15.4 C
Paris
mardi, mai 14, 2024

Buy now

- publicité -spot_img
Accueil Blog Page 159

En février à La Menuiserie

0

En février, on ne se repose pas sur ses lauriers à La Menuiserie ! Non contents d’animer nos vendredis et samedis, voici que tu peux aller goûter de la bonne cam également le jeudi du côté de la Porte de Pantin ! Non mais j’te jure, on n’arrête pas le progrès ! Tiens, ci-dessous la prog de février.


Vendredi 06/02/2015 et samedi 07/02/2015
facteur-chevaux-1-300x300Carte blanche à Sammy Decoster (chanson folk)
Sammy Decoster invite Verone & Facteurs Chevaux
Soirées spéciales créées pour La Menuiserie ! Rencontre pointue entre les univers de Sammy Decoster et Fabien Guidollet . D’un côté, les nouvelles chansons de Sammy taillées aux feux de son âme, de l’autre celles aériennes et dadaïste de Verone . Et cerise sur le gâteau, Sammy et Fabien présenteront en exclusivité leur duo folk alpin sous le doux nom de Facteurs chevaux et dont le premier disque est attendu au printemps!


Samedi 07/02 de 17h à 19h
Ateliers d’écriture animés par la slameuse Yas
autour des textes de Sammy Decoster
Ouvert à tous
Prix libre
inscription : 01 48 40 56 53 ou info@lamenuiserie.org


Jeudi 12/02/2015
Gauvain-Sers-08-Franck-Nardin-1-300x199Gauvain Sers
Gauvain Sers est un jeune auteur-compositeur-interprète. Autodidacte de la guitare, il puise son inspiration dans les tracas du quotidien avec tendresse, humour, nostalgie et révolte. Le résultat est une guirlande de chansons traitant de ses origines campagnardes, du Paris d’aujourd’hui, du poulet du dimanche ou encore des élections municipales d’Henin-Beaumont : tant de sujets qui parlent des gens et qui parlent aux gens avec sincérité et humanité. Sur scène, Gauvain s’inspire des plus grands de la chanson, avec lesquels il a grandi dans la bagnole de son père.
Gauvain Sers : chant, guitare – Léa Sourisse : piano


3-minutes-sur-mer-p02-web-c2a9pierrickguidou-300x300

3 minutes sur mer
un trio rock qui explore l’âme et la condition humaine. Quelque part entre Tortoise et Dominique A, Audiard et Jack London.
Une traversée en aller simple. 3 minutes sur mer, groupe minéral s’il en est, ouvre la porte à de nouveaux horizons et aux grands espaces.
Guilhem Valayé : chant, guitare, clavier – Samuel Cajal : guitare, sampling – Johan Guidou : batterie, machines


Vendredi 13/02/2015
jur-300x300Jur (chanson du monde)
Derrière ce nom étrange se cachent une grande femme filiforme et une voix profonde, vibrante. L’univers s’impose dans sa singularité irréelle mêlant les langues et les histoires. On ne ressort pas indemne d’un concert de JUR, c’est un voyage dans un monde inexploré.


Samedi 14/02/2015
Attention fragile : découvertes talentueuses
cypres-300x199Cyprès (chanson)
Auteur – compositeur – interprète, Cyprès peint le portrait de celles et ceux qui font notre société avec justesse, humour, mélancolie, compassion, révolte.


Valentin Vander (chanson)valentin-vander-300x249
Valentin Vander, c’est une poésie de l’essentiel, une recherche permanente du mot juste… Une présence sur scène unique, qui capte l’attention et ne la lâche plus. Il fait rire, trembler parfois, mais il surprend toujours.


Jeudi 19/02/2015
inès2-300x198Inès Desorages
Une tension lumineuse se dégage des chansons d’Inès Desorages. Sous un ciel d’humeurs variables, les sentiments contraires avancent à l’unisson vers un fragile équilibre de désordres et d’humour.
Tels les embruns sur la vague, les mélodies survolent un jeu de guitare épuré, aux résonances classique et folk, un sens autre échappe aux paroles laissant ainsi entrevoir un univers tout en clair-obscur, entre légèreté, cruauté, tendresse et dérision. Les paradis perdus le sont-ils à jamais ?
Inès Desorages : chant, guitare


3-minutes-sur-mer-p02-web-c2a9pierrickguidou-300x300

3 minutes sur mer
3 minutes sur mer, un trio rock qui explore l’âme et la condition humaine. Quelque part entre Tortoise et Dominique A, Audiard et Jack London.
Une traversée en aller simple. 3 minutes sur mer, groupe minéral s’il en est, ouvre la porte à de nouveaux horizons et aux grands espaces.
Guilhem Valayé : chant, guitare, clavier – Samuel Cajal : guitare, sampling – Johan Guidou : batterie, machines


Jeudi 26/02/2015
LucienLMG-PHOTO-1-255x300Lucien La Movaiz Graine
Chanson alternative. La « Movaiz » Graine, c’est Julien Malherbe qui nous la joue sous toutes ses formes ! Muni de son hardcordéon et de ses guitares, il chante sur tout ce qui (ne) bouge (pas). Sa voix, tantôt suave et enivrante parait douce comme un bonbon acidulé, mais peut se transformer en deux temps, trois mouvements, en chili con carne dévastateur !
Julien Malherbe : chant, guitare, accordéon


3-minutes-sur-mer-p02-web-c2a9pierrickguidou-300x300

3 minutes sur mer
3 minutes sur mer, un trio rock qui explore l’âme et la condition humaine. Quelque part entre Tortoise et Dominique A, Audiard et Jack London.
Une traversée en aller simple. 3 minutes sur mer, groupe minéral s’il en est, ouvre la porte à de nouveaux horizons et aux grands espaces.
Guilhem Valayé : chant, guitare, clavier – Samuel Cajal : guitare, sampling – Johan Guidou : batterie, machines


 

ACCÈS

La Menuiserie se situe à Pantin, à la limite des Lilas et du Pré-Saint-Gervais

77 rue Jules Auffret 93500 Pantin

En transports en communs
métro L11 Mairie des Lilas ou L5 Église de Pantin
bus 61 arrêt Jean Jaurès ou bus 249 arrêt les Pommiers

station vélib au niveau du bus 61 arrêt Jean Jaurès

En voiture
Bd périphérique sortie Porte des Lilas ou Porte de Pantin

Le Prince Miiaou à la Gaîté Lyrique – « Elle est habitée… »

3

« Elle est habitée… c’est comme la banlieue, y’a du monde dans les tours »

Non, cette citation liminaire n’est pas de moi, mais d’un poète anonyme à qui l’on demandait comment il avait trouvé le Prince Miiaou ! Mots absolument incongrus et parfaits pour illustrer cet article.

