Garance, t’es rock cocotte !

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Photo David Desreumaux
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Quand elle était petite, Garance a baigné dans les Bobby Lapointe, Renaud, Le Forestier et Souchon de papa et maman. Ça imprègne, il faut croire, car maintenant qu’elle est toujours petite mais bien plus grande, elle montre que les chiens ne font pas des chats. Que le virus de la chanson, c’est comme la potion chez les Gaulois, quand tu tombes dedans petit, tu es servi pour le restant de tes jours !

Garance vient de là, mais la chanson comme acte professionnel, c’est en seconde intention qu’elle arrive. Au départ de sa jeune genèse, Garance Bauhain, à l’état civil, se projetait certes sur des planches, mais davantage sur celles d’un théâtre à déclamer les textes des autres, sous les ordres des autres. Qui a vu Garance sur scène comprendra vite que ces restrictions et engoncements n’étaient pas faits pour accomplir et épanouir une jeune personne éprise de liberté et de simplicité…

Exit donc le Cours Florent et les très hypothétiques scènes nationales et direction la chanson ! « La chanson m’apportait l’aspect ludique. Je trouve ça moins douloureux, plus sain, simple, moins prise de tête et surtout beaucoup plus direct avec le public. Je pouvais dire aussi très simplement ce que je voulais dire et le transmettre directement à quelqu’un. La chanson est aussi accessible à une majorité, ce qui n’est pas exactement le cas du théâtre » justifie Garance.

Photo David Desreumaux
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Son saut dans la chanson, Garance ne va pas le faire le seule. Et à vrai dire, elle n’en est pas franchement à l’initiative. C’est plutôt son pote, Brams, qui vient la déloger un beau jour de 2006 alors qu’elle séjourne chez ses parents dans le Poitou. Il ne lui propose pas la botte comme dans une chanson de Renaud mais plutôt l’idée de la rejoindre à Paname « dans 3 mois », pour chanter et faire des concerts ensemble. Roule ma poule, l’histoire est partie. Les deux lascars vont écumer toutes les terrasses de cafés possibles durant l’été.

Cette association à deux têtes officiant sous le matricule de « Garance et Brams » engendrera un disque, Repose ta veste, vendu sous le manteau. Puis Brams ne valse plus et quitte le duo. Garance se retrouve à ce moment-là en duo toute seule.

C’est dans cette formation solitaire que Garance entame une série de concerts en 2008, avant de sortir son premier album (8 titres), sous son seul nom, en 2010. Ce galop d’essai, qui renferme l’incontournable Hermione, laisse apparaître les facettes et les couleurs de Garance. On lit derrière une apparente fragilité la détermination d’une auteur-compositeur-interprète à en découdre avec ses pairs. Garance ne mâche pas ses mots, elle ne les crache pas non plus mais elle est les pèse et les expédie. L’écriture de cette fille bien dans ses baskets et dans son époque sait aussi se faire tendre et causer sentiments sans mièvreries.

Photo David Desreumaux
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Dès lors, Garance ne passe pas inaperçue. Elle participe à de nombreux tremplins et décroche pas mal d’honorifiques timbales qui pousseront le très fin Philippe Meyer à prononcer les mots suivants lors de sa célèbre et culte émission, La prochaine fois je vous le chanterai : « Garance est absolument couverte de récompenses les plus considérables mais il est vrai qu’aujourd’hui on crée des récompenses souvent pour faire valoir ceux qui les donnent plus que pour faire valoir ceux qui les reçoivent. Tel n’est pas son cas, elle vient du théâtre et elle a à la fois ce sens de la construction de la chanson comme une petite pièce et en même temps cette capacité à l’interpréter. » Adoubée, entre ici Garance Bauhain.

Garance continue à se produire en solo mais à partir de 2013, elle revisite et augmente la formule en intégrant bassiste, guitariste et batteur pour étoffer et varier les plaisirs. Les morceaux s’électrisent, les ambiances et les sonorités vont batifoler davantage dans le lit du rock. C’est dans ce prolongement que le second grand EP (petit album de 7 titres), Les idées rock, sort au printemps 2014. Il confirme tout le bien que l’on pensait de Garance et l’on peut mesurer les progrès accomplis depuis le premier album. Garance, toujours douée d’un profond sens mélodique, s’affirme, appuie ses textes et ne rechigne pas à prendre la parole politique comme sur Mes Cheveux blancs.

En quelques années, Garance a su investir un terrain de la chanson féminine à texte qui compte encore difficilement les sérieuses prétendantes. Mélodiste à coup sûr et fine observatrice de son temps, elle s’impose comme une artiste sensible qui donne la pleine mesure de son art sur scène. « Au jour le jour, je démarche, je cherche des dates pour jouer en solo ou en groupe. Si je jette un coup d’œil en arrière, je me rends compte tout de même que c’est de mieux en mieux de ce côté-là d’année en année. J’ai vraiment envie de jouer le plus souvent possible et ce qui me ravit c’est que plus ça va et plus il y a de belles dates qui arrivent, dans de chouettes endroits avec des gens qui te font confiance » explique Garance. Ces gens, on les comprend.

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