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K! Entre mes jambes

Ce n’est pas un album d’une douzaine de titres fidèle à ceux dont on a l’habitude d’entendre mais d’un EP de 6 chansons dont il s’agit avec Entre mes jambes de K! Un mini-album mais en aucun un mini talent ou un album au rabais si bien que celui-ci mérite bien de l’attention.

Ces 6 titres suffisent à nous montrer tout le potentiel et toute la créativité du jeune groupe parisien emmené par Karina qui dotée d’une vraie belle voix est à même de passer en quelques secondes du lyrique au rock le plus déjanté tendance Nina Hagen. Car le français ne suffit pas à K! et leur rock débridé à dimensions variables, lourd et puissant comme sur Le dernier tango, sait aussi se faire doux et fragile sur L’Assommoir notamment dans un mélange de français, d’anglais et même d’allemand. On est à ce moment précis proche de Kurt Weil dans une ambiance K! barré.

Fauve qui peut !

Intrigué par l’effervescence récente autour du collectif FAUVE, le CORP comme ils disent, ma curiosité m’avait poussé l’an dernier à écouter leurs premières épreuves sonores que l’on se passait presque sous le manteau mais en quantité industrielle… Et je dois avouer que j’ai été à la fois surpris et conquis par les textes de Quentin plus que par la forme du spoken word qui avait déjà bien vécu.

Oui franchement, si l’on se méfie souvent à raison des engouements aussi spontanés que peu durables, il faut cependant reconnaître une indéniable qualité d’écriture à FAUVE. Ecriture qui trempe à la fois dans une poésie populaire mais moderne et dans un regard désabusé trash sur notre société qui rappelle Les nuits fauves de Cyril Collard dont le CORP tire son nom.

Puis, l’hiver dernier a paru le véritable premier album de FAUVE, Vieux frères Partie 1, et déjà on a pu sentir comme un début d’usure fort paradoxal pour un premier opus. En effet, comme si le crew avait déjà épuisé toutes ses ressources dans les précédents enregistrements décousus (mais cohérents) qu’ils avaient essaimés sur la toile de façon généreuse. Les textes bien que dignes tournaient en rond et les musiques n’étaient que répétition d’un titre à l’autre, la même guitare bien que jolie bégayant son riff tout au long de l’album.

Enfin et c’est surtout là où je voulais en venir. Je suis allé voir le groupe sur scène, sur pièces comme on dit, alors que les billets s’arrachaient et se vendaient comme des petits pains au point que des dates ont été ajoutées à plusieurs reprises pour le Bataclan.

Je pensais que le public d’un groupe qui veut « enculer le blizzard » était forcément composé de lycéens, d’étudiants, de jeunes un peu rebelles qui viennent apporter ce sang neuf à notre société qui en manque cruellement. Quelle ne furent pas ma surprise et ma méprise… Je me suis retrouvé dans un parterre de jeunes (et moins jeunes) gens impeccables et propres sur eux, évadés pour un soir de leur bourgeoise banlieue et venus s’encanailler au milieu d’un Bataclan conquis face à un spectacle respectable mais très fade. Seul le chanteur, Quentin, toujours lui, mouillait le maillot et s’échinait à faire vivre un CORP qui ne faisait pas corps. A l’image de la société qu’ils dénoncent. Ce n’était pas le Grand Soir annoncé ou je ne suis pas sorti le bon…

Gaëlle Vignaux : nouvel album

L’extrait Notre ombre en duo avec le succulent Nicolas Jules nous donne à penser beaucoup de bien du nouvel album, de Gaëlle Vignaux, J’aime tes ex, qui sortira dans les bacs et sur les plateformes le 26 mai prochain. Quelque chose me dit que l’on en reparlera très vite dans ces colonnes.

Lise Martin : Demain

Voici Demain, issu du vrai premier album de Lise Martin, Déments songes, sorti en avril dernier.

