Rosalie Dubois – Couleurs & vernis

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Alors oui, là nous vous parlons d’un temps que les moins de… (air connu). Et pourtant. Et pourtant ! Rosalie Dubois, née en 1932, a traversé bien des époques et des vicissitudes pour nous offrir aujourd’hui cet album très littéraire aux charmes inattendus. Elle semble bien loin l’époque où, proche de Bernard Dimey, elle connaissait le succès dans les années 60, lorsque les maisons de disque exploitaient sans vergogne l’image de la jeune poissonnière chantante de la rue Lepic…

Grâce soit donc rendue aux défricheurs de chez EPM pour la parution de cet album gourmand, dont les vingt-deux titres recouvrent deux périodes bien distinctes : les sept premiers ont été enregistrés tout récemment sous la houlette et avec la participation de Bernard Ascal – icelui les ayant précédemment interprétés dans l’album Pâtisseries mécaniques. Et oui, forcément, la voix est celle d’une vieille dame de 87 printemps, mais l’émotion est là et bien là au fil de ces chansons en parlé/chanté qui baguenaudent dans l’univers gouailleur de Pierre Mac Orlan. Tous les autres titres de l’opus ont été, eux, enregistrés il y a nombre de lurettes, et le contraste est saisissant entre cette voix jeune et fraîche et le grain de voix actuel, un peu comme si deux chanteuses différentes se succédaient au sein de cet album. Les arrangements et l’interprétation sont certes un peu datés, mais c’est un délice touchant que de piocher parmi ces jolis titres signés des plus belles plumes (Maurice Fanon, Guy Béart, Bernard Dimey, Paul Éluard, Gainsbourg ou Mouloudji).

Patrick Engel


  • Rosalie Dubois
  • Couleurs & vernis
  • EPM – 2019
  • Chronique parue dans le numéro 13 de la revue Hexagone.

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