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Dimoné, l’accent circonflexe

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Dimoné, l’accent circonflexe

Photo Flavie Girbal

Dimoné, t’es qui ? T’es qui Dimoné ? Supernova à l’accent circonflexe débarquée dans un paysage de la chanson qui supporte mal l’hybride, Dominique Terrieu occupe une place à part dans la galaxie de la rime.

Dimoné, avant d’être l’anagramme de Dominique, c’est le nom du démon, en Catalan, d’où il tire ses origines dans la région de Perpignan.

A huit ans, en 1974, il débarque à la tour Assas à Montpellier, à La Paillade plus précisément à un moment où le club de foot local commence à faire parler de lui sous l’impulsion de son président Louis Nicolin, « un alchimiste, qui transforme les ordures en gloire » comme le souligne Dimoné.

Photo Flavie Girbal

A l’âge de faire des études, en 1982, Dimoné part à Toulouse pour suivre une filière d’hôtellerie d’où il se fera remercier avant la fin du parcours. A cette même époque, la contre-culture et le rock apparaissent dans sa vie et rien ne sera plus comme avant…

U2, Big Country, The Smiths, The Clash et surtout Madness déboulent dans l’univers de l’adolescent Dimoné qui consomme cette semence anglo-saxonne goulument. Le passage à l’acte musical, en tant que pratiquant, se fera un peu plus tard, en 1986, dans l’élan du soulèvement étudiant face aux lois Devaquet et autres Pandraud et Pasqua. « L’idée de pratiquer dans un groupe est venue parce que j’ai trébuché sur les groupes punk en 86, dans l’émergence du rock-alternatif » souligne-t-il comme une évidence.

Photo Flavie Girbal

De cette période, jusqu’à la fin 88-89, Dimoné officie comme bassiste dans un groupe de punk répondant au doux nom de Sulfateurs Espagnols. Une période durant laquelle Dimoné considère faire « ses classes », en découvrant les groupes fondateurs comme les Stooges, les Love, les Fleshtones, le Velvet. Des classes loin du mainstream et résolument dans l’alternatif tout en précisant : « On écoutait que des groupes qui n’étaient pas à la mode, une culture qui venait de New-York, de Londres. Une culture où la drogue n’était pas là pour fuir des soucis mais pour vivre dans un autre monde, ce n’était pas une drogue triste » .

Vient ensuite la période des groupes où il passe à la six cordes, des groupes où l’influence des Specials, Joe Jackson et d’OTH est palpable. Des groupes également où la langue retenue est l’anglais, comme avec Les Faunes dont le nom vient de l’admiration de Dimoné pour Nijinski.

Photo Flavie Girbal

Suite au départ de son frère du groupe, Dominique va devenir Dimoné. « Les groupes, c’était l’idée de se réchauffer en famille » avoue-t-il avant de poursuivre « qu’avec 4 carences, on avait essayé de faire quelque chose d’intéressant. » Une saison de tourments, d’inquiétudes habite un Dimoné face à lui-même. C’est l’heure choisie pour s’affranchir de l’expérience du groupe et passer au français dans le texte, tout en conservant la fièvre du rock et l’informulé de l’anglais. « Tous les groupes que j’écoutais écrivaient dans leur langue maternelle. Il était naturel que j’en fasse autant », constate-t-il.

S’ensuit une période durant laquelle Dimoné va conjuguer son passage à la musique en solo et la construction familiale, car comme il l’explique humblement, « je venais d’une famille middle-class, il fallait naturellement que je fonde une famille et que j’aie des enfants. Il fallait que je me construise le droit de monter sur une scène. » Il chemine ainsi quelque temps, menant en parallèle une activité dans le milieu du spectacle, mais en tant que technicien.

Photo Flavie Girbal

Le premier album de Dimoné, Effets pervers, parait en 1999. La perversion, ici, repose sur le fait de transformer les éléments négatifs vécus à la fin de l’existence du groupe en éléments de perversion. « C’est un onguent, un moindre mal nécessaire pour subsister à la vie, à l’écriture. C’est une sorte de pardon permanent, un soin palliatif pour cheminer vers un album supplémentaire cinq ans plus tard. » explique Dimoné. L’album et ses chansons sont ici un exutoire pour « changer le résiduel pégueux en lumière. »

Cinq ans plus tard, en 2004, c’est Je n’ai pas sommeil qui paraît dans la continuité philosophique du premier mais en plus étoffé. Jean-Christophe Sirven, essentielle pièce tentaculaire de l’échiquier, déjà présent sur le premier opus est également de la partie pour signer les arrangements. Le style Dimoné commence à s’affirmer, sa langue allégorique s’impose dans un univers musical qui va s’abreuver chez le Bashung de Fantaisie Militaire et Chatterton ou chez Daniel Darc. Artistes qui – avant Dimoné – ont rencontré la problématique de franciser l’anglais, de le faire sonner.

