Détours de chant : Grand K ! d’un festival XXElles avec Ben Mazué

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Photo Michel Gallas

Détours de chant (la suite). Sur l’article précédent, je te faisais un retour sur mes quatre concerts des deux premiers jours. Là, on continue sur les vendredi, samedi et dimanche de la première semaine mais j’ai déjà réduit le braquet : un seul concert par jour. Et à nouveau de l’éclectisme, de la qualité et la présence d’un nombreux public.


Ben Mazué 29 janvier au Centre Culturel Alban Minville (Toulouse).

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Mon troisième concert du spectacle 33 ans en dix mois. Et toujours le même plaisir. Un des très bons moments du festival Détours de chant. Un spectacle qui affichait complet une semaine avant. Si l’an passé j’ai demandé à « mes » Michelines (Charlotte et Marion) de faire un petit commentaire sur les concerts où je n’étais pas, ce coup-ci, ce sont elles qui écrivent sur un concert où j’étais présent (quel flemmard !) Voici leur prose, à quatre mains et un ou deux doigts de Michel.

« Ben Mazue en concert. C’est ce qu’il y avait écrit sur l’affiche, mais en fait, ce n’est pas vraiment un concert cette histoire, c’est bien plus que ça. Il chante, il joue de la guitare et des pédales, il est aussi accompagné par un pianiste. Mais ce ne sont pas que des chansons, c’est aussi du slam, du stand up et des sketchs. Tout ça condensé en une heure de spectacle étonnant et épatant. Si le format est multiple, le mec l’est aussi. On comprend vite que ses influences sont diverses, en gros ça va de Anne Sylvestre (et il nous offre une belle reprise de Les gens qui doutent) à Snoop Dog … (mais si, c’est possible ! et il nous chante le réjouissant Confessions d’un rap-addict). A travers ses chansons aux sonorités hiphop et ses slams il nous parle de lui, de ses rêves, de la vie, avec autodérision et élégance. Mazué a aussi un sens de l’observation très aiguisé. Il chante le répertoire de son dernier album 33 ans (son âge au moment de l’album). Il dresse le portrait de personnages à des moments différents, de 14 à 73 ans : 14 ans pour la première fois, 25 ans sur une dragueuse des soirées appart, 35 ans pour un premier bilan pas vraiment satisfaisant, 73 ans pour un retraité. Il retrace, avec justesse et délicatesse, pour chaque étape de la vie les doutes, les angoisses et les expériences. De quoi toucher le public pluri-générationnel de la soirée. Pour sûr qu’étaient présents tous les personnages décrits dans ses chansons !

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

A chaque fois, c’est bien vu et ça fait mouche. Comme dans les moments de stand-up, emplis d’humour et d’émotions : son discours lors qu’il reçoit un Grammy award pour son album ou encore son interview avec Rebecca Manzoni qu’il simule avec deux tasses de café à la main. Un moment particulièrement marquant, avec Vivant cette chanson qui s’adresse à sa mère décédée (« Je ne pallierai pas l’absence C’est tout le bien que je me souhaite De rappeler ton élégance aux gens  De faire tout pour que ça reste … vivant ».  »), et la lecture de la lettre écrite par sa mère du Paradis… Avec pudeur et finesse, Mazué réussit à nous émouvoir, à nous faire frissonner tout en nous faisant sourire. Le public, conquis par ce concert riche en belles émotions, se voit ravi lors d’un rappel où Ben propose d’interpréter les chansons que nous espérions entendre mais ne figurant pas dans la set-list. Pour notre plus grand plaisir, nous avons eu droit à L’Homme Modeste et à La Valse. Artiste généreux jusqu’au bout, il prendra le temps de discuter, de signer des affiches et prendre un bon nombre de selfies avec son public ! Non non, il n’y aura pas de photo de Mick et ses Michelines avec Ben, la file d’attente était beaucoup moins longue au bar … »

Qui dit festival dit parfois embouteillage de concerts. Et ce vendredi 29 janvier, pas moins de sept spectacles donnaient rendez vous aux spectateurs. J’ai dû me résigner à ne pas aller voir La Reine des aveugles qui pourtant fêtait sa sortie d’album. Et personne ne va t’en parler à ma place. Par contre Jacoti, un autre passionné de chansons, présent à beaucoup de concerts, te dit quelques mots d’un autre concert de ce vendredi qui illustre encore un peu plus l’aspect éclectisme du festival. Toctoctoc : L’ombre et la lumière à l’Espace Croix-Baragnon. « un laboratoire sonore et poétique » disait le programme.

