photo fonds personnel François Béranger
Photo fonds personnel François Béranger

Dans le même temps et de façon répétée, on lui propose de se produire sur scène.  »Chanter devant des gens est la seule justification – s’il en faut une – de ce métier » déclare Béranger. Il va ainsi se prêter au délicat et douloureux exercice de l’affrontement du public. Progressivement. D’abord seul, puis avec différentes formations acoustiques qui impriment une tonalité folk au répertoire. Malgré le succès rencontré auprès du public, Béranger n’est pas totalement satisfait de cette formule. Il estime que ses chansons relèvent davantage d’une « inspiration urbaine » passant nécessairement par l’électrique. Le groupe Mormos a ouvert la voie vers cette orientation mais c’est la rencontre déterminante avec Jean-Pierre Alarcen – « guitariste génial » – qui la concrétise.

C’est donc naturellement que le premier album de Béranger sur ce nouveau label s’inscrit dans la continuité de réorientation musicale du précédent. L’album appelé La chaise – en raison de sa pochette illustrée par Martine Hussenot – emprunte à toute forme de musiques populaires : tango, flonflon, folk, flûtes indiennes, tzigane, etc… Une sorte d’album patchwork lié cependant par une sonorité folk commune à chacun des titres. Le travail avec Alarcen se poursuit sur les albums suivants dans une parfaite cohésion. Le monde bouge, L’alternative, En public (double, 77) et Participe présent. Une vraie collaboration pour une œuvre qui offre une place de premier ordre aux musiciens. Certains titres comme Paris lumière ou Article sans suite durent 15 à 25 minutes… En dépit des reproches que l’on a pu lui formuler, Béranger a une conception artistique claire.  « La chanson, la bonne, l’efficace, est un genre qui impose concision, synthèse, clarté. Texte et musique sont indissociables. » Lucide, il l’est aussi sur la portée des chansons. Certes, la chanson a toujours existé et demeure la seule expression authentiquement populaire, mais  « Je sais bien qu’une chanson / c’est pas tout à fait la révolution / mais dire les choses, c’est déjà mieux que rien… » chante-t-il dans Nous sommes un cas.

En 1978, pensant avoir fait le tour de la question, Béranger et Alarcen cessent leur collaboration. François enchaîne aussitôt avec de nouveaux musiciens sous la direction de Bertrand Lajudie. Une impression de rafraîchissement et trois albums entre 1979 et 1981. Joue pas avec mes nerfs, Article sans suite pour Da capo lequel – pour ce dernier – bénéficiera de quasiment aucune promotion à sa sortie. L’Escargot-Sibecar vient d’être absorbé par RCA qui entend « dégraisser » nombre de chanteurs français de leur catalogue…

La gauche socialiste s’est installée au pouvoir en mai 1981. Désormais, la question de l’utilité des chanteurs engagés est posée. Néanmoins, l’espoir ne se poursuit pas au-delà de l’état de grâce présidentiel… Dès 82, sur l’album Da capo, Béranger posait LA question :  « Le vrai changement c’est quand ? » avant de déclarer : « Il y a un type de trahison qui laisse ma mémoire intacte… Je n’ai jamais cru au socialisme à la française. » Cependant, hasard ou pas du choix de la démocratie, c’est à cette période que Béranger décide de prendre du recul par rapport à sa carrière. Douze années de tournées ininterrompues l’ont saturé. Il s’offre un septennat sabbatique.  « De 82 à 89, j’ai vécu… ma vie. Farniente (glandage), voyages, musique, travaux alimentaires pour vivre. » Hélas, il est des absences qui plongent dans l’oubli…