Photo Flavie Girbal

« Je suis un oisif, il faut que je glane un peu. Je consulte ma solitude dans la chanson » explique Dimoné pour justifier le fait que chez lui les albums ne sont pas l’objet d’un désir conceptuel mais arrivent quand les chansons existent. Cinq ans de battement entre chaque, cela semble être la maille de son oisiveté. Ainsi, en 2009, débarque Madame Blanche. Cet album marque quelque chose de frémissant, un changement dans le parcours du Montpelliérain. Dimoné évoque une mutation suite à un voyage en Mauritanie qui l’a bouleversé. La presse réserve un très bon accueil à Madame Blanche, le titre Les narcisses a des parfums de tube et l’on voit alors Dimoné qui « voudrait vivre de la chanson plutôt que d’en rêver. » Il part défendre cet album avec Jean-Christophe, impressionnant multi-instrumentiste, à deux sur scène. « On va ramasser les chansons, on va les racler près de l’os » se rappelle Dimoné pour expliquer le choix de cette formation réduite imposée par la réalité économique d’un tel projet.

Photo Flavie Girbal

Sur scène, le timide Dominique entre dans la peau du Dimoné. « C’est un endroit hostile la scène, je ne me sens pas accueilli, » explique-t-il pour justifier le combat permanent qu’il mène contre lui-même, contre l’instant. « Quand tu aimes les profiteroles, le chocolat chaud sur la vanille froide, tu sais que t’es au milieu… Tu es ni l’un ni l’autre. C’est cet endroit-là » allégorise-t-il.

En 2014, Dimoné vient frapper un grand coup avec Bien hommé mal femmé. « Par ce barbarisme, cette figure de style » justifie-t-il à propos du titre avant de conclure que « c’était l’idée de questionner l’idée du genre. Je pense que si je me suis mis la moustache, c’est pour une femme. C’est une femme qui me fait homme. Moi tout seul je ne suis rien. »  Et ce questionnement sur la théorie du genre, cette mise à plat des relations, parcourent ce disque tout du long. Réalisé à nouveau par Jean-Christophe et mixé par Jean Lamoot, le disque renferme onze titres pour autant de tubes en puissance, de L’Homme libre à Venise, en passant par Chutt chutt shut up et Encore une année.

Photo Flavie Girbal

De ce choix de dire l’informulé, Dimoné accouche d’une poésie basée sur l’impression et le vaporeux. A base de correspondances, de collages, comme un Man Ray de la chanson. La narration n’a pas le droit de cité dans son œuvre mais son contraire dans la production « d’imageries, d’évocations de cheminements, de sensations de rêves ».

Dimoné n’est pas un tiède, il est méridional. Il souffle sur les textes de celui qui « converse beaucoup avec [son] existence » et qui a « connu le caniveau avant les constellations » un vent brûlant qui n’a cure de s’introduire dans « les buissons serrés », dans des contrées inexplorées ou interdites. Comme les abeilles, Dimoné butine, il récolte, il pollinise. D’aucuns diraient que de ses observations il fait son miel. De ses regards obliques, de ses fantasmes lumineux il en tire quelques beautés sulfureuses. Mais fort heureusement, comme la littérature, la poésie ne s’écrit pas sur de bons sentiments.

Emilie Marsh : Goodbye comédie

En attendant le prochain EP prévu pour le début 2015, voici le nouveau clip d’Emilie Marsh. Goodbye Comédie.

Goodbye Comédie est également le nom de son nouveau spectacle qu’elle jouera au théâtre Jean Vilar de Vitry sur Seine, samedi 18 octobre, dans le cadre du FestiVal de Marne.

Toujours accompagné d’Etienne Champollion aux piano, claviers et chœurs, Mathieu Chrétien complètera l’équipe en prenant place à la batterie. Ce nouveau spectacle s’annonce plus rock que l’était le premier album d’Emilie Marsh, La rime orpheline sorti en 2013.