« La vue des instruments posés sur scène attendant sagement l’entrée des artistes procure de légers picotements d’impatience. Deux accordéons diatoniques, une clarinette, une cornemuse et une vielle à roue suscitent indubitablement une interrogation quant aux sonorités qui pourraient s’en échapper. Les deux musiciens Stephane Milleret et Vincent Boniface s’emparent l’un de l’accordéon pour la rythmique de base et l’autre de sa clarinette pour les mélodies. La vielle à roue, elle, vient teinter les morceaux d’un son de cordes frottées à la manière d’un violon ainsi que d’une rythmique grattée grâce à une corde décrochée, produisant un grésillement de crécelle à mesure des coups de poignet sur la manivelle. Les morceaux se terminent en instrumental avec, la plupart du temps, l’arrivée en scène de la cornemuse qui ajoute au festif et au pittoresque traditionnel. On ne s’en lasse pas ! Sur les textes, la voix superbe d’Anne-Lise Foy n’est pas mise en valeur à sa juste mesure jusqu’à l’interprétation de T’es beau de Pauline Croze qui fait passer un délicieux frisson dans l’auditoire. Magnifique ! »

K! 30 janvier,  apéro concert au Théâtre du Grand Rond (Toulouse)

K! c’est Karina Duhamel. Avant, je l’ai vue deux fois, sur des prestations courtes : pour le Mégaphone tour en 2014 et pour le Pic d’Or à Tarbes en mai 2015. Seule en scène derrière son clavier et ses machines. Depuis elle a récemment joué les premières de son Fantastik show à l’Espace Jemmapes à Paris. Et même si à Toulouse elle n’a pas apporté tout le décorum ni les lumières pour ces cinq jours en apéro concert, son solo est devenu un véritable spectacle. Nous sommes le samedi, le dernier jour. Une salle de théâtre bien pleine.

Photo Michel Gallas
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Elle a toujours son clavier, son ordinateur mais encastrés dans un décor baroque, le bas caché par un rideau rouge. De l’autre côté de la scène : un petit jardin clôturé et intrigant. Elle arrive  un verre de rouge à la main ( « J’en profite, c’est pas tous les soirs que l’on peut picoler au théâtre » ), et démarre avec une chanson réaliste interprétée a capella et avec gouaille (« De pousser la chansonnette ben moi y a que ça qui me plaît » , « C’’est  l’amour qui remplit ma voix. » ) Puis elle se met derrière son clavier et enchaîne par « le plus laid de mes personnages : l’homme libellule », elle envoie ses sons et installe une ambiance mi cirque mi surréaliste. Nous voilà embarqués dans une sorte de cabaret fantastique. Une voix superbe avec laquelle elle joue, qui sait être puissante et forte, et qui peut aussi devenir douce. Elle joue aussi avec les sons, les bruits parfois inquiétants qu’elle sort de ses machines. Un univers particulier avec des ambiances et des personnages étranges, fantastiques : « mes monstres. » Une grande présence. On sent son évident plaisir à être sur scène, à interagir avec le public, à l’emmener où elle veut. Elle descend au milieu des spectateurs trouver un homme, elle parle à « la foule en délire du théâtre du grand Rond » et fait monter sur scène quelqu’un qui ne frappait pas dans ses mains au bon moment.

Photo Michel Gallas
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Entre autres histoires « barrées », sa chanson de scène L‘Adultère, histoire macabre mais joliment écrite et distillée où la chanteuse annonce avoir tué et rangé toutes les femmes croisées par son homme, chanson qui à chaque fois fait son effet sur le public. (« je suis désolée je n’ai pas le souvenir de toutes les filles que j’ai pu occire. ») Elle réussit, plusieurs fois, à faire rire sur un sujet plutôt glauque. Puis, elle livre une interprétation particulière et particulièrement réussie de Mon homme qui devient Mein mann. Elle passe parfois à l’anglais ou à l’allemand ce qui ajoute encore un peu plus à cette ambiance particulière.

