Printival 2016 : une très belle édition

1
2005
Photo Michel Gallas

Une semaine que le festival Printival est fini ! Les artistes sont partis, les organisateurs et bénévoles rentrés chez eux se reposer, et le chroniqueur d’Hexagone de retour à Toulouse. Avec dans les yeux et les oreilles le souvenir de cette superbe 17ème édition du 20 au 23 avril. Quatre jours de fête : concerts enthousiasmants, ambiance conviviale, belles rencontres et festival à « taille humaine ». Allez je te fais un rapide résumé, subjectif comme d’hab. Si tu étais festivalier, c’est pour le rappel des beaux moments, si tu n’es pas venu c’est pour te faire regretter.

Une belle programmation et des concerts marquants

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Ouverture du festival le mercredi, avec un co-plateau féminin : Carmen Maria Vega et Clarika. Deux artistes à forte personnalité venues présenter leur nouveau spectacle. Clarika a fait l’unanimité. Un spectacle peut être un peu moins show que les précédents mais l’album présenté, intime et parlant de rupture demande une ambiance plus adaptée. Dès le deuxième titre elle nous annonce : « C’est la vie sans toi / C’est la vie sans toi / C’est la vie sans toi / Et j’aime pas ». Et elle donne le ton du concert : « Si vous vous attendiez à faire tourner les serviettes, ou à sortir du concert en dansant A la queue leu leu,  c’est pas gagné ! » Elle cite sa colocataire de bac de disques à la Fnac Petula Clark  : « Une vie c’est un peu comme les pages d’un roman / A chacun son destin et sa part de tourment / Moi j’ai fait de ma vie quelle que soit la saison / Un jardin où fleurissent des bouquets de chansons ». Bon résumé de la vie et de ce concert. Et quel bouquet de chansons ! Celles superbes de son album comme La vie sans toi, Je ne te dirai pas, La cible. Bouquet enrichi par l’intégration des chansons anciennes – fleurs pas fanées – comme Les garçons dans les vestiairesÇa se peut pas (ré-arrangé et dont les paroles prennent une signification différente : «  Y a trop de bonheur / Ça se peut pas / L’amour le vrai un jour il meurt / Il reste pas », Bien mérité (malheureusement toujours d’actualité), Moi en mieux. Quelle humanité et lucidité dans l’écriture, quelle maîtrise de la scène et quel humour subtil entre les chansons ! Après avoir cherché Dieu dans la salle, quelqu’un genre le père Noël qui pourrait résoudre nos problèmes, elle fait apprécier sa voix en reprenant My Sweet Lord de George Harrison dans une version étonnante. Rayonnante sur scène, elle revient en robe blanche et nu pieds pour les dernières chansons.

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Sur scène elle continue à danser, à tournoyer. Bien épaulée par ses musiciens, dont Fanny Rome, multi-instrumentiste vraiment impressionnante. En rappel, sur le devant de la scène, avec ses trois musiciens à ses côtés et en acoustique, elle fera chanter au public pour finir « Rien de nous n’est important ». Pour une des premières dates de sa tournée le spectacle paraît vraiment au point. Il donne envie de le revoir dans sa version plus longue dans quelques mois.

Le jeudi, à l’heure de l’apéritif dans le superbe petit théâtre de Pézenas, un autre grand moment du festival : Imbert Imbert. Il vient présenter son nouvel album Viande d’amour. En duo de contrebasse avec Stephen Harrison que j’avais connu comme musicien fou avec Sarah Olivier. On pressent que les années de scène, les partages peut-être avec Boby Lapointe repiqué, puis maintenant Bancal chéri, et désormais ce duo font du bien à Imbert Imbert. Sur scène : un peu plus de légèreté, des sourires. Et cela permet d’écouter encore plus, cette poésie crue et forte, ces textes durs et puissants, son engagement et son humanité. Et cela permet une palette musicale plus large : en plus des deux contrebasses, parfois banjo et contrebasse ou contrebasse et ukulélé. Vraiment un beau duo qui fonctionne très bien. Les nouvelles chansons donnent envie d’aller écouter l’album en entier, certaines sont éprouvées en scène depuis quelques temps comme Je veux me sentir et La vie mord déjà entendues