Batlik au Café de la Danse

Dans la foulée de son 9ème album studio, Mauvais sentiments,  paru en mars dernier, Batlik enfourchera le Café de la Danse le 16 mai 2014 à 19h30 avec Sages comme des Sauvages en première partie.

La tournée qui ne fait que démarrer s’achèvera à l’orée de 2015 et débouchera sur un album live.

Céline Caussimon attendue

Le voici, le voilà. Quelques années déjà que nous l’attendons justement. Après Le moral des ménages paru en 2007, Céline Caussimon revient avec son nouvel album Attendue.

Le disque est aujourd’hui enregistré, les fonds trouvés pour le pressage et la promotion. « Sa sortie officielle (et mondiale!) aura lieu en septembre. Un concert est prévu aux Trois Baudets à Paris le 27 novembre » nous apprend Céline Caussimon !

Chouette ! Un peu qu’on y sera !

La Menuiserie à Pantin : une contre-culture ?

Soyons raisonnables, demandons l’impossible ! Imaginez un endroit où le partage devient complicité. C’est le pari posé et relevé de La Menuiserie, sise à Pantin, café-théâtre autoproclamé boite à chansons artisanales.

Histoire. Jusqu’au début des années 80, c’est l’heure de gloire des cabarets. L’Ecluse, les Trois Baudets, le Lapin Agile révèlent nombre d’artistes dont les Brassens, Brel ou Caussimon. Les grandes salles étaient peu nombreuses (Olympia, Bobino) et leur capacité raisonnable, encore à échelle humaine.

Que se passe-t-il donc ? Début des années 80, on entre dans l’ère de la marchandisation, de la culture du produit au détriment de l’artiste et de son œuvre. Il faut rentabiliser les artistes, les productions attendent des retours sur investissement. On crée de très grandes salles susceptibles d’accueillir énormément de monde sur une seule date permettant ainsi la possibilité de tournée de plus en plus lucrative. Plein de dates dans plein de grandes salles = plein de sous…

On voit ainsi l’émergence du Zénith parisien (inauguré par Renaud… en 84), puis de Bercy qui est tout sauf une salle spectacle. La chanson y perd à tous les niveaux. Les spectacles deviennent des grandes messes déshumanisées, les cabarets et petites salles sont frappés de plein fouet par ce rouleau compresseur, les artistes à bas bruit d’audience trinquent comme jamais. Ça se passe sous la gauche, sous Mitterrand plutôt, les artistes sont les premiers surpris par ce renversement de situation, ils n’attendaient certainement pas cette politique culturelle de la part de ce gouvernement.

Aujourd’hui, on croit voir une éclaircie dans ce ciel obscur. D’abord, même si ce n’est plus à proprement parler un cabaret « à l’ancienne », la réouverture des Trois Baudets (malgré une architecture aberrante) est un signe fort dans le sens de la diversité culturelle. Faut-il y voir une prise de conscience (ou juste du marketing) quant à l’intérêt de diversifier une offre ou bien alors une perte de vitesse, les limites de la part du rouleau compresseur grandes salles / majors / star system ?

Aussi, en période de chute de pouvoir d’achat, qui peut encore se payer des places à 40 ou 50 voire 100 euros pour un concert ? Et à ce prix là, combien par an ? Les plus petits structures demandent à peine la moitié…

En marge de ces mastodontes, on voit avec soulagement et intérêt l’acte de résistance de petites structures, le plus souvent associatives, qui s’échinent à soutenir une forme d’expression, de chanson cousue main qui n’a pas le droit de cité, sacrifiée sur l’autel du mainstream…

Cette voix des artisans de la chanson, on peut l’entendre à La Menuiserie à Pantin, café-théâtre à taille modeste ouvert début 2009 à l’initiative des créateurs du festival qui monte, Taparole. Ce lieu est le prolongement de l’engagement de cette équipe enthousiaste à faire partager la chanson comme un acte citoyen.

