Gérald Genty – Là-haut

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Allez, on arrête de rigoler. Voici Gérald Genty tel que vous ne l’avez jamais entendu. Pas franchement débarrassé de la carapace d’humoriste qui a fait sa renommée et nos bons moments, mais celle-ci est suffisamment tenue à distance pour livrer ici un album aussi léger que poignant, aussi faussement désinvolte que profond, et – osons le mot – métaphysique. La mort et la disparition, omniprésentes. Planeur qui ouvre Là-haut, déroulé de sensibilité de trois minutes quarante-sept, offre un tableau troublant et juste des relations père-enfant (et inversement), interroge sur notre présence sur terre (et au ciel) au point de provoquer un chamboulement dans notre intériorité. Ainsi cet enfant bercé sur la balançoire par son père, le balancier de la vie : « Un jour les enfants s’en vont, un jour les enfants s’envolent » devenant au finale : « Un jour les papas s’en vont, un jour les papas s’envolent. » Tout l’album est à l’avenant : regard doux-amer, lucide, lumineux sur ce qui est et n’est plus, sur ce qui aurait pu être et qu’on continuera d’ignorer ; constat d’un métier qui fout le camp (Le métier qui sort), sans amertume ; désir de refuge en terre d’enfance, le seul lieu où il fait bon vivre. Ainsi Fais des rêves se veut autant hommage à Roger Federer (aux héros, par extension) qu’à l’enfance, aux rêves de gosse même pas morts. L’enfant n’est-il pas un adulte comme les autres ? Gérald Genty, haut, très haut.

David Desreumaux


  • Gérald Genty
  • Là-haut
  • 30 février – 2019
  • Chronique parue dans le numéro 14 de la revue Hexagone.

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