Ils veulent chanter sous les toits

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Ils veulent chanter sous les toits. Ce samedi 21 novembre, à l’auditorium de la Médiathèque d’Albi, 14 artistes, en solo ou duo, se présentent pour la sélection Chantons sous les toits 2016. Je suis venu sans connaître cette organisation et sans savoir qui j’allais voir. J’ai passé une après midi très intéressante.  Alors je te fais partager …

Mais Chantons sous les toits ! quoi que c’est ?

Photo Michel Gallas

Depuis plus de quinze ans je crois, et sous différentes formes  – Chant’ Appart’, Chantons sous les toits,  Chante Jardin et autres  – une nouvelle diffusion des concerts est apparue et connait un succès toujours grandissant. Chantons sous les toits ! organisée par l’association albigeoise L’Oiseau-Lyre compagnieexiste depuis 2005. De petites formes légères de spectacles d’auteurs-compositeurs-interprètes, venant de tout l’hexagone, sont proposées notamment à des particuliers sous leurs toits (salon, grange, jardin ou autres) et à des associations ou structures. Les «accueillants» réunissent chez eux quarante à soixante spectateurs, pour le(s) spectacle(s) qu’ils choisissent. Cette forme atypique de concert chez l’habitant permet de découvrir des artistes et des spectacles de qualité lors d’une rencontre originale qui mêle proximité, partage et convivialité. Elle offre un nouvel espace de diffusion de la chanson, complémentaire des lieux classiques, très apprécié par les  différents acteurs (artiste, « accueillant » et public).

Et cette après-midi de présentation, elle se déroule comment ?

Photo Michel Gallas
Flo Zink – Photo Michel Gallas

Chaque année, en novembre, une « présentation des artistes » est organisée à la Médiathèque d’Albi. Les candidats retenus réalisent une prestation de treize minutes maximum (pour la plupart cela correspond à trois chansons) devant leurs futurs « accueillants » et programmateurs. Ce samedi, quand on arrive dans la salle dite auditorium, ma première surprise concerne l’absence de sonorisation. Des conditions particulières mais finalement proches de celles que pourraient avoir les artistes dans les maisons. La seconde surprise se trouve dans l’affluence : sans publicité particulière, la salle est bondée. Si je connais seulement un seul couple d’accueillants, je note la présence du local Alain Navarro du festival Pause Guitare, de Dominique Janin du festival Alors Chante ! de René Pagès l’animateur d’émissions sur la radio Rd’autan et de passionnés de chanson que l’on croise souvent. Pour ma part, je suis en bonne compagnie avec d’une part Claude Fèvre qui, avec un article sur cette après-midi de présentation d’artistes va inaugurer son nouveau blog personnel et d’autre part Charlotte, bénévole sur plusieurs festivals, que j’évoque parfois sous l’appellation Micheline 2. En arrivant, on découvre aussi la liste des quatorze artistes et des six musiciens accompagnateurs. Peut être la dernière surprise : des artistes confirmés, d’autres qui portent leur projet depuis plusieurs années, absolument pas un plateau de « complètes découvertes ». Un seul artiste m’est complètement inconnu sur les quatre que je n’ai jamais vu sur scène. Pour la moitié des candidats j’ai déjà assisté à un concert complet et j’ai écouté les autres dans des tremplins ou plateau découvertes.

Et le « défilé » commence. Une sélection de qualité et éclectique. Les artistes sont présentés de façon personnelle par Frédéric Blanchard, l’organisateur de ces auditions. Audition, comme certainement chaque audition, pas facile pour les artistes. Treize minutes maximum pour « vendre » leur concert. Parfois beaucoup de routes parcourues  « 5oo kms par chanson »  dira un parisien (à noter que les trois chanteurs et le guitariste de la capitale se sont regroupés « en covoiturage » et ont été hébergés le soir). Pour certains, beaucoup d’attente pour passer devant un public peut être un peu « fatigué » en fin d’après midi après deux trois heures d’écoute. Mais, au-delà des contraintes et du stress, les artistes, avec qui j’ai un peu échangé, me parleront du plaisir des rencontres et de la possibilité d’obtenir plusieurs dates de concerts pendant deux saisons.

Bon, tu nous parles un peu de ton ressenti ?

