C’est ma séparation

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Photo David Desreumaux

Voilà j’ai choisi le thème de la séparation. Tadaaaaaaaaaaaam ! ça claque ! Ouais, bon, gros morceau quand même. A la réflexion, j’aurais mieux fait de me couper un bras, ou me casser une jambe. En même temps, généralement, on écrit avec le cœur voire avec les tripes, et tant que je ne les mets pas sur la table… Bref, je me disperse…

La séparation évoque toujours nécessairement l’éloignement de 2 parties quand bien même celles-ci feraient partie d’un même tout. Elle est synonyme de rupture, de cassure. Il y a souvent un avant et un après. Ok, j’ai déjà perdu tout le monde au bout de 4 lignes !

La séparation c’est la désunion, on pense généralement à celle de 2 êtres, à la rupture amoureuse. Et là, il m’a bien fallu 4 mois pour écouter un tiers des chansons évoquant le sujet. J’en ai tellement avalé que j’en pleure du sirop de glucose.

La séparation existe parce qu’il y a eu un jour rapprochement des sentiments, des esprits, des corps, (dans l’ordre que vous voulez, hein). Au début, chacun entre dans la relation avec sa personnalité et son passé – certains diront ses casseroles. Pour 2 pachydermes cherchant à se rejoindre, l’amour naît dans la dualité de la passion et de la quête de liberté.

Kent l’exprime très joliment dans Les éléphants :

Belles porcelaines aux tendres harmonies

Vases délicats de promesses sertis

Que deux éléphants cherchant à se rejoindre

Brisent en morceaux en tentant de s’étreindre

Ce sont nos amours ces vases en équilibre

Entre la passion et l’envie d’être libre

Nous les éléphants, maladroits empotés

Traversons des vies jonchées de pots cassés

Nos vases fragiles se fissurent à l’usure ou se brisent avec fracas. C’est la rupture. Les corps s’éloignent, une distance est prise pour mieux clore le chapitre et tourner la page.



Une chose est sûre : il y a autant de ruptures amoureuses qu’il y a de couples, pas de recette miracle, on fait tous comme on peut. Certaines ruptures sont frontales, elles font un boucan d’enfer (je supporte pas), d’autres se font en demi-teinte, à pas feutrés, en silence en silence, doucement la porte est refermée.

Parfois c’est du rouge à lèvres sur un miroir qui signifie la fin : « au revoir salaud », il n’y avait pas d’autres mots, ou encore, griffonnés sur un post-it, les petits coeurs du début ont muté en point final. Mais soyons modernes! A l’heure des nouvelles technologies, certains assument tellement la rupture que courageusement, ils expédient la fin par sms…. Nan ? Si….



Il y a aussi des habitués de la rupture qui remettent ou subissent ça tous les deux ou trois ans, les Pierre Richard de la séparation en quelque sorte, ils finissent par s’y habituer. Bien souvent, ça se passe dans un Grand Café.



Ce n’est pas parce qu’on se sépare que le reste suit toujours. On est parfois dans une boucle, le ressac d’une vague qui porte en lui une ritournelle. Si les liens sont difficiles à tisser, ils sont souvent encore plus durs à démêler, c’est humain. On s’est trouvés, on s‘est retrouvés, on s’est perdus de vue, ah ben tiens le voilà de l’autre côté de la rue… On est pris par la vague.



On peut aussi aimer une personne et ne pas être ensemble, réunis. Comme on peut être unis sans forcément s’aimer. Parfois (et par foi), il faut se tenir groupés et être en communion d’esprit ou de lutte avec un quasi étranger. On se retrouve à battre le pavé pour protester, signifier, s’indigner. Ça ne fait pas toujours gagner les batailles, mais ça donne un sens à notre indignation, notre volonté : « Ils marchaient ensemble sans se séparer l’union fait la force chez les ouvriers… Ils marchaient ensemble sans se séparer comme un cœur qui bat dans la société »

Ça donne aussi un sens à notre colère et à notre immense peine…



Littéralement, la séparation c’est un écart physique, deux espaces disjoints séparés parfois par une barrière, un mur, une frontière. La frontière à ne pas dépasser. La frontière qui attire ceux qui y voient au-delà un meilleur avenir, ceux qui fuient la guerre, la violence et la faim. Que laissent-ils derrière eux ? De quoi se séparent-ils ? Ils sont prêts à risquer leur vie, mais aussi à se déraciner, à perdre leur famille et leur pays pour mourir dans des rafiots de fortunes, abusés par des passeurs et noyés dans l’indifférence des nations. De quoi nous séparons-nous et quelle part d’humanité brisons-nous, nous, les spectateurs de ce monde-là ?

Et que dit celui qui prend le bateau à celui qui reste sur le rivage et qu’il ne reverra sans doute jamais ?



Il arrive que ce soit nos esprits qui vagabondent sur les flots… Des morceaux de nous-mêmes nous échappent et glissent lentement, sans qu’on s’en aperçoive, vers l’autre rive, l’obscur rivage où tapis dans un coin, se cachent l’oubli, la maladie et la folie. Ces morceaux de nous deviennent des étrangers dans leur propre maison, coupés de la surface, éloignés à tout jamais de nous, un glissement de terrain intérieur. Que voit celui qui, dans le doute, se regarde alors dans le miroir ?


Voilà, c’est ici qu’on se sépare. Point final. Point de rupture.

PS : t’as vu comme je suis balaise? tout un article sur la séparation et pas une chanson du grand Miossec !

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