Eclectique dans leur forme, les spectacles présentés les vendredis et samedis soirs dans cet antre de Pantin sont cependant liés par cette notion d’artisanat. La Menuiserie a depuis son ouverture accueilli des artistes aussi différents que Jacques Bertin, Wladimir Anselme, Sarclo, Marie Tout Court, Nicolas Bacchus, 3 minutes sur Mer, etc. Un vrai éclectisme régi par une seule règle : le talent. La Menuiserie et ses artistes n’en manquent pas. Courez donc !

LA MENUISERIE
Concert 8€ / 6€ – 20h30
Ouverture des portes 19h
Menu entrée plat dessert 12€ / plat 8€ / demi 2€

77, rue Jules Auffret 93500 Pantin
Métro Mairie de Lilas ou Eglise de Pantin
ou bus 61 arrêt Jean Jaurès ou 249 arrêt Pommiers
réservations : lamenuiserie@festivaltaparole.org / 01 48 40 56 53

Festival Taparole 2014

Taparole, ma parole, revient aux portes de l’été et de Montreuil, du 9 au 15 juin 2014. Cette année encore la programmation est riche et d’une forte cohérence qui fait à la fois toute l’originalité et l’intérêt de ce festival désormais incontournable.

affichewebtaparole

Lundi 9 juin 2014
A partir de 17h00 au Théâtre de Verdure de la Girandole
Bal folk du Collectif Markus
Le Collectif Markus propose une musique à danser énergique, faite de mélodies envoûtantes et chaloupées. Son répertoire évolue entre compositions et musiques traditionnelles de l’Europe. Musiciens de leur temps, mais amoureux de musique trad’, ses musiciens savent y rester fidèles, tout en créant leur propre son, groovy et moderne. Danseur ou pas, vous risquez fort d’être contaminés…!

Mardi 10 juin 2014
A 19h30 au Serp’ress laverie
Lavomatic Tour
Le Lavomatic Tour est une scène ouverte dans les laveries. Une fois par mois, le temps d’une lessive et d’un séchage, des participants de tous horizons se rassemblent dans une laverie pour proposer des concerts, improvisations ou pièces de théâtre. La règle : venir avec une chaussette sale pour faire tourner la machine !

Mercredi 11 juin 2014
15h Théâtre Berthelot
François Lemonier, Quand j’étais petit
Spectacle Jeune Public à partir de 3 ans
François Lemonnier est compositeur, guitariste, interprète, plasticien, metteur en scène, scénographe, poète, toujours en mouvement. Il a composé 4 disques qui ont donné naissance à des créations pour enfants et pour adultes dont Parol’ de Manchot, qu’il a écrit avec Allain Leprest. Il peint et mène en parallèle des ateliers d’écriture. Ses dessins et ses chansons « coulent de la même encre et s’envolent de la même plume ».

Jeudi 12 juin 2014
20h30 Café La Pêche
Rocé
Le rappeur philosophe sait se trouver là où on ne l’attend pas sans jamais s’éloigner de ses fondamentaux : « un rap des ronces, qui défonce, parce qu’il dénonce ». Bousculer les idées reçues pour mieux avoir foi en l’individu, si Rocé avait un credo, ce serait celui-là. « J’aime les expériences, la témérité artistique. J’aime emprunter plusieurs chemins en même temps. »

Vendredi 13 juin 2014
Ouverture des portes à 18h00 a La Parole Errante
La Maison Tellier
« La musique de la Maison Tellier est une forme d’hommage au spectre des musiques des extrêmes d’Amérique. Mais pas seulement. Disons le franchement : c’est en live que le son prend sa forme primaire. Le vintage n’intéresse pas les garçons, la nostalgie, pas davantage. Ce qui prime? Le grand frisson qui vous contamine à coups de guitares entêtantes et de cuivres lancinants. Et puis depuis un an, l’envie d’aller voir ailleurs, de ranger les santiags et de sortir les beaux habits, ceux qu’on met pour monter « à la ville »… Les Tellier présenteront leur quatrième album « Beauté pour tous », aux sonorités plus urbaines, lorgnant pour le coup plutôt vers l’autre côté de la Manche, mais cette fois aux textes entièrement en français, et démontrant toujours ce goût pour les orchestrations graves, les harmonies et les mélodies classieuses. La rythmique est très rock, moderne, et la scène devient un repaire de sons disparates et orchestrés qui vous fera vibrer. »

