Au milieu de cette édition du Festival Les nuits du chat, Cédric Laronche et son équipe ont proposé un weekend étiqueté Boby Lapointe, localisé à Jacou dans les environs de Montpellier. Les artistes, présents sur ces trois jours, sont tous liés à l’artiste natif de Pézenas.
Le vendredi : Bancal Chéri
Les quatre membres de Bancal Chéri se sont rencontrés sur le spectacle Boby Lapointe repiqué : les trois chanteurs, habitués d’Hexagone pour leur projet solo Nicolas Jules (dossier du n°4), Imbert Imbert (dossier du n°3), Dimoné (entretien sur n°4), et Roland Bourbon batteur attitré de Nicolas. J’ai découvert et apprécié ce groupe en avril 2017 au Printival (festival Boby Lapointe). Depuis le positionnement sur scène s’est affiné : avant les artistes étaient alignés face au public avec sur la gauche Nicolas Jules puis Dimoné, désormais ces deux-là sont sur le devant, séparés par la contrebasse et la batterie un peu en retrait. Mais surtout, déjà superbe la première fois, le concert de ce groupe étonnant et très rock a atteint une dimension supplémentaire.
Dimoné est particulièrement en verve dans son expression scénique, Nicolas Jules nous la joue guitariste de rock à l’humour pince-sans-rire, Imbert Imbert captive par ses textes et son jeu à la contrebasse, Roland Bourbon se déchaîne en incarnant un texte écrit dans un langage improbable. Ces quatre fortes individualités, chacun interprétant ses propres textes, forment pourtant un collectif homogène, qui joue très bien et très fort, musicalement et scéniquement au top. Un groupe bancal à chérir, rock ou barock, parfois loufock, belle illustration d’un de leurs titres Le droit d’être tordu. Leur musique a « mis le feu », et a incité des spectateurs à venir danser sur le devant de la scène, les autres dansant dans leurs têtes. Ils ont joué tous les titres de leur album, parfois allongés musicalement, puis deux ou trois autres. Décontractés, Nicolas et Roland reviennent pour le rappel en mangeant une banane. Le premier jettera la peau sur scène, le second la lancera sur le public. Ils reprendront In the Desert de Boby puis finiront par leur rock jubilatoire Les épaules. Un grand moment, ce concert, largement plébiscité par le public.
Le samedi : Evelyne Gallet et Presque Oui
L’aprés-midi à La Fabrik, également nommée Mjc Boby Lapointe, François Fabre, conférencier-chanteur et accordéoniste nous propose Si le Bibi de Boby m’était conté. Il évoque le système Bibi-binaire (nouveau système de numération en base 16) inventé par Boby Lapointe, qui jouait aussi bien avec les chiffres qu’avec les mots. Un spectacle pédagogique un peu, rempli d’humour beaucoup et parsemé d’extraits de chansons. Le soir, deux autres anciens membres du Boby Lapointe repiqué, sont programmés : Evelyne Gallet et Thibaud Defever. En lever de rideau une chorale intergénérationnelle chante joliment quelques titres de Boby. Ensuite c’est un peu la soirée des nouveautés. Evelyne Gallet joue, pour la deuxième fois seulement, son tout nouveau spectacle, avec sa nouvelle équipe de trois musiciens et sa nouvelle coiffe pour présenter essentiellement des titres de son nouvel album La fille de l’air, sorti la veille le 23 novembre. (Promis, je te parle un peu plus de ce concert dans une chronique dédiée à Evelyne Gallet).
Quelques nouveautés aussi pour le deuxième concert de la soirée. Programmé en tant que Presque Oui, l’artiste annonce que désormais il reprend son nom et chante en tant que Thibaud Defever. Il parle de plus en plus, décontracté et avec humour, entre ses titres. Certains savaient qu’il aime bien marcher, il nous avoue pendant le concert qu’il s’est vraiment perdu dans les environs, sans téléphone, après les balances et a erré un long moment et qu’il a été finalement pris en stop par une Mme Brel (!), qui l’a ramené à la salle de spectacle. Autre nouveauté : c’est la première fois, dans les concerts vus, qu’il ne joue pas Les perroquets du Périgord. Ce musicien virtuose, à la guitare orchestre, interprète des nouveaux titres non enregistrés, au milieu de quelques standards : le très beau On saura pas, l’irrésistible Dégâts des eaux, et il finira par le magnifique et émouvant J’étais vieux. Juste avant, le rappel lui donne l’occasion de reprendre Insomnie de Boby dans une jolie version et de faire revenir Evelyne Gallet pour l’accompagner sur un énergique Comprend qui peut (rappel : c’est le weekend Boby Lapointe !). Après La tournée des 20 ans de Presque Oui et avant le prochain spectacle en 2019, Thibaud Defever & Le Well Quartet, les spectateurs ont apprécié ce beau concert « d’un artiste en transition » avec ses chansons courts-métrages tendres, émouvantes ou drôles.
Le dimanche : Evelyne Gallet, Hervé Lapalud et un final Boby Lapointe
Le dimanche après-midi Evelyne Gallet, dans un rôle de demi-géante, revient pour son spectacle jeune public réussi : La trop grande aventure. Ensuite Hervé Lapalud, un habitué aussi du festival Boby Lapointe, propose son nouveau spectacle Korafoland – la première fois sur une scène dit-il – en duo avec Dramane Dembélé. Un duo de kora (harpe du Burkina) souvent, kora et flûte peul parfois. Un mélange de nouvelles chansons et d’anciennes revisitées. Un spectacle-voyage original et dépaysant. Une belle nouvelle orientation dans le parcours de Lapalud.
Et pour le final Boby Lapointe, Lapalud et Dembélé sont rejoints par Evelyne Gallet, les locaux Michel et Yvette, Cédric Laronche et ensuite Nico*. Un joyeux final d’une huitaine de titres, chaque chanteur étant accompagné par les autres. En synthèse, un weekend fil rouge Boby Lapointe à la Passerelle de Jacou avec de superbes concerts et une belle convivialité dans son hall.
Festival Les nuits du chat : Weekend Boby Lapointe – journées du 23 au 25 novembre à Jacou. Photo de une : Bancal chéri © David Desreumaux. Un clic sur le nom des artistes pour chaque jour et tu vois des images des concerts filmés par Les nuits du chat.
Pour faire écho aux remerciements de fin de concert, je voulais dire un grand merci à Cédric Laronche, Isabelle et l’équipe des Nuits du Chat pour leur accueil, à Joëlle, Roland, Elisabeth et Pauline pour leur hospitalité et à Thierry Margot pour ses photos.