CharlElie Couture – Même pas sommeil

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1908

Charlélie Couture a bien fait de fuir les « trumperies » de l’Ubu-roi aux cheveux orange. Après quinze ans passés sur sa terre promise, le Franco-Américain est de retour avec un album très inspiré. Même pas sommeil, c’est son nom, et  l’un des titres qui nous dit : non je ne dors pas, je regarde le monde, les yeux grands ouverts ; « c’est la lumière qui m’émerveille ». C’est beau Paris à l’heure des poubelles… Ainsi CharlElie revisite la chanson de Dutronc et Lanzmann pour recréer un tube jazzy entêtant et malicieux.

Même pas sommeil, c’est aussi une façon de résister à la mort, à tout ce qui anesthésie la pensée. À 60 ans passés, ce « multiste » infatigable continue d’écrire, de peindre, de composer, de s’indigner.

Rester éveillé, c’est observer cette planète que l’on va léguer : Toi, ma descendance, Les heures caniculaires. Autre zoom éclairant : Another man blues, ce blues obsédant rappelant une bavure policière – presque ordinaire outre-Atlantique.

Il y a toujours cette façon inimitable de cadrer en quelques traits une scène : le départ à la retraite, moment pathétique, première petite mort avant les autres, dernière apnée sociale avant de plonger au fond comme un Lamantin. On retrouve sa voix singulière, ces airs qui nous baladent entre jazz et blues avec des orchestrations excellemment servies par ses fidèles complices.

Enfin le très beau Résister sister vient conclure l’album. Effet immédiat, vos poils se dressent. On ne résiste pas à ce CharlElie-là.

Gérard Magnet


CharlElie Couture
Même pas sommeil
Rue Bleue – 2019

Chronique parue dans le numéro 11 de la revue Hexagone.


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