Le Haillan Chanté : des concerts en duo ou solo qui ont enchanté !

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Dans la chronique d’annonce de ce festival ; je te disais que je viendrai y faire un tour en fin de semaine. Alors je suis venu, j’ai bu vu et j’ai vaincu vécu de beaux moments lors de cette 9ème édition du festival Haillan chanté du 5 au 9 juin. Voici quelques retours et impressions recueillis lors de ces deux jours.

© Alain Nouaux

Ce festival, organisé par L’Entrepôt et Bordeaux Chanson, concocté par une équipe de passionnés, et mis en musique avec un joli nombre de bénévoles impliqués, se déroule autour d’un lieu unique et sur trois scènes. Allez je te cite ces trois scènes : la terrasse de L’Entrepôt, en extérieur, pour les concerts et animations gratuites ; le Théâtre de verdure, aussi en extérieur, pour les découvertes, l’après-midi ; la salle de l’Entrepôt, à la jauge plus importante, pour les soirées. Les concerts vus et appréciés étaient tous en formule duo ou solo. Commençons par la superbe soirée du vendredi. D’abord, Melissmell en voix piano. Désormais souriante et sereine sur scène, en complicité avec son pianiste Matu, pour un spectacle dépouillé à la mise en scène minimale mais efficace, elle interprète en s’impliquant totalement – quelques larmes coulant sur Je me souviens – toujours avec sa voix qui vient des entrailles et remue les nôtres. De la chanson qui émeut fort, de la chanson qui gueule « Ma France, tu me fatigues / Paris n’entend plus la colère d’en bas », qui bouillonne toujours « J’entends monter les voix, le monde est à refaire », de la  chanson qui te prend au cœur et aux tripes. Elle chante les titres marquants de ses trois albums dont la toujours actuelle Les brebis.  J’ai vu ce concert deux fois en trois jours, à chaque fois elle a comblé le public, d’abord au Bijou à Toulouse à la scène en grande proximité des spectateurs fort réactifs pendant tout le concert et ce soir au Haillan, avec une impressionnante standing ovation à la fin.

© Alain Nouaux

Ensuite ; pour le deuxième concert de la soirée, Loïc Lantoine et François Pierron, un duo qui a démarré vingt ans auparavant. Un vrai duo avec Pierron qui chante et vibre autour de sa contrebasse avec laquelle il nous offre un morceau en solo. Un concert d’émotion à fleur de peau, comme toujours avec Loïc Lantoine, de la chanson pas chantée qui nous enchante. Un petit moment particulier pour Faut pas dire du mal de Johnny, que je n’avais pas encore entendu en concert : ils se font plaisir et nous régalent. Le concert se conclut avec une nouvelle standing ovation. Cette soirée annoncée : « 1 billet / 2 concerts » s’est révélée être « 1 billet / 2 standing emotion » !

Le samedi, Buridane qui nous avait récemment touchés au Printival (voir ici), vient en solo guitare, pour une courte première partie de six chansons, commencée par le superbe titre Le phénix et la cendre. Voix douce, textes intimes et profonds, jeu particulier à la guitare : quand la voit-on sur un concert complet ?

© Alain Nouaux

Ensuite le concert tête d’affiche de Michel Jonasz, là aussi en formule duo piano voix. Un spectacle qui tourne depuis cinq ans, une sorte de best off avec en prime l’humour de Michel et la présence au piano de Jean-Yves d’Angelo. On a plaisir à entendre les standards écoutés en boucle il y a plus de deux décennies. Jonasz a du métier et le public chante avec lui dés la première chanson Du blues, du blues, du blues. D’ailleurs une grande partie des spectateurs reprennent par cœur la plupart des chansons et souvent pas que les refrains. C’est toujours impressionnant de voir comment certaines chansons marquent la vie des gens. A noter que Jonasz interprète Lucille et Les fourmis rouges deux titres moins « tubesques » et pourtant fortement repris par le public connaisseur de la discographie de l’artiste et curieusement choisis aussi par Nicolas Jules quelques jours avant lors d’un spectacle spécial à Toulouse. En fin de concert le chanteur interprète un « medley » ravissant les spectateurs qui avaient peut-être peur de ne pas entendre « leur » titre.

