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En février, des concerts dans le Tarn et alentours

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Cette sélection propose une quinzaine de concerts avec notamment le passage dans la région des Fouteurs de Joie et de Samuele qui vient du Québec.


Dans le cadre de Chantons sous les toits

samedi 3 : Maxime Della Coletta – Salle des Auriols à Labruguière,

samedi 10 : AnneliSe Roche (chronique d’album dans n°20 et compte-rendu de concert dans n°21 de la revue Hexagone) – Salon Articole à Gaillac,

Dans le Tarn au Café Plùm à Lautrec

vendredi 23 : Résistantes mêlant archives et chansons originales avec Anouk Colombani (autrice et guide-conférencière, Christelle Boizante et Léa Noilhan (voix), Mymytchell (guitare, voix et composition) et Aida Sanchez (piano, voix et composition),

samedi 24 : Samuele vient du Québec pour de la chanson rock en trio.


Dans le Tarn-et-Garonne

jeudi 8 : Marie Sigal en solo piano voix – Le Fort à Montauban,

dimanche 11 : Erdöwski (Muriel Erdödy textes chant et guitare, Alexis Kowalczewski clarinette batterie et arrangements) pour de la poésie sauvage – Les Musicales du Dimanche à La Négrette Labastide St Pierre (17h30),

jeudi 29 : Davy Kilembé Le langage des gens d’en bas en solo le spectacle du nouvel album qui sort le 16 février – Le Fort à Montauban.


En Ariège

samedi 3 : Jourdaà (compte-rendu de concert dans n°21) Un artiste singulier pour un superbe spectacle à découvrir absolument – Relais de Poche à Verniolle,

dimanche 4 : Nicolas Bacchus (entretien dans le n°28) – Chansons à domicile Les Andreous à Artigat,

samedi 17 : Dïak – Le Poulpe du Lac à Sainte-Croix- Volvestre,

samedi 24 : Sten et Chardon (compte-rendu de concert dans n°29) – Un spectacle jubilatoire, original et drôlissime. Lucas Lemauff et Nicolas Vezzoni déterrent les dossiers secrets de la Sacem – Salle des fêtes à Daumazan-sur-Arize,

samedi 24 : Archibald Tout va bien s’passer dans ce riche spectacle en solo aux voix multiples – Relais de Poche à Verniolle.


En Aveyron

vendredi 23 : Fanny Roz Harpeuse en solo – chez l’habitant à St- Afrique et dimanche 25 – Château d’Arvieu à Arvieu,  

Dans l’Aude

jeudi 8 : Les fouteurs de joie (entretien dans le n°28) Nos courses folles. De la chanson spectaculaire avec 5 chanteurs-musiciens-comédiens – Théâtre des 3 Ponts à Castelnaudary et vendredi 9 : Le Chai à Capendu.


En février, des concerts à Toulouse et en Haute-Garonne

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Un mois alléchant : plus de 20 spectacles et de 30 concerts ! Avec notamment une création sur Rimbaud avec Dick Annegarn, un spectacle guitare voix sur les chansons de Nougaro, le passage en Haute-Garonne d’Ange, Stephan Eicher et IAM, quatre soirées avec le nouveau spectacle solo de Flavia Perez précédées de quatre premières parties différentes, la première venue à Toulouse d’AnneLise Roche, Kloé Lang et Mayu, et quelques artistes locaux et régionaux.


Au Bijou à Toulouse

jeudi 15 et vendredi 16 : Yvan Cujious & Louis Winsberg 1 voix, 6 cordes sur le répertoire de Claude Nougaro,

jeudi 22 et vendredi 23 : Dick Annegarn et Jérôme Boloch Deux Routes Rimbaud,

mardi 27 février : Tremplin Osons – quatre candidats pour une sélection à la demi-finale,

mercredi 28 et jeudi 29 : Jérôme Pinel pour la première fois en quatuor à Toulouse (clavier – guitare- batterie)


Ailleurs à Toulouse

​vendredi 2 : Alice Bénar pour un concert dessiné à l’Imagerie,

​jeudi 8 et vendredi 9 : Juste une fille en duo au TUM Salle Alban Minville,

du jeudi 8 au samedi 10 : Manon Gorra en solo Le goût de toi par au Théâtre du Grand Rond,

vendredi 9 : Mayu en quartet au CC St Cyprien,

vendredi 9 : Marie Sigal en solo à La Candela,

dimanche 11 : AnneLise Roche dans le cadre de Chantons sous les toits,

lundi 12 : Mymitchell en avant-première propose les chansons de son nouvel album, Un monde, au Théâtre du Grand Rond (19h)

jeudi 15 : Kloé Lang en solo vient chanter son tout récent album 6 titres Ce que la nuit à l’Itinéraire Bis,

du jeudi 15 au samedi 17 : Tube Meuchine pour un Jukebox humain live en trio au Théâtre du Grand Rond,

du mercredi 21 au samedi 25 : Flavia Perez présente son nouvel album en solo avec chaque jour une 1ère partie : mercredi Fanny Roz Harpeuse Solo, jeudi Audrey Péral, vendredi  Marc Hévéa et samedi Lise Martin,

jeudi 22 : Le bureau d’études de la chanson – La pause musicale salle Sénéchal,

jeudi 22 : Eva Glorian en solo piano-voix au Théâtre de poche,

jeudi 29 : Davy Kilembé en solo avec son nouveau spectacle, Le langage des gens d’en bas – La pause musicale salle Sénéchal.


En Haute-Garonne

samedi 3 : Stephan Eicher Et voilà en quartette avec des instruments automates à Muret,

mardi 6 : IAM – Bikini à Ramonville,

Vendredi 9 : Jules Nectar trio de la folk-song à la française – La grande famille à Pinsaguel,

samedi 10 : Ange – Bikini à Ramonville,

samedi 10 : Clara Sanchez en solo accordéon – L’Epicentre à Martres-Tolosane,

jeudi 29 : Cali 20 ans d’amour parfait en duo avec Steve Nieve à Muret.