// Goodbye Comédie. Au revoir et merci.
Je ne ferai pas semblant.
Je chanterai comme j’ écris, j’écrirai comme je crie. Sauvagement.
Je ne me cacherai pas, je n’aurai pas peur de tout dire.
Chanson, rock, c’est ainsi.
Bienvenue à toi avec qui je veux partager tout ça. Qu’on s’entrechoque un peu.
Je m’appelle Emilie Marsh //


Les Escrocs reviennent faire La Boum

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Depuis cet été, ça frétille du côté des Escrocs. D’abord, ils avaient retrouvé la mobylette mais il lui manquait les roues. Puis, ils ont retrouvé les roues, avec les pneus Toulis, mais il leur manquait les congas et l’accordéon. Ils ont fini par remettre la main sur quelques percussions du Docteur Morel et ont – largement vroum vroum – retrouvé l’envie de venir nous faire remuer le popotin avec leurs chansons hyper bariolées. Alors, on dit yesssss !

Première esquisse de ce retour aussi inespéré qu’attendu. Une reprise « redécorée » de Renaud, La Boum. Un titre qui va à merveille à ce groupe pour qui la fête n’est pas un vain mot ! Et puis, après la lénifiante Bande à Renaud Officielle (Sauvons tout de même du naufrage artistique Alexis HK, Dorémus, Luce et Thiéfaine), entendre le chanteur énervant par des personnes légitimes, ça fait plaisir, ne nous le cachons pas. D’ailleurs, cette version très personnelle et enlevée des Escrocs aurait toute sa place sur le projet Tatatssin de Baptiste Vignol.

Allez, les Escrocs, maintenant c’est sur scène qu’on vous veut !


Mon amoureuse s’appelle RobERT… la chanteuse.

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RobERT la chanteuse a accepté de nous livrer quelques confidences sur son univers, son parcours atypique et ses nouveaux projets, pour notre plus grand plaisir et notre âme trouble d’enfant… Un grand merci à elle.

 

Hexagone : Ma mère, ma femme, mon amoureuse s’appelle Robert… qu’est-ce que ça fait d’avoir été rebaptisée d’un prénom d’homme par son amoureux ?
RobERT : Je n’étais pas obligé d’accepter! D’une provocation c’est devenu un nouveau baptême par celui que j’aime.

Hexagone : Est-ce que le fait de s’appeler Robert change ton rapport à la création, à ton corps, à la scène?
RobERT : Non, je ne crois pas, mon baptême fut concomitant avec mes premières créations, c’est un tout. De plus, je ne joue pas sur l’androgynie.

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@ Guillaume Rabeyrin

Hexagone : Est-ce que l’on se permet plus de choses quand on est un homme ?
RobERT : Ah oui ! sur tellement de niveaux. Malheureusement.

Hexagone : Passons rapidement sur les filiations douteuses : j’ai toujours trouvé étrange que Robert soit comparée à une autre chanteuse, si ce n’est une affinité capillaire orange sanguine il y a longtemps… ça a pu t’énerver franchement, ça a été parfois une barrière dans ta carrière ?
RobERT : On m’a dit que c’était typiquement français de comparer une nouveauté à une ancienneté. Donc je n’y ai pas coupé ! Après, oui, ça a servi de prétexte pour m’écarter d’une Play-list ou autre. Mais si ça n’avait pas été ça, ça aurait été autre chose. Il faut faire avec. Quant aux barrières, tout le monde doit en franchir sauf peut-être chez les Bisounours.

Hexagone : Comme tu le disais justement, il y a une facilité à ranger les chanteuses dans deux cases : chanteuse à voix ou chanteuse à filet de voix. Tu as dit que cette voix aiguë, presque lyrique était un choix et pas une limite vocale. Y a-t-il des choses que tu n’as pas encore osé tester avec ?
RobERT : Tout dépend du besoin, de ce qui va servir au mieux un texte ou une musique. L’émotion d’une voix soufflée sied plus à la douceur, la mélancolie, l’enfance. Après les paradoxes sont aussi les bienvenus. Chanter quelque chose de cruel avec une voix douce me plaît assez.

Hexagone : Tu ne joues pas d’instrument (sur scène ou disque en tout cas), c’est volontaire ?
RobERT : Oui, bien que j’aie longtemps étudié le piano c’est resté étranger à mes désirs d’expressions.

Hexagone : Tu disais que tu exprimais à Mathieu tes envies musicales par des images, des formes, n’est-ce pas contraignant parfois ?
RobERT : Ce n’est pas systématique, mais c’est un bon moyen. Des grimaces, des gestes abstraits en disent long sur les sentiments.