Batlik
Batlik s’inspire à la fois du réel et de l’imaginaire pour composer ses textes, et les servir d’une voix étrangement belle et saturée d’émotions. C’est son regard acéré sur la société, et sur la vie en général, sans concession, qui l’amène à poser des mots sur des maux qu’on rencontre tous, des notes sur les rêves d’un monde qu’on aimerait bien refaire…

Nicolas Joseph
Juste après la sortie de son album Tous ces trucs imprudents, autour des chansons de Léo Ferré, et avant la sortie de son prochain disque de composition, Traverses, Nicolas Joseph vient nous donner la primeur de découvrir quelques perles de ces deux univers. La poésie débridée de Ferré rencontre les mots incisifs de Nicolas Joseph et sa faconde qui virevolte au grès des humeurs, trempant sa plume dans la colère et la tendresse.

Samedi 14 juin 2014
Ouverture des portes à 16h
Zoufris Maracas
Zoufris Maracas, groupe de chanson française à textes, accompagné d’un cocktail explosif de musiques du monde. Sur scène ils livrent au public leurs chansons métissées, aux mélodies tantôt inspirées des rythmes zouk, des rumbas congolaises, tantôt empruntes des sonorités manouches, afro-brésiliennes ou reggae, accompagnées de texte poétiques.

Nevché
Fréderic Nevchehirlian a tracé une route sinueuse et singulière entre rock, slam et chanson. Un nom compliqué, un genre indéfinissable, une démarche de développement artisanale et militante. Appelé désormais « Nevché » autant par commodité que par radicalité, il nous livre un 3e album « Rétroviseur » qui s’inspire du passé tout en se projetant dans l’avenir.

3 Minutes sur mer
3 minutes sur mer. Un trio rock qui explore l’âme et la condition humaine. Quelque part entre Tortoise et Dominique A, Audiard et Jack London. Une traversée en aller simple. 3 minutes sur mer, groupe minéral s’il en est, ouvre la porte à de nouveaux horizons sonores et aux grands espaces.

Radio Elvis
Duo élégant et ambitieux un croisement entre Dominique A, Rodolphe Burger et Tindersticks. Les guitares amples et les sons synthétiques se mêlent aux percussions et aux textes de ce jeune chanteur. Le résultat est là : un rock littéraire et atmosphérique.

Eskelina
Eskelina chante des chansons poétiques, libertines, engagées, à la fois actuelles et intemporelles. Un tour de chant taillé à la mesure de cette magnifique interprète et habité par la grâce de sa voix qui n’est pas sans rappeler Joan Baez et Joni Mitchell.

Dimanche 15 juin 2014
Ouverture des portes à 13h30 pour un brunch en famille – Début des concerts à 14h00. La Parole Errante
Alain Schneider, Le Vent qui nous mène
spectacle jeune public à partir de 5 ans
Si Alain Schneider aime chanter pour les enfants, il déteste la chanson infantile. Les siennes entre deux couplets qui batifolent, parlent aussi d’écologie, d’humanisme, de tolérance et de tendresse. Ses spectacles ont une double lecture et plaisent autant aux enfants qu’aux parents. On peut difficilement évoquer la chanson jeune public sans prononcer son nom.

HK et les Saltimbanks
HK & les saltimbanks dévoile ses utopies nomades, raconte les destins de personnes de tous horizons – SDF roubaisiens, touaregs du désert algérien, musiciens chiliens, artistes de rue, militants du quotidien – croisés sur sa route. HK & les Saltimbanks, c’est une musique inclassable, toujours en mouvement nomade.

