Deux ans après Ça ira tu verras qui avait confirmé son appartenance à la nouvelle scène française, le chanteur et guitariste Sévérin – ancien membre du groupe électro-pop One-Two – publie Transatlantique sous son propre label, Néon Napoléon. Plus libéré dans ce troisième opus solo, il se dévoile avec humour, spontanéité et sincérité. Ces dix titres nous permettent de mieux cerner son univers et sa personnalité. On le découvre ainsi tantôt ironique et cynique lorsqu’il s’agit d’évoquer notre époque et le bilan de l’année écoulée (L’abstentionniste, En vacances) ou son agacement envers les médias et les critiques (L’interview, 30 minutes après ma mort) ; tantôt faussement désinvolte et joyeux, s’exhortant à aller de l’avant face à ses états d’âme (Fais gaffe à ta solitude) ou aux questions existentielles (La vie con). Puisque, clame-t-il au bout du compte, « La seule chose qui ait du sens / C’est de se barrer en vacances / Voir le soleil se lever / Sous réserve qu’on soit réveillé ». A ses côtés, la chanteuse brésilienne Kiwi da Gama, sa délicieuse compagne toujours présente (Elle est là, Parle-moi), assure avec finesse les chœurs qui habillent ce savant mélange de pop festive et de sonorités venues d’Amérique du Sud, voire d’Afrique. Des morceaux aux rythmes chaloupés de samba ou de bossa alternent avec d’autres plus mélancoliques, sur lesquels la voix nonchalante du dandy se fait plus sensuelle. Un album cohérent et solaire dont les morceaux s’enchaînent avec une fluidité déconcertante.
Dora Balagny
Séverin
Transatlantique
Néon Transatlantique – 2019
Chronique parue dans le numéro 11 de la revue Hexagone.