Hexagone : En pensant à toi je pensais aussi à Emilie Simon, pour le côté électronique et parce qu’elle aussi parle en terme de matières/ textures au niveau des sons : es-tu toi-même une bidouilleuse de sonorités ?
RobERT : J’aimerais l’être encore plus, mais je me lasse vite des machines. Mathieu prend le relais. Ce qui me permet d’avoir plus de recul sur une production. C’est précieux dans notre manière de travailler, même si je peux me conduire de façon lapidaire parfois, avec lui. Mais il est habitué.

Hexagone : L’électronique a toujours été très présente, notamment sur l’album Sine qui est peut-être l’album le plus cold de Robert, je pense d’ailleurs au très épuré clip Les clichés de l’ennui, et là tu reviens avec un album concept Plastic Art Noise avec l’artiste Alienskin… L’électronique et Robert une histoire de… ?
RobERT : …d’incision. Les sons électroniques et cette culture me semblent très pénétrants. Facteur d’imaginaire sans fin. Le risque est de s’y perdre ou de ne se contenter que de peu. Les machines sont tellement performantes quelles peuvent pallier à un manque de créativité, la frontière est mince entre pertinence ou faiblesse. Vaste sujet.

Hexagone : L’album Plastic Art Noise est très plastique justement. Tu as toujours soigné ton image et tes clips et là tu sembles pousser l’expérimentation plus loin en développant un album cinématographique qui serait une sorte de conte moderne à suivre de clip en clip. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
RobERT : Avec George (Pappas, AlienSkin) nous nous sommes rencontrés via le net. Après plusieurs échanges, nous avons eu envie de collaborer sur un titre, puis deux… Puis je lui ai proposé de créer un groupe inter-continental ! sur une base de chanson en duos. Ça a très bien fonctionné, d’où Plastic Art noise. J’adore sa voix et son univers. Je crois que la réciproque est vraie. La rencontre avec le photographe Grégory Pierre a contribué à ce développement cinématographique. J’avais beaucoup aimé le film Dolls de Takeshi Kitano où deux jeunes adultes errent au Japon (entre autre). Ce fut la base du projet de clip. Puis l’envie de décliner comme une « série » une histoire a abouti à ce tetraptyque en cours de diffusion. Grégory Pierre a énormément travaillé pour ça, ce fut une vraie chance pour moi.

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@ Guillaume Rabeyrin

Hexagone : Je parle de conte, ce n’est évidemment pas un hasard… Robert a été princesse, sirène, gueuse… elle a déjà eu mille visages, s’il ne devait rester qu’une héroïne, tu serais ?
RobERT : La petit fille aux allumettes

Hexagone : Il existe un livre de Pierre Péju qui considère que les héroïnes des contes ne sont pas des victimes mais presque des guerrières, tu chantes toi-même « à la guerre comme à la guerre » ne serais-tu pas plutôt Malbrough s’en va-t’en guerre plutôt que Princesse Robert ?
RobERT : J’ai toujours ressenti que les princesses n’étaient pas des êtres langoureux et attentistes, encore moins des héritières d’un patrimoine génétique divin, mais, effectivement, des guerrières. Prêtes à tous les sacrifices pour aller au bout de leurs désirs du coup, souvent de princes, mais aussi de liberté. Je ressens la princesse comme un idéal de combativité et d’émancipation, un symbole.

Hexagone : D’ailleurs, si on devait revisiter Tout ce qu’on dit de toi, l’une de tes chansons, quels sont les mots qui parlent le mieux de Robert 2.0 ?
RobERT : tu n’es pas…la victime…

Hexagone : Robert est l’héroïne du Robert des noms propres d’Amélie Nothomb : une expérience unique ou une expérience à renouveler ?
RobERT : Encore faut-il qu’un écrivain s’y mette ! Pas de mon fait en tout cas.

Hexagone : Ton compagnon de ville et de scène, Mathieu Saladin, semble d’ailleurs être en quête d’un auteur dans son album solo Colonel : à quand la réunion de vos deux personnages ? Un auteur en tête ?
RobERT : Même réponse, ça ne peut pas venir de nous. On ne va pas demander : « vous pouvez écrire notre histoire ? » L’aventure avec Amélie Nothomb s’est passée comme ça, c’est à dire que c’est elle qui était demandeuse d’écrire cette biographie romancée.