Elle nous fait entendre les voix de Michel Simon et Serge Gainsbourg chanter l’Herbe tendre et en même temps, avec un arrosoir, elle fait surgir (plus que pousser) les coquelicots dans son jardinet. Elle continue par un superbe Assommoir, en grande partie a capella et devant ses fleurs. Puis K! se réinstalle derrière son clavier pour Le chemin et ses dernières paroles de sa dernière chanson sont « Je vais rentrer chez moi. » Le public reprend sa mélodie en chœur pendant qu’elle quitte la scène. Sur le rappel elle chante avec des chœurs un peu délirants « Mon amour a acheté une boîte à couper les gonzesses » et  « Y en a marre d’avoir les pieds à la place des fesses. »

Une prestation détonante donc. Du talent, de la personnalité. La(les deux) première(s) fois, le côté « électro et sons fabriqués » m’avaient un peu perturbé. Ce n’est plus le cas. Certainement grâce à la volonté de faire de ce concert un spectacle en utilisant un répertoire varié. Car des moments plus intimistes, voire une certaine tendresse, s’immiscent dans cet univers fort et parfois déjanté. Rêves ou cauchemars ? Rêves pour supporter la réalité ? Un concert qui nous touche, qui reste en tête. 

XXElles 31 janvier à l’Espace Job

Photo Michel Gallas
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Un groupe de neuf artistes sur scène, c’est rare. Mais un groupe de neuf jeunes femmes c’est, pour moi, du jamais vu. Sur les neuf, j’en ai reconnu trois, déjà croisées dans des concerts plutôt typés chanson. Mélanie Buso, ici à la flûte traversière, et Maïlys Maronne, ici piano et clavier, étaient deux des trois Trompettasses Sisters. Un trio vocal a capella dont je me rappelle les concerts mémorables Chez ta mère il y a deux trois ans. Alice Besnard, ici une des trois voix, a été vue à Paris dans le duo Au creux de l’A pour la finale de Vive la reprise et récemment sur un Osons au Bijou. Mais là en cette fin d’après midi de dimanche nous sommes loin de la chanson. C’est du jazz et je ne vais pas – je ne peux pas – te faire un descriptif détaillé et technique du concert

Le teaser annonçait du jazz volcanique. Je craignais un peu l’éruption de sons, mais j’ai pris du plaisir. Plaisir à écouter, plaisir à regarder chaque duo musicienne-instrument et à ressentir une belle énergie. Même si ce n’est pas la musique que j’écoute tous les jours.

Photo Michel Gallas
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Je peux ajouter que le groupe (quasiment l’orchestre !) est composé de trois voix (j’ai failli dire chanteuses mais sans paroles compréhensibles peut-on parler de chanson ?), trois « souffleuses » (sax alto, sax soprano et flûte traversière) et trois «rythmiques» (contrebasse et basse, piano et clavier, batterie). J’ai trouvé le set tonique et énergique. Les compositions et arrangements valorisent le groupe et chacune des musiciennes nous montre son plaisir à jouer ensemble. J’ai apprécié la volonté de ne pas uniquement enchaîner des morceaux et de transformer ce concert en spectacle. Avec un moment  « en ombres chinoises » d’une jolie poésie. Avec un moment par binôme de musiciennes délaissant leur instrument pour des jeux et sons avec les mains. Un concert original. Je me surprends à avoir envie de revoir ce groupe talentueux dans quelque temps.

Et voilà, les cinq jours de la première semaine du festival sont passés. Sept concerts déjà. Sept salles pleines. Et déjà quelques regrets de ne pas avoir tout vu, comme par exemple la soirée du samedi Badaboum où cinq chœurs et chorales toulousains avaient rendez-vous, à la prestigieuse Halle aux Grains, pour une fête du chant avec parfois cent cinquante choristes sur scène. Mais on ne peut pas tout voir ! Je te dis à bientôt pour la suite de mes Détours de chant.


Nota : Un grand merci aux Michelines (Charlotte et Marion) ainsi qu’à Jacoti pour leur contribution appréciée.

PS : Je voudrai dédicacer cet article à une passionnée de chansons et habituée du Café Plum. Après quelques échanges facebookiens ces derniers mois sur la chanson et les artistes ce fut un grand plaisir, après le concert de Ben Mazué, d’avoir un échange « réel ». Merci Laeti pour ton énergie, ton amour de la vie et de la chanson.

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