Depuis son « départ » de RCA, Béranger reste sans contrat. En 1989, Il rencontre Francis Kertekian, patron de Justine, qui souhaite lui produire un album. L’aventure repart ! Dure-mère – dont la chanson-titre est bouleversante – est un album réalisé presque exclusivement avec des machines : claviers, synthés, boîtes à rythmes. Une tournée de 60 dates s’ensuit. La carrière de Béranger semble prendre un nouveau départ quand Justine se fait absorber par Fnac-Music…  « Ca recommence ! Je me retrouve dans une boîte qui n’a vraiment pas envie de moi. Ni moi d’eux. »

Photo fonds personnel François Béranger
Photo fonds personnel François Béranger

En quête d’un nouveau producteur, Béranger rencontre Antoine Crespin de Futur-Acoustic. Celui-ci croit en lui et lui propose de ressortir, progressivement, en CD toute sa discographie. En 1992, paraît un premier mini-album de six titres. On y retrouve des chansons essentielles qui n’avaient pas survécu à l’echec de Da capo, mais l’on y entend également deux nouveaux titres cinglants – Culture Mickey et Exterminator – qui remettent Béranger sur les rails du circuit.
Dans la dynamique, l’album dit du Cactus sort en 1997 avec la complicité d’une nouvelle équipe de musiciens autour du pianiste-arrangeur, Lalo Zanelli. Une orientation musicale différente, chaude, efficace. Un album sur lequel François reprend Présence en clin d’œil à Félix Leclerc, la référence absolue, et adapte également Marizibill d’Apollinaire. La tendresse de Béranger – fort présente dans l’œuvre malgré le qu’en-dira-t-on – y est plus que jamais palpable.
Un double album en public, retraçant 25 ans de carrière, sort l’année suivante. Le résultat est splendide, une des plus belles réussites de la carrière de Béranger. Sa grosse voix résonne, la justesse de « tous ces mots terribles » se mêle à la subtilité des arrangements de Lalo Zanelli.

Les chansons participent de notre mémoire collective. Celles de François Béranger forment une œuvre essentielle. La pensée de leur auteur y est contenue. Qu’on les écoute attentivement est ce qui peut leur arriver de mieux. » dit-il modestement.

Photo fonds personnel François Béranger
Photo fonds personnel François Béranger

Béranger est un personnage sans ambiguïté. Ennemi de la bêtise. Disciple du bon sens. Détracteur face aux injustices. Simple, sensible, humain, sans concession face à ses engagements. Il a payé pour cela le tarif de la censure, du rejet dans une quasi-clandestinité. Une mise au ban de la « grande famille de la chanson » pour délit d’ empêcher de caresser l’utopie en rond…Dans une société qui fait de l’art un produit de consommation, où la valeur d’un artiste se juge en termes de profits immédiats, il semble que ce soit le prix à payer.

Peu importe, Béranger n’en prend pas ombrage outre mesure. Inquiet pour l’avenir de la chanson d’expression, il se dit  « ni désespéré, ni cassé, ni battu. Les constats que je fais, les dénonciations que je tente sont l’expression d’un certain esprit de résistance. » Un esprit de résistance permanente. C’est bien cela qui anime Béranger. Dans la logique du message qu’il adressait en 1978 dans Ma fleur : « Réprimez-moi si vous voulez / Etre différent c’est un crime. / Etre noir ou jaune ou pédé. / Ne pas respecter votre frime. / […] Vous n’aurez pas ma fleur ! / Celle qui me pousse à l’intérieur / Fleur cérébrale et fleur de cœur / Ma fleur… / Vous êtes les plus forts / Mais tous vous êtes morts / Et je vous emmerde ! »

Tout finit par des chansons…

François béranger est mort en octobre 2003 alors que son retour sur scène était attendu après la sortie de l’album Profiter du temps.


Photo de Une : Annie Le Lann

Miossec : Ici bas, ici même

Il y a près de trois ans, Miossec nous avait laissés quelque peu sur notre faim et notre fin avec ses Chansons ordinaires. Il voulait comme en finir avec le rock alors que Saturne lui autorisait encore cette incartade.

