L’expérimentateur-explorateur impénitent qu’est Rodophe Burger avait déjà collaboré il y a dix-sept ans avec le Breton Erik Marchand pour Before Bach. Ensemble, ils creusent un nouveau sillon avec ce Glück auf ! – un « Bonne chance ! » accessoirement devise des mineurs. Leur filon ? Un savant alliage entre standards américains (Moonshiner chanté par Dylan ou le John Henry de Woody Guthrie) et musiques traditionnelles remises au goût du jour. Si leurs deux voix s’entremêlent et se répondent tout du long, c’est le fondateur de la Kreiz Breizh Akademi qui ouvre le bal avec Ar froudennou, pour laisser la place à une chanson turque ou un morceau d’inspiration albanaise. Le timbre tantôt rocailleux, tantôt parlé-chanté de Burger s’immisce dans les interstices, tout en douceur. Prépondérante dans Glück auf !, John Henry ou Waste land – adaptation d’un texte de T.S. Eliot –, sa guitare bluesy sait se faufiler à travers des compositions polyrythmes autant que polyglottes. Le plus bel exemple est La mine, où elle est en totale osmose avec le chant celtique et les envolées orientales. L’électronique s’invite aussi avec succès avec Eisbär, une reprise de Grauzone, le groupe des frères Eicher avant que Stephan ne se la joue solo. Orfèvre alchimiste, Burger sait mieux que quiconque fusionner les cultures musicales, fédérer sons anciens et modernes en leur apportant systématiquement une autre dimension.
Mad
Rodolphe Burger & Erik Marchand
Glück auf !
Dernière bande
2021
Chronique parue dans le n°21 de la revue (Automne 2021)