Zim, une chanson sans étiquette

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Photo Léo Roullet-Marchand

Zim fait partie de la jeune scène lyonnaise de la chanson. Il a remporté, il y a 2 ans, le tremplin d’A Thou Bout d’Chant et a sorti en 2015 un premier EP. Il n’ pas suivi le même parcours que beaucoup de ses contemporains qui sont allés apprendre leur métier à l’Université, au conservatoire de Lyon ou à l’école nationale de musique de Villeurbanne. Autodidacte, il a pris aujourd’hui du recul par rapport à la métropole lyonnaise et découvre maintenant les salles très vivantes implantées dans les territoires ruraux. Pour Hexagone, il raconte son parcours de jeune musicien qui a choisi un jour d’abandonner un bel avenir d’instituteur pour se donner totalement à la chanson et à la musique.

Photo Léo Roullet-Marchand
Photo Léo Roullet-Marchand

Hexagone : Comment es-tu arrivé à la chanson ?
Zim : Je suis originaire de Vienne en Isère et si on remonte plus loin, je suis cht’i. Mes parents sont originaires de là-bas. J’y suis resté jusqu’à 6 ans et j’y ai encore beaucoup de famille. J’ai ensuite habité à Vienne où je suis resté jusqu’à mes 18 ans. Je suis venu ensuite à Lyon pour mes études, une licence d’histoire et un master « métiers de l’enseignement » pour devenir « instit ». J’ai passé le concours d’instit et j’ai réussi la première partie, l’écrit, mais je ne suis pas allé à l’oral et j’ai décidé de me consacrer à la chanson. Je ne voulais pas faire les choses à moitié : à moitié instit et à moitié musicien. J’ai toujours baigné dans la chanson. Mes parents écoutaient un peu de tout : Maxime Le Forestier, Barbara, Brassens, tous ces grands noms de la chanson qu’on a toujours écoutés à la maison. Mais on écoutait aussi beaucoup de jazz, de reggae. Et à Vienne, il y a le Jazz à Vienne et j’y suis souvent allé et tout ça m’a permis de m’ouvrir à beaucoup de styles différents. Mes premiers textes je les ai écrits comme tout le monde en étant ado. J’ai appris à faire de la guitare et j’ai mis mes textes en chanson complètement par hasard. D’ailleurs, au début ça n’était pas une vocation. Je ne suis pas le genre de gars qui se dit à 10 ans « je veux faire de la scène et de la chanson ». Mes premières chansons, je les ai faites au lycée il y a 10 ans …. j’avais 15 ans.

Hexagone : Où se sont passés tes premiers concerts ?
Zim : Mes premiers concerts se sont passés chez moi, avec la famille, les parents, les copains, dans le jardin familial, les soirs d’été. Mon père et mes copains sont un peu musiciens eux aussi. Mon premier concert sur scène s’est passé en 2009 à Pont Evêque, à côté de Vienne, pour un copain qui avait une association culturelle. Mais au début je l’ai fait en dilettante, pour le plaisir de jouer. Et c’est il y a 2 ans que je me suis dit que c’est vraiment ce que j’aimerais faire. J’ai toujours eu de bons retours de mes concerts de la part de ceux qui y assistaient. Mais c’est une chose plus difficile de continuer à prendre plaisir à la musique et en même temps de vouloir en faire son métier.

Hexagone : Tu es vraiment autodidacte ?
Zim : Je ne suis pas un rat de conservatoire. J’ai appris la musique avec mon père et, quand j’étais au lycée, je me suis inscrit à la MJC qui donnait des cours de guitare sans solfège. A 7 ou 8 ans, je me suis inscrit au conservatoire de Vienne pour faire du sax après avoir vu Sonny Rollins en juillet, au Théâtre Antique. Mais j’ai vite été dégoûté quand on m’a dit qu’il fallait commencer par un an de solfège sans toucher un instrument. C’était trop scolaire pour moi. Je me suis malgré tout accroché 2 ou 3 ans pendant lesquels j’ai fait du sax et après j’ai vite divergé. Je jouais à l’oreille les morceaux qui me faisaient plaisir et pas ceux que le prof me donnait. Ca m’a quand même donné une petite base de solfège. Je continue à apprendre tout seul et surtout au contact des autres. On apprend dix fois plus, ou en tout cas différemment, dans une soirée à jouer pendant 5 heures avec d’autres musiciens. Bien sûr, ça me manque quand je vois des musiciens sortir de l’ENM [Ecole Nationale de Musique de Villeurbanne] et proposer des musiques très construites. Mais, bon, c’est la voie que j’ai choisie.

