Une Demoiselle sur une balançoire

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Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal

Samedi dernier, Hexagone avait mis le cap sur Pantin. Direction La Menuiserie et ses menuisiers mais également direction la Demoiselle Inconnue qui venait faire taire  un peu plus encore son anonymat, tant chacune de ses apparitions nous semble la confirmation d’un talent hors norme.

On avait pris date depuis un moment pour venir juger sur planches tout le bien que l’on pensait de cette demoiselle qui balance entre introspection, non dits ou à moitié dits et avalanches de mots d’oiseaux. Des mots d’oiseaux comme sur le Gros dégueu que tu trouveras ci-dessous, mais aussi d’autres tournures à te mettre en vrac où poésie populaire le dispute à l’émotion la plus vive. Ça frôle l’incandescence par moments. Ma retenue que l’on retient comme un tube d’infidélité non pratiquée, Les Pirates, Mille Bouches, La Louve et je ne te les sers pas toutes mais le cœur y est. Crois-moi !

Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal

Samedi soir, en plateau partagé avec Ivy, habile slameur québécois, la Demoiselle Inconnue a déroulé, seule, s’accompagnant très souvent de sa guitalélé mais également à la folk ou à la Stratocaster qu’elle joue avec un archet. Ben ouais, elle est comme ça l’Inconnue, elle ne fait rien comme les autres. Une artiste à temps complet, qui avant le concert se fend d’un dessin sur la nappe de sa table. Comme ça, en dînant. Après, elle déboule sur scène et entame son show passant aisément du français à l’anglais, invitant au passage Britney Spears – une poupée Barbie que la Demoiselle utilise comme médiator – pour une reprise de Baby one more time. Moment cocasse.

La Demoiselle Inconnue chante, plutôt bien même, mais pas que. Je m’explique. On se méfie toujours à raison des comparaisons hâtives ou pas, mais il n’est cependant pas sot de mentionner un cousinage avec Loïc Lantoine. Comme son aîné, la Demoiselle Inconnue donne assez régulièrement dans une sorte de chanson « pas chantée ». Un texte puissant, lourd, vient se poser sur un accompagnement minimaliste. Juste 2 ou 3 accords sur un arpège ou une rythmique des plus basiques, les cordes à peine effleurées. Le reste, c’est l’interprétation, la magie de mots percutants déversés comme une excuse, des mots susurrés mais sans censure pour une politesse prononcée avec force détermination. Cette détermination, cette force intérieure que l’on sent présente à chaque instant, comme une écorchure que l’on ne souhaiterait pas voir cicatriser.

Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal

La Demoiselle Inconnue n’invente pas une nouvelle manière de faire de la chanson, ne révolutionne pas les thèmes qui honorent le genre. Néanmoins, c’est dans sa façon d’écrire qu’elle se démarque de la confrérie. Elle n’est pas dans un constat frontal et factuel de situation, ne narre pas des situations vécues mais à l’inverse raconte ce qui aurait pu se passer, ce qu’elle imagine comme chant des probables et des possibles. Elle analyse l’implicite et porte un regard sur sa réception. C’est très proustien comme démarche. Gros Dégueu en est un bon exemple, au même titre que Ma Retenue. L’histoire commence là où elle s’est arrêtée dans le réel. L’imagination fait le reste.

Du talent te dis-je cette Demoiselle. Le public ne s’y est pas trompé. Il est venu, il était là, la salle bondée pour applaudir cette jeune artiste, épatante de sincérité et de création. « J’ai des choses à ne pas te dire » annonce-t-elle sur Ma Retenue. Et, elle les dit bien !

La Demoiselle Inconnue sera au Bijou à Toulouse, les 27 et 28 novembre prochains.


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