Des nouvelles d’Hervé Suhubiette

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Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Samedi 13 septembre dernier, c’est à un spectacle d’une grande rareté auquel il nous a été permis d’assister au Forum Léo Ferré d’Ivry. Dans le cadre des Estrades Ordinaires, ce haut lieu de la chanson donne carte blanche à Eric Nadot, le fondateur de l’excellente revue DVD Tranches de Scènes qui a à cœur de promouvoir une chanson qui fait que l’on se sent si bien loin de sa télévision.  Et samedi dernier, l’heureux élu était le très toulousain Hervé Suhubiette.

Eric Nadot a vu juste en programmant Hervé Suhubiette. Grande rareté, disais-je, car si on voit Hervé Suhubiette régulièrement programmé dans le cadre des spectacles « jeune public » – notamment au FestiVal de Marne –  sa venue pour les « grands » est plus parcimonieuse. Or, ses créations pour les enfants – qui forment son activité principale – sont toujours de belles réussites d’intelligence et d’humour et vous vous doutez bien qu’il pare ses chansons pour adultes des mêmes atours ! Mais il a moins l’occasion de les chanter. D’où la grande rareté évoquée plus haut. Rareté qui nous est chère à Hexagone.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Samedi soir, Hervé Suhubiette venait donc interpréter son répertoire pour adultes. Pour ce travailleur insatiable à l’énergie improbable, ce volant de son activité, la chanson pour grands, c’est une cour de récréation, figurez-vous…  L’imagination qu’il met en œuvre dans son travail pour le jeune public en abordant des thèmes sur un mode souvent plus surréaliste, plus biaisé, il lui en reste ! Alors, il écrit encore des chansons… Les chansons d’Hervé Suhubiette présentent très souvent des portraits de gens ordinaires vus par un prisme extraordinaire.

A la manière des nouvellistes du XIXème siècle qu’il apprécie volontiers, tels Maupassant ou Edgar Allan Poe, Hervé écrit des chansons comme des petites nouvelles, à la fois très visuelles, très colorées selon l’humeur. Aussi subtiles qu’efficaces, entre humour, amour ou cruauté comme cette Mamie gâteaux qui devant ses fourneaux cuisine sa vengeance. La nouvelle, « C’est un genre que j’adore en littérature. Quand je faisais des études de Lettres, on me demandait de lire 36 000 bouquins si bien que je n’avais jamais le temps de lire des choses pour moi. La seule chose que j’avais trouvée pour me contenter, c’était de lire des nouvelles parce que c’est très court. J’ai pris goût à ça et la nouvelle, c’est un peu comme la chanson. C’est une forme très concise. C’est à dire qu’en peu de temps il faut être efficace. Il faut faire passer une idée. Il y a un côté « instant », « tranche de vie » qui me convient et j’aime faire ça en chanson », justifiait déjà Hervé lors d’une interview qu’il nous donnait en 2003.

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Accompagné d’une violoncelliste et d’un clarinettiste (et sax), Hervé a déroulé cet univers si singulier qui est le sien. Déroulé mais pas que. En homme roué à la scène, il endosse le costume de l’acteur et donne à ses chansons une dimension visuelle évidente. De la chanson incarnée, de la chanson qui a du métier, de la saveur. Il prend le temps de poursuivre les histoires entre les morceaux ou d’introduire celles à venir. Il raconte sa passion pour la musique, héritée de sa petite enfance et dit la chance qu’il a eu de pouvoir accéder au piano chez lui. C’est l’histoire du Piano de grand-mère qui est aussi son histoire à lui, belle et touchante, entre nostalgie et révérence.

Une chanson-crédo pour un Hervé Suhubiette, homme en perpétuel mouvement qui avoue avoir « toujours besoin d’être en création » et pour qui « la musique est aussi importante que le texte. Elle est autant porteuse de sens. Elle a aussi un côté narratif ». Dans son œuvre, c’est manifeste !


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