Aujourd’hui, en quasi quinqua, le brestois revient avec Ici bas, ici même, un album d’une sérénité remarquable réalisé par le toujours très talentueux et bien inspiré Albin de la Simone (Souchon, Cherhal, etc.).

Toujours paru chez PIAS, entre constat des « années qui ont filé » (On vient à peine de commencer) et fidèle aux histoires d’amour patraques, Ici bas, ici même en trente trois minutes et onze titres nous montre un Miossec qui a retrouvé une qualité et une profondeur d’écriture qu’on ne lui avait plus connues depuis… Boire.  Les mélodies accrochent également, sur fond d’acoustique. C’est un Miossec d’une sobriété exemplaire qui nous revient en grande forme et pour notre plus grand plaisir.

Dorémus : J’écris faux, je chante de la main gauche

Rapport à comment il parle, rapport à comment il écrit, Benoît Dorémus est un auteur-compositeur-interprète parmi les plus doués de sa génération.

Nicolas Jules : Brechallune

Elle lui avait dit « imocarpé » alors il lui a répondu « brechallune ». Toute la poésie du lunaire toujours bien luné Nicolas Jules.

Festival Aubercail 2014

Nouvelle édition du Festival Aubercail.

Voici la programmation 2014

affiche_auberc_2014-400Mardi 20 mai :
Soirée Jean Ferrat
Rassembler des chanteuses et des chanteurs pour célébrer l’oeuvre d’une personne que nous tenons en respect devient à Aubercail une jolie habitude.
Loin de s’engouffrer dans les formes d’hommage classiques et attendues, notre idée est de surprendre et de confronter un répertoire original à des univers très variés, ne craignant pas de froisser les puristes.
La diversité des interprètes ressemble finalement à nos visions mêlées de la chanson et à la mosaïque qui fait Aubercail.
Pour l’occasion, Valéria Altaver, Nicolas Bacchus, Jérémie Bossone, Michel Bühler, Imbert Imbert, Jules, Claudine Pennont, Julie Rousseau, Francesca Solleville, Tedji, Wally et Zora souffleront dans les moustaches de Jean Ferrat des chansons connues et méconnues.
Ils seront accompagnés par Michel Kanuty (piano), Yvan Descamps (batterie percussions), Viviane Arnoux (accordéon) et Franck La Rocca (basse).

Mercredi 21 mai :
Remo Gary & Jeanne Garraud 
(Père et fille)
La chanson connaît des histoires de filiations naturelles, qui s’écrivent ailleurs que sur les pages officielles du show-biz.
Rémo et Jeanne, partagent cette exigence d’être au plus près des mots, extrayant leurs richesses pour nous les redonner en cadeau dans des formes acoustiques épurées qui nous installent au balcon de leur imaginaire.
Pour Aubercail, le bonheur de cette exclusivité familiale !

Gérard et Thomas Pitiot
(Père et fils)
A la ville comme sur la scène, les Transports Pitiot poursuivent un parcours sans concessions, qui s’attache à construire une clairière, et non pas une carrière.
Les voyages auxquels ils nous convient contrarient les frontières artificielles et visent un accordage plus juste. Pour cette soirée exceptionnelle à la maison, il sera question de gènes, sans gênes : une aventure généalogique !

Jeudi 22 mai :
Laurent Berger & Gilles Roucaute
Deux voix qui se répondent, deux écritures charnelles qui ne se paient pas de mots pour dire l’autre sans jugement ni fausse naïveté.
S’ils coexistent depuis longtemps dans une association bien nommée, les frères de la côte, c’est la première fois qu’ils présenteront ce tour de chant inédit, en miroir, en écho ; avec la complicité aérienne de leurs deux musiciens, Nathalie Fortin et Yadh Elyes, pour cette fertilisation croisée.