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@ Marion Charreau

Hexagone : Tu as un public très fidèle avec qui tu communiques beaucoup et il se trouve qu’avec certains de beaux projets voient le jour, je pense à l’un des derniers en date qui est ta rencontre avec l’incroyable Denise Jardinière (Thibaut Boidin) et le clip de Débutante. On dit qu’on a le public qu’on mérite, tu sembles choyée des fées, non ?
RobERT : Je travaille depuis longtemps et régulièrement avec des gens issus du public. Fan ou moins, mais qui ont été sensibles à ce que je faisais avant de me proposer leurs services. Ça n’a pas toujours fonctionné bien sûr, mais dans l’ensemble nous en gardons de très bons moments et des créations formidables. Certains ont été déçus de me rencontrer en vrai ! mais d’autres sont restés de vrais amis, travaillant toujours avec moi, ou pas.

Hexagone : Serait-ce comme une vie rêvée ? Tu as dit un jour que tous ces gens qui te disent qu’ils t’aiment, cela a quelque chose à voir avec voler au-dessus de la réalité… RobERT a-t-elle encore des rêves ?
RobERT : Je crois qu’il faut être en manque affectif pour solliciter l’adhésion d’un public, un manque ancien bien sûr, sinon on ferait un concert et puis hop! c’est bon! passons à autre chose. Mais non, il faut recommencer sans cesse, pour se rassurer d’exister pour le plus grand nombre. Les rêves restent, l’énergie fluctue…

@ Scalp Art
@ Scalp Art

Hexagone : Un élément essentiel dans ton univers : la danse. Il n’y a pas d’équivalent si ce n’est Catherine Ringer… tout en toi est danse, est-ce que tu considères ton corps comme un instrument ou est-ce si naturel que tu n’y penses pas ? Est-il un support de création ?
RobERT : La danse est la base de ma féminité. Sûrement lié au moment de ma rencontre avec cet art, la pré-puberté. Elle est donc omniprésente dans mes créations. Indissociable du rendu visuel que propose une musique, chantée ou pas.

Hexagone : Dans une interview tu parlais de l’amour, du désir et tu disais que le papillonnage ne t’intéressait pas et que tu trouvais qu’avec le temps le désir, pour une personne choisie, devenait de plus en plus épidermique, je trouve que c’est une idée assez revigorante loin des discours blasés… la danse sollicite aussi le charnel ; Robert est-elle un être profondément épidermique ? Une grande amoureuse ?
RobERT : Ma vie sentimentale est ainsi faite, effectivement. J’ai eu le choix, j’ai choisi. Ce n’est pas une vérité. C’est juste ma vie. Plus qu’épidermique je dirais olfactive. Et oui, une grande amoureuse de Mathieu !


 * Mathieu Saladin : compositeur et musicien de Robert depuis 1990

* Sine – Robert – DEA – 1993

* La petite fille dans la forêt des contes – Pierre Péju – Robert Laffont – 1989

* Malbrough s’en va t’en guerre – chanson populaire et comptine pour enfants datant du 18e siècle

* Tout ce qu’on dit de toi – sur l’album Princesse de rien – DEA – 2000/2007

* A la guerre comme à la guerre – sur l’album Celle qui tue – Trema – 2002 (réédition DEA 2007)