Non, Elisa et son Prince n’habitent pas une tour, mais vivent à l’horizontale à la campagne… le Prince, les chats, mais de quoi me parle-t-elle te dis-tu ? Rappelle-toi!, j’ai déjà évoqué le royaume du Chat et de Maud-Elisa alias le Prince Miiaou. Je t’avais dit qu’il était une fois une princesse qui perdait des « œils », qui avait souci d’équilibre entre le gauche et le droit… dépossession, fragmentation corporelle… ne m’étaient pas étrangers ces problèmes d’organes et d’hémisphères… J’ai deux yeux, ma p’tite chanson de cœur, la seule en français (enfin, je croyais), tous les autres titres en anglais… j’avais donc écouté les 2 derniers albums… j’aimais bien mais je n’étais pas conquise, il me manquait quelque chose… j’avais regardé les sessions live qui m’avaient beaucoup plus touchées que les albums studio alors je me suis dit que le chaînon manquant pour vraiment entendre le Prince était peut-être le live…

… Gaîté lyrique, co plateau avec Perez, que je ne connaissais pas et dont je ne parlerai volontairement pas ici pour ne pas être trop désagréable étant donné qu’ils m’ont trop fortement fait penser à un autre groupe ce qui m’a faussé tout le plaisir… j’ai donc pris mon mal en patience en faisant un peu de Yoga des jambes et en ruminant dans ma tête.

Mesdames, messieurs, bienvenue chez Le Prince Miiaou ! IMG_5899
Introduction en mode je fais ma fille : Elisa est gracieuse ce soir dans son combishort à fleurs et j’ai gravement fixé sur ses bottines. Pas seulement par fétichisme mais parce qu’elle s’exprime beaucoup avec ses pieds, avec la grâce et la légèreté d’une ballerine tout autant qu’avec la hargne d’une frappe de footballeuse (Football team). On parle souvent d’ « œils » expressifs, mais les pieds aussi ont des choses à dire, tout autant que les doigts et, ce soir, les pieds d’Elisa étaient bavards et m’ont fait la course et la cour.

Si j’étais venue avec 2/3 doutes dans le sac à dos, il se sont envolés aussi sec. J’ai tout se suite accroché à leur set, pas une pointe d’ennui ne m’a frôlée. Sur scène, décor raccord avec le visuel de l’album Where is the Queen ? , avec triangles à LED créant des effets hyper contrastés et où se reflètent, comme dans un théâtre d’ombres, les musiciens. Le tout en bleu majeur. Et ce soir, en bonus, 2 violons sont venus prêter cordes fortes au violoncelliste du groupe. Une configuration idéale pour mettre en valeur les envolées parfois lyriques de notre Prince.

IMG_5798

Il faut peut-être aussi que je te fasse un petit topo concernant le Chat. Elisa est une autodidacte, travaille surtout sur des machines (Iphone, ordi, etc.) dans son petit studio de 6 m² (pas toujours). Travailleuse acharnée, exigeante, en tête à tête le plus souvent avec elle-même. Travaillant sans solfège et partitions, c’est son violoncelliste, pianiste et aussi bassiste, François-Pierre Fol, qui s’est occupé de tout transcrire pour la scène. Avec brio. Voilà une belle team où l’ont sent un réel plaisir de jouer ensemble. Sur scène le son est fort, parfois, mais la voix d’Elisa pourtant ne se perd pas, monte souvent, va vers les cris; s’expand. L’énergie alterne sons et gestuelle rock – corps saturé – avec des moments plus tristes, comme le dit l’intéressée elle-même. Un mal nécessaire pour reprendre ensuite un peu mieux la lumière. En peinture on dirait « clair-obscur », ici on n’est pas loin de l’oscillation New wave entre énergie punk et romantisme torturé et en se mettant à extrapoler un peu, on imaginerait bien Elisa photographiée par Daido Moriyama*.

IMG_5791Avant ce concert, je trouvais dommage qu’il n’y ait qu’une chanson en français, non pas par chauvinisme – elle chanterait en romané ça m’irait très bien ! -, mais parce que j’étais totalement tombée sous le charme de la chanson J’ai deux yeux et j’imaginais que son talent d’écriture en français était sous-exploité. J’avais bien lu de ci de là que les mots lui venaient plutôt en anglais, mais ce que je ne savais pas, surtout, c’est qu’il y en avait d’autres. Sur leur premier album, Nécessité microscopique. J’ai donc pu découvrir ces titres oubliés ce soir et j’ai été largement exaucée quand a retenti cette phrase : « j’commence à me remplir par le pied gauche généralement »*… merci pour cette phrase et pour la chanson entière !; je ris suis étonnée séduite, je retrouve les p’tits soucis hémisphériques et je me rends compte en même temps de la particularité de son chant en français : on est plus proche de la scansion d’un poème, tendance accélération du tempo. On n’est parfois pas loin de l’esprit beat… un truc qui touche aux battements du coeur.

Je capte un esprit en équilibre entre humour et larmes. Je vois ses tremblements. Elle qui doit apprivoiser la scène et qui en a souffert, physiquement, au point de vouloir tout arrêter… c’était avant la sortie de l’album Where is the Queen ?, réponse en chanson : « Who is asking? – I can not tell – She’s gone – Gone where? – Just gone. » Elisa s’en était donc allée, aux US, exil… en est revenue… a décidé de remonter sur scène, de continuer. Ce concert à la Gaîté marquait la sortie de son triptyque d’hiver* : 3 chansons 1 clip… pour ma part j’ai déjà hâte de découvrir les autres saisons (je mise pas mal sur l’été) et je dois te dire que, depuis ce soir-là, j’écoute d’un œil nouveau (mais pas toujours le même) les titres du Prince, en découvre d’autres, avec de plus en plus de délectation et je suis complètement rassurée :

Elle est retrouvée.
Qui ? – La reine.
C’est le chat allé
Avec les sirènes.*
IMG_5757

*Daido Moriyama – photographe contemporain japonais – site
*No compassion avalaible – sur l’album Safety first – 2009
*Site off du Prince
*Revisitation libre du poème L’éternité de Rimbaud

Pour se procurer le triptyque d’hiver

FACEMIIAOU


Sale petit bonhomme – A ma guise

6

500x500-000000-80-0-0A ma guise, quatrième et nouvel album de Sale Petit Bonhomme, trio poitevin certifié est sorti à la mi-décembre 2014. On avait déjà programmé ici-même et à l’époque le single, comme on dit dans les plans com, L’amour. Morceau liminaire dudit album.

Avec ce blase en clin d’œil au vieux Brassens, on pourrait craindre et attendre de ce groupe de la ritournelle qui refoule la pipe et la moustache à plein nez, n’arrivant pas à se détacher de leur auguste référence. Rassure-toi mon Lecteur qui me lit chaque jour que l’autre empaffé Dieu fait, il n’en est rien. Et si Jean-Jacques Mouzac, auteur, compositeur et interprète de Sale Petit Bonhomme déclare que c’est après avoir « écouté tant de chansons » qui « sonnent et touchent le fond de nos âmes » qu’il a « voulu en faire de pareilles, » les siennes ne viennent pas s’échouer dans nos oreilles comme de superflues resucées.

