Boucan – Déborder

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1964

Boucan égal joyeux bordel. En mode triolisme qui plus est ! Une réunion au sommet de trois boucaniers emboucanés, fortes personnalités et fines lames musicales : Mathias Imbert, tendre punk à contrebasse bien connu de nos services sous le double blase d’Imbert Imbert et pour faire partie du gang des Bancal Chéri, Piero Pépin, brillant trompettiste au passé punk lui aussi, et Brunoï Zarn, colosse aux doigts de fée prolongés d’une guitare ou d’un banjo, tous trois blanchis sous le harnais de moult styles musicaux. Des francs-tireurs, adeptes d’une chanson libre et swinguante, qui se reconnaissent sans doute une filiation avec Boris Vian dont ils reprennent le poème Le temps de vivre (L’évadé). « Ton état naturel, la sodomie », « On sera vieux quand on sera morts pas avant », « Les hommes naissent cons, aucune raison que ça change… » : les paroles, qu’ils cosignent et cochantent, sont sarcastiques, provocatrices et surtout libertaires. Percussif, hypnotique, jouissif – voir le détonnant Ari Zone A –, ce Boucan est unique en son genre. La couleur de la trompette de Piero Pépin domine parfois, mais ne serait pas si impressive sans les complémentaires de ses deux complices. John Parish, famous producteur Briton (entre autres de PJ Harvey, mais aussi d’Arno ou de l’éphémère Détroit), qu’ils sont allés quérir pour leur arranger le coup, a dit d’eux : « J’aime les choses où tu te dis que ça ne ressemble pas à quelqu’un d’autre. Et Boucan a vraiment son propre son. » Et sa propre voix, ses propres mots.

Mad


  • Boucan
  • Déborder
  • le temps des assassins – 2019
  • Chronique parue dans le numéro 13 de la revue Hexagone.

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