Graeme Allwright
Quelle joie de ré-accueillir un sage, un infatigable artisan de la paix. En 2007, pour notre toute première édition, il était des nôtres.
Ce tonton de la chanson de 87 ans n’en finit pas de relier les générations et de souffler sur les braises généreuses des chants des hommes, chants d’espoir et de désespoir.
Si nous pensons d’emblée feu de camp, c’est que ses chansons réchauffent et rassemblent.

Vendredi 23 mai :
 Arthur Ribo
Il y a sans conteste de la magie dans la façon qu’a Arthur Ribo d’improviser des chansons à partir des mots du public.
Ce n’est pas qu’une performance, c’est un voyage dans les recoins de l’imaginaire ; son écriture automatique honore la rime avec fluidité et trouve sa place dans un véhicule rythmique qui rend les soubresauts confortables.
Ribo mérite son prénom !

Zora
Derrière ce prénom de femme, se cache en réalité une identité double, Zora Bensliman et Jean-Philippe Courtois, qui nourrissent cette jolie aventure humaine et musicale depuis 10 ans, transbahutés qu’ils sont par les chaloupes et les idées.
Leurs chansons communiquent à la fois à l’esprit et au corps une salvatrice folie qui nous Zora tous !

Feloche
On a peine à croire que Féloche est un ancien punk quand on le découvre aujourd’hui rêveur, voyageur, attentif aux mélodies de la vie offertes par les oiseaux et ceux qui les imitent.
Sa musique peut néanmoins s’endiabler et prendre des tournures qui nous font basculer dans l’étrangeté, sans écorner ses textes sensibles et personnels.

Samedi 24 mai :
Béa Tristan
S’il y a un parcours musical atypique et décousu, c’est bien celui de Béa Tristan.
Toute jeune adulte et au sommet des espérances pour une carrière durable, elle décide de fuir un système qu’elle ressent aux antipodes de ses valeurs de liberté.
Pendant trente ans elle déserte les scènes et ne revient qu’en 2007 avec un blues puissant et une interprétation d’une authenticité rare. Une femme entière.

Bill Deraime

Bill Deraime a toujours été fidèle à l’émotion originelle de la note blues, de cette manière de mêler la nostalgie et la révolte. La pureté de sa voix rocailleuse le distingue des ersatz de la blues attitude.
Bill serait le cowboy pacifiste qui crie à qui veut bien l’entendre que les indiens ont le droit à la dignité, en tirant de son calumet de la paix une sage inspiration offerte au monde entier.

Jules
Derrière son apparence de beau gosse crooner, Jules manie l’ironie et la provocation avec intelligence.
Il s’emploie aussi à distiller de la tendresse par touches subtiles, laissant à sa chanson rock un arôme de bienveillance qui nous donne envie spontanément de faire partie de la famille !
Après son tour de chant, Jules et ses musiciens offriront un bal au public d’Aubercail, pour clôturer dans la joie cette édition.

Jeune public :
Le Va-va de Janet
Marie Tout Court
Janet la tourterelle vit dans une famille peu banale. La maman, la chanteuse Marie Tout Court, s’occupe de ses quatre garçons musiciens.
La tourterelle est accablée par la mort de son amoureux et toute la famille tente de lui redonner le goût à la vie, l’occasion d’aborder en douceur le thème de la disparition d’un être cher.
Les chansons comtoises et jurassiennes largement réarrangées donnent à ce spectacle un caractère intemporel et transforment les questionnements en voyages inattendus.

Des patates et des roses
Compagnie Jolie Môme
La Compagnie Jolie Môme s’adresse aux enfants dans un spectacle qui se présente comme un voyage initiatique pour s’approprier les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.

Alexis HK : Le conte est bon

LE CONTE EST BON !

Abandonnant son job de conseiller de clientèle, Alexis HK se lance à la poursuite de son rêve d’enfant : devenir chanteur. Dès son premier album, il a séduit les amateurs de chansons traditionnelles comme les partisans d’un renouveau musical. Le tout servi par des textes subtils où imaginaire et réalité règlent leurs contes.