Richard Desjardins
Richard Desjardins, pilier de la contre-culture québécoise. S’il a choisi de rester volontairement en marge du show-business tout en devenant un incontournable de la chanson québécoise, il est un artiste à multiples casquettes abandonnant souvent le micro du chanteur pour les habits nobles du militantisme.

René Lacaille èk Marmaille
René Lacaille èk Marmaille c‘est une histoire de famille, qui suit une tradition séculaire. C’est aussi une belle histoire de fidélité et de créativité sur des décennies de musique pour le père et déjà bien des années pour les enfants : Marco accompagne son père depuis plus de 15 ans, Oriane depuis plus de 10 ans sur les scènes du monde.

Titi Zaro
Entre chanson à texte et blues réunionnais, les cultures sépharade et réunionnaise s’entremêlent. Scie musicale, violon, ukulélé, guitare, kayanm ou derbouka, servent une poésie du quotidien autour de la féminité et du corps : des notes et des mots empreints du métissage des grands voyages.

INFOS PRATIQUES

Festival TaParole à La Parole Errante
du 13 au 15 juin 2014
La Parole errante 9 rue François Debergue – 93100 Montreuil
Métro Croix de Chavaux – Bus 102 / 115 / 127 / 122 / N16 / N34
01 48 40 56 53 | info@festivaltaparole.org | www.festivaltaparole.org
Tarifs : 15€ |11 € | PASS 4 jours 30 € | gratuit pour les -12 ans
Spectacle jeune public : 5€ pour les accompagnants

Festival TaParole Hors les Murs
du 9 au 12 juin 2014

Lundi 9 juin 2014 à partir de 17h
Bal folk du Collectif Markus
Théâtre de Verdure, la Girandole
65 rue Pierre de Montreuil 93100 Montreuil | Métro Mairie de Montreuil et bus 122 arrêt Saint-Just ou 15 mn à pied
Libre participation à partir de 5€

Mardi 10 juin 2014 à 19h30
Lavomatic Tour (scène ouverte, entrée libre)
Ser’press laverie
41 bd Rouget de Lisle 93100 Montreuil

Mercredi 11 juin à 15h00
Spectacle jeune public François Lemonnier Quand j’étais petit
Théâtre Berthelot
6 rue Marcelin Berthelot – 93100 Montreuil
Réservations conseillées : 01 41 72 10 35 – resa.berthelot@montreuil.fr
5€

Jeudi 12 juin à 20h30
Rocé
Café La Pêche
16 rue Pépin – 93100 Montreuil
www.lapechecafe.com – 01 48 70 69 65
Tarifs : 14€ | 11€ | 8€ | Pass 4 jours 30€

Mokaiesh : L’amour qui s’invente

Après un premier album éponyme en 2008 et un EP en 2011, Cyril Mokaiesh revient avec L’Amour qui s’invente, un album d’une treizaine de morceaux délivrant une intensité et une fougue bienvenues par ces temps moroses. Passionné de Ferré, Mokaiesh a conservé de son aîné sa manière d’énergie et de passion communicatives sans tremper dans l’imitation. Le timbre ferait davantage penser à Nicolas Peyrac alors que les intonations et la vigueur ne sont pas sans faire penser au grand Dominique A.

Écrit en Argentine, cet album de voyages et d’amour fait montre de belles qualités littéraires et d’audace comme sur cette Demande autobiographique.

Thomas Fersen : Personnage à fables

Thomas Fersen est un artiste complexe, composite. Depuis le début des années 1990, il s’est taillé  une place à part dans le paysage musical français . Régulièrement, il revient enrichir son œuvre d’une nouvelle pierre. Discret, constant, exigeant comme il sait l’être depuis plus de 20 ans.