Les textes ont du corps, du vécu. C’est de la chanson qui a de la bouteille si tu me permets l’expression. De l’humanité dans le cornet aussi. Pas de chausse-pieds ici pour faire rentrer des vers polis avec soin  sur des mélodies classiques et délicates. Si l’on y parle d’amour à sa guise, on convoque aussi la mort, cette salope qui vient faucher et faire balancer une jeunesse au bout d’une corde. « Un petit bout de vie / Est là qui se balance / Sa jeunesse fleurie / Pendue à la potence / Avait-elle déjà bu / La lie de sa raison , / La voilà suspendue / Et nous comme des cons. » On en a des fourmillements et le coin des yeux humide. De l’humanité, je disais.

L’album est notamment disponible sur le site de Bacchanales Productions, comme le sont les trois précédents.


Abel Chéret, douces amertumes

0

amertumesFort d’un premier EP dans son escarcelle, sorti en 2012 (La Tête sur les Épaules), Abel Chéret revient avec un nouveau format court de 15 minutes intitulé Amertumes, à paraître le 16 février prochain.

Présenté le 10 septembre dernier sur les planches des Trois Baudets, ce nouvel EP devrait confirmer tout le bien que l’on pense de ce jeune garçon. Installé dans une chanson à dimensions variables dont les sarcasmes littéraires subtils puisent chez Mathieu Boogaerts ou Vincent Baguian, Abel s’amuse de situations cocasses.

Voici ici le clip du premier morceau issu de l’EP, L’amertume. Une histoire d’amour, en vis à vis, œil pour œil. « Tu me tues car tu m’as mentis / Comme je l’ai fait moi aussi. » Élégance et subtilité. On aime ce garçon, on lui souhaite d’aller loin ! Avec et sans amertume(s).


Dimoné domine Les Trois Baudets !

2
Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Mercredi 28 janvier 2015. Paris. Un froid de canard mêlé à une bruine des plus désagréables. Moi, une crève bien carabinée qui m’achève neurones et naseaux depuis deux jours. Tu vois, Lecteur, j’ai pas besoin d’en rajouter pour que tu piges qu’un type normalement constitué se serait, sitôt rentré du turbin, vautré dans son fauteuil et dans sa tisane au thym.

Mais voilà, Les Trois Baudets en avaient décidé autrement. Soirée « Scène chanson Sacem », avec à l’affiche, un co-plateau. Joseph d’Anvers et de Paris, puis le grand, le talentueux, le sémillant – n’en jetez plus la cour est pleine – celui qui résiste à tant de superlatifs, je veux parler de Dimoné ! Accompagné de son fidèle acolyte, Jean-Christophe Sirven. Dimoné, tu le sais maintenant, c’est un gars qui nous vient de Montpellier et qu’on apprécie tout particulièrement sur Hexagone. Son dernier album, Bien hommé mal femmé, est un petit bijou que toute bonne discothèque doit s’empresser d’acquérir ! Ce disque, c’est un peu comme un best of  tu vois, tellement il agglomère de tubes en puissance.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Et c’est essentiellement les chansons de ce dernier album que Dimoné a présentées au public des Trois Baudets, mercredi soir. Après une présentation de la soirée, convenue et dispensable, par Lilian Goldstein de la Sacem, le diable catalan a très rapidement mis le feu dans cette « écurie » des Trois Baudets, comme il l’avait lui-même nommée sur son profil facebook en début de semaine. La salle était blindée comme rarement. Ça grouillait de partout, du monde et du beau monde qui devait encore attendre un peu pour l’after organisé en fin de soirée.

Premiers accords de guitare, sur une Duesenberg Starplayer si je ne m’abuse. Grande classe jusque dans le choix des grattes le Dimoné ! Shut shut shup up ! comme intro. Ok, on se tait et on l’écoute. Un jeu de guitare hyper reconnaissable, des riffs subtils, vifs et précis sur lesquels il commence à poser délicatement ses mots. Une poésie au scalpel, qui fouille et farfouille les âmes et sentiments de tout un chacun. Une quête de l’informulé qui enfante une écriture sur le mode de la dissection des amours et des fantasmes. Une écriture qui transcende la banalité du quotidien. « Des humeurs silencieuses, des apnées longues, longues où le son se languit, secret, se rumine, percute dans la poitrine » et où « l’écho cherche des noises au bruit. » Version contemporaine du célèbre « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes » de l’Andromaque de Racine ?

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Puis, Jean-Chris, clavier sanglé à la taille, fait son entrée en matière, en cours de morceau, et le son monte progressivement pour le voir s’achever dans un presque noisy rock. Jean-Chris, multi-instrumentiste impressionnant, que l’on avait vu jusqu’à présent en position assise a depuis quelques concerts pris de la hauteur, si je puis dire ! Il joue désormais quasi debout, le séant reposant sur un tabouret haut. Ce garçon, pieds nus sur scène pour pouvoir articuler tous ses instruments, avec tous ses membres, c’est une pieuvre humaine. Il est un groupe à lui tout seul !

Tout le set s’enchaîne dans ce tourbillon d’énergie et de subtilités musicales. « C’est un endroit hostile la scène, je ne me sens pas accueilli » nous déclarait Dimoné l’automne dernier. Hostile au point d’y mener un combat. C’est ce que l’on ressent lorsqu’on le voit se désarticuler, tout dépoitraillé, la veste en cuir pour toute armure. C’est un rockeur Dimoné. Il donne. Sans compter. Il joue son match, sautille, grimace, parle entre les morceaux dans une langue toute aussi élégante et mystérieuse que le sont ses chansons. Il irradie, il électrise, il magnétise et quand il interprète Venise, merveille de chanson qui te balaie comme une lame de fond, moi j’te jure j’ai 14 ans. Pour tout ça, merci monsieur Dimoné !

Dimoné sera à La Boule Noire, à Paris, le 31 mars prochain. T’as bien compris que tu serais bien inspiré d’y aller. Moi je ne me pose même pas la question, j’y fonce ! « Reprenant du souffle et suspendant les soupirs ! »


Dimoné rangé dans un dossier sur Hexagone, c’est là.


Batlik, « ce sera toujours un peu raté une chanson »

0

Batlik s’apprête à monter sur les planches de l’EMB à Sannois pour boucler sa tournée en cours, tirée de l’album Mauvais sentiments. Deux dates, les 6 et 7 février prochains, au cours desquelles le concert sera capté pour finir dans les bacs, l’été prochain, sous forme d’un album live. Un album anniversaire qui saluera les 10 ans de carrière du chanteur. On a reçu Batlik. Il parle de ces 10 premières années, raconte son rapport à la profession et à l’indépendance, il s’exprime sur son processus de création. Lucide et déterminé, il mène un remarquable parcours d’artiste, on ne voulait pas passer à côté.


Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal

Hexagone : Peux-tu raconter le chemin qui t’a conduit à la chanson ?
Batlik : C’est un chemin qui a été tellement court qu’il en est presque inexistant. Ce n’était pas quelque chose de mûri mais le jour où j’ai commencé à en faire, je n’ai jamais arrêté. J’ai commencé tard, un peu avant trente ans. Ce n’était pas une envie quand j’étais jeune, je n’étais pas musicien, je n’étais pas amateur de musique. Encore aujourd’hui, alors que je suis musicien, je me rends compte à quel point ma culture musicale est pauvre dans tous les styles de musique. Et en particulier en chanson. Il n’y a pas eu de cheminement.

Hexagone : Comment tu t’es retrouvé avec une guitare dans les mains à un moment donné ?
Batlik : Le jour où j’en ai acheté une.

Hexagone : Et pourquoi acheter une guitare alors ?
Batlik : Peut-être parce qu’à cette période-là, j’allais dans les bars et je voyais que des concerts s’y déroulaient. C’est possible que j’ai vu à un moment des chapeaux avec tous ces billets…  Sinon, plus sérieusement, il y a peut-être une artiste qui s’appelle Ani DiFranco qui m’aurait fait apprécier la musique. Du coup, j’en ai fait mais sans jouer. J’ai écrit des chansons et avant même de les jouer sur scène, je suis allé voir des producteurs parce que je ne savais pas trop comment m’y prendre. Préalablement à ça, j’avais été manager d’un groupe quelque temps, ce qui m’avait permis d’être confronté au monde de la musique et notamment aux Directeurs Artistiques mais ça n’avait duré que quelques mois. C’est peut-être cette courte expérience qui m’avait mis dans la tête, au départ, que pour faire de la musique il fallait être signé.

Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal

Hexagone : Tu t’es tourné vers des maisons de disques ?
Batlik : Quand j’ai commencé à faire mes premières chansons, j’ai fait un disque que j’ai proposé aux maisons de disques. Bien sûr, elles n’ont pas trouvé d’intérêt à l’album et dès lors je me suis dit que j’allais faire de la musique dans les bars, puisque c’est comme ça qu’on fait tous. Ça a vraiment commencé le jour où je me suis dit qu’il n’était pas nécessaire d’être signé pour faire de la musique.

Hexagone : Et cette envie tardive, tu la traduis, tu l’interprètes comment ? 
Batlik : Je ne sais pas ce qui m’a amené à la musique mais je sais pourquoi j’y suis resté. Entre le moment, où durant 5 ou 6 ans, j’ai fait des petits boulots totalement insignifiants, sans intérêt, et toujours confronté à un patron. Ce qui m’a très vite plu dans la musique, c’est que j’étais mon propre patron.

Hexagone : En tant qu’être humain, qu’est-ce que ça t’apporte la chanson ?
Batlik : Je ne sais pas. Du coup, je pense que là où l’on peut mettre un sens dans la plupart des boulots, dans ce boulot de musicien je suis incapable de répondre à ta question, de savoir ce que ça va m’apporter, si c’est utile ou pas. C’est pas palpable.

Hexagone : Si je te demande quel est le rôle de la chanson, tu ne saurais pas me répondre ?
Batlik : Pas du tout, et je dirais que c’est ce qui me plaît dans ce métier là. Je suis incapable de formuler ça. Alors que tous les boulots que j’ai faits auparavant, le rôle était précis, défini, clair. Le fait qu’il n’y ait pas de signification, c’est ce qui me plaît.

Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal

Hexagone : Pourtant, tu fais partie d’une catégorie d’artistes qui ont un propos fort, dont les chansons sont véhicules d’idées.
Batlik : Je ne connais aucune chanson qui ne l’est pas. Tu peux me donner une chanson dans laquelle il n’y a aucune idée ?

Hexagone : Sans poser un jugement sur le genre, la chanson de variété, très souvent, n’exprime pas tellement d’idées par exemple.
Batlik : Je ne trouve pas. Des idées basiques certes, des idées redondantes, dans un conformisme complet, mais à chaque fois c’est positivé.

Hexagone : Pour prendre quelqu’un qui a marqué, je ne trouve pas matière à réflexion dans les chansons de Claude François, par exemple.
Batlik : Ce ne sont pas des chansons qui sont matière à réflexion mais ça ne veut pas dire qu’elles sont dénuées d’idées. Une chanson, c’est une idée. Et même quand il n’y en a pas, moi par exemple il m’arrive d’écrire des chansons sans avoir aucune idée de ce que j’écris, c’est d’ailleurs souvent les chansons que je préfère. De plus en plus. C’est fou de voir les gens qui viennent te voir à la fin du concert et c’est justement sur ces chansons-là qu’ils me disent « je vois très bien ce que vous voulez dire. On est d’accord vous et moi ». Et c’est toujours ces chansons-là qui permettent aux gens de se les approprier. Aujourd’hui, je suis très critique vis à vis des chansons dites « engagées » que j’ai pu écrire il y a quelques années parce que je les trouve très restreintes. Je trouve que ce dont elles parlent est aussi souple qu’un platane sur le bord d’une route. Je trouve agréable d’écrire ce que j’écris maintenant où justement j’ai l’impression de moins en moins d’être confronté à l’idée. De moins en moins partir d’une idée.

Photo Flavie Girbal

Hexagone : Ton écriture a évolué au fil des albums. Ce qui te plaît aujourd’hui, c’est davantage de perdre un peu l’auditeur, de le questionner ?
Batlik : Je n’ai pas de rapport à l’auditeur quand j’écris.

Hexagone : Tu écris pour toi avant tout ?
Batlik : Oui, bien sûr. Ce que j’adore, c’est que je laisse une place beaucoup plus grande au hasard aujourd’hui. Souvent les gens qualifient les chansons bien écrites de « ciselées » parce que la place pour le hasard est très restreinte. Que le sens est évident, que l’idée est évidente, le point de vue est évident, le positionnement par rapport à ce point de vue est évident, et que toutes ces évidences-là, j’ai tendance aujourd’hui à m’en détacher parce que je trouve que ça enrichit l’écriture de commencer une chanson sur un sol glissant plutôt que de la commencer sur un sol où tu as les deux pieds bien plantés.

Hexagone : Ce hasard t’aide à écrire ou n’est-ce pas plus compliqué finalement ?
Batlik : Ce n’est ni plus simple ni plus compliqué, c’est plus plaisant. D’une manière générale, je n’aime pas écrire parce que je trouve ça compliqué et angoissant, et de s’en remettre au hasard, ça ouvre une plage de liberté qui est bien plus importante que lorsque tu vas t’atteler à vouloir reconstruire le réel. Ça met du jeu, ça assouplit l’ensemble.

Photo Flavie Girbal

Hexagone : Tu ne te dis pas « je pars de là et je vais arriver là » ?
Batlik : Exactement.