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Le jeudi soir, triple plateau. Beaucoup de spectateurs ont découvert K! et son univers singulier. Auteur, bidouilleuse de sons et de mélodies, elle affirme sa singularité de chanteuse-conteuse d’histoires décalées et peuplées de personnages étranges. Elle nos ouvre la porte de son monde musical de rêves ou/et de cauchemars. Elle emporte l’adhésion du public avec sa chanson de scène L’adultère, qui fonctionne à chaque fois, et avec son petit jardin en décor où elle fait pousser des fleurs sur lesquelles elle joue ensuite. Là aussi, cette prestation réussie donne envie de voir le spectacle complet et le décor complet du Fantastik Show, pour l’instant donné uniquement à Paris. Et pour clôturer en beauté, le magnifique trio : JeHaN magnifique interprète, Lionel Suarez superbe accordéoniste et Leprest grand auteur poète pour Pacifiste inconnu. Deux mois après l’avoir apprécié dans le superbe cadre de St Pierre-des-Cuisines à Toulouse, un nouveau grand plaisir. Les spécificités du soir : un Jehan qui semble se lâcher un tout petit peu plus dans la gestuelle et une chanson non déjà entendue il me semble. Et le rappel magnifique sur des  titres de Dimey dont l’interprétation m’impressionne toujours .

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Si on parle de concerts marquants et de grands moments du festival, alors coup de chapeau à la Carte Blanche de Mouss et Hakim, le samedi soir en clôture du festival. Un formidable  exemple réussi d’intégration en chansons. Chansons en hommage à leur père, dans sa langue, chansons de révolte de tout pays comme Hasta siempre et Bella Ciao, chansons en français comme Motivés et 2 titres de Zebda dont Tomber la chemise, ainsi qu’un bel hommage à Boby Lapointe avec au moins 5 titres. Ceux-ci sont interprétés par Mouss & Hakim et par leurs invités (Jehan, Chouf) mais aussi, quelle superbe idée, par trois bénévoles dont le vice-président du Printival Gérard Garcia. Mouss et Hakim : une formidable énergie, une belle générosité, de l’humanité à partager. Et le partage a eu lieu : un public enthousiaste, sautant, chantant, heureux d’être là. De plus les eux frères ont choisi de magnifiques musiciens pour magnifier le partage : JL.Amestoy à l’accordéon, Serge Lopez à la guitare et Lionel Suarez à la basse et à l’accordéon. A noter que Chouf, remplaçant au pied levé le groupe prévu, a fait à 19h une prestation remarquée avec ses quatre musiciens du groupe : du rock cuivré, des textes noirs et audibles.

Une ambiance conviviale et des animations gratuites

Photo Michel Gallas
Rue de la muette – Photo Michel Gallas

La journée à Pézenas tu n’as pas le temps de t’embêter. Tout juste celui de te balader dans les petites rues fraîches de la ville médiévale pour voir les boutiques et ses artisans d’art. A midi, trois jours durant, c’est concert gratuit, en plein air et en plein centre-ville, sur la place Gambetta. A l’annonce de la programmation de Rue de la muette et de Strange Enquête, je m’inquiétais de la volatilité du public en regard du répertoire et de la musique de chaque duo. Et je suis bien content de m’être trompé ! Pour Rue de la muette, voix et accordéon, le public est resté et a apprécié, Patrick Ochs s’adaptant à cette configuration en plein air un peu particulière. Et le samedi, jour de foule, Strange Enquête arrivés en Solex, voix et contrebasse, ont eu une belle écoute et un bel accueil du public tout le long du concert. Puis, à 16 heures, Hé v’nez les potes ! l’’émission radio quotidienne en direct reçoit les acteurs de ce festival, avec chanson en « live » et entretien avec les artistes. En dégustant une bière, ou une limonade, tu peux regarder et écouter l’émission de la terrasse du café où elle est enregistrée : encore un moment agréable. Et cette émission m’a fait le plaisir de m’inviter pour une interview, par René Pagès, le samedi pour évoquer l’avènement-événement du nouveau magazine papier sur la chanson : Hexagone Le Mag prévu pour Septembre (mais ça tu es au courant !).