Chronique gueuse : ROBERT

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Je déclarerais ma flamme à tous les incendies.
*
Si je viens aujourd’hui – mes pieds de lianes évaporés -, c’est pour te révéler quelque chose de parfaitement impudique. Mon amoureuse s’appelle RobERT. Ce n’est pas moi qui l’ai dit c’est son amoureux. Son amoureux s’appelle Mathieu, Mathieu Saladin, comme le roi d’Egypte. RobERT et Saladin. Tu es sur le point d’entrer dans un univers de légendes, de contes, de sorcières… suis-moi sans crainte et n’oublie pas tes pouces et tes cailloux.
*
Je t’amène d’abord dans le laboratoire des gloires sans nom… Un jour, une drôle de dame chapeautée répondant au doux prénom d’Amélie est venue sur un plateau TV présenter sa copine RobERT. Oui, à cette époque lointaine, je regardais encore l’écran hurlant de Warhol et lorsque RobERT est apparue… c’était placer une poupée dans un barnum… c’était si dérangeant cette apparition… personne sur le plateau n’a compris mais mes oreilles ont eu le temps de se méloper à la médiévale complainte d’une Princesse de rien. Croquée déjà j’étais.
*
Nous voilà maintenant à Paris, ville fantôme de lumière, dans un lieu qui n’est plus : feu Fnac Bastille Paris 11ème dernier bastion d’une grande enseigne qui se permettait d’être une niche, parfois… C’est là que j’ai croisé Jack the ripper pour la première fois et c’est là que l’on pouvait trouver des choses un peu rares sur cette Princesse… fruit de l’engagement d’un vendeur-serviteur acquis à la cause.
*
J’ai alors commencé à suivre les sentes des forêts des contes… une princesse ? mais ne sont-elles pas toutes sèches mortes dans leur tour ou photoshootées sur un rocher de Monaco ? Les petites voix cristallines me murmuraient : il en est une que la glace… cryogénisation réussie… que la glace n’a pas prise. Blanchefleur s’était échappée de son livre pour venir nous souffler ses vertiges.
*
Pourquoi ai-je suivi les pas de l’elfique RobERT ? C’est une invitation qu’on ne reçoit que tous les mille ans, figure-toi ! C’est être dans l’anachronisme total, renverser le sable de la clepsydre, prendre la barre d’une machine à voyager dans le temps. C’est être Sorcière,Ondine, Rapuntzel, Oiseau bleu, Vampire, Maléfique… une vraie marmite à santons.
*
RobERT réensorcellait le chemin triste et sale. On ne refuse pas la peau de la Merveille.
On se love contre elle comme on se lacerait à un rêve trouble et létal, on devient chevalier, les souliers de cristal !
RobERT est une succession de flocons pas de danse, c’est une procession de langueurs opalines qui cachent un terreau plus dur fait de sang et de crimes. Elle a taillé à la hache et dans une fusion de vapeurs son univers. Un univers où le moindre détail, décor de scène, clip, artwork est pensé avec un œil toujours original et aiguisé, un travail qui est souvent le fruit de rencontres avec d’autres artistes passionnants… RobERT croise la route de Scalpart qui la shoote en lightpainting dans un cimetière, Stephane Martello lui confectionne des tenues originales en crochet pour l’un de ses spectacles, elle croise le temps d’un duo la route de Majandra Delfino, Markize, Sacha Bourdo et Anthony Delon… Côté clips, c’est carton plein et c’est le talentueux Gerlando Infuso qui, bien avant de s’occuper d’Emilie Simon, réalise le clip Ange et Démon… ou encore Gondry qui se charge de l’asilesque et coldesque clip des Jupes ou encore Gabriel Aghion pour celui de Personne. RobERT multiplie les conquêtes pour notre plus grand plaisir. Ils lui confectionnent des écrins sortilèges, offrent à sa beauté des larmes de verre… car il faut bien le dire à un moment du conte, Robert a des yeux émeraude à damner l’assassin, des gemmes à te scier les ondes sans crier l’abordage… des cheveux d’ébène où perchent deux corbeaux. Sa voix que tu prends d’abord pour une caresse te plante vite ses couteaux et tu pars avec elle sur cette route vide où personne ne s’aime personne ne s’aime… murmure en écho Bukowski… mais tu sais bien que celui qui ne tente les chemins escarpés et rudes ne trouvera jamais la pierre de beauté
Et la beauté RobERT en connaît quelques rayons
Elle l’enchanteresse
Revenue du Passé
Pour les mornes ivresses de ce siècle
Avait besoin d’âmes pures et dures
Pour changer l’eau en liesse.
*
Ils se rencontrèrent et eurent beaucoup de petits aliens.

***

« Après minuit, j’ai si faim
J’ai trop envie de son sang
Ma dentition me démange
Quand je vois ce cou si blanc
Derrière mon visage d’ange
Un vampire d’au moins cent ans »
Sorcière – RobERT


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Il était une fois une chanteuse qui s’appelait RobERT…