 

Racines populaires
Thomas Fersen est né en 1963 dans l’est parisien, quartier populaire de la capitale. Il y suit ses premières années de scolarité avant de conclure ses humanités par un B.T.S. en électronique qui lui permet de décrocher un emploi de câbleur. Thomas « tire du câble » durant quelque temps jusqu’à ce l’entreprise pour laquelle il travaille tombe en faillite. Avec sa prime de licenciement, il s’offre un voyage de deux mois en Amérique centrale, entre Mexique et Cuba. Nous sommes en 1986.

Photo Mathieu Zazzo
Photo Mathieu Zazzo

La carrière artistique de Thomas Fersen prend corps à partir de cette date déterminante. Son œuvre part de là, de son enfance, de ses racines populaires comme en témoigne son premier album, Le bal des oiseaux, sorti en 1993. Immortalisée par Robert Doisneau, le mythique photographe populaire parisien, la pochette montre un Thomas Fersen en jean posant aux puces de Paris, dans un vieux fauteuil. Premier album qui par l’adaptation du poème Pour toi mon amour cligne de l’œil à Jacques Prévert en même temps qu’il affirme et témoigne un héritage d’une culture populaire. Voire un certain engagement sur certains titres. « En Amérique, / En Asie, en Afrique / C’est pareil les gamins / Tendent la main. / Les larmes du monde / Sont sur eux tant de mouches / Qu’ils sont las de chasser de leurs bouches / De leurs bouches à nourrir / De leur bouches à nourrir qui appellent », entend-on sur Ces bouches à nourrir. Ce type d’engagement direct, tel qu’on le trouve également sur Libertad, ne sera pas reconduit par Thomas Fersen sur les albums suivants. Non pas que l’auteur virera de bord en raison du succès qu’il rencontre, mais pour cause de conception esthétique dirons-nous. La conscience d’une appartenance sociale qui puise ses racines dans un terreau populaire ne se démentira pas, ne désertera pas l’œuvre de Fersen, mais apparaîtra en filigrane par le truchement d’un univers textuel où l’imaginaire supplante le réel.

Débuts
Avant l’aboutissement de ce premier album, entre 1986 et 1993, Thomas connaît ses années de vache maigre. Pourtant, dès 1987, il fait une rencontre décisive ; celle de Vincent Frèrebeau qui à l’époque cherche des artistes à présenter à des maisons de disques. Sensible au talent de Thomas, Vincent Frèrebeau fait enregistrer un premier 45 tours au jeune Fersen – Nelly la rousse et Ton héros, Jane – puis un second en 1990 qui comme son aîné ne rencontre pas le succès.

Dès lors, en 1991, Thomas Fersen décide de se lancer dans le piano-bar, accompagné par sa femme, Véronique (formule du piano-voix que Thomas n’hésitera pas à reprendre sur scène par la suite avec beaucoup de réussite). Ils se produisent alors très régulièrement dans un restaurant thaïlandais du 18ème arrondissement de Paris. Leur répertoire est alors composé de reprises de Charles Trenet et des Beatles pour l’essentiel. Durant sept mois, ils jouent dans ce lieu jusqu’au jour où Vincent Frèrebeau, arrivé entre temps chez Warner, propose un contrat à Thomas Fersen. Thomas signe fin 1991, enregistre l’album en juin 1992. Le bal des oiseaux sort dans les bacs en 1993 et Thomas devient « révélation masculine » en 1994, aux Victoires de la musique.

Esthétique anglo-saxonne
L’originalité, l’esthétique de Thomas Fersen ont fini par séduire. Dès ce premier album, il se dégage un souci manifeste pour la belle ouvrage. On découvre un auteur-compositeur-interprète présentant un goût exacerbé pour le raffinement, la concision, la rigueur constante mêlée au plaisir et à la fantaisie. Les albums suivants, Les ronds de carottes, Le jour du poisson, Qu4tre et Pièce montée des grands jours, parus respectivement en 1995, 1997, 1999 et 2003, viennent confirmer le plaisir des mots et de la musique que prend et transmet l’auteur. En même temps, toujours grandissant et sans cesse renouvelé, c’est le sens de l’esthétique de Thomas Fersen qui fait mouche ! Une esthétique cultivée avec soin, un raffinement quelque peu british à tous les niveaux. Depuis ce pseudonyme qu’il s’est choisi dès 1986, empruntant son prénom au footballeur Thomas Boyd, puis son nom – aux sonorités d’Outre-manche – au Comte de Fersen, amant de Marie-Antoinette.

