Pause Guitare, c’est un « gros » festival dont je t’ai déjà parlé ici, avec ses têtes d’affiches commerciales sur la grande scène Pratgraussals, mais Pause Guitare c’est surtout une grande fête estivale de la chanson, avec ses plateaux découvertes ou Québecofolies et puis ses trois scènes gratuites du Off, en centre-ville d’Albi. Cette année, j’ai décidé de te parler plus particulièrement de la chanson qui ose dire les choses, frontalement, qui montre le monde comme il va… pas bien ; de t’évoquer la chanson qui ne se contemple pas le nombril, qui ne se morfond pas dans les amours ratés. Parce que la chanson engagée, la chanson « rentre-dedans », se fait rare, parce que l’entendre fait du bien, encore plus ces temps-ci, et parce qu’à Albi, trois beaux talents la représentaient : Archibald, Maggy Bole, Les Idiots. Alors pour chacun, je vais te livrer un compte-rendu de concert et un entretien.
Episode 1 : Archibald, en plein air, sur la scène atypique de La Caravane du Vladkistan. Archibald, le projet solo de Quévin Noguès, c’était mon coup de cœur découverte en février 2016, au Bijou, à Toulouse pour une de ses premières représentations. A Albi, en 45 minutes, durée imposée, il nous délivre une superbe prestation. Sur la scène, il a disposé quelques objets : un ancien et gros poste à radio, une table basse, une vielle machine à écrire, une lampe de chevet et une caisse en bois. Il arrive, en redingote et chapeau, monte sur scène et nous déclame ses chansons rap acoustique engagées. C’est du « rentre-dedans », salutaire. Il argumente contre Mr Tout le monde haineux et raciste, il chante « les pauvres, les affaiblis, les opprimés, les démunis », met en avant l’humain et la solidarité, récuse l’injustice. Mais ce n’est pas un meeting, c’est un spectacle, avec une mise en scène adaptée et un parti-pris de musicalité. Lui, le sourire aux lèvres, se montre dans son élément sur scène, véritablement content d’être là. Chansons et textes, guitare et parfois des sons en boucle (voix, flûte, bruit de machine à écrire et percussions), human beat box et jeu avec la voix qui parfois prend des accents hispaniques. Il enchaîne les moments forts et prenants comme T’entends ça l’oiseau ? sur l’observation de l’état du monde et la nécessité de résistance (insurrection ?) des peuples. Il émeut avec Ma lettre, un slam intime et émouvant sur un être qui l’a laissé (« ça fait dix ans que ça dure, ça fait dix ans que c’est dur ») et on découvre à la fin qu’il s’agit de son « papa ». Il nous réjouit avec Intergitans du spectacle (« Y a comme une odeur de joie de vivre qui traîne dans l’air ») reçue comme une sorte de profession de foi. On se sent plus fort et plus vivant à la fin de la prestation. Deux programmatrices de petits festivals, que je connais et qui découvraient Archibald, ont été emballées et sont allés acquérir son album.
Vendredi 7 juillet : Archibald concert à 19h45 et entretien sur un banc un peu plus tard. Pause Guitare à Albi. Scènes du Off. Caravane du Vladkistan.
Hexagone : On s’est vus la dernière fois en février 2016, au Bijou. Quel a été le parcours du spectacle et le tien depuis ?
Quévin Noguès : Au Bijou, ce spectacle était tout neuf. Depuis un an et demi, je l’ai joué plus de soixante-dix fois. Je suis allé avec lui un peu partout, au delà des alentours toulousains, dans les Alpes trois fois, dans la région de Clermont-Ferrand au moins cinq fois, à Tours deux fois, à Nantes et en Bretagne,à Paris aux Trois Baudets et dans des bars. Et puis faire la route permet de faire de belles rencontres d’artistes et d’humains. Depuis quelques temps avec Mathieu Barbances, chanteur contrebassiste, on essaie quand on peut de se retrouver en co-plateau. Et récemment en mars au Bijou, j’étais programmé avec Govrache. On ne se connaissait pas. On a décidé de faire un vrai partage de scène et pas deux concerts qui s’enchaînent. On s’est aperçus que l’on traitait les mêmes thèmes. On s’est de suite appréciés humainement. On a décidé de rejouer ensemble et de monter un spectacle commun, j’espère à l’automne prochain du côté de Paris.
Hexagone : Tu nous dis quelques mots sur ton album T’entends ça l’oiseau ?
Quévin Noguès : L’album est sorti l’été dernier. Je l’ai conçu et enregistré tout seul dans ma caravane, voix et instruments. Je suis content car beaucoup viennent le prendre après le concert.
Hexagone : Ton spectacle est rôdé et maîtrisé, on en a eu un bel exemple ce soir. As-tu écrit de nouvelles chansons que tu incorpores ?
Quévin : Le spectacle est dense, vu les textes proposés, et je pense cohérent. Je n’y touche plus depuis plusieurs mois. J’écris de nouvelles chansons mais je les garde pour un autre spectacle.
Hexagone : Que peux-tu nous dire sur ce prochain spectacle ?
Quévin : Ce sera dans la continuité. Mais je vais essayer d’être un peu plus mature, ou tout au moins d’être un peu plus optimiste. Plus dans la recherche de ce qu’on peut faire comme merveilles et moins dans le constat du bordel dans lequel on est. Après je ne peux pas m’empêcher de parler de certaines choses et d’être énervé. Mais je veux aller plus au fond des choses, soit dans le positif parler des belles choses et aller vers l’utopie, soit dans le négatif aller dans le vindicatif. Mais cela restera assez engagé.
Hexagone : On sent à ton concert, que la musicalité t’intéresse, qu’écoutes-tu en ce moment ?
Quévin : J’aime la musique en général. J’ai eu plein de phases et de périodes. Depuis un an ou deux je suis très hip-pop, rap et beaucoup le rap espagnol, le rap français avec les vieux groupes NTM, IAM ; je me suis empressé d’écouter leur nouvel album qui est vraiment bien. Tom Waits que j’ai découvert, une claque, il y a trois ou quatre ans grâce au metteur en scène de mon spectacle. Et je suis en amour pour le Cirque des Mirages et Yanowski.
Hexagone : Qu’as-tu envie de dire pour conclure ce petit entretien ?
Quévin : De belles choses se mettent en place pour mon spectacle. Début 2018, dans le cadre du festival Détours de Chant je ferai la première partie de Juliette à la Halle aux Grains, superbe salle à Toulouse.
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