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Mon amoureuse s’appelle RobERT, c’est pas moi qui le dit c’est son mari.
Tu te demandes pourquoi je viens te causer théorie du genre comme ça ?
Tu te demandes qui est ce/cette RobERT ?
C’est elle qui le dit sans doute le mieux « tu n’es pas tout ce qu’on dit de toi ».
Non, RobERT n’est pas activiste aux côtés de Lydia Lunch, mais elle est chanteuse elle aussi, tout autant que sirène, sorcière, vampire… RobERT aurait pu brûler la scène aux côtés de Marie-Claude Pietragalla ou Pina Bausch…
Mais qui donc diantre est cette RobERT ?! commences-tu à t’excéder.
Si tu veux que wikipedia ou youtube viennent à ta rescousse, je te conseille fortement de taper dans les mots clés « RobERT la chanteuse » ou « princesse Robert », petit conseil d’ami… Ce que je peux te dire en guise de présentation: elle sort son 8ème album studio « Plastic art noise » avec l’artiste Alienskin… 17 clips au compteur… une vingtaine de singles… 8 dvds… de nombreuses scènes (à Paris surtout) du Café de la danse à l’Olympia… moult collaborations artistiques : de Gondry à Scalpart en passant par Nothomb… Tu crois que je te donne tous ces chiffres tous ces noms prise d’une soudaine furie mathématique ou pour t’en mettre plein la vue ? Que nenni, je fais juste un petit rappel rapide et efficace du parcours de RobERT pour que tu te rendes compte qu’on peut ne pas être connu du grand public, être absent de tout mass-opium-media et avoir une carrière absolument incroyable, riche, cohérente ; remplir des salles, toucher des milliers de gens… qu’il peut se passer de grandes choses avec peu de moyens et un maximum de talents… RobERT vivrait dans la forêt avec ses animaux… elle est l’un des personnages les plus attachants d’Amélie Nothomb, son compositeur de mari lui a dédié un livre « Robert des non-dits »… c’est un parcours artistique absolument passionnant et hors des sentiers battus que celui de RobERT…
Tu en sais désormais un peu plus et je ne t’ai pourtant pas dévoilé le quart de ce pays des merveilles mais la chasse aux pépites est ouverte…
Les petites révolutions font la grande.

Keep true to the dreams of your youth comme le disait un pote à moi qui le tenait lui-même d’un autre type.


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Peter, Poehl and Marie (Modiano)

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Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

A mi-parcours de l’aventure Festival de Marne 2014, Hexagone avait jeté son dévolu, samedi 11 octobre, sur les concerts donnés à Maisons-Alfort. Le festival avait programmé le Brestois Miossec en tête d’affiche, très visible dans les médias, mais notre intérêt nous avait poussés vers la première partie, à savoir Marie Modiano, et ce bien avant que Modiano père ne soit couronné de la plus haute distinction littéraire. On voulait voir Marie pour les bonnes raisons, pour elle, pour ses chansons.

Depuis 2006 et la sortie de son premier album I’m not a rose, Marie revient régulièrement nous faire découvrir de nouvelles chansons. Outland en 2008, comme le précédent, présentait des morceaux composés et entièrement écrits en anglais par Marie. L’an dernier, deux albums de très haute tenue avait paru concomitamment. D’un côté, Ram on a flag dans la directe lignée d’I’m not a rose et Outland. Textes en anglais, musiques pop rock qui cheminent sur un fil jazzy. De l’autre côté, plus étonnant est l’album Espérance Mathématique. Projection discographique du recueil de poèmes, Espérance Mathématique, paru en 2012, ce disque fait entrer Marie Modiano dans la chanson d’expression francophone. Et de quelle manière ! Sur des musiques composées par Peter Van Poehl – compagnon de Marie à la ville comme à la scène depuis 2005 – dans un phrasé précis, qui prend le temps de dire, Marie Modiano raconte des histoires inspirées, inspirantes où le cinéma et la littérature prennent une part d’importance.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Samedi soir, Marie Modiano s’est produite en formation réduite sur la scène du Claude Debussy. S’installant derrière un clavier Nord elle a été accompagnée à la Gibson acoustique, par ce même inséparable Peter Van Poehl, tout au long du set.
Une petite dizaine de chansons pour se présenter, présenter son œuvre et tenter de convaincre un public qui n’est pas forcément venu vous voir, vous. C’est toujours délicat et inconfortable comme position pour un artiste mais cela fait partie de l’apprentissage indispensable d’un métier qui ne s’improvise pas comme l’explique très clairement Marie.  « La scène, c’est quelque chose qui s’apprend et qui ne ment pas. Autant on peut trouver des arrangements sur un disque, mais sur scène c’est impossible. Plus on fait des concerts, plus on s’améliore. Le plus difficile est de trouver le juste milieu entre la concentration de la maitrise technique et le fait de se laisser aller pour délivrer un maximum d’émotion au public. »