Photo Michel Gallas
Hélène Piris – Photo Michel Gallas

Allez je te livre mes deux préférences, les deux prestations qui m’ont marqué. D’abord Louis Noel Bobey (mis en photo de une), slam et chant, avec une sélection alléchante et représentative de son répertoire. Il reprend Cécile de Nougaro en patois, nous émeut avec Autobus Nord qui évoque Marseille, et avec Zina chanson sur une ouvrière, impressionne avec Ma langue slam aux trouvailles textuelles  qui jouent sur les sonorités et les mots : du son qui fait sens. Maîtrise de l’écriture, plaisir de conter et fraîcheur du sourire. Lui qui chante souvent sans micro, rencontre un beau succès public. Anecdote significative : quelques passages avant le sien, je l’ai vu, au fond de la salle, assis contre le mur, presque allongé, les yeux fermés, semblant dormir. En fait, il était concentré et simulait dans sa tête son passage pendant qu’un autre chantait pour vérifier que les morceaux prévus étaient compatibles avec le temps imposé. Ensuite, j’ai à nouveau apprécié Hélène Piris, sa voix particulière, l’émotion qui se dégage de ses chansons récentes, La phocéenne ou La garrigue et la centrale nucléaire et la complicité musicale avec son guitariste, au jeu subtil, Oriol Martinez. Une belle réaction du public a accueilli sa première chanson, La route vers tes chansons, version  moderne et ironique de La route aux quatre chansons de Brassens. Cette lyonnaise, qui s’accompagne au violoncelle, je l’ai vue un mois auparavant aux apéros concerts du Grand Rond à Toulouse (oh Hexagonaute Michel le flemmard te doit, d’ailleurs, un article à ce sujet !) Et ce samedi, j’ai eu l’impression qu’elle se « lâchait » de plus en plus (interprétation et voix) : le plaisir de spectateur en est accru. Je pense que mes deux préférences Bobey et Piris devraient obtenir quelques dates vu notamment l’accueil de l’auditoire à leurs prestations. Des quatre jamais vus sur scène, j’aimerai bien revoir plus longuement Flo Zink et François Puyalto. Flo Zink nous a laissé entrevoir de belles qualités d’interprète et un univers mêlant fantaisie et poésie. Elle a démarré par Sweet Paris une touriste dans la capitale, fort accent anglais et claquettes, puis elle nous a évoqué Nous, les vieux rêves (« On vous rappelle que la vie passe alors on vous attend ! »).  Et j’aimerais écouter à nouveau aussi François Puyalto et les effets qu’il tire de sa basse et aussi de sa voix en faisant sonner les mots. Humour, musicalité et humanité.

Et les autres, tu nous en dis quelques mots ?

Photo Michel Gallas
Marin – Photo Michel Gallas

Marin, le toulousain, qui inaugurait une nouvelle formule avec sa contrebassiste Aude Bouttard (et qui a envoyé à l’organisateur la photo du Marin sur le toit que j’ai placé un peu plus haut). Avec le même répertoire qu’en trio, il fait le choix de chanter les autres : Norge, Galure, Gautier. Il semble de plus en plus à l’aise devant le public et assume ses orientations de poésie décalée. Rosie Marie, la dernière à se présenter des quatorze, a attendu quelques heures pour nous faire écouter ses mélodies au piano, sa voix claire et l’excellent guitariste Martial Bort qu’elle partage avec Flo Zink. Si j’avais une grande maison avec jardin, sûr que je ferais venir En Gaouach, duo occitan, et leur spectacle Chansons à danser. Lou Dàvi au chant et au tambourin, Alice Behague à l’accordéon. Rythme et accent. Des réminiscences des Fabulous TrobadorsIls font reprendre le mot poutou à l’auditoire dans leur chanson « dédicacée à celui qui aimerait qu’on lui fasse des bisous.»  Je te cite les autres participants. Certains ont déclenché des applaudissements nourris. Comme l’expérimenté Pascal Mary, en solo piano voix, un fidèle du festival d’Avignon off où il chante trois semaines d’affilée depuis plusieurs années. Plume aiguisée, poésie et ironie féroce. En solo piano, nous avons aussi vu Guilam qui a pris sa guitare pour un titre et Dimitri Norman. En solo guitare, Nicolas Roger a précédé GaliM voix rauque et énergie. Ensuite, petit tour du côté du blues avec Cadijo, à l’harmonica, accompagné à la guitare. Et pour finir l’inventaire, duo de guitares (ou plutôt guitare et dobro) avec Nicolas Vitas au chant accompagné par Gérard Védèche.

Et après ces présentations, il se passe quoi ?

Photo Michel Gallas
En Gaouach – Photo Michel Gallas

Une semaine après cette présentation des artistes, une réunion de programmation Chantons sous les toits 2016 est basée sur le choix des accueillants. Ceux-ci se déterminent à partir des quatorze propositions 2016 et aussi sur une vingtaine de spectacles programmés en 2015. Un regard sur cette liste en montre la qualité. Hé Hexagonaute les « accueillants » de Tarn et Garonne et d’Haute Garonne ont un peu les mêmes goûts que ton magazine web préféré. En effet, ils ont reçu chez eux Garance (pour 4 concerts en 2015), Bossone et Tomislav évoqués plusieurs fois et programmés à la Blackroom. Et aussi les artistes que j’ai déjà chroniqués comme Victoria Lud (4 concerts), La Reine des AveuglesLucien la movaiz graineHervé Suhubiette (tous de la région toulousaine) et Karim Gharbi (4 concerts pour le belge) ou que j’ai cités dans mes sélections mensuelles des concerts à venir comme Camu et Orlando.

En synthèse, un mode de diffusion très intéressant pour tous et une belle sélection qui donne envie d’aller voir des concerts « sous les toits » moi qui ai connu mon premier concert chez l’habitant, le mois dernier, pour Manu Galure. Et on termine par quelques paroles bien représentatives : « On ouvre sa porte, entre la cohorte Des gens assoiffés de mots et de notes Des gens affamés de convivialité Qui vont se parler gentiment quelle merveille ! Un p’tit bouquet de chansons à l’oreille. »  Ces paroles sont extraites du titre Chantons sous les toits ! de Frédéric Blanchard qui a connu les Chant’Appart’ en tant qu’artiste avant de s’occuper de L’oiseau-Lyre Compagnie et de … Chantons sous les toits.

Présentation des artistes pour Chantons sous les toits 2016 le 21 Novembre organisé par l’Oiseau-Lyre Compagnie à la Médiathèque d’Albi.

Rappel : un clic sur le nom de l’artiste ou du groupe et hop tu te retrouves sur le dernier article publié dans Hexagone ou sur le site de l’artiste.

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