Hexagone : Ce que tu as pu faire sur tes premiers albums ?
Batlik : Ce que j’ai fait invariablement, systématiquement. Mais en même temps, je pense aussi qu’il fallait que je le fasse pour pouvoir aujourd’hui m’en détacher. Encore une fois, je suis très critique par rapport aux disques précédents, à ce que j’ai écrit précédemment. Si ça ne tenait qu’à moi, je détruirais, je brûlerais à chaque nouvel album le précédent. Maintenant, je prends un certain recul et je me dis que c’est bien aussi que ces erreurs-là existent.

Hexagone : Comment tu t’organises pour écrire ? Est-ce que tu écris tous les jours ou bien fonctionnes-tu par phases ?
Batlik : Je fais partie des gens qui écrivent quand il faut écrire. Comme c’est quelque chose de désagréable l’écriture pour moi, je repousse, je repousse jusqu’au moment où je suis obligé de le faire. Je m’éloigne généralement de mes proches – notamment de mon épouse – parce que j’ai tendance à être irritable quand j’écris parce que j’ai l’impression que ça ne marchera jamais. J’ai pris l’habitude, depuis quelques années, d’aller dans un refuge en Ardèche, au milieu de la montagne, où à part les sangliers on ne peut pas emmerder d’autres gens. Du coup, ça me permet de passer ce mauvais moment en ma compagnie et juste en ma compagnie.

Hexagone : Comment tu décrirais ton univers ?
Batlik : Ça pareil, je ne sais pas. Pour moi fabriquer un univers, il faudrait qu’il y ait quelque chose de préexistant.

Hexagone : Pourtant, quand on t’écoute, quand on entend une intro, un phrasé, on se dit tout du suite « tiens, ça c’est du Batlik ! »
Batlik : Oui mais je crois que ce que tu entends, moi je ne peux pas l’entendre. Le jour où je me mettrai à entendre ça, je crois que ça ne sera vraiment pas bon. Je préfère avancer dans le noir complet et profiter de la surprise que ça crée, et chez les gens et chez moi. Parce que sans fausse modestie, à chaque fois que je fais une chanson, j’hallucine d’avoir fait une chanson.

Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal

Hexagone : Parmi ta discographie, quel est l’album que tu préfères ?
Batlik : Le dernier, toujours le dernier. Même, celui que je préfère, c’est le prochain, celui qui n’est pas encore écrit. Le format chanson est quand même compliqué. Si tu pars d’un proverbe, c’est deux phrases, quelques mots. Au moment où le proverbe existe, il est déjà clos. Si tu écris un roman, tu vas pouvoir y placer des idées de façon quasi exhaustive. En revanche, la chanson, ça ne sera pas assez concis pour avoir cette espèce de rigueur du proverbe et ça ne sera pas assez long pour qu’il y ait tout. Donc, ce sera toujours un peu raté une chanson. Donc, un disque aussi. T’as jamais réussi à faire le disque que tu voulais faire.

Hexagone : Est-ce que tu vois quelqu’un parmi les artistes d’aujourd’hui qui parvient à faire ce que tu voudrais faire ?
Batlik : On vient de signer tout récemment sur notre label, A Brûle Pourpoint, un groupe qui s’appelle Sages comme des sauvages. L’écriture de ce groupe me rend fou de jalousie. Ils ont une espèce d’écriture qui se rapproche un peu du créole, ils synthétisent sous une forme très imagée et poétique. J’adore cette façon d’écrire. J’aime beaucoup aussi ce que fait Lisa Portelli, elle arrive à se détacher de l’idée et ça génère de nombreuses images riches.

Hexagone : Parmi ceux que tu écoutes, tu pourrais citer qui ? 
Batlik : Je n’écoute pas tant des artistes que des morceaux. Je vais pouvoir écouter un morceau de variété hyper commerciale, parce que ça va me plaire, et puis je ne vais écouter que ce morceau et je vais l’écouter 10, 20, 30 fois dans la journée. Jusqu’à le vider de sa moelle.

Hexagone : Tu ne te sens donc pas proche d’une œuvre en particulier, comme de Brassens ou d’autres ?
Batlik : Non, il y a des morceaux qui me plaisent chez Brassens et les autres célèbres, mais d’autres morceaux me font chier. J’ai un rapport à la musique assez détaché de l’artiste en fait. En ce moment, j’écoute en boucle How to disappear completely de Radiohead. Mais à certains moments, je n’ai pas de morceaux à écouter et ça ne manque pas vraiment.

Photo Flavie Girbal

Hexagone : Tu disais que pour les textes, tu laisses le hasard se distiller, mais pour les musiques, ça se passe comment ?
Batlik : Pour les musiques, c’est le hasard complet. Les guitares sont jouées désaccordées. Ce ne sont pas des open tuning traditionnels. Je prends la guitare, je la désaccorde jusqu’à temps que ça me plaise. Et quand j’ai un accord qui me plaît, je cherche le suivant et finalement je suis à chaque fois surpris d’arriver à trouver un riff ou une suite d’accords. C’est d’ailleurs tellement le hasard qu’il y a un bon tiers des morceaux que je suis complètement incapable de rejouer parce que je les ai oubliés.

Hexagone : Sur scène, ça doit poser des problèmes ?
Batlik : Oui, c’est pour ça que j’ai actuellement six guitares sur scène. Le set est fait en fonction des accordages, ce sont eux qui dictent le set. Du coup maintenant, comme il y a plein de morceaux que je suis incapable de rejouer, il faut que je fasse l’effort de les filmer, avec les 6 notes des cordes avec le doigté.

Hexagone : Comment tu fais pour communiquer avec tes musiciens sur scène ?
Batlik : Eux communiquent avec moi mais pas moi avec eux. Ça marche à sens unique. L’idée, c’est de prendre des super bons musiciens qui peuvent s’adapter. Il y a des frustrations énormes. J’adorerais boeufer pour reprendre n’importe quel morceau. Je vois les musiciens, ils prennent n’importe quel instrument et ils jouent. Moi, je suis mort de jalousie, j’adorerais faire ça mais je ne le fais pas… En même temps, il doit il y a avoir une sorte de mystique qui entoure ça. J’ai travaillé avec un musicien, qui faisait de la basse et de la clarinette, il me disait qu’il ne fallait peut-être pas que j’apprenne ce que je faisais. J’ai entendu quelque temps après à la radio l’histoire d’un violoniste virtuose qui avait une technique de jeu qui n’appartenait qu’à lui. Comme c’était un très bon musicien, il s’est dit qu’il allait analyser sa technique de jeu, et dès lors qu’il avait compris cette technique il était incapable de la réitérer.

