Printival jour 3 : les six concerts de la journée

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© David Desreumaux

Aujourd’hui, jeudi 19 avril, je t’emmène avec moi sur les cinq lieux du festival pour les six concerts de la journée d’un Printivalier (très) assidu qui ne veut rien rater du programme proposé. Ce périple est facilité par les horaires qui s’enchaînent et par l’accessibilité à pied des cinq lieux situés dans la ville.

© Michel Gallas

Midi. Place Gambetta, la journée démarre par un concert gratuit en centre ville et en plein soleil. J’ai déjà chroniqué ici Davy Kilembé, lors de son passage en solo, une semaine au Grand Rond à Toulouse, en novembre dernier.  Aujourd’hui  en trio, Davy propose à nouveau une prestation chaleureuse, marquée par le talent et la générosité. Ce n’est pourtant pas un exercice pas facile : en plein air, devant un public volatile, pas forcément venu pour le voir, et pas très loin d’une buvette qui déclenche des conversations et un peu de bruit. Mais Davy Kilembé, expérimenté, sait embarquer et tenir un public. Il met en pratique le titre de son dernier album : Danser les mots. Avec sa voix chaude et son joli jeu de guitare, bien accompagné par Eric Flandrin à la batterie (et un peu au xylophone) et Guillaume Bouthié à la contrebasse, nous  partons en voyage avec lui : sonorités aux couleurs chaudes, textes remplis d’humanité, et des mélodies qui donnent envie de reprendre le refrain.

© Michel Gallas

Les thèmes sont parfois empreints de nostalgie ou de mélancolie comme sur les chansons récentes et inédites sur disque : La 4L à Momo – une Tire à Dédé version région de Perpignan – et celle, joliment tournée, dans laquelle il demande à sa femme de devenir … son ex !  Il nous chante Mellow « J’suis mellow mais j’dis les mots / Mon stylo traduit l’émotion… » et sa chanson carte de visite Mon pays « Mon pays c’est ici / Croyez-moi même si / Mes enfants sont frisés / Et ont le teint basané / Je tiens ça de mon père / Qui venait d’une autre terre / On me le faisait savoir / En m’appelant petit noir ». Ce citoyen qui chante, nous livre sa vision de la société (« Tous ces cabossés / Y en a qui en disent / Ils ont qu’à bosser / Au lieu de se lamenter / Putain, c’est la crise »). Ses textes évoquent souvent la difficulté de nos vies, mais plutôt sous forme de fable comme Le maillot du meilleur grimpeur ou Pagayer, le sourire aux lèvres et sans donner de leçons. Au milieu de ses propres compositions, il dit un texte superbe d’Alain Sourigues et nous transporte Rue de la poupée qui tousse. Sur des ballades ou des titres plus entraînants, il a conquis un public qui s’est mis à reprendre ses refrains. Et après le concert certains viendront acquérir deux ou trois albums de cet artiste qui en compte déjà six à son compteur.

© Michel Gallas

Le temps de prendre un goûteux vin local à la buvette puis de se restaurer à la gourmande cantine du festival ou dans une table à l’ombre des jolies ruelles de la vielle cité de Pézenas et on se retrouve à côté d’une jolie colonie d’enfants .

15h. A L’Illustre Théâtre, Zèbre à trois, pour leur concert Jeune Public : Dur comme Faire. Emmené par Hervé Peyrard, chanteur, guitariste, clarinettiste et auteur, Les « Zébre à trois » sont … quatre, bien sûr, avec Ludovic Chamblas  batteur et percussionniste, Sylvain Hartwick à la guitare, et Laurent Chièze à la contrebasse. Chaque chanson propose une mise en espace différente et une couleur musicale vivifiante. Les thèmes retenus abordent aussi bien les os du squelette (Jo le squelette) que le syndrome de Gilles de Tourette (Les mots de Momo). Deux reprises sont intégrées : Marie, Pierre et Charlemagne de Maxime Le Forestier et et Tom Bonbadilom de Jacques Higelin ce qui permet à Peyrard de revenir costumé pour représenter le personnage puis de marcher sur les fauteuils au milieu des enfants. Bonne humeur, complicité sur scène, textes bien écrits, énergie et vitalité musicale. Un spectacle familial qui est suivi d’un goûter offert par le festival.