Michèle Bernard – Miettes

Avec modestie, Michèle Bernard intitule son nouvel album Miettes… comme si elle s’excusait que nous dussions nous contenter de ce qu’il reste. Nenni ! Celle qui il y a trois ans faisait paraître une intégrale n’a pas refermé l’encrier : ses dix-neuf titres forment un grand disque, un disque-baume-au-cœur contagieux. « Mes souvenirs miettes de pain / Je les regarde avec tendresse / Voilà ce que ma vie me laisse… » Tout’ manières…, paru en 2016, ne faisait pas l’impasse sur le monde contemporain : Je clique crayonnait un quotidien pathétique souvent boudé par les poètes. Ouvrant l’album par J’veux pas de puce, Michèle Bernard continue de croquer son siècle, le nôtre, tel qu’il est : brutal… et elle y parvient sans brutalité. Les tabous, les douleurs, vous les connaissez : la guerre (Le manège bombardé, Et puis voilà), les injustices à l’échelle de la planète (Où irez-vous, Communardes), la nature en souffrance (Quatre petites chouettes), le progrès insensé et la morgue des dirigeants (Amish). Mais cet inventaire ne dit pas la sensibilité et la joie que porte en elle cette artiste à la voix alerte, avec espièglerie. L’accordéon parfait de David Venitucci — avec Nicolas Frache aux guitares et Pascal Berne à la contrebasse — façonne un écrin à la poésie sans faux-semblants de Michèle Bernard qui, avec ses « miettes », nous offre ce qu’il reste de beau.

Flavie Girbal

Michèle Bernard, Miettes

EPM


Chronique parue dans le numéro 29 de la revue Hexagone

Détours de chant, du 23 janvier au 3 février, à Toulouse et alentours

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Pour sa 23e édition, le festival hivernal de la région Occitanie, du mardi 23 janvier au samedi 3 février, Détours de chants, propose à nouveau, une affiche riche et éclectique de 33 artistes et groupes pour 46 concerts sur 19 lieux (15 à Toulouse et 4 dans les environs) ! La programmation, à découvrir en détail sur le site Détours de chant, exprime la volonté, comme chaque année, de montrer la chanson multiforme d’aujourd’hui en proposant découvertes et retrouvailles, à la fois quelques « têtes d’affiche », des artistes confirmés non médiatisés et des talents à découvrir avec une large part aux artistes régionaux.


Les artistes reconnus dans les lieux à jauge importante

A la Halle aux Grains, Juliette avec ses quatre musiciens – c’est… complet – et l’évènement du festival : Leprest en symphonique avec l’orchestre National du Capitole, les voix de Clarika Enzo Enzo Cyril Mokaiesh et Romain Didier également au piano, les arrangements symphoniques de Dylan Corlay pour mettre en valeur les textes d’Allain Leprest.

En dehors de Toulouse, au Bascala à Bruguières, Hervé Suhubiette + QuarteXpérience chantent Anne Sylvestre. Il reprend et actualise son spectacle en l’enrichissant d’invités Michèle Bernard, Lise Martin, le duo local Erdowsky et un choeur éphémère de plus de 50 personnes Les gens qui doutent.

L’ouverture et la clôture du festival

A Toulouse au théâtre des Mazades, l’ouverture le 23 janvier sera chanson-rap : Petite Gueule en solo, généreuse et inventive, puis le toulousain HYL, vainqueur du Pic d’or, en trio. En clôture du festival, Batlik en tournée d’adieu qui vient de publier son treizième et ultime album Numéro 13 avec en première partie et en jaune Adélys qui chante et danse seule en scène.

Les artistes non médiatisés

Alexis HK sera à l’Escale à Tournefeuille. Nicolas Jules, Eric Lareine et le guitariste Pascal Maupeu chanteront et diront Leonard Cohen avec September Cohen au CC Henri Desbals (à noter que Nicolas Jules ouvrira la soirée en solo à 19h). Lise Martin en quatuor – violoncelle, guitares, batterie et ukulélé – sera à Launaguet.

Une belle place pour les talents locaux et régionaux

Au Bijou la salle chanson de Toulouse, nous pourrons apprécier Délinquante avec ses deux chanteuses accordéonistes Céline et Claire ainsi qu’Arbas en trio. Le duo féminin multi-instrumentiste Soleynia se produira au Chapeau Rouge. A la médiathèque Cabanis, Davy Kilembé jouera en trio son nouveau spectacle Le langage des gens d’en bas titre de l’album à venir et également Je viens d’où tu vas son spectacle jeune public en duo avec Samir Mouhoubi. Simon Chouf présentera son nouveau répertoire en trio (guitare-clavier-batterie) à Castanet et la jeune Halynka sera en première partie d’Alexis HK.

Les spécificités habituelles

Le gagnant du prix des lycéens de la journée « Coups de pousses », effectuée en Novembre en avant-première du festival, Primo Gaouzi joue à La cave poésie. Des concerts en journée sont gratuits. Quelques uns à la mi-journée : ceux de la Pause musicale à la salle Sénéchal, le premier jeudi Camille Laily et ses chansons poétiques et le jeudi suivant Après le théâtre sur les chansons d’Anne Sylvestre en duo piano voix ; et à La fabrique un réjouissant spectacle de beatbox par Kosh. Dans les médiathèques le samedi après-midi à Empalot Jeanne et Serge spectacle de reprises par un duo au chant et à la musique (violoncelle guitare), et à Saint-Cyprien l’impertinent Nicolas Bacchus en solo guitare et toujours à Contrepieds (titre de son sixième album). A la fabrique. Deux autres concerts sont en participation libre au Théâtre du Grand Rond avec, la première semaine, la québécoise Jeanne Côté à découvrir en solo piano-voix, et, la seconde semaine, l’attachant Hector ou rien en solo guitare. Pour laisser plus de choix aux spectateurs, cinq artistes jouent deux fois et deux autres cinq fois.