Photo Christophe Garin
Photo Christophe Garin

Hexagone : Cela fait donc deux ans que tu as décidé de devenir un musicien professionnel ?
Zim : Ca a commencé en octobre 2013 quand je me suis inscrit au tremplin d’A Thou Bout d’Chant. Ce qui est merveilleux, c’est que c’est un tremplin sans sélection où tu n’es pas jugé à l’avance. J’ai donc commencé avec beaucoup de « scènes ouvertes » et je suis passé dans tous les bars de la Croix-Rousse. Ce que j’aime dans la musique c’est qu’il n’y a pas de voie royale, obligatoire, basée sur les seuls diplômes. Il y a beaucoup de choses qui fonctionnent grâce aux rencontres et aux hasards de la vie. Après le tremplin d’A Thou Bout d’Chant que j’ai gagné en mai 2014, j’ai eu le prix spécial du jury à Trempolin’Ô, un tremplin humour et chanson organisé par le club Hervé Spectacles qui fait appel à des entreprises philanthropes. Grâce au Tremplin d’A Thou Bout d’Chant j’ai pu y faire des premières parties de Xavier Lacouture et Céline Caussimon. J’ai pu connaître de cette façon le petit monde de la chanson. La nouvelle équipe d’A Thou Bout d’Chant voulait prendre en main les jeunes artistes de façon plus poussée. Mathias et Lucas m’ont donc proposé de retravailler avec eux mon spectacle et de professionnaliser mon projet. On a travaillé là-dessus en octobre 2015, dans une résidence de 4 jours avec Rémi Videira, mon contrebassiste. Des intervenants extérieurs sont venus aussi nous voir, des gens qui ont l’habitude de coacher des groupes et qui ont une expérience de la scène comme Max Lavégie. Ça m’a aussi permis de faire la première partie de Ben Mazué, ce qui était une bonne expérience.

Hexagone : Tu as des dates en vue maintenant ?
Zim : Oui j’ai quelques dates de festival au printemps prochain. Mais mon gros problème c’est que je suis tout seul pour démarcher et constituer un réseau. J’ai bien quelques structures qui m’aident ponctuellement mais je ne suis pas bon pour vendre moi-même mon projet. On espérait bien avoir quelques professionnels à mon concert de sortie de résidence à A Thou Bout d’Chant mais ils ne sont pas venus. Et puis je joue moins souvent à Lyon maintenant que je n’y habite plus. Et quand j’ai un concert à Lyon, il y en a une vingtaine d’autres le même soir dans d’autres salles et tout le monde est noyé dans cette offre pléthorique. En faisant des dates dans les petites salles associatives, mon concert va être l’événement du mois ou de la semaine. C’est formidable car ils arrivent à mobiliser beaucoup plus de monde alors qu’à Lyon j’ai fait beaucoup de concerts dans des salles presque vides où on n’est jamais payés et où les gens ne nous écoutent même pas. J’ai fait le tour des Ninkasi [un brasseur lyonnais et un réseau de pubs et de salles de spectacles] pour y faire de la musique de fond et c’est dur d’être le gars au fond de la salle qui essaye de faire de la musique.