Itinéraire hybride
Originaire des Yvelines, issu de la classe moyenne comme on dit (mère assistante de direction trotskiste, père cadre commercial neutre), Alexis connaît une scolarité convenable en dépit d’une propension à la paresse et à la rêverie qui lui vaudront quelques exclusions d’établissements. Des exclusions qui feront le larron puisque celles-ci permettent à Alexis de monter à Paris et d’y décrocher – contre toutes attentes – son Bac B au Lycée Saint-Louis. Contre toutes attentes car peu attiré par les études Alexis se passionne davantage pour l’écriture que pour les exercices de robinets qui fuient.

Photo Frank Loriou
Photo Frank Loriou

Cependant, Bac en poche, il s’inscrit en fac de philo à Nanterre. En parallèle, il participe aux scènes ouvertes du Théâtre de Trévise qui lui offrent l’occasion de confronter son répertoire naissant à son premier public.

En 1997, sur les bancs de la fac ou de la cafét’, Alexis fait une rencontre qui s’avèrera déterminante. Il se lie d’amitié avec Olaf Hund, également passionné de musiques. Ce dernier, plutôt enclin aux arrangements et à la technique, propose à Alexis d’enregistrer sa première maquette. Antihéros notoire, sera tiré à 500 exemplaires et vendu à la sortie des concerts, mais jamais commercialisé.

Sa licence de philo obtenue, Alexis HK renonce à poursuivre des études dont il envisage mal les perspectives. Sans perdre de vue ses activités musicales, il décide d’entrer dans la vie active et trouve un emploi de conseiller de clientèle chez un diffuseur par satellite. S’il ne fait pas de la chanson une priorité, il se donne cependant en concert solo 2 fois par semaine dans un théâtre du XIIème arrondissement. Exercice périlleux du « one man show » qui lui enseigne les rouages de la scène et met son sens de la répartie à l’épreuve.

Après avoir rencontré les musiciens qui vont former sa plate-forme musicale, Alexis profite de ses 3 semaines de congés payés pour enregistrer avec Olaf Hund (qui entre temps a créé son label électro Musiques Hybrides) les chansons qui figureront sur son premier album. Belle ville sort à la rentrée 2002. En janvier 2003, Alexis HK est signé chez Labels qui réédite l’album le mois suivant. Entre temps Alexis a mis un terme à son activité de conseiller de clientèle pour réaliser un rêve d’enfant.

Un héritier artificier
Alexis HK serait un héritier de la chanson française de tradition. Si l’affirmation n’est pas erronée, elle est néanmoins restrictive. Depuis quelque temps déjà, il nous est offert de vivre une période de renouveau salvateur dans le courant de la chanson d’expression. L’arrivée de jeunes artistes tels que Bénabar, Vincent Delerm, Sanseverino, Cali et bien d’autres ouvre des brèches dans un paysage qui n’avait jusqu’ici comme alternative que d’un côté une chanson de patrimoine jugée parfois trop élitiste (donc inaccessible), de l’autre une variété de masse « popstaracadémisée » labellisée TF1 ou M6 et nivelée par le bas. Cette nouvelle scène – comme on l’appelle – a digéré les maîtres, a su tirer profit de leurs enseignements pour produire aujourd’hui une chanson digne de cet héritage mais une chanson moderne, de son époque.

Photo Frank Loriou
Photo Frank Loriou

S’il endosse le legs de ses aînés en apparaissant en costard cravate sur scène, en posant de façon très kitsch sur la pochette de Belle ville, en disant d’une belle voix de crooner des textes au lexique estampillé « chanson de qualité », Alexis HK incarne cependant parfaitement cette génération d’artistes de la nouvelle scène. Formés par la scène. Très tôt marqué par le talent de Jacques Brel, par l’humour et la finesse de Georges Brassens, il s’inscrit donc avec Belle ville dans le registre de la chanson pur jus certes, mais en chahute les codes. L’album n’a de conformiste que l’apparence. Il glisse quelques intercalaires sonores entre les chansons, d’étranges virgules de musique électronique. A ce niveau, l’implication d’Olaf Hund est primordiale tant elle permet de confronter 2 univers différents tout en conservant la sobriété des compositions oscillant entre java, swing acoustique et jingles de Cartoons.  « Il valait mieux avoir des idées, brouiller les pistes par rapport au côté chanson à textes » explique Alexis avant de conclure qu’il  « voulait décaler le propos, montrer qu’on n’est plus en 1950 » Pour un galop d’essai, c’est une entière réussite.