Et d’autres propositions

D’autres propositions, preuves de l’éclectisme de ce festival ? Des artistes d’outre-Atlantique avec le duo québécois Dans l’Shed au Bijou, des artistes à découvrir comme Arthur Ely et Oscar les Vacances, du rock avec Paradis Minuit + Ericnemo Stereopop Orchestra, et de l’étonnant avec Lokk & Zarn.

A noter que les dessins de l’affiche et du programme sont de « notre Pierick Hexagonal »

En janvier, des concerts à Toulouse et en Haute-Garonne

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L’année reprend en beauté avec une vingtaine de spectacles : concerts de sortie d’album, de sortie de résidence, des soirées avec plusieurs artistes et la venue de Thomas Fersen, Michel Jonasz et Barcella. Tout ceci sans prendre en compte à partir du 23 janvier les concerts du festival Détours de Chant qui feront l’objet d’un article dédié.


Au Bijou à Toulouse

mardi 9 : Tremplin Osons. Première demi-finale avec les artistes issus des sélections mensuelles : Bercé, Chacha Club, Anibal Galant et Audrey Peral,

mercredi 10: Hervé Peyrard en solo guitare,

jeudi11 et vendredi 12 : La femme d’Hector, un quintet de reprises de Brassens en manouche avec Simon Chouf au chant et les excellents Thomas Kretzschmar au violon et Nicolas Grosso à la guitare manouche complétés par batterie et contrebasse,

jeudi 18 et vendredi 19 : Sten & Chardon un superbe spectacle d’humour musical avec Lucas Lemauff et Nicolas Vezzoni.


Ailleurs à Toulouse

jeudi 11 : Julien Clastres en solo guitare pour fêter la sortie en physique de son premier album 5 titres à L’Itinéraire Bis,

jeudi 11 : Michel Jonasz, Du blues, du blues au Casino Barrière,

du jeudi 11 au samedi 13 : Nuées Sauvages duo avec Sophie Boudieux et Jeanno Leh. A découvrir,

vendredi 12 : Le concert à Juli ! en sortie de résidence en duo piano-voix à l’Espace Job,

samedi 13 : Les zebres à trois avec le superbe concert dessiné Noir sur blanc à la salle Nougaro,

samedi 13 : Suzanne Belaubre en co-plateau avec Mafalda High aux théâtre des Mazades,

jeudi 18 : A cœur ouvert, soirée avec Julien Clastres en duo avec la danseuse Maya Martinez, Paulymorphe et Nolika au Connexion live,

vendredi 19 : Marie Sigal avec Femme tatouage son nouveau solo piano-voix en sortie de résidence à St Cyprien,

vendredi 19 : Guillaume Barraband et sa Fantaisie macabre en trio au CC Soupetard,

mardi 23 : Felix en groupe pour le concert de sortie de l’album Demain est annulé -Espace Job,

samedi 27 : Julien Clastres en duo avec la danseuse Maya Martinez à l’Evasion,

mardi 30 : Barcella à la salle Nougaro.


En Haute-Garonne

samedi 6 : Chimène Badi chante Piaf à Muret,

vendredi 12 : Hervé Richon en concert de sortie de résidence – La grande Famille à Pinsaguel,

samedi 20 : Thomas Fersen et son spectacle Mon frère c’est Dieu sur terre, un superbe concert-lecture en quartet à Muret,

jeudi 25 : Chamel n°5 (Fanny Roz et Camille Lemarchand) pour Fragrance d’amour – Café culturel l’Entrepotes à Gratentour.

En janvier, des concerts dans le Tarn et alentours

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Une sélection de plus de vingt concerts pour un joli début d’année avec, entre autres, l’alléchant festival Les Givrées à Millau et trois concerts au bar culturel Cartes sur table à Gaillac.


Dans le Tarn à Cartes sur Table à Gaillac

samedi 6 : LeHache le Rhône-alpin en solo guitare,

samedi 13 : Corentin Grellier en duo guitare-accordéon avec Claude Delrieu,

samedi 27 : Arbas et son ukulélé, en trio.

Ailleurs dans le Tarn

samedi 20 : David Lafore en solo pour son spectacle étonnant-Halle aux Grains à Lavaur,

vendredi 26 : Jérôme Pinel – Espace Apollo à Mazamet,

dimanche 28 : Khôl, vient de l’est de la France pour un concert en piano solo – Salon Articole à  Gaillac dans le cadre de Chantons sous les toits.


En Aveyron l’écofest’hivernal Les Givrées à Millau et alentours

David Lafore, artiste fil rouge et givré : jeudi 25 en solo, vendredi 26 en duo Boum Boum avec le batteur Gildas Etevenard et samedi 27 pour un concert/lecture,  

Manu Galure avec le spectacle tout public J’ai dormi près d’un arbre vendredi 19 à Roquefort-sur-Soulzon et samedi 20 à Nant,

Reno Bistan avec Radio Bistan (compte-rendu à lire ici) un original et réussi spectacle musical de radio le dimanche 21 à Tournemire,

Jamais contents un spectacle carrément Souchon avec Ben Ricour, François Guernier et Cheveu mardi 23 – Maison du peuple à Millau,

Karimouche jeudi 25 avec Lison en 1ère partie,

Nach vendredi 26 avec en 1ère partie Blonde Hiver duo toulousain d’électro pop composé de deux membres du trio Jules Nectar,

Maïa Barouh samedi 27 : une étonnante et talentueuse artiste en trio,

Barcella samedi 27 pour son spectacle et dernier album Mariposa avec Adelys en 1ère partie.

Ailleurs en Aveyron

samedi 20 : Lizzie en solo voix fabuleuse et guitare à  Compolibat dans le cadre de Chantons sous les toits.