Le goût pour la culture anglo-saxonne, Thomas semble le porter en lui depuis fort longtemps, sinon toujours. Dès l’âge de 12 ans, il va régulièrement en Angleterre, y achète des disques et s’imprègne de cette culture. Ses premiers groupes sont des groupes de rock, voire de punk, qui puisent aisément dans la veine anglo-saxonne tendance The Clash, groupe culte pour lequel Thomas a une grande admiration. Même si aujourd’hui on le voit en quelque sorte rangé de la crête, son apparence vestimentaire dandy – costard rayé et coiffure savamment négligée – confirme le soin très anglais avec lequel Thomas agence son image. Au même titre qu’il opte pour un vocabulaire choisi, précis dans ses textes, il ne laisse rien au hasard en ce qui concerne son apparence, laissant le soin à Jean-Baptiste Mondino, depuis le second album, de cultiver et entretenir son exigence esthétique.

Classicisme en trompe-l’œil
L’écriture de Fersen renferme nombre d’écueils dans lesquels une lecture trop rapide de l’œuvre ferait trébucher sans réserve. S’il y a une constante chez lui, elle est dans la base qu’il a créée. La constante, c’est son originalité, c’est sa capacité à renouveler les formes de son œuvre. On pense avoir cerné le personnage et le voici déjà ailleurs. La formule est d’autant plus méritante d’un point de vue artistique, qu’elle n’autorise et ne permet pas de coller des étiquettes de façon définitive et catégorique car Fersen les annihile aussitôt. Par exemple, suite au premier album, on a vu en lui un nouveau chanteur « bucolique ». Sur l’opus suivant, Fersen se fait résolument urbain. Et ainsi de suite.

Photo Mathieu Zazzo
Photo Mathieu Zazzo

Depuis ses débuts, Thomas Fersen s’est vu considéré comme le nouveau Prévert, le Charles Trénet d’aujourd’hui, comme un autre Higelin ou bien comme la réincarnation de La Fontaine. Thomas Fersen s’en défend à raison mais il faut bien avouer que les diverses filiations qu’on lui prête ne sont pas complètement usurpées non plus. En fait, il est lui et tous les autres à la fois. S’il possède un style propre et inventif indéniable, une verve imagée qui accouche de personnages ravissants ou cruels (Louise, Monsieur, etc.), Fersen utilise une forme d’écriture classique, voire « classieuse » comme dirait Gainsbourg. Classique au sens de classicisme, de baroque, très XVIIème siècle dans ce qu’elle contient d’élégance. Elle participe d’un même lyrisme esthétique et picore dans un patrimoine littéraire où l’on est bien obligé de citer Jean de La Fontaine. Fersen utilise les codes de la fable même si chez lui la morale est absente, il joue tout de même de ce référent évoquant un bestiaire personnel. (Oiseaux, crocodile, rossignol, sardine, chien, lion, chat, pigeon, cheval, papillon, souris, éléphanteau, lapin, baleine, mouche, mule, reptile, bambi, etc.) Là où le travail de Fersen s’avère original, c’est qu’il s’accapare le genre pour le surpasser. Il va au-delà de la morale et incite à la réflexion plutôt que dire et donner une leçon, il conserve l’animalerie pour déterminer des traits de caractères à ses personnages.