Des contes bien réglés
« Décaler le propos », c’est bien là le credo d’Alexis HK. Depuis son adolescence, il ne cesse de jouer sur la langue, de raconter, de décrire, de s’exercer au délicat exercice de la ritournelle et de la concision qu’elle réclame.

Les textes d’Alexis forment la colonne vertébrale de son œuvre. Leur ligne directrice : la simplicité. Une simplicité qui s’apparente plutôt à de l’horlogerie fine chez cet auteur qui s’affaire à mêler avec minutie tendresse, amertume et cruauté dans des personnages aux destinées ambiguës. C’est cette progression, cette gradation dans le comportement que l’on observe notamment chez le truculent Bambin. Entouré de mamies trop prévenantes depuis sa tendre enfance, le bambin en question semble « aller bien » à l’heure de ses jeunes années. Mais l’attention exagérée des protectrices s’apparente pour le jeune homme en une forme de séquestration au fil des années, au point qu’ « il a l’air moins content l’enfant, l’a l’air d’aller moins Bambin ». Le dénouement s’avère tragique. En un retournement de situation, les vieilles dames qui naguère « attendaient » la venue de l’enfant deviennent à leur tour sujets de l’impatience du Bambin. Mais les raisons de son attente sont autrement morbides…  « Il suit les mémés dans les couloirs des trains. / Il fait des effets de bouche et leur demande si elles vont bien. / Et dessous la cagoule en laine, le passe-montagne / qui cachent son visage ainsi que ses états d’âme, / l’a plus trop l’air d’un enfant, il a bien grandi bambin / mais savent-elles à présent qu’il les attend ? »

Photo Frank Loriou
Photo Frank Loriou

On aperçoit ici un théâtre au sein duquel s’articulent des personnages créés de toutes pièces, projetés dans un décor et qui en un tournemain basculent dans une autre réalité. Un des atouts de l’écriture d’Alexis HK repose sur le fait que ses personnages aussi dérisoires, farfelus ou saugrenus soient-ils demeurent attendrissants au travers même de ce qu’ils portent de pire en eux.

Tout un petit monde à la Carot et Jeunet s’échappe de l’univers pittoresque mais tendre d’Alexis HK. Il y a ici Mitch, un catcheur rêvant de devenir poète. Il y a là le destin cruel de Gaspard le nain volant. Il y a Satan qui attend dans un restaurant moules-frites, attablé. Ici encore, il y a le triste sort d’un cycliste de mauvaise fortune. Et puis, il y a la fameuse déclaration d’amour – en voie de devenir un tube – de C’que t’es belle, humour vachard au plus que second degré :  « C’que t’es belle quand j’ai bu, / je regrette de n’avoir pas fait d’autres abus / tellement t’es belle quand j’bois. »

L’univers onirique voire fantastique d’Alexis HK renvoie tantôt aux Histoires extraordinaires d’Edgar Poe, tantôt aux Contes cruels de Villiers de l’Isle Adam. Les textes suffisamment satiriques, lucides participent à démontrer et dénoncer par la raillerie l’absurdité du monde moderne matérialiste. L’ironie, l’humour sont autant d’armes qui allègent la destinée souvent fatale des « antihéros notoires » mis en scène par Alexis. Pour eux, une autre vie est ailleurs. Une vie entre imaginaire et réalité. Un destin qui se joue toujours sur le fil du surnaturel tel le credo des contes cruels.