Hexagone : Tu disais que tu avais commencé tard à faire de la chanson mais depuis la parution de ton premier album, il y a 10 ans, tu en fais paraître un quasiment tous les ans. Pourquoi cette régularité et cet aspect prolifique ?
Batlik : Je pense que c’est le cas des artistes qui fonctionnent de manière indépendante et dont c’est l’activité principale. Pour que le label puisse subvenir à ses besoins et produire le disque d’après, comme on vend peu et de moins en moins de disques, il est indispensable de toujours alimenter la machine. La régularité vient de là tout simplement. Les ventes de disques au bout d’un an ont disparu, il faut donc en sortir un autre. Je parlais de ça récemment avec Les Ogres de Barback. Ils ont le même problème. Ils en vendent plus que moi mais ils ont une économique beaucoup plus importante, donc ils sont confrontés au même problème. Quand Irfan (ndlr : le label des Ogres) ne sort pas le disque des Ogres, très vite, ça tombe. On est tous plus ou moins confrontés aux mêmes problèmes. Là où quand la plupart des artistes font un disque, ils préparent 20 ou 25 morceaux pour en choisir 12, moi quand je fais un morceau, qu’il me plaise ou pas, je le mets dans le disque.

Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal

Hexagone : Tu as créé ton label A Brûle Pourpoint. Au départ par nécessité. Tu as eu l’opportunité d’être signé par la suite sur des labels. Tu ne l’as pas fait. Pourquoi ?
Batlik : Je ne l’ai pas fait pour des raisons simples. Ça faisait 3 à 4 ans que je fonctionnais de façon autonome et que j’avais dû prendre des habitudes, bonnes ou mauvaises. J’entendais bien que les choix d’un directeur artistique allaient chambouler ces habitudes. Et puis, malgré leurs arguments et les avantages réels que peut présenter un label, ce qu’ils me proposaient ne me plaisait pas trop.

Hexagone : C’était quels genres d’arguments ?
Batlik : Par exemple, prenant l’exemple d’un album de Cali qui venait de sortir, le label me dit « voilà, par exemple, avec un label, tu peux avoir un orchestre philharmonique. » Et ça, ça ne m’intéressait pas, cet argument n’avait pas de sens pour moi. Et puis, sur un label, il y avait l’argument d’avoir une grosse équipe à ta disposition. Qui font certes du bon travail, mais ça m’angoissait un peu de me retrouver avec un directeur artistique, un réalisateur, un ingénieur du son, un arrangeur. J’avais peur de perdre un peu le truc.

Hexagone : Peur de perdre ton indépendance artistique ?
Batlik : Non, pas vraiment. Ce qui m’angoissait ce n’était pas tant de perdre quelque chose artistiquement parce qu’aujourd’hui les artistes savent ce qu’ils veulent, parfois même jusqu’au réalisateur, j’avais une crainte par rapport aux rapports humains avec autant d’intervenants. Aujourd’hui, avec les gens avec qui je travaille, on est dans un rapport de fidélité, on s’apprécie, ils sont là depuis très longtemps, je trouve ça très rassurant. Et puis, ce sont des gens avec qui je ne fais pas que travailler, ce sont des gens avec qui je sors boire des coups, voir des expos, etc. Je discute souvent avec des potes qui sont signés, et ce qui peut arriver de pire à un artiste signé, c’est la mise au placard. Là, tu n’as plus affaire au directeur artistique mais au service juridique. Ça, c’est terrible. Par rapport à cet écueil-là, j’avais l’impression d’être plus en sécurité en restant indépendant. Aussi, ce qu’ils te promettent, tous les gens qui veulent te faire signer, la valeur ajoutée mise en avant, c’est le temps. Et ils ont raison. Ils te disent que ce que tu feras en 10 ans sans eux, tu le feras en un mois avec eux. Ça, c’est vrai.

Photo Flavie Girbal

Hexagone : Sur A Brûle Pourpoint, tu viens de signer récemment le groupe Sages comme des sauvages. C’était une volonté d’étoffer le catalogue ?
Batlik : Non, c’est vraiment le hasard. Je ne me suis jamais imposé de signer un artiste, les artistes qu’on a signés sont arrivés là, comme ça. En l’occurrence, c’était par le biais de La Menuiserie. J’ai écouté la petite vidéo de leur newsletter et j’ai tout de suite été inspiré par les textes et leurs chansons. Je leur ai proposé de faire ma première partie au Café de la Danse au printemps 2014. Ce n’est pas la première fois que je produis un groupe mais au départ, on donnait des conseils aux groupes qui venaient pour monter leur structure, pour travailler de manière autonome. Là, avec Sages comme des sauvages, ce qu’on fait, c’est de la co-prod. C’est à dire qu’on reste producteur mais il faut qu’eux aussi aient une mainmise sur la production. Il faut qu’ils aient le nez là-dedans pour connaître le coût d’un directeur artistique, d’un réalisateur, d’un studio, d’un mixeur, etc. Ça leur permet, le jour où ils veulent partir, d’avoir les outils pour continuer.

Hexagone : Chanter, est-ce que c’est avant tout monter sur scène ?
Batlik : En tout cas, je ne chante jamais en dehors de la scène. A chaque fois que je chante, il faut que je sois confronté à un public, ne serait-ce que d’une personne. Jamais je ne prends une guitare, que ce soit avec des amis ou autres, je ne suis pas trop à l’aise avec ça. J’ai besoin du protocole de la scène, de la distance avec le public, etc.

Hexagone : C’est angoissant, pour le coup, le public ?
Batlik : De ce côté-là, je pense que je m’en sors assez bien. J’ai subi des angoisses au départ mais je pense les avoir assez bien gérées. Après, bien sûr, il y a toujours le trac nécessaire mais ce n’est pas irrationnel.

Hexagone : Ton prochain album sera un live que tu vas enregistrer à l’EMB début février. Pourquoi le choix d’un live ?
Batlik : C’est un aspect mathématique. Je me suis dit qu’après 4 albums studio, je faisais un album live. Le premier live était mon cinquième disque, celui-ci sera mon dixième. Ça permet d’avoir une photographie des 4 disques précédents. L’évolution que les morceaux ont connue, du passage de la version studio à la version scénique, etc.

Hexagone : Ça a une valeur d’état des lieux pour toi ?
Batlik : Oui, c’est ça.

Photo Flavie Girbal

Hexagone : Pourquoi le choix de l’EMB ?
Batlik : Dans le même rapport de fidélité avec les gens avec qui je travaille. L’EMB, c’est la première salle dans laquelle j’ai joué. Et du jour où j’ai joué dans cette salle, c’est là que j’ai fait toutes mes résidences, c’est là que j’ai enregistré mon live précédent, là où parfois je sors pour aller voir des concerts. Tout simplement parce que je trouve rassurant d’être dans un endroit qui m’est familier. La salle est super, les gens je les connais. Si je devais enregistrer un live ailleurs, c’est que l’EMB aurait été démoli et transformé en centre commercial.

Hexagone : La sortie de ce live est prévue pour quand ?
Batlik : Soit juste avant l’été, soit juste après. On va faire ça assez vite.

Hexagone : Ces deux dates auront un traitement de faveur dans la configuration du set par rapport aux autres dates de la tournée ?
Batlik : Oui, sur scène, ce sera étoffé avec choristes et deux cuivres en plus pour enrichir un peu l’ensemble. Et l’album suivant sera un album acoustique. Un album guitare-voix.