Photo Bernard Moussier
Photo Bernard Moussier

Hexagone : C’est difficile de te classer et de dire quel genre de chansons tu fais.
Zim : Le bonheur pour moi c’est de pouvoir changer à chaque chanson. Il y a rien de pire pour moi que d’écrire une chanson qui ressemble à celle que je viens de finir. Mais c’est vrai que c’est difficile de gérer cette diversité car les gens ont besoin d’étiqueter, ce qui ne marche pas avec moi. J’ai eu le droit aux étiquettes chanson française, variété française, chanson rap, rock slam. La cohérence de tout ça se fait autour de moi, de ma sincérité. C’est la sincérité qui va faire la cohérence de mon projet. Personnellement, je ne vais pas avoir de mal à écouter Maxime Le Forestier et à passer ensuite à NTM. Car sur la majorité des thèmes ils sont d’accord même s’ils les chantent différemment. Sniper qui est un groupe de rap qui a cartonné dans les années 2000 avec sa chanson La France, reprend justement Maxime Le Forestier. Donc, je peux bousculer un peu les gens avec la diversité de mes chansons. Qu’ils aiment ou soient choqués, l’important c’est qu’il y ait une réaction de leur part.

Hexagone : Sur le fond de tes textes il y a pourtant un cap ?
Zim : J’aime bien écrire des chansons qui sont très personnelles. Ce qui me touche le plus c’est quand on écrit sur sa propre vie de façon sincère, qu’on ait vécu la même chose ou pas du tout. Mon cap c’est donc la sincérité et l’honnêteté dans la chanson. Mais j’ai aussi le cap de la revendication et dans mon spectacle j’aime bien dire ce que je pense. J’ai fait par exemple une chanson qui s’appelle Identitaires qui parle de ce mouvement d’extrême droite. A Lyon, j’habitais dans le Vieux Lyon où ils sont très présents. Et j’ai écrit cette chanson-là sur la musique de Parachutiste de Maxime Le Forestier. Les identitaires aujourd’hui sont un peu les parachutistes des années 60. Mais j’ai du mal à « vendre » ce genre de chansons aujourd’hui, à une époque où la chanson engagée n’est plus du tout mise en avant. Il reste quelques résistants de la chanson alors qu’à son époque Renaud n’était pas un paria des radios. Je trouve qu’on ne donne plus assez de place à cette chanson-là.

Photo Bernard Moussier
Photo Bernard Moussier

Hexagone ; Tu vis maintenant à Saint Jean de Bournay en Isère. C’est plus tranquille qu’à Lyon là bas ?
Zim : Oui, c’est plus tranquille, sans être mort non plus. A Saint Jean de Bournay il y a Jaspir, une association qui a organisé un festival avec des concerts et des événements tous les soirs pendant 2 semaines, et ils ont fini avec Zebda et Zoufris Maracas dans une salle de 1000 places. Je découvre que partout, dans les petits territoires ruraux, il se passe plein de choses. Je me suis souvent retrouvé dans un trou perdu au fin fond de l’Ardèche ou de la Loire, un mois de novembre, et il y avait plein de gens. La grande ville, il faut y remettre les pieds quand on a quelque chose de très construit à proposer après avoir fait ses preuves ailleurs.

Hexagone : Tu vas bientôt avoir le statut d’intermittent ?
Zim : C’est hyper dur d’être payé et encore plus dur d’être déclaré. Il y a des salles qui ont l’habitude de faire ces déclarations mais les bars n’embauchent jamais d’intermittents. Pour m’aider à professionnaliser mon projet des amis ont monté avec moi une association de production de spectacles. Je suis le salarié de l’association «Com’potes de prod » et ça va me permettre de toucher des cachets. On est en train de se structurer et nous n’attendions plus que la réponse de la DRAC qui doit nous délivrer une licence d’entrepreneur du spectacle ; la réponse est arrivée et elle est positive ! Et le but est ensuite de trouver d’autres artistes pour faire fructifier le projet.


Les prochaines dates de Zim :

. le 11 mars au Bal Des Fringants, pour le festival « Les Souris Dansent »

. le 28 avril (en tête d’affiche) À Thou Bout D’Chant. Pour se tenir informé des prochaines dates de concerts, on pourra consulter le site Web de Zim ou son page Facebook 

On peut se procurer son Ep sur son site  en cliquant sur le lien « buy. » Le format physique est disponible au moment des concerts ou bien en écrivant à contact@zikazim.fr

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