Dans le Tarn-et-Garonne

dimanche 14 : Magyd Cherfi chante et lit en trio (piano, guitares) pour Les Musicales du Dimanche à La Négrette Labastide St Pierre,

samedi 27 : Sandra Dalet héraultaise en solo piano-voix – Un joli concert à découvrir – Les p’tits rdv du théâtre Olympe de Gouges à Montauban

Xavier Plumas, Steppe by steppe

En parallèle de Tue-Loup qu’il a fondé avec Thierry Plouze en 1995, Xavier Plumas a entamé depuis 2009 une carrière en son nom. Pour autant il serait faux de dire qu’il poursuit une carrière solo, car il aime s’entourer afin de proposer des lieux de création collective. Ayant d’abord évolué dans un milieu pop rock à la fin du siècle dernier, Xavier Plumas a eu à cœur, au fil de ses parutions, d’inviter les saveurs musicales du monde. Dans son quatrième album, Rose-amère, il convoque les sonorités malgaches, le créole et la poésie de William Blake. Cinéphile, lecteur de littérature contemporaine, explorateur de la diversité qu’offre la création, arpenteur des chemins de campagne, Xavier Plumas, implanté dans la Sarthe, s’autorise à aller où bon lui semble.

Pourrais-tu raconter la genèse de Tue-Loup à nos lecteurs ?

Jeune adulte, j’ai vécu plus d’un an à San Francisco. Frédéric Testu, décédé cet automne en même temps que Jean-Gilles Badaire — ce sont les deux personnes auxquelles je dédie Rose-amère —, était un très bon ami. Or le père de Frédéric m’avait assuré que pour réussir dans la musique, il me fallait apprendre l’anglais et il m’a payé un billet d’avion pour que je rejoigne son fils à San Franscisco. J’y suis parti dans la semaine. Pour payer mon loyer, je jouais dans la rue, et ce tous les jours. Quand je suis rentré — chez mes parents, à Dollon —, je ne savais pas trop ce que j’allais faire mais j’avais acquis cette expérience.

Mon frère me présente alors Thierry Plouze, qui est guitariste. Je me suis installé au Mans puis, avec le bassiste et le batteur, nous avons démarré Tue-Loup. Le nom est tiré du lieu-dit où habite Thierry et où nous avons enregistré en deux jours notre premier album, Les sardines. Cet album n’a pas été diffusé, mais je l’ai envoyé aux Inrockuptibles, le seul magazine que je lisais, et à Pias, le seul label que je connaissais parce qu’il importait toute la musique indépendante que j’écoutais. Les Inrocks ont chroniqué le disque en s’amusant du fait qu’ils ignoraient totalement d’où il venait, et dans la semaine Pias m’appelait. Après ce premier album, nous en avons enregistré un second, qui nous a pris nettement plus de temps — quatre jours. (Rires.) Cet album est devenu le premier album officiel de Tue-Loup, La bancale, en 1998.

La remarque des Inrocks est intéressante car tout compte fait, ne pas diffuser de photos de vous, en tout cas sur les pochettes, c’est quelque chose que vous avez gardé.

À part pour mon premier album solo en 2009, La gueule du cougouar, illustré par un portrait de moi par Jérôme Sevrette, c’est vrai qu’on ne voit pas nos têtes. Comme amateur de musique, j’aime les disques mystérieux, et j’aurais même préféré être représenté de dos sur ce premier album solo.

Le nom de « Tue-Loup », sans photo des membres qui le composent, n’a-t-il pas donné lieu à des malentendus ?

C’est véritablement un toponyme. Mais Thierry a dit pour blaguer que c’était le dernier lieu où un loup avait été tué dans la Sarthe, et c’est resté. Ce qui est totalement faux. « Tue-loup » est le nom courant de l’aconit tue-loup, une plante vénéneuse. Dans la région beaucoup de noms font référence aux loups. Un autre malentendu a été de croire que nous y vivions en communauté, ce qui n’a jamais été le cas.

Après Pias, vous signez avec Le Village Vert : deux maisons de disque qui diffusent de la pop française.

Nous avions signé chez Pias pour trois albums, et le discours voulait que cette maison de disque indépendante défende la liberté artistique absolue. Grâce à Yves Lecarpentier, le directeur artistique qui nous a fait signer, nous avons pu enregistrer La belle inutile, le deuxième album, à Marrakech, dans un riad où le matériel avait été apporté par des ânes. Mais pour le troisième, Penya, j’avais pris une direction musicale radicalement différente, en invitant notamment un pianiste de jazz. Pias a refusé de le sortir arguant qu’il ne contenait pas de titre défendable en radio. Nous étions jeunes et impétueux et nous avons claqué la porte, pensant retrouver facilement un label puisque ça marchait bien pour nous. Ça n’a pas été si facile, et seul Le Village Vert nous a fait confiance. Mais l’histoire s’est répétée avec cette maison de disque, encore plus indépendante et confidentielle que Pias. Ils ont fait paraître en 2004 Tout nu, un album de reprises, mais l’année suivante ont refusé Rachel au rocher — paru finalement chez Naïve — au prétexte qu’il ne contenait pas de single.

Aux commencements de Tue-Loup, la presse parle de rock littéraire, fait référence à Noir Désir. Te reconnaissais-tu dans la manière dont a été perçu Tue-Loup ?

Pas vraiment pour Noir Désir, mais je reconnais volontiers l’influence de Jean-Louis Murat qui a aussi été avancée. Stéphane Deschamps, des Inrocks, pour notre première chronique avait mis en exergue : « Tue-Loup chante comme Murat et joue comme Swell » et ça me convenait tout à fait — j’adorais bien évidemment ce groupe de San Francisco !

On lit aussi volontiers que tu es un amoureux des mots. Comment s’est faite la distribution des rôles dans le groupe ?

J’ai toujours aimé lire et j’avais déjà quelques chansons lorsque je suis allé à la rencontre de Thierry. Mon idéal aurait été d’atteindre une forme de création collective où chacun apporte quelque chose à tour de rôle, mais ça ne se passe finalement jamais comme ça : pour mettre un album en route, j’arrive avec une poignée de chansons. Éric Doboka, excellent compositeur, ainsi que Thierry, considèrent que c’est mon rôle, mon initiative.

Ce qui fait qu’il y a peu de différences entre Tue-Loup et Xavier Plumas, car Éric et Thierry participent aux deux projets.

Dans les albums en mon nom j’invite d’autres artistes, mais il est vrai que les membres de Tue-Loup participent également.

Entre Tue-Loup et Xavier Plumas, tu viens donc de faire paraître ton seizième album…

Dix-septième, parce qu’en 2005 j’ai fait paraître un album sous le nom de Fulbert, Les anges à la sieste, ma première escapade hors Tue-Loup.

Que représente ce dix-septième ?

Je ne raisonne pas de cette manière. Ce qui m’intéresse et me motive davantage que d’accumuler les albums, c’est le prochain. Les personnes qui suivent l’histoire depuis le début sont assez rares, mais leur présence me touche. Stéphane Herzog, mon ami écrivain, m’assure que j’ai réalisé une œuvre, mais je n’ai pas cette vision.

Xavier Plumas ©David Desreumaux – Utilisation interdite sans l’autorisation de l’auteur

Parmi les invariants, tu choisis systématiquement des titres d’album qui ne sont ni matriciels (mis à part Total musette) ni ne reprennent le titre d’une chanson. Ils demandent souvent une explication : pour Mayerling par exemple, paru en 2018, c’est la marque de la montre de ton grand-père.

Ça tient de la volonté de proposer un projet global. Il ne s’agit pas de concept-albums comme ça se voyait dans les années 70, pour autant ça s’en approche : l’album représente une période de ma vie et il se construit dans une forme de cohérence et par accumulation. J’y développe un son singulier qui tient au lieu, à l’enregistrement live… Le titre de l’album raconte ce moment singulier.

Pourquoi, en 2009, un premier album de Xavier Plumas ?

Raphaël Montet, que j’avais rencontré chez Pias et avec lequel je suis devenu ami, m’avait offert de produire personnellement le premier album que je ferais, enregistré par Gilles Martin, uniquement parce qu’il souhaitait entendre un album de Xavier Plumas ! Ce n’était pas mon initiative, mais ça ne se refuse pas. En définitive, nous avons enregistré en guitare-voix et les trois réalisateurs ont travaillé à distance, ce qui fait que je n’ai pas eu accès à leur travail avant publication. Cette manière de faire est aux antipodes de ce que j’avais fait jusque-là, mais c’était intéressant.

Rose-amère, paru cette année, est un album solo mais est loin d’être un album fait tout seul. Il a été composé durant le confinement…

Il fallait bien s’occuper durant cette période… Je vis en pleine campagne, aussi le confinement n’a pas changé mon quotidien — si ce n’est que plus rien ne se passait professionnellement. J’ai composé ce disque, pensant à l’après. Nous avons donné un concert avec Tue-Loup où nous partagions la scène avec Berikely & Zama, un groupe de musique traditionnelle malgache emmené par Éric Doboka. Ça m’a donné l’envie d’orienter l’album que je venais de composer dans cette direction, avec cette couleur exotique, en invitant certains membres du groupe.

D’ailleurs Tue-Loup est le premier en 2002 à reprendre Rest’ la maloya du Réunionnais Alain Péters, avant Sages comme des Sauvages en 2015 et Moriarty en 2016. Ce goût pour l’exotisme ne date pas d’hier…

C’était pour Penya qui nous a valu de prendre la porte de Pias, et à l’époque Péters venait tout juste d’être réédité en CD. L’Afrique en général me fascine depuis toujours. J’aime la richesse de cette musique parce que je ne la comprends pas : son rythme est différent de la façon dont nous percevons les choses. La version originale de Rest’ la maloya est fluide, mais à l’écouter de plus près, les musiciens ne partagent pas la même pulsation et c’est incroyable !

Rose-amère a été enregistré en prise directe : est-ce à dire que les musiciens improvisent lors de l’enregistrement ?

Avant la prise nous répétons trois fois. Cette fois nous avons décidé non pas d’enregistrer chacun dans une pièce avec des casques, mais de jouer ensemble et de nous écouter. Et l’expérience a été fabuleuse : la fluidité était telle que nous n’avons fait que trois prises par chanson.

La pochette de Rose-amère a été peinte par Agnès Paspire, qui signe aussi un des textes en créole. D’autres collaborations ont été porteuses pour cet album ?

En voyant le groupe Berikely & Zama, j’ai été saisi par les percussions de Bema Ratovondrahery. C’est très rythmé — j’appelle ça de la « techno bio ». (Rires.) Il a été très créatif, comme tous les participants de l’album.

Ramo, titre d’un des albums de Tue-Loup, fait référence au Portugal ; Rose-amère invite le créole ; et la presse régionale aime à rappeler ton appartenance au pays sarthois. Or tu nous as dit y être retourné par hasard. Quel est ton rapport avec ce territoire ?

Je vivais au Mans, J’ai voulu vivre à la campagne lorsque nous avons appris la grossesse de ma compagne. Et par le plus grand des hasards, elle avait des attaches dans mon village d’enfance. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes installés à Dollon. Ce choix influence certainement mon rapport à l’écriture, mais aussi mon rapport au monde en général. Souvent on me parle du fait que mes textes ne sont pas clairs, pas limpides. Je ne savais pas quoi en penser. J’ai été éclairé par la lecture de l’anthropologue Philippe Descola, qui remet en question la frontière entre nature et culture — deux concepts occidentaux qui pour lui sont totalement fabriqués, qui plus est dans leur antinomie. Parler de « nature » c’est s’en exclure. Les civilisations primaires se considèrent comme faisant partie du vivant. Je crois que depuis toujours, c’est la recherche que je mène à travers mes textes afin d’abolir les catégories : je parle des rapports humains au travers de métaphores inspirées par le paysage… et tout se mélange. C’est un imbroglio peu limpide, mais mon but est davantage d’exprimer un rapport au vivant, une humeur, que de raconter une histoire.

Xavier Plumas ©David Desreumaux – Utilisation interdite sans l’autorisation de l’auteur

Cette quête du global — rechercher la création collective, inviter des intervenants… —, c’est aussi quelque chose que tu poursuis dans ta façon de travailler. On le perçoit dans tes influences : tu cites des chanteurs francophones, anglophones, mais aussi toutes sortes d’artistes : Jim Jarmusch, Ingmar Bergman, Egon Schiele, Julien Gracq, Jack Kerouac, Blaise Cendrars, Jean-Loup Trassard, Claude Louis-Combet… Ces influences multiples se manifestent aussi dans le choix du titre : Rose-amère.

Il s’agit d’une référence au Mont Analogue de René Daumal, un ouvrage inachevé qui s’arrête au milieu d’une phrase, un roman d’aventures imaginaires, voire fantastiques. Il se déroule dans le monde de l’alpinisme et est techniquement crédible : le mont Analogue serait la montagne la plus haute de la Terre sauf que personne ne l’a jamais vue — c’est une réflexion mystique. Au moment de la conception de l’album, le décès de Jean-Gilles Badaire, qui m’avait fait découvrir ce livre, m’a incité à lui rendre hommage avec ce titre. La rose amère[1] intervient dans un récit inséré dans le roman, où chez un peuple le rite du passage à l’âge adulte consiste à aller cueillir cette rose avec les dents, en altitude, mais sans ressentir la peur. Sans quoi la rose ne se laissera pas cueillir. Celui qui réussit ne pourra plus jamais mentir, parce qu’au moindre mensonge il ressentira une acidité terrible.

Se sentir appartenir à un grand tout fait de connexions permanentes, c’est le contraire du cartésianisme qui stipule que seul l’esprit existe.

J’ai beaucoup lu les auteurs américains qui, à la suite d’Henry David Thoreau et son Walden ou la vie dans les bois — récit d’une année en autonomie —, ont poussé la réflexion de ce rapport au vivant, jusqu’à donner naissance au mouvement beatnik — qui n’est pas à confondre avec celui des hippies — et plus près de nous à l’œuvre de Jim Harrison. C’est une pensée qui réfléchit aux rapports indissociables entre le corps et l’esprit.

L’Occident pense que le siège de la conscience est le cerveau, quand les Asiatiques pensent que chaque cellule y participe. C’est discutable mais ces réflexions me nourrissent. Aujourd’hui les excès du capitalisme nous déconnectent totalement de notre corps. Notre espèce a réussi l’exploit de se dresser sur deux jambes… et nous passons nos journées assis en dépensant de l’argent dans des cours de développement personnel. C’est délirant !

C’est d’ailleurs la marche dans les alentours de ta maison qui t’inspire l’écriture. Rose-amère est né ainsi.

Les autres aussi. Mes deux premiers albums étaient un peu hargneux — j’y déversais une rancœur amoureuse dont j’ai rapidement eu envie de sortir. (Rires.) Ce changement est intervenu avec Penya et m’a été reproché, mais j’écris bien ce que je veux. Je n’avais plus envie de m’enfermer dans la guerre des sexes. Depuis, c’est davantage mon rapport au monde qui m’inspire. La musique a ceci de fabuleux qu’elle exprime une humeur, davantage que du sens.

Parmi tes influences francophones, tu cites dans cet ordre : Barbara, Anne Sylvestre, Nino Ferrer, Gérard Manset, Jean-Louis Murat. On perçoit une progression vers des auteurs qui s’éloignent du sens. Sylvestre et Murat ne jouent pas avec la même boîte à outils poétique.

Les deux participent autant de mon histoire. J’ai énormément écouté Anne Sylvestre lorsque j’étais jeune, puis je m’en suis éloigné, et je l’ai redécouverte. Je trouve son écriture fascinante tout autant que celle de Jean-Louis Murat.

Anne Sylvestre a ce côté cartésien de construire des chansons comme des cathédrales. Jean-Louis Murat explore davantage la sensation.

J’ai un esprit cartésien : j’étais excellent en maths ! Je suis sensible aux constructions d’Anne Sylvestre. Puis j’ai été fasciné par son féminisme que j’ai redécouvert par la suite. Mon esprit cartésien fait que, même si ce n’est pas explicite pour l’auditeur, la construction de mes textes est logique. Pour un peu expliquer les contradictions que j’essaie de résoudre, j’essaie de marier dans un même morceau Bourvil et Mark Hollis, le leader de Talk Talk, dont je considère le dernier album, Laughing stock, comme un chef-d’œuvre absolu.

Parmi tes influences musicales, tu cites Leonard Cohen et Ennio Morricone. En définitive tu veux qu’on ne te refuse aucune porte.

J’essaie moi-même de ne rien me refuser. Ennio Morricone, lui qui a écrit de grandes mélodies, a participé à un mouvement de musique concrète dont le fer de lance était de refuser la mélodie. Nous sommes tous multiples !

Claude Louis-Combet est l’auteur dont tu as, dis-tu, le plus offert de livres, avec Visitations.

J’aime son style indescriptible. Quant au sujet, il réécrit les mythes d’un point de vue intérieur en exprimant les pulsions sexuelles qui animent les esprits féminins, avec un regard un peu psychanalytique. Je trouve fascinant qu’il se projette ainsi. Visitations interroge la psyché de grandes figures mythologiques en commençant par Marie.

Tu apprécies Jean-Loup Trassard, « écrivain de l’agriculture »… Tu apprécies davantage les auteurs contemporains que les classiques ?

J’apprécie aussi Julien Gracq, qui est un grand styliste. J’essaie d’exprimer un rapport au monde et un sentiment d’appartenance à un tout, et quand je rencontre un auteur qui parvient à rendre ce rapport concret, cela me fascine.

Comment procèdes-tu pour écrire ?

La pratique de la musique est quotidienne tandis que l’écriture est aléatoire. Les idées me viennent en marchant, je reformule, et arrivé chez moi je note la forme que ça a pris — qui est loin d’être aboutie. Le mouvement m’est nécessaire, c’est certain.

Tu n’as pas écrit uniquement des chansons : en 2007, tu as publié Gilbert ou la musique...

C’était dans le cadre d’une collection, à l’initiative de Sonia Bricout, du groupe Superflu. La commande adressée à des auteurs-compositeurs-interprètes était d’écrire un texte pour raconter leur métier. J’ai utilisé le personnage de Gilbert, mon voisin paysan à la retraite. Il possédait une sagesse innée avec des formules définitives et profondes. Je l’ai fait intervenir pour ne pas tenir seul le propos.

Xavier Plumas ©David Desreumaux – Utilisation interdite sans l’autorisation de l’auteur

Pourrais-tu nous raconter ton expérience d’écriture avec Alain Bashung ? Il lui avait été proposé anonymement des textes, et il en avait retenu certains, dont le tien. Il avait commencé à les enregistrer, puis finalement a collaboré avec Gaëtan Roussel pour l’album Bleu pétrole. Ces enregistrements ont tout de même paru à titre posthume, ce qui fait que ton travail figure dans En amont.

Sylvain Taillet, le directeur artistique de Barclay, avait demandé à Dominique A, Miossec et d’autres d’écrire plusieurs textes afin de les proposer à l’aveugle à Bashung. Mon texte est resté dans le lot. Avant que le projet soit abandonné, j’ai passé une petite semaine aux Studios ICP, à Bruxelles, et j’ai trouvé ces jours peu productifs. Bashung était très sympathique et intéressant, mais connaissant le tarif de location de deux mille euros par jour, j’étais très mal à l’aise — c’est quasiment le budget que je consacre à un album. Ils avaient loué trois semaines pour ne faire que des expérimentations.

Avant cela, Bashung a demandé que tes textes soient modifiés…

Effectivement, par échanges téléphoniques. Il sélectionnait des parties de mes textes qu’il me renvoyait par courrier, puis me téléphonait. Parfois il prenait quatre phrases de l’un, quatre de l’autre et les réunissait. Il percevait bien les choses parce que je me suis rendu compte qu’il prenait les quatre phrases sans lesquelles le reste du texte était inutilisable : il repérait le cœur de la chanson. L’association des deux donnait ensuite une autre chanson, et il me demandait de développer ce nouveau texte. Puis ça recommençait. À la fin, sans qu’il ait réellement écrit, ça donnait des choses très intéressantes.

C’était très contraignant.

Oui, mais j’étais très excité à l’idée qu’un de mes textes soit chanté par Bashung. En fin de compte, il a enregistré quatre de mes chansons dont seulement Un beau déluge figure dans l’album posthume. Je ne sais pas quoi faire de ces trois chansons. Toutefois, lorsqu’a paru En amont, certains se sont étonnés que ma chanson se rapproche de textes publiés en 2009 dans mon premier album. Mais c’est normal : lorsque le projet s’est arrêté sans qu’on nous donne d’explication, j’ai récupéré mes textes avant le travail de réécriture et je les ai enregistrés.

Que dit-on encore de toi qui est faux ?

Quelque chose perdure depuis vingt-cinq ans, qui était vrai pour mes deux premiers albums mais ne l’est plus du tout : le fait que je fasse quelque chose de sombre. Je ne crois pas, voire de moins en moins. Mais l’image reste.

Tu reprends William Blake : les poètes anglais n’ont-ils pas la réputation d’être noirs ?

Je ne trouve pas The tyger[2] sombre. Blake y décrit une fascination pour la puissance créatrice divine. Je ne suis pas croyant, je ne suis pas non plus anticlérical, mais j’aime que Blake, qui lui est croyant, parle de la création sans jamais faire référence à Dieu.

Le prochain album, le dix-huitième, est-il déjà en marche ?

Rose-amère est paru depuis peu, mais il a été enregistré il y a un an et demi. Comme nous fonctionnons en totale indépendance, il faut le temps de s’organiser, trouver les financements, etc. Mais pour ce qui est de la composition, un an est bien suffisant pour concevoir un album : composer dix chansons n’est pas le bout du monde ! Je vois donc plus ou moins à quoi ressemblera le prochain.


[1]     Dite aussi « pervenche de Madagascar ».

[2]     Poème publié en 1794 dans le recueil Songs of experience, mis en musique pour l’album.


Chronique parue dans le numéro 29 de la revue Hexagone

Fredda – Phosphène

Un phosphène est une sensation de lumière qui se déclenche, sans lien avec la présence de la lumière, in absentia. Une tache, des stries, un flash surgi sur la rétine, dans l’obscurité, voire les yeux fermés. C’est aussi le titre du cinquième album de Fredda, de son vrai nom Frédérique Dastrevigne. L’amour phosphène éblouit dans l’obscurité, à ce moment précis où se jouent les illusions perdues et les illusions d’optique, entre chien et loup, quand on « dorveille », à cette lisière de l’onirique et du tangible (Dorveille). Fredda recherche une poésie évocatrice, sensuelle et synesthésique, portée par des figures féminines érigées en mythes, entre réalité et fiction. Mata Hari irrigue le texte d’Aube, l’infortunée Ophélie celui de Nordique Ophélique, Méduse Cheveux serpents et Marilyn Monroe Argent, très belle adaptation française de One silver dollar, tirée de la bande originale de Rivière sans retour. Autrice de l’album, souvent compositrice, Fredda a reçu le concours de Matt Low, qui a composé la musique de Phosphène, joue de la guitare et du piano et lui donne la réplique dans Cheveux serpents, mais aussi de Pascal Parisot pour les arrangements qu’elle cosigne également. Ce dernier réalise l’album, comme pour les précédents. Fredda offre une pop rythmée, tout en délicatesse, sur des images fugaces, ces phosphènes qui défient la perception.

Flavie Girbal

Fredda, Phosphène

Microclocultures / le pop musik / Kuroneko


Chronique parue dans le numéro 29 de la revue Hexagone

Jenny Dahan au Théâtre du Seuil de Chartres

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Pour celles et ceux d’entre vous qui vont dévorer leur Hexagone version papelard et néanmoins trimestriel dans les jours à venir, on ne va pas remettre le couvert sur les soirées chanson du Théâtre du Seuil. Oui, mais les z’aut – ces sociaux-traitres à la cause chansonnière puisque même pô abonnés – que savent-ils de la situation de ce lieu porté à bout de bras depuis des lustres par un théâtreux local, l’activiste Ludovic Houvet ? La bonne ville de Chartres – qui sait investir dans la culture, pour preuve un Zénith récemment sorti de terre – peut vraiment s’enorgueillir de lui avoir confié la gestion de cette ancienne chapelle, reconvertie en lieu de spectacles. Et nous z’autres, amateurs de chanson française, on ne peut que le remercier et le soutenir. Ici comme ailleurs dans l’Hexagone, la place qui lui est dévolue sur les scènes s’avère portion congrue. Espérons donc que la municipalité Chartraine continuera à soutenir cette démarche exemplaire et novatrice… Mais venons-en au fait et glosons sur cette soirée du 15 décembre dernier, durant laquelle nous avons fait connaissance avec la poétesse et musicienne Chartraine Jenny Dahan.

En mode bonnet-blouson, elle entre par le fond de la salle, telle une paroissienne en mode aboule-le-pèze. Ce n’est pas un p’tit panier d’osier qu’elle tripote, mais un tambourin maousse. Tout en s’installant sur scène, elle psalmodie une litanie chantée qu’elle poursuit une fois derrière son micro. Jenny Dahan a autant de coffre que d’aplomb, d’impertinence que de présence. Sa “Poésite” a les ovaires sévèrement accrochés, ne dédaigne pas l’allitération ou la fantaisie d’un Queneau ou d’un Devos, la hargne salvatrice en prime. Parmi le public, peu nombreux ce soir-là, il y a visiblement quelques-uns de ses compères. Ou alors les Chartrains ne sont vraiment pas bégueules quand ils se font traiter de mouton (certains le prouveront en venant se faire dédicacer ses ouvrages qu’elle vend à l’issue du concert)… Musicienne adepte de “punkésie”, elle rigole ouvertement de nous voir sortir vingt balles pour la voir, plutôt habituée aux bars et aux squats qu’à des prestations tarifées. S’accompagnant – ou pas – à la guitare, elle utilise avec maestria un looper, qui lui permet de créer en direct choeurs et rythmiques. Jenny Dahan improvise également avec une ironie mordante durant ses chansons ou lors de la lecture de ses textes, se disant “à la merci des gens qui lui donnent la chance de jouer” (À la merci) ou brocardant Chopin dans une Lettre de suicide numéro 9. Elle assume avec panache des musiques qu’elle considère comme “pas encore fixes”, en mode “décroissantes donc” ou se moque d’elle-même en qualifiant une de ses chansons de “la plus variet”. Enfoncés grave les punks de salon d’hier et d’aujourd’hui ! Il y a du Piaf en elle ; on perçoit un clin d’oeil dans le titre Dans ma maison. Elle semble ne rien regretter ou presque, et franchement, c’est tant mieux !

« Je mens » – Jenny Dahan – Théâtre du Seuil (Chartres – 15/12/2023)

En décembre, des concerts dans le Tarn et alentours

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Une fin d’année avec des concerts peu nombreux mais très intéressants (Michèle Bernard et Frédéric Bobin en duo, deux concerts dans la grotte de Lombrives, …).


Dans le Tarn

vendredi 15 : Michèle Bernard et Frédéric Bobin en duo pour Balades Croisées au Café Plùm à Lautrec et samedi 16 pour l’association Yaka à Montans

samedi 9 : Nel multi-instrumentiste – Cartes sur Table à Gaillac,

vendredi 15 : Du Vent dans les Bronches, duo de chanteurs musiciens (guitare-accordéon et saxophone-hautbois – La Source » aux Cammazes (81),

samedi 16 : Duo Suspensif avec JL.Amestoy à l’accordéon et M.Fossier au chant – Cartes sur Table à Gaillac.


En Ariège

jeudi 7 : Lula Heldt (Regard sur dans le n°28 de la revue Hexagone), ses chansons oniriques et son violoncelle Alfred, – Art’Cade – Les oies gourmandes à Saint-Girons, le vendredi 8 chez l’habitant à Saverdun et le samedi 9  La Sauce Bramaise à Bram dans l’Aude (11),

dimanche 10 : A Ferrat avec Cathy Fernandez, Michel Vivoux et Claude Delrieu – Chanson à domicile à Artigat,

samedi 16 : Nicole Rieu (entretien et chronique d’album dans n°27) – la grotte de Lombrives à Ussat-les-Bains,

dimanche 31 : Vaslo (chronique d’album et cr de concert dans n°28) – la grotte de Lombrives à Ussat-les-Bains.


Dans le Tarn-et-Garonne

jeudi 14 : Camille Laïly (chronique d’album dans n°26) et ses chansons poétiques au Fort à Montauban.