Gauvain Sers – Les oubliés

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La chanson-titre, Les oubliés, a marqué les esprits. Mais cette dénonciation de la fermeture d’une école dans une France rurale en déshérence ne doit pas faire de ce deuxième opus uniquement un album engagé en pleine crise des Gilets jaunes (« Qu’il est triste le patelin avec tous ces ronds-points / Qui font tourner les têtes »). Les oubliés est surtout l’œuvre d’un artiste important assumant sa filiation avec Renaud et partageant avec l’auteur d’Hexagone l’art de parler de l’amitié (Changement de programme), du bonheur simple (Petite piaule) et des choses ordinaires de la vie (Tu sais mon grand).

À l’instar des Oubliés, Gauvain Sers aborde des thèmes sociaux : les migrants (Au pays des lumières), le mouvement #MeToo (Excuse-moi mon amour) ou la misère sociale et la prostitution (L’étudiante).

Mais l’opus de l’artiste creusois est aussi un vrai journal sensible, dévoilant ces petits riens qui font tout le sel de l’album : une lettre de rupture oubliée (Le tiroir), un pantalon ordinaire et sensuel (Ton jean bleu) ou La boîte à chaussures, invocation de souvenirs personnels et familiaux à travers quelques modestes objets ramassés dans un carton.

Gauvain Sers marche dans les pas de Renaud : le chanteur énervé n’aurait pas renié la tendre camaraderie de L’épaule d’un copain, ni la poignante justesse de Y a pas de retraite pour les artistes. Gauvain Sers chante en duo avec Anne Sylvestre cet hommage aux artistes anonymes : « Tant que les poings seront levés / Et que les mots auront du goût / Qu’il me reste de quoi rêver / Pourquoi ne pas rester debout ? » De nouveau une histoire d’oubliés.

Bruno Chiron


Gauvain Sers
Les oubliés
Mercury – Fontana / Universal – 2019

Chronique parue dans le numéro 12 de la revue Hexagone.


 

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