Eiffel – Stupor machine

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D’aucuns – pas seulement les Ahuris, fans d’Eiffel – se demandaient quand Romain Humeau arrêterait de se la jouer solo en mode prolixe et rejoindrait officiellement ses trois mousquetaires pour donner un successeur à Foule monstre, après ses sept années de réflexion/action. C’est chose faite avec ce sixième album. Patience récompensée : treize titres ! Une vraie Cascade de pépites, plus rock que pop. Loin de ses échappées solitaires donc… Mais si les guitares priment (Escampette, Miragine ou les brûlots Big data et Oui), le piano s’exprime pleinement dans Gravelines et N’aie rien à craindre. Son lyrisme parvient même à s’épanouir au cœur d’une déferlante de riffs (Cascade ou les quelques notes pianissimo qui concluent Miragine).

La plume du leader d’Eiffel enrage de plus en plus contre notre époque formidable comme « un bouquet d’années trente » (Oui) et au « Netzwerk macht frei » (Hôtel borgne), et prévient qu’elle en désespère plus d’un : « Tous possiblement Black blocs » (Oui). Nullement nihiliste, mais mélancolique assurément notre Bordelais d’adoption ! Même si, tel Byron, il chasse ses idées noires à coups de divin breuvage avec un soupçon de références pop : « Sonnez matines à l’instant Karma, où l’amour gueule et chasse spleen » (Chasse spleen). Eiffel remplit aisément Trianon et Cigale. Et si ce sixième opus était enfin celui de leur reconnaissance, et pas seulement pour d’autoproclamés orphelins de Noir Désir ? Ouvrez vos oreilles, le rock racé à la française, ce sont eux et personne d’autre.

Mad


  • Eiffel
  • Stupor machine
  • pias le label – 2019
  • Chronique parue dans le numéro 13 de la revue Hexagone.

 

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