© Alain Nouaux

La terrasse de L’Entrepôt, prévue comme scène d’extérieur sur six concerts, a joué son rôle… à trois reprises. Mais trois fois la pluie a modifié les plans et le concert a eu lieu à l’intérieur. Par exemple, devant le bar, pour Wally et son best-off Le meilleur d’entre moi. Le spécialiste des chansons courtes et des intros en scat à la guitare, nous a « régalés » une fois de plus, en mêlant tout type d’humour dont le noir et l’absurde. Il s’adapte à son public, qui brunche devant lui. Du métier et surtout du talent. Et une grande gentillesse, toujours à l’écoute après les concerts pour les retours des spectateurs, parfois surprenants : une personne est venu lui rappeler qu’il était toujours aussi drôle qu’il y a trente ans, une autre lui confirmera « quand vous avez dit que vous aviez beaucoup grossi, je n’étais pas sûr mais je suis allé vérifier sur internet, c’est bien vrai, vous avez été très gros ».

© Alain Nouaux

Ensuite, Hildebrandt, venu avec deux musiciens pour jouer en extérieur, s’est replié à l’intérieur et a chanté en solo (sauf pour une chanson comme le montre la photo) en disant que cela faisait longtemps qu’il n’a pas joué seul et que c’était en quelque sorte une épreuve. Parfois en scène, la magie opère et cela fut le cas. Une voix prenante pour un concert tout en émotion, avec des moments qui resteront gravés. Par exemple comme Barcelone qu’il présente, avec une vraie émotion dans la voix et le visage, en parlant de son père ouvrier agricole durant les années 60 dans la région bordelaise, – citant des noms de lieux connus du public local – dont le patron lui annonçait que s’il voyait un allemand il lui aurait lancé la faux dans le ventre. Bien sûr, le grand-père d’Hildebrandt était… Allemand. Plus tard, une des organisatrices évoquera la difficulté à faire venir le public pour lui faire découvrir des talents émergents, elle parlera de lassitude ; pourtant elle conclura : « Quand on vit des moments comme le concert d’Hildebrandt cela efface tout, et on se dit que l’on ne fait pas tout cela pour rien. »

© Alain Nouaux

La terrasse a parfois été ensoleillée et les concerts ont eu lieu dehors. D’abord le vendredi soir avec Tiou, le retour de l’ancien bordelais devenu montpellierain, venu nous présenter en duo avec son fidèle compagnon de route Xavier Duprat aux claviers, ses nouveaux titres. Un Tiou un peu nouveau pour qui ne l’a pas vu ces dernières années : apparemment moins « écorché vif », prenant la guitare pour quelques chansons, faisant chanter le public et reprenant La tendresse en rappel. Est-ce lié au fait qu’il va se marier ? En tout cas il est content de l’annoncer. Et on retrouve avec plaisir cet artiste qui s’exprime pleinement sur scène.

© Alain Nouaux

Ensuite le samedi après-midi, « Pochette surprise » avec des chanteurs du festival venant chanter deux titres, – l’an passé Kent et Alexis HK s’étaient prêtés au jeu – : Tiou, Jacques et Jacques, et Wally. Ce dernier choisissant deux chansons de son nouveau spectacle Le projet Derli avec T’es belle, sa superbe (et seule ?) chanson d’amour. Le soir, nouveau duo avec Eskelina et Christophe Bastien à la guitare. Cette interprète à la jolie voix a parsemé son répertoire de trois chansons en suédois. Autre spectacle en extérieur : Jacques et Jacques. Un duo plutôt inattendu de deux artistes ayant chacun leur projet personnel : Vincha et Laurent Lamarca. Mais un duo décontracté qui prend plaisir à être sur scène.

Ce « petit ? » festival chanson, comme je les aime, a de jolis atouts, avec une superbe programmation et quelques particularités comme la « Pochette surprise », et comme la journée de samedi enchaînant les concerts de midi trente à minuit avec un certain nombre de gratuits (même s’ils ne font pas forcément venir un public nombreux). L’annonce de la dixième édition, forcément marquante, en juin 2019, va certainement nous inciter à revenir.


Festival le Haillan Chanté du 5 au 9 juin.  J’en profite pour dire un grand merci à ceux que j’ai rencontrés et appréciés : Manu de l’Entrepôt, Marine et Peggy de Bordeaux Chanson et Aurore efficace au bar (eh oui j’y suis allé un peu !) et Alain Nouaux pour toutes les photos dont celle de Melissmel en une.

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