Marie tout court : Assise sur le bord

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1968

Quand Marie tout court raccorde son art à la société, cela aboutit à un disque agréable et surprenant, où l’apparente fraîcheur imposée par des mélodies colorées – qui nous promènent de la pop au folk en passant par la world et visitant le traditionnel – recèle des textes aux sujets souvent graves, dévoilant une artiste concernée par autre chose que son nombril.

Après l’album Vas-y-comme j’te pousse sorti en 2004 sous le nom de Marie et ses beaux courtois, Marie Renaud revient endossant seule la responsabilité de ses actes sous le nom de Marie tout court.

Impliquée dans la vie associative, animant des ateliers d’écriture et donnant des concerts en hôpital par le biais de l’association « Tournesol – Artistes à l’hôpital », Assise sur le bord, nouvel album de la franc-comtoise, peut se lire et s’écouter comme un témoignage, un album de chroniques dégagé de toute revendication radicale mais qui se fait le miroir d’une société en peine à panser ses plaies, à l’image de cette magnifique Elle se souvient qui aborde avec beaucoup d’élégance et de pudeur la maladie psychique.

On est séduit par l’écriture fine, à même d’évoquer avec subtilité des thèmes aussi épineux que la vieillesse qui se profile ou plutôt la crainte de voir arriver cette vieillesse avant d’avoir accompli, avant d’avoir rempli sa vie. (Au cas où) L’absence d’enfant, fêlure qui taraude chaque esprit trentenaire voyant s’affoler l’horloge biologique, est ici ressenti comme une peur de passer à côté de quelque chose.

On s’amuse à l’écoute de Mon coiffeur qui s’occupe à tordre le coup aux rumeurs et autres idées reçues qui voudraient que tous les coiffeurs soient superficiels et homos. On sourit et on frissonne tout en un devant le film en accéléré de l’idylle de ce jeune couple très ordinaire sur La fin des haricots. Histoire d’amour somme toute banale qui foire au finale. On ne change pas une équipe qui perd ironise Marie tout court nous renvoyant à nos propres déboires sentimentaux.

Sur le titre Je fais des desserts, de sa voix claire à la diction distincte, sur une musique écrite à plusieurs mains (Marie Renaud, Julien Barbances et Ronan Yvon), Marie livre un moment rare – point d’orgue émotionnel de l’album – une perle de poésie évoquant tout en images l’absence, le manque, la disparition d’un être cher.

Sans prétention, avec une belle maîtrise alternant légèreté et gravité, c’est assise sur le bord que Marie tout court observe le monde. Du haut de ses trente ans, elle livre ce disque mature qui interroge sur nous-mêmes autant qu’il montre nos failles.

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