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

De l’émotion, il y en a eu. On en aurait cependant goûté davantage, repris une part. Le format de la première partie est, hélas, un peu trop court pour laisser à l’artiste le temps suffisant d’installer durablement un climat. Les chansons de Marie Modiano ont cette faculté de libérer comme des empreintes d’atmosphères, des nappes qui portent le spectateur dans un ailleurs le temps d’une chanson. Searching for Pearl (Voir vidéo ci-dessous), issue de l’album Outland, en offre une belle démonstration. Le tout, diffus dans une lumière tamisée qui apporte un jeu sur les ombres et l’on se croirait, alors, dans Le Troisième Homme de Carol Reed, scénario de Graham Greene. Graham Greene qui est au demeurant un des titres d’Espérance Mathématique dont Marie Modiano a interprété, sur scène, la prenante Place du Châtelet.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Toujours très discret, Peter Van Poehl tient cependant un tout premier rôle dans l’architecture scénique. Tantôt en arpèges, tantôt en rythmiques, tantôt utilisant sa guitare davantage comme une percu, Peter apporte des compléments d’âme aux morceaux. De la poésie sur les textes parlés avec la présence d’une guitare presque évanescente. Du rythme sur les morceaux plus pop et dynamiques rappelant ainsi que Marie Modiano installe progressivement un univers qui lui est propre et varié, authentique, un univers qui déborde la chanson et la pop-folk. Une synthèse réussie d’influences réunissant sous un même toit Dylan, Cohen, Gainsbourg, Allen Ginsberg, Nick Cave, Patti Smith et Marianne Faithfull. Avec la poésie en dénominateur commun.


Photos & Vidéo : Toutes les photos de l’article sont cliquables pour être agrandies. Pour la vidéo, pense à passer la qualité en HD 720 ou mieux encore en 1080.


Dimoné : Chut chut shut up

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Pochette_cartonOn t’en parle depuis un petit moment, ici-même, du nouvel album de Dimoné, Bien hommé mal femmé. Il sort aujourd’hui 13 octobre.

Véritable visite à l’intérieur des sentiments, regard-dissection  sur les pulsions et discours avec les souvenirs fantasmés. Autant de terrains d’exploration qui conduisent Dimoné,  de méandres en circonvolutions poétiques. Onze titres comme autant de tentatives d’évasion d’un réel trop fade pour l’imaginarium du Montpellierain Dimoné. Onze titres portés par des musiques qui restent, qui trottent, et reviennent dans nos petites cervelles envoûtées.

Réalisé par l’excellent Jean-Christophe Sirven, mixé par Jean Lamoot (Bashung, Noir Désir entre autres…), Bien hommé mal femmé est un album de haute, très haute facture qui donne un peu de couleurs au rock en français dans le texte. Un grand cru dont voici un extrait capté en live à Villejuif, le 4 octobre dernier. Chut chut shut up.

Photo live par Flavie Girbal


GARZ : Issues

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garzcdCe n’est plus un débutant ce normand d’adoption, enregistré sous le nom de Matthieu Garczynski à l’état civil. Officiant sous le diminutif de GARZ depuis 2008, il arpente néanmoins les chemins musicaux depuis la fin des années 80. Chemins qui le mènent de la pop au rock en chatouillant la new-wave. Cette semaine, il sort un nouvel album intitulé Issues.

La pochette – représentant un labyrinthe – certes évocative est la partie la moins réussie de l’album. Elle ne donne pas très envie mais ce serait une erreur de s’arrêter à cela car le contenu est d’une toute autre saveur.

Issues en 10 titres pour autant de fuites, de faux départs qui épluchent de façon très personnelle, et parfois autobiographique, les thèmes chers à la chanson. Les thèmes de nos existences tout simplement, la chanson comme meilleure amie de l’homme face à sa complexité. Comme en une auto-analyse des plus agréables, entre sincérité et humour, comme ici sur Quelqu’un d’autre, « Quelqu’un d’autre pas moi / Se transplanter à des kilomètres / Pour se sentir moins à l’étroit / Squatter un lisboète / Un suisse ou un indochinois… »

Réalisé et co-arrangé par Laurent Beaujour, l’album débouche sur différents univers portés qui par la pop, qui par un blues, le tout ne rechignant pas sur l’intégration subtile de petites choses électro. Avec GARZ aux guitares, le disque a été enregistré avec la complicité de Christophe Bunel à la clarinette (et choeurs) et de Rivo Ralison à la contrebasse sur le titre Hiboux. A l’arrivée, Issues se classe parmi les belles surprises discographiques de la rentrée.



 Clip vidéo réalisé par Alban Van Wassenhove pour la chanson de GARZ « Quelqu’un d’autre (pas moi) » et la sortie de l’album ISSUES le 7 octobre 2014. Avec GARZ (Matthieu Garczynski)


Hubert-Félix Thiéfaine sonne l’Angélus

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Inoxydable le père Thiéfaine ! 66 ans, une énergie et une inspiration foisonnantes. Plus de trois après ses Suppléments de mensonge, il revient avec un nouvel album, Stratégie de l’inespoir, à paraître le 24 novembre prochain. Le premier extrait s’intitule Angelus. Ca sonne comme du Thiéfaine, c’est de bon augure.