Festival Dimey : Flow d’émotions en ouverture

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Photo Chantal Bou-Hanna
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Mercredi 4 mai. Ouverture du festival. Je me suis assis dans un fauