Ce mercredi 17 juin, je me suis rendue à l’Alimentation Générale pour voir Jo Wedin et Jean Felzine jouer. Non l’alimentation générale, malgré sa devanture bleue n’est pas l’épicerie du coin, ni même une banque alimentaire. Comme vous, avant de me renseigner sur le lieu, je m’imaginais déjà en train de manger ma soupe et mon vermicelle comme une recluse au bout d’une table. Aussi mon soulagement fut immense quand j’appris que ALG « c’est un bar et aussi une cantine où il y a des concerts et c’est la fiesta ». Pour ceux qui s’attendaient à un reportage sur un show donné entre les betteraves et les butternuts, dommage il faudra repasser plus tard.
Jo Wedin et Jean Felzine ne sont pas deux artistes distincts mais un duo. Jean, pour ceux qui l’ignorent, c’est le leader de Mustang, groupe de musique Rock que je ne peux que vous recommander. Jo, diminutif de Johanna, est Suédoise et a été la chanteuse de MAI, un groupe pop-folk. Ils ont ce projet en commun depuis deux ans et ont décidé de faire leur propre musique en se lançant dans l’aventure en tant qu’indépendants. Deux univers assez différents mais qui se conjuguent à merveille en suivant leur propre sensibilité. Ils ont partagé la petite scène de l’ALG avec Weli Noel en première partie et Sean Croft en troisième. Un moment, que je ne regrette pas d’avoir vécu.
Le public n’était pas nombreux ce mercredi soir, tant pis pour les absents, ils ont toujours tort. Johanna invite la salle à se rapprocher, presque collés serrés devant la scène, nous nous sentons quand même mieux. Si les deux voix que me renvoyaient les haut-parleurs de mon Mac avaient déjà flatté mon oreille, ce soir je suis tombée sous leurs charmes. Les accents de la Suède se reflètent dans la haute tessiture de Johanna, vibrante et douce. La voix de Jean Felzine plus basse s’accorde à la sienne, la soutient ou lui répond, tandis que les cordes métalliques de sa Gibson viennent donner un esprit rétro.
Ils parlent d’amour et de voyage et même quand cela frôle le grossier, dans la bouche de Johanna cela sonne comme une poésie « chanter, baiser, boire et manger, on peut dire qu’on s’est bien trouvé. Nous sommes deux âmes esseulées. » Si les paroles peuvent parfois être simples, elles peuvent se montrer subtiles. Toujours justes, elles sont parsemées d’une pointe d’humour. Leurs chansons inspirent l’insouciance, le bonheur et au milieu d’une nuit d’été cela fait du bien. Elles dénoncent ironiquement dans un voile de couleur la pudeur des femmes et la sensibilité des hommes dans « les hommes ne sont plus des hommes. » Ils n’hésitent pas à se définir comme un duo féministe. Au milieu de ces chants entrainants et dansants, viennent s’ajouter quelques titres plus mélancoliques comme Idiot. La puissance des cordes vocales de Johanna laisse admiratif et fait frissonner la chair. Ce ne sont plus des mots mais des sentiments qu’ils célèbrent.
« Idiot, ne dit plus je t’aime une seule fois, cesse de le crier sur les toits.
Je ne reviendrais plus jamais, ne meurt pas, ça aurait l’air idiot. »
Ne vous fiez pas au look de pin-up de Johanna car elle n’est pas une créature mais une créatrice. Elle n’est pas uniquement chanteuse, mais connaisseuse, elle n’est pas seulement jolie mais inspirée. Jean Felzine refute ouvertement l’idée du Pygmalion et tient à rétablir l’équilibre en soulignant qu’ils sont deux à composer. Ils forment une équipe, l’un et l’autre viennent apporter leurs bouts de chansons. Il avoue même que c’est elle qui a les idées et lui qui les écoutent. Malgré les origines suédoises de Johanna Wedin, ils ont fait le choix de chanter en Français, car ils prennent à cœur de garder leurs influences américaines tout en les transmettant à leur public. Ils estiment que c’est important que nous les comprenions.
Ce sont des artistes généreux, qui n’hésitent pas à offrir. Quand elle chante, elle nous regarde dans les yeux, nous envoie des sourires sincères. Ils communiquent avec nous, entre eux et c’est ce qui rend leur concert aussi intimiste et touchant. On se sent proche d’eux quand nous sommes les témoins de leur complicité. Leur ingrédient magique, il est probablement là et c’est ce qui fait que ce duo fonctionne aussi bien.
[…] que j’ai regrettés vivement d’avoir ratés, ce sont Jo Weding et Jean Felzine, les chouchous de ma camarade Déborah, lors d’une rencontre sur le stand des Activités Sociales de […]