Cabaret All’arrabbiata – Lemauff à toutes les sauces

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Mais qu’est ce qui m’arrive ? Je suis venu sur Hexagone pour évoquer des artistes de la scène chanson francophone que j’aime, pour partager et donner envie. Et voilà qu’après Lior Shoov, Israélienne, venant du cirque, je vais maintenant vous parler d’abord d’un cabaret satirique sur des textes italiens puis d’un chanteur qui ne s’est encore jamais produit sous son nom. Et ce pour les même raisons : je ressens deux coups de cœur et j’ai envie de partager, d’informer.

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Cabaret All’arriabbata d’abord. Des textes choisis dans un recueil de chroniques d’un comédien et auteur italien Ascanio Celestini. Un trio de comédiens chanteurs leur donne vie et entrecoupe ces scènes de chansons italiennes engagées. Donc ce n’est pas de la chanson, ce n’est pas du tout francophone. Mais depuis longtemps, je n’avais plus vu un spectacle aussi fort, aussi prenant. Il occupe notre esprit durant plusieurs jours, et en même temps, il procure un grand plaisir de spectateur. Les textes sont cyniques, d’une grande intelligence et d’une âpre dureté. Chaque scène débute comme une fable, l’histoire semble excessive dans son traitement, et l’imagination débordante. On sourit, on rit. Mais, en fait, c’est de notre vie qu’il s’agit, on reçoit un uppercut qui coupe le souffle. Sous le prétexte d’une histoire, le doigt est mis sur ce que l’on accepte et que l’on ne devrait pas, sur nos lâchetés au quotidien et on se sent mal à l’aise. C’est intelligent, inventif dans l’approche, à travers des histoires non réalistes des mots sont mis sur des sujets que l’on veut se cacher à soi-même. Cela parle du pouvoir, du rapport entre les dominés et les dominants, des dominés qui ne se révoltent pas, de la lâcheté, de la cruauté, de notre non humanité.

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

C’est surtout un spectacle réussi. Les acteurs sont vraiment fantastiques, la mise en scène ne nous laisse pas nous poser, les chansons et leurs mélodies mettent de la gaieté et de l’enthousiasme, l’écriture amène des images surprenantes, l’humour est très présent. Plus qu’excellente en femme d’affaires qui vend de la merde et en voisine qui est comme nous,  « on est tous pareils, je suis comme toi je suis raciste, comme toi je suis pédophile, » Renata Antonante est aussi une surprenante chanteuse. Pablo Seban, arrive à nous faire croire qu’il est une femme se faisant mettre la main aux fesses. Ces deux comédiens, d’origine italienne, et excellents chanteurs sont complétés par Lucas Lemauff. Plus qu’à l’aise au piano, son instrument fétiche, il nous surprend et nous éblouit par ses talents de comédien. Vraiment on ne l’attendait pas déjà à ce niveau là !. Vieux briscard dans son discours politique, « Citoyen, je vais te parler franchement, la situation dans laquelle tu es (plus de 13ème mois, plus de travail… ) C’est ton problème » et terriblement efficace dans la fable cruelle de ceux qui ont un parapluie et ceux qui n’en n’ont pas : « le monde ne change pas, c’est ta place dans le monde qui change. » Donc un cabaret satirique à voir, et à revoir. Un spectacle qui satisfait le public. Le bouche à oreilles fonctionne bien, cette troisième représentation en deux mois a encore refusé du monde, et plusieurs rangées l’ont suivi debout.

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Et, comme les artistes, je veux citer Olivier, patron programmateur de Chez Ta Mère, qui a permis à ce spectacle d’avoir ses premiers spectateurs. Je pense, et espère, que ce cabaret n’en est qu’à ses débuts d’une belle et longue carrière méritée. Pour l’instant une seule date de sûre au théâtre du Grand Rond en janvier… 2016.  Promis, je t’annoncerai les dates à Toulouse, dans la région et celles… à Paris.

Et Lucas Lemauff alors ? Il est mis à toutes les sauces ces derniers temps. Et on se dit, à chaque nouvelle prestation, « il sait tout faire et il le fait bien. » Les Toulousains ont d’abord connu Lucas comme pianiste du groupe Les Pauvres Martins, dans lequel, petit à petit, sa place a grandi. Je me souviens d’un concert mémorable en Novembre 2012 au Bijou où il chantait sur plusieurs titres, jouait  de la  flûte, et assurait des percussions corporelles.  On l’a retrouvé comme pianiste accompagnant Olivier Gil, auteur toulousain, puis l’an passé en tournée avec Keith Kouna, artiste québécois, et depuis plus d’un an pianiste de Pierrick, l’ancien chanteur-auteur des Malpolis de joyeuse mémoire. On l’a apprécié en pianiste chanteur dans Les Fils de Ta Mère en 2012-2013 (là aussi avec un souvenir mémorable notamment de La vache à mille francs de Poiret et Chanson pour Pierrot de Renaud).

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Et depuis Octobre, il fait partie de Virage à droite dont Hexagone a déjà parlé ici et nous gratifie de moments savoureux comme Je suis pour de Sardou et de Ma salope à moi (Doc Gynéco) en duo avec Stef. Les Toulousains l’ont aussi vu auprès d’Hervé Suhubiette, cet été, comme choriste dans un hommage à Nougaro. Avec Suhubiette (rappelle-toi on a déjà parlé de Suhubiette dans Hexagone ici) il anime une chorale Voix Express. Et il montre une nouvelle facette de comédien dans All’arrabbiata ! A toutes les sauces je te dis ! Et la mayonnaise continue de monter. Lucas Lemauff prépare un spectacle, piano voix, dans lequel il chantera ses textes et compositions. Là aussi tu peux compter sur Hexagone pour te parler de cet artiste talentueux que nous aimons beaucoup.


affiche de All'arabiata

Cabaret All’arriabbata  – 26 octobre et 12 décembre 2014 – Chez Ta Mère – Toulouse.


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