Hexagone : Tu as déjà commencé à y bosser ?
Batlik : Oui parce qu’il faut qu’il sorte dans pas trop longtemps non plus. Je dois être à la moitié à peu près.

Hexagone : De quoi aurions-nous oublié de parler qui pourrait être utile aux lecteurs ?
Batlik : Mon épouse, Elsa, a sorti un bouquin en même temps que mon dernier album. Toute la thématique de ce disque, de Mauvais sentiments, croise pas mal avec la thématique du bouquin.

Private Parts, un plan adroit

0

pan piper 06 02Le 6 février 2015, si t’es sur Paname ou la capitale, c’est un truc pour toi. Mais fais gaffe, c’est pas un truc de petit joueur. Si toi, le vendredi soir, t’es plutôt verveine à te taper le carton, t’oublies. Là, je te propose un truc à mouiller le marcel tu vois. Au Pan Piper, à partir de 19 heures. Une soirée aux insistantes fragrances de sueur sur gros rock de haut niveau. Mais c’est pas tout. Projections (Pierre Terrasson), performances et tatoo encadreront les deux concerts de la soirée. Et qui donc qui donc qui va te faire bouger ton popotin dans ton Levis ? Demi-Mondaine, que tu commences à connaître comme le loup blanc ici puisqu’on te presse un peu la citrouille avec depuis un moment. Emmené par une Béatrice adoubée par Iggy Pop himself qui a offert à la dame une chanson qui porte le nom de la soirée. Comme quoi. Puis, après les Demi Mondaine, I AM UN CHIEN enverra son Heavy Electro dans ton ciboulo et ça devrait bien te vriller les neurones.

Le programme complet, c’est ci-dessous. Réserve dès maintenant, t’as besoin d’une soirée comme ça. Hexagone y sera. Parce que rock’n roll baby !


 WARM UP
En warm-up, performances de Yannick Unfricht de « Hey ! La Cie ».
(Présent notamment sur l’exposition « Tatoueurs Tatoués » au Quai Branly)

DEMI MONDAINE
Demi Mondaine, c’est une attitude et un son chic et punk à la fois, une âme sauvage, sensuelle et sans concession. Un EP « Private Parts », du nom de l’inédit des Stooges qu’ Iggy Pop a offert à la chanteuse. Une voix rauque, violente et déchirante, nuancée de tendresse. Demi Mondaine est envoûtante, femme au corps ravageur qui ne se lasse d’en faire une arme. Le premier album Aether sorti en mars 2014 a été produit par Edith Fambuena (les valentins/ Daho / Bashung)

I AM UN CHIEN !!
Depuis 2007, I AM UN CHIEN !! distille leur son heavy electro avec deux EP, une mixtape et des centaines de dates en France et en Europe.
Remarqués et très attendus par le public et la scène electro, ils ont sorti un nouvel EP « Humanity » en octobre dernier sur lequel on retrouve des collaborations de taille : Jose Reis Fontao et Dj Pone.

TATOO MIGOII
Le studio Migoii sera présent avec une expo photo mais pas que…

Paris n’est pas mort : concert du 22/01/2014

0

Oui, tu ne rêves pas cher Lecteur ! Tu as bien lu ! On te propose ici le concert de Paris n’est pas mort, en quasi intégralité, filmé au Connétable à Paris, le 22 janvier dernier.

Hélas, Missone était clouée au lit avec la grippe ce jour-là. Du coup, les deux compères Gauvain Sers et Jean-Philippe Vauthier ont fait un trio à deux. Ils ont été obligés de revoir à la hâte la formule du spectacle et de l’adapter à la situation. Mais ça aboutit à quelque chose de spontané et sans chichi. On les aime vraiment beaucoup ici ces deux-là !

En invités du jour : un grand Nicolas Bacchus, fidèle à lui-même et jamais aussi épatant et provocateur devant un public qui ne lui est pas à la base acquis à sa cause. Puis, autre invitée, Camille Feist qui était une découverte pour mon hexagonale personne. Moins séduit par ce jeune projet intéressant mais qui demande à mûrir et à prendre de l’assurance.

Pour les vidéos ci-dessous, n’oublie pas de passer en mode HD


Radio Elvis & Maison Tellier au Pan Piper

3
Photo David Desreumaux (Festival Taparole 2014)
Photo David Desreumaux (Festival Taparole 2014)

Radio Elvis a été adoubé « révélation de l’année 2014 » par moult médias pour son premier EP et la tournée qui a suivi, mais manifestement il reste tout de même à convaincre quelques récalcitrants parmi le public du Pan Piper… Les deux jeunes godelureaux qui envahissaient mon espace sonore – et néanmoins vital – en commentant après coup leur set, binouze en main et air blasé de rigueur, dégoulinaient littéralement de ce scepticisme éminemment parisien.

– « Pas trop mal, le truc avant… Mais ça correspondait pas… » assène le premier, avec un sens de la formule à rendre vert de jalousie un chroniqueur des Inrocks.

– « Ouais, le chanteur se la pète… » éructe l’autre.

Et ce dernier d’enchaîner sur les prouesses sexuelles qui l’avaient occupé durant tout l’après-midi, suscitant tour à tour envie et incrédulité chez son compère.

– « La troisième fois, j’étais limite sur les genoux… Cette fille, c’était d’là viande, je t’jure, jamais vu ça… »

Assurément ces deux là, probablement échappés d’une quelconque école de commerce, avaient bien intégré leurs fondamentaux ; le respect d’autrui – a fortiori de la gent féminine – « c’est définitivement un « truc » has been, tu vois… ». Ils avaient donc fort peu de chances d’être réceptifs à l’élégance de la prestation de Radio Elvis, ce 19 janvier. Et encore moins faire la différence entre ce qui relève sur une scène, d’une attitude de poseur et de l’élégance naturelle…

radio-elvis-ypgsIntello, Pierre Guénard, avec ses lunettes à la Elvis Costello et sa chevelure savamment hirsute ? Certes, mais pas que… Sous la surface carrelée de références littéraires – London, Saint-Exupéry, Fante – le musicien existe bel et bien, environné de figures tutélaires assumées et digérées. Il reconnait volontiers l’influence d’un Dominique A ou de Jean-Louis Murat et même s’il n’a pas connu les années New Wave, ses riffs de guitare sonnent curieusement comme à Manchester… Bien épaulé par ses deux complices – Manu Ralambo et Colin Russeil, respectivement basse-guitare et batterie-claviers – ce jeune turc de la chanson rock « à la française » dégage une belle aura sur scène. Le phrasé est clair et la voix tout à la fois limpide et habitée colle parfaitement à des textes un brin mélancoliques. La silhouette longiligne se fait souple, nerveuse sur scène mais sans excès. La main gauche quitte de temps à autre la guitare, médiator pointé vers le public comme pour l’inviter à le rejoindre dans ses pérégrinations « géopoétiques ». Dès le premier titre, Radio Elvis nous transporte en haut des pyramides, mais nous embringue surtout dans des aventures, ses traversées. Continent, morceau fleuve pas si tranquille, évoque l’attente fébrile d’un Capitaine Cook et de son équipage pour un rivage, une terre, promesse de conquêtes.

Au beau milieu de ces périples maritimes, qui sont autant de voyages intérieurs, Guénard s’offre une escale tout en douceur en invitant la chanteuse Robi pour un duo sur Elle partira comme elle est venue. Et en concluant son set par Goliath, il délivre un véritable tribut aux mannes d’un autre amoureux du verbe, le regretté Alain Bashung.

_12
Photo François Berthier

Radio Elvis nous a conté des histoires des mers lointaines, mais quelque chose me dit que la Maison Tellier qui lui succède, vont eux nous faire tout un film… La nappe sonore qui envahit la salle, succession de choeurs étranges, voire un rien dérangeants, installe l’ambiance. Helmut Tellier et ses frangins rentrent sur scène dans une semi-pénombre. On ne distingue d’eux que leurs silhouettes rougeoyantes en contre jour lorsqu’ils attaquent La maison de nos pères et d’entrée on est transporté dans un univers sonore proche de l’envoûtement. Duo folk guitare/banjo et rythmique contrebasse/batterie en appui d’un chant aux accents orientaux et surtout une trompette qui surgit de nulle part… Pas de doute, je suis dans Twin Peaks ! A moins qu’avec le morceau instrumental qui suit, véritable hommage au western spaghetti, je ne sois chez Leone… Et puis non finalement, je suis Sur un volcan et pas tout seul, au vu de tous ceux et celles qui reprennent le refrain, le ton est donné ! Ça se remue côté public ; mes deux jeunes couillons de tout à l’heure en sont, bramant et applaudissant à rendre jaloux un élan et une otarie en plein coming-out.

Les titres se succèdent, maintenant la cadence ; Les beaux quartiers, Loup blanc et ses choeurs qui donnent le frisson, L.O.V.E.B.O.A.T, Prison d’Eden et son cor d’harmonie… Helmut se la joue pince sans rire entre chaque morceau, se moquant en toute complicité de ses frères de son. Un petit break acoustique et intimiste avec Exposition Universelle et hop, on repart dans le country western avec notamment La Peste. Pas effarouché pour deux sous par des paroles résolument mortifères, le couple devant moi se laisse aller à jouer de la main palpeuse, prenant au pied de la lettre l’invitation à aimer son prochain mais en oubliant la contre indication de loin… Ils se déchaîneront plus tard sur un Petit lapin, résolument grunge. M’étonnerait pas qu’ils filent un mauvais coton ces deux là…

Extraits de répliques de films, orchestration aux petits oignons, harmonie impeccable des voix… Un concert de La Maison Tellier, c’est vraiment du bel ouvrage d’artisans, du chef d’œuvre de compagnons… de la chanson rock !

Dessin de Une : Le Mad

The color Book – les créatures de Bernie Wrightson revisitées par Béatrice Demi Mondaine et Dimi Dero

1

IMG_5391La vie est plutôt bien inspirée parfois. Je découvre en 2014 l’incroyable travail d’auteur et d’illustrateur de comics de Bernie Wrightson lors de la réédition de son Frankenstein et, presque en même temps, je tombe sur le projet parallèle de Béatrice du groupe Demi mondaine* dont on t’a déjà parlé ici.

Le concept le voilà : la mise en musique et en textes du Color Book de Wrightson. Béatrice et Dimi travaillent sur ce projet depuis 2012 et on peut dire qu’il fait partie d’un ensemble plus vaste de création du conservatoire de Bobigny, le MC93*. Des projets mêlant théâtre et musique avec Nicolas Bigards* notamment… il paraitrait même que Béatrice aurait en tête de mettre en scène et musique le culte Phantom of the Paradise de De Palma…

Mais ce soir, samedi 24 janvier de l’an 15, nous assistons à la présentation de leur bébé monstre à 5 cornes, EP 5 titres où il est question de sorcière, d’alien, de zombi et de la créature du professeur Frankenstein… autant de réincarnations des créatures wrightsoniennes. Pour présenter ce Color book, Dimi et Béa ont choisi l’intimité, l’alcôve, les bougies, les vanités et ils rodent leur spectacle dans des lieux originaux comme ce soir à la Rubrique à bulles, Paris 11.

Une trentaine de personnes ont été conviées à la célébration. IMG_5406
Voici Béa et sa longue robe victorienne, gracieuse dame de nacre aux pieds nus et aux lèvres carmin. Béa au clavier, à la guitare et à la perceuse frénétique (ouais ouais, tu as bien entendu !). Dimi Dero, tout de noir vêtu, à la batterie balais, baguettes et chaînes (bien trouvé les chaînes, soit dit en passant) ou encore à la basse à archet et autres expérimentations sonores comme la scie musicale (effet garanti pour les sons fantômes, horror-rockabilly)… sans oublier Mystic Gordon, autre Demi mondaine, au son ce soir. Ce color Book est donc une expérimentation théâtrale, musicale et littéraire. Un projet mixte qui mêle les genres et ouvre les frontières entre les différentes disciplines ; qui essaie, invente, crée des passerelles entre les arts, prend des risques et entretient ainsi une belle vitalité. Rien que pour ça, je ne peux que vous inviter à aller aimer leur page, à guetter leurs futurs concerts et à vous procurer leur EP 5 titres.

IMG_5414Au-delà de la création artistique, ce que l’on retient de façon presque violente, c’est la puissance de la voix de Béa qui vous amène où pourrait vous amener une Janis ou une Aretha, pour le côté bluesy… Sincèrement, c’est pour moi l’une des voix les plus passionnantes de la scène rock, chanson française actuelle. L’autre belle surprise est la tension qui va crescendo sur la plupart des titres; titres qui commencent doucement, ambiance romantisme noir et caveaux et soudain – renversement -, la chanson prend son envol, t’attrape l’air de rien et tu pars, loin, happé par le beat entêtant de la batterie de Dimi. Pour votre hôte de cette soirée, coup de cœur pour la chanson la sorcière et impatience de se plonger plus avant sur les autres titres. Et puis, je dois vous le dire aussi, Béatrice est sublime et fait une très intense Elizabeth Frankenstein.


Pour info, ils cherchent des dates dans des lieux intimistes, leur programmation est en cours, contact :
Facebook The color Book
C’est aussi là pour commander leur EP 5 titres

Présentation du projet et dates par Mc93 ici 

Pour s’abonner au facebook de Béa ou facebook Demi mondaine

Prochain concert de Demi Mondaine au Pan Piper le vendredi 06 février

Création Nicolas Bigards avec Dimi et Béa : Les derniers jours de l’humanité du 02 au 12 avril à Mains d’œuvre Saint-Ouen et du 15 au 18 avril à Bobigny, salle Pablo Neruda.

Photo de Une : JiPé Corre