Boule, auteur-compositeur-interprète normand, fait paraître Appareil Volant Imitant l’Oiseau Naturel, un nouvel album à sa façon. Ce compère de Sanseverino joue d’un personnage qu’il s’est créé et ne laisse pas indifférent, revendiquant d’ailleurs dans Bicéphale cette personnalité tantôt sympathique, tantôt lunatique. Boule parle du quotidien dans un langage châtié et imagé, touchant parfois du doigt la vulgarité, mais toujours dans une démarche poétique. On sourit bien souvent à l’écoute de ses textes, et L’ours polaire dénonce ainsi les pressions quotidiennes au travail dans des mots colorés.
Boule interroge notre rapport à l’écologie dans un texte drôle, Livreur de méthane, et plus loin, ayant asséné, implacable : « Tout le monde il meurt à la fin » (Tout le monde), envisage dans le tendre Atome par atome sa prochaine réincarnation, soucieux de montrer l’exemple : « Je me recycle en plein de petits riens du tout / Je m’éparpille partout. »
Boule exhibe avec bonheur son cheveu sur la langue et chante pour l’acceptation de soi – et de l’autre quel qu’il soit. Mais si Welcome in Hippopotamie semble un hymne invitant à assumer son embonpoint, il s’agit surtout en filigrane d’une violente critique de la société de consommation. De même, sous couvert de justifier une incapacité à être ponctuel, Je prends le temps invite à jouer la montre dans un monde où tout est chronométré.
Si cet album peut sembler à la première écoute un peu désuet dans ses sonorités, cette fausse impression se dissipe bien vite, tant ces textes résolument modernes qui parlent de tolérance, d’écologie et de bien vivre méritent qu’on s’y attarde. Prendre le temps de découvrir ce personnage haut en couleur, et s’y attacher.
Malorie d’Emmanuele
Boule
Appareil Volant Imitant l’Oiseau Naturel
Cholbiz – 2019
Chronique parue dans le numéro 12 de la revue Hexagone.
[…] avec le régional de l’étape Charly. Lors des premières parties nous pourrons apprécier Boule, et découvrir Trotski Nautique ainsi que les régionaux de l’étape Charly et Bertille. […]