16h. Les jours sans spectacle pour enfants, tu peux aller écouter Hé V’nez les Potes !, l’émission radio en direct, à la terrasse d’un café et ouverte au public, qui reçoit les acteurs de ce festival, avec entretien avec les artistes qui parfois chantent un titre, en solo guitare voix, comme la veille Yves Jamait puis Presque Oui et aujourd’hui Davy Kilembé.

© Thierry Margot

17h. Les Printiguettes au musée Boby Lapointe, proposent quelques concerts, pour lesquels le spectateur choisit le tarif en mettant de l’argent dans un chapeau, à la fin de la prestation. L’an passé on y avait apprécié Jeph. Aujourd’hui, un co-plateau féminin est programmé : Lawra et Elli sur la lune. En sortant, prendre  le temps d’une glace ou d’une bière permet de se rafraîchir avant… d’aller voir le concert suivant.

19h. On vient de rejoindre le magnifique Théâtre de Pézenas pour écouter Dani en duo avec Emilie Marsh, celle-ci déjà venue l’an passé pour présenter sur trente minutes son projet chanson personnel. Aux titres de Dani, elle apporte le son rock de sa guitare électrique et sa voix claire. Elles partagent Comme un boomerang, chacune chantant un couplet à tour de rôle. On ressent du respect et de la complicité entre les deux artistes de génération différente.

© Thierry Margot

21h au Foyer des Campagnes. J’ai découvert Buridane en solo guitare au festival Alors Chante en 2010, avec un jeu de guitare inspiré par Batlik, des textes intimes et très écrits, une voix douce mais qui nous accroche. Et avec un certain mal être sur scène. Revue seule puis en trio plus tard, malgré les textes et la voix, il semblait manquer quelque chose, une présence sur scène. Cette année, fin mars, lors de la remise du Coup de cœur Charles Cros pour son album Barje endurance, en solo guitare sur deux chansons, elle a emporté le public. A Pézenas, elle se présente entourée de trois musiciens, dans une ambiance musicale pop. Avec toujours, des textes originaux et denses, souvent intimes et profonds. Mais surtout avec un plaisir (re)trouvé d’être sur scène, désormais à l’aise pour évoluer notamment entre les titres. Des titres superbes comme La transition. Comme Le phénix et la cendre, portrait intime, magnifié par un accompagnement musical, minimal et intense, deux sax et sa guitare, (« Je suis et reste une encablure / Entre bas-fond et arc-en ciel /Et tu me prendras telle / Si tu le veux / Si tu le peux / Si ça te rend heureux »). Une première partie qui donne envie de retrouver Buridane sur un spectacle complet.

© Thierry Margot

Après une pause déshydratante, je découvre Nosfell en concert. Il fait une entrée de vedette rock, jouant avec le micro, avec son corps et avec sa voix. Cet artiste complet – chanteur, auteur, compositeur, interprète, danseur – est un véritable phénomène vocal avec une présence impressionnante sur scène et une gestuelle surprenante. Il chante désormais en français, en anglais et toujours dans une langue qu’il a inventé. Le fort niveau sonore, et des textes pas toujours compréhensibles ont généré des avis très partagés dans le public. Beaucoup ont été emballés voire subjugués et ont acheté un ou deux albums, certains ne sont pas restés jusqu’à la fin.

Après cette journée intense en concerts, on échange avec Buridane, on débriefe avec nos connaissances, on fait travailler… le bar et on va se coucher car demain d’autres concerts nous attendent.


Printival Boby Lapointe – Journée du 19 avril. Photo de une :  © David Desreumaux

Quelques futures dates : Davy Kilembé le 31 Juillet au festival Barjac m’enchante (30) – Buridane le 9 juin au festival Le Haillan Chanté (33), le 28 juin festival Paroles et Musiques à Saint-Etienne (42).

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