On peut noter que derrière l’élégance, le prestige du mot et de la forme, que derrière un côté suranné charmant, il réside un classicisme en trompe l’œil comme semble le suggérer lui-même Fersen sur la pochette de Pièce montée des grands jours. Posant avec une tête de cochon sur les genoux, l’artiste ne vient-il pas de décapiter son bestiaire ?

Mutation permanente
Le bal des oiseaux pose les fonds baptismaux de l’œuvre de Thomas Fersen. Les albums qui viennent par la suite – comme on l’a vu – collent au style que Fersen vient de créer avec ce premier album, mais vont très vite se surpasser l’un l’autre. Se surpasser qualitativement certes car l’auteur remettant sans cesse l’œuvre sur le métier gagne en maîtrise, mais se surpasser dans leur contenu également au point de constituer à ce jour une manière d’œuvre indéfinissable. Thomas Fersen est un artiste en mutation permanente. Chaque nouvel album arrive comme un élément vierge et forme en même temps une pierre indissociable du reste de l’œuvre. Chaque nouvelle parution complète la précédente, se glisse en elle, l’orientant différemment, la déplaçant et nous la montrant sous un angle nouveau.

Thomas Fersen a l’art de surprendre. Il ne fait pas de son style une formule à succès mais il va au contraire puiser dans ses ressources créatrices pour donner une imagerie sans cesse renouvelée, sans cesse ajustée, découpée, ciselée pour coller au plus exact du sens des mots. La poésie qui jaillit de ses textes, riche d’un vocabulaire choisi, d’une exigence hors norme s’est infléchi au fil du temps. Thomas Fersen avoue que l’initiation à la chanson lui est venue par la chanson paillarde, qu’il était sensible à sa musicalité, sa cocasserie, son pittoresque, sa désobéissance et sa langue. De même, il constate que ses chansons sont bâties de la sorte. Aujourd’hui, s’il en a conservé la construction et l’humour pittoresque, la chanson paillarde a disparu de son corpus.

Photo Mathieu Zazzo
Photo Mathieu Zazzo

Imaginaire intemporel
La poésie de Fersen a cette qualité de parler du quotidien de façon intemporelle, sans même que l’on y prête attention. Reposant sur une certaine fantaisie musicale dégagée de toutes formules à la mode, le récit de Fersen vise bien au-delà de l’actualité sans jamais réellement s’en éloigner. Il aborde certes des thèmes liés à cette intemporalité tels que l’amour ou l’attente, y injecte humour et sens du dérisoire pour aboutir à ce bouillon de raffinement hors du temps, hors du quotidien. Au même titre, l’utilisation d’un bestiaire, d’expressions populaires, de prénoms sans emprise sur le temps (Louise, Irène, Jeanne, etc.) contribue nettement à renforcer cette impression d’intemporalité et à universaliser le propos. L’univers poétique dans lequel l’auditeur est plongé déborde le réel par le biais d’un imaginaire très puissant au point où le possible d’une situation se voit tourné en une sorte de conte, en fantastique, telle cette fameuse Pièce montée des grands jours, relatant une évasion, interprétée en duo avec Marie Trintignant : « Mais avec une petite cuillère, / Il faudrait être un peu naïf, / La prison n’est pas un gruyère, / Si au moins j’avais un canif. »

Fersen met ses qualités d’observateur au service de son lecteur, de l’auditeur. Il ne peint pas un portrait de façon réaliste comme l’aurait fait Courbet. Il cherche davantage à inviter le lecteur aux sentiments, à mettre son imaginaire à contribution, à ne pas livrer ses clés personnelles mais plutôt à l’aider à fabriquer les siennes. « « Elle m’a foutu une baffe, j’étais triste », est différent de « elle m’a foutu une baffe ». C’est le lecteur qui doit être triste » explique-t-il. Il faut laisser faire l’imaginaire de l’autre. Fersen nous y aide bien quand même, remplissant avec superbe sa fonction d’artiste, nous surprenant à chaque fois un peu plus. On ne s’en plaindra pas.