Et à 17 heures, les Printiguettes au musée Boby Lapointe. Chansons en général mais cette année j’ai surtout vu et apprécié le remarquable documentaire Il est minuit, Paris s’éveille d’Yves Jeuland. Ce film très réussi sur les cabarets Rive Gauche, instructif, nostalgique et divertissant, était présenté par Gilles Tcherniak, du Forum Léo Ferré à Ivry. Et le soir, entre les concerts, on attend avec impatience la parution, avec une couverture en couleur cette année, de l’Hélicon, les dessins du journal satirique quotidien qui croque l’actualité du festival. Et ensuite on le dévore avec gourmandise.

Les chansons et l’esprit de Boby

Photo Michel Gallas
Sages comme des sauvages – Photo Michel Gallas

Je suis venu pour la première fois au Printival il y a presque dix ans, pour une soirée-hommage à Boby lapointe. Et j’apprécie que ses chansons et son esprit continuent à être vivants. Sages comme des sauvages, lors de l’émission de radio, ont créé une goguette sur l’air d’une chanson de Boby avec des paroles engagées voire … révolutionnaires. Ils l’ont chanté aussi en rappel, et avec un beau succès, lors de leur prestation le soir même au théâtre.

Tu peux aussi effectuer une visite atypique de la ville autour de sculptures inspirées de l’univers de Boby Lapointe, visite accompagnée musicalement par Hervé Lapalud et Jonathan Mathis qui reprennent les chansons de Boby. Cette Visite guidée musicale, qui connaît un grand succès est proposée pour la troisième année consécutive. Ces deux artistes animent également La B.I.B.L.E (Brigade d’Intervention Boby Lapointe Éphémère). Ils sont venus vendredi et samedi avant le concert du soir chanter un titre de Boby repris par le public. Chaque année, une surprise. Et cette année un clip sur Ta katie t’as quitté filmé pendant le festival dans la ville.

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Un clip qui représente bien l’ambiance de ce festival : alchimie réussie de convivialité, de proximité et d’amour de la chanson. Je te le laisse découvrir ci-dessous. Dans cette vidéo tu verras chanter et intervenir dans la bonne humeur les artistes (Mouss et Hakim, David Sire, Chloé Lacan, Jehan, Toma Sidibé, Imbert Imbert et Stephen Harrison, Patrick Ochs, Hervé Lapalud et Jonathan Mathis), les organisateurs (Dany Lapointe, Anne Rimbert, François Villet et Gérard Garcia sous son casque de moto), les bénévoles et les festivaliers. Un joli moment.

Bien content que cette année, le Printival ait choisi Hexagone comme un de ses partenaires. Cela a permis à des lecteurs de gagner des places aux concerts du soir. Et j’espère bien que ce partenariat continuera les prochaines années. En tout cas, vu cette belle édition, avec toujours cette convivialité et cette organisation à « taille humaine » qui caractérisent ce festival,  je serai certainement à nouveau à Pézenas l’an prochain.


 


Le festival Printival Boby Lapointe à Pezenas (34) du 20 au 23 avril.

Imbert Imbert : Hexagonaute toulousain mon ami, ne rate pas son passage au Bijou les 19 et 20 mai. Pour toi hexagonaute parisien, c’est le 31 mai aux Trois Baudets (et veinard le même soir tu auras aussi droit à Camille Hardouin – ex La Demoiselle Inconnue)

K! : tu pourras la voir, entre autres, le 5 mai pour les découvertes du Festival Alors … Chante ! (Castelsarrasin 82) – et le 8 juillet au Festival Pause Guitare (Albi 81)

 

1 COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici