« Sortir ce disque 8 ans trop tard, c’est pas trop tôt ! » Je ne vous le fais pas dire monsieur Baguian ! Il faut dire que ce dernier nous laisse discographiquement sur le carreau depuis 2007 (C’est moi qui fais la fille), s’attachant entre autres à composer pour des comédies musicales à succès. Vincent Baguian nous revient donc enfin avec Le méchant live. Un plaisir en deux temps, à écouter pavillons débouchés et à regarder comme une offrande, truffée de grandes chansons et de petits trésors. Les petits trésors, ce sont les bonus, nombreux et passionnants. Des grandes chansons, il y en a plein ce concert-florilège avec Hugo Renard, enregistré le 25 novembre 2011 au théâtre Maurice-Ravel de Levallois-Perret. Ce Méchant live est d’abord un méchant duo qui rend compte du meilleur de Baguian. Lui au chant, Renard au piano, notamment. L’air de ne pas y toucher, humour et finesse d’esprit mêlés, Baguian concentre l’impertinence d’un Boris Vian et la loufoquerie d’un Boby Lapointe. Des deux, il retient le goût du jeu avec les mots, adaptant le tout à sa propre littérature, à son esprit fécond qui ne recule devant aucune audace langagière : Les biches regardent avec dédain, Ce soir c’est moi qui fais la fille ou Je gagne ma vie avec les morts. Audace jamais gratuite, le poil à gratter toujours dans la poche.
David Desreumaux
- Vincent Baguian
- Le méchant live
- c & c – 2019
- Chronique parue dans le numéro 14 de la revue Hexagone.