Souscription lancée pour le prochain Manu Galure !

Dans la suite logique de Kiui, Bacchanales se lance dans la production du prochain album de Manu Galure, avec la sortie d’un EP 4 titres dans les jours qui viennent pour vous allécher !

4 après Vacarme, Manu Galure récidive avec Que de la pluie, un troisième album qui en surprendra plus d’un :
Fidèle à lui-même sur le fond, les textes sont ciselés, la folie et l’énergie du chant sont palpables, la voix est chaude et alerte, l’univers loufoque et émouvant, les mélodies virtuoses mais évidentes, entêtantes.
Sur la forme, après être passé du piano-voix cabaret (Le meilleur des 20 ans) à l’attirail percussif acoustique déglingué jonglant entre Kurt Weill et Tom Waits (Vacarme), il réussit le tour de force de conserver un côté incontestablement chanson en y mêlant des sonorités résolument électro. Une alchimie qui prend corps grâce à la complicité de Camille Ballon qui réalise l’album, après ceux de Java, RWan, Papillon Paravel, et de son projet solo Tom Fire.

Ce mélange détonnant et réjouissant nous entraîne, qu’il pleuve ou qu’il vente.
Beau temps ou mauvais temps, on marche plus léger, on repart en sifflotant.
Après tout, ça n’est que de la pluie…

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Dès 6€, achetez l’EP 4 titres que vous recevrez immédiatement (dès sa sortie mi mars)

Dès 15€, pré-achetez l’album (sortie fin 2014) et recevez les 4 titres en mp3

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La souscription papier est ici, et l’achat en ligne sur la boutique Bacchanales, à vous de jouer !

Marie tout court : Assise sur le bord

Quand Marie tout court raccorde son art à la société, cela aboutit à un disque agréable et surprenant, où l’apparente fraîcheur imposée par des mélodies colorées – qui nous promènent de la pop au folk en passant par la world et visitant le traditionnel – recèle des textes aux sujets souvent graves, dévoilant une artiste concernée par autre chose que son nombril.

Après l’album Vas-y-comme j’te pousse sorti en 2004 sous le nom de Marie et ses beaux courtois, Marie Renaud revient endossant seule la responsabilité de ses actes sous le nom de Marie tout court.

Impliquée dans la vie associative, animant des ateliers d’écriture et donnant des concerts en hôpital par le biais de l’association « Tournesol – Artistes à l’hôpital », Assise sur le bord, nouvel album de la franc-comtoise, peut se lire et s’écouter comme un témoignage, un album de chroniques dégagé de toute revendication radicale mais qui se fait le miroir d’une société en peine à panser ses plaies, à l’image de cette magnifique Elle se souvient qui aborde avec beaucoup d’élégance et de pudeur la maladie psychique.

On est séduit par l’écriture fine, à même d’évoquer avec subtilité des thèmes aussi épineux que la vieillesse qui se profile ou plutôt la crainte de voir arriver cette vieillesse avant d’avoir accompli, avant d’avoir rempli sa vie. (Au cas où) L’absence d’enfant, fêlure qui taraude chaque esprit trentenaire voyant s’affoler l’horloge biologique, est ici ressenti comme une peur de passer à côté de quelque chose.

On s’amuse à l’écoute de Mon coiffeur qui s’occupe à tordre le coup aux rumeurs et autres idées reçues qui voudraient que tous les coiffeurs soient superficiels et homos. On sourit et on frissonne tout en un devant le film en accéléré de l’idylle de ce jeune couple très ordinaire sur La fin des haricots. Histoire d’amour somme toute banale qui foire au finale. On ne change pas une équipe qui perd ironise Marie tout court nous renvoyant à nos propres déboires sentimentaux.

Sur le titre Je fais des desserts, de sa voix claire à la diction distincte, sur une musique écrite à plusieurs mains (Marie Renaud, Julien Barbances et Ronan Yvon), Marie livre un moment rare – point d’orgue émotionnel de l’album – une perle de poésie évoquant tout en images l’absence, le manque, la disparition d’un être cher.

Sans prétention, avec une belle maîtrise alternant légèreté et gravité, c’est assise sur le bord que Marie tout court observe le monde. Du haut de ses trente ans, elle livre ce disque mature qui interroge sur nous-mêmes autant qu’il montre nos failles.

Klô Pelgag : La fièvre des fleurs

Véritable révélation de ce début d’année, cette jeune canadienne est faite pour durer !

Manu Galure : Vacarme

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 vacarme-150x150Manu Galure
Vacarme

11 titres – 42 minutes
2010
Kiui

Quand en 2008 on a découvert Le meilleur des 20 ans de Manu Galure , enregistré en public au Bijou – haut lieu de la chanson à Toulouse – on a senti immédiatement que l’on avait maille à partir avec un sacré phénomène. Manu Galure, drôle et talentueux autant qu’impétueux et insolent comme on en raffole, s’amusait, à la façon de la Marquise que Brassens chanta naguère à vociférer nous crachant d’entrée ses 20 ans à la gueule. (« J’ai 20 ans, je vous emmerde… »

Cette belle énergie, cette causticité, cette jouissance de la jeunesse mène le jeune Galure à courir 11 nouveaux lièvres sur l’album Vacarme qu’il nous soumet aujourd’hui. Onze nouveaux lièvres à ce point que l’invention sans borne du toulousain le conduit à explorer les multiples facettes de son art dans ses onze nouveaux titres dont la direction artistique a été assurée par Juliette.

Fidèle à la formule piano-voix de l’album précédent, virevoltant entre cabaret, swing et quelques moments de reprises de souffle (Bijoux), le dernier opus s’affranchit cependant de son aîné en introduisant parfois chœurs et claviers comme échappés des années 80 (Captain Ravage, Je vous crache) tout en confirmant une plume fantaisiste ciselant personnages et situations trempés dans un bain proche d’un imaginaire à la Thomas Fersen, notamment sur la superbe Eléphant à mi-chemin entre fable et bestiaire.

Mais là où Manu Galure excelle, là où il figure à la droite du grand Jacques Higelin, c’est lorsqu’il donne libre court à sa géniale folie, lorsque sans retenue il joue sur le registre du cabaret débridé, bonimentant ses histoires abracadabrantesques aux ambiances troubles et étranges comme sur Du vacarme, Berlin-lycanthropes, Méliès ou encore sur l’effrénée Quelque chose en mi.

Sur le titre clôturant l’album, Le cabaret de Galure , l’auteur / compositeur / interprète se met lui-même en scène dans « un cabaret noir et fumant, un cabaret plein de gens gris » où un singe court de table en table alors que Galure fait résonner un rire goguenard avant de se confier au public du cabaret : « vous mes semblables, vous mes frères, ici je dépose mon cœur sur les affres d’un vieux piano, regardez-le saigner à flot, regardez couler sa liqueur, ici je dépose mon cœur et vous pouvez en disposer ». Il conclut par ce « spectateurs, applaudissez, enivrez-moi de vos caresses et rendez-moi mon cœur en liesse que je l’emporte tout gonflé » qui semble vouloir tisser le lien indispensable entre l’artiste et le spectateur et nous rappelle que s’il est important de faire des disques, c’est avant tout sur scène que la chanson a vocation à s’exprimer.

Avec ce fracassant Vacarme, enregistré et réalisé par Alain Cluzeau (Olivia Ruiz, Bénabar, Thomas Fersen, etc.) aux studios Acousti, Manu Galure le déluré confirme tout le bien que l’on pensait de lui. Album hétéroclite mais lié par le fil conducteur de l’invention, Vacarme est un disque salutaire en ces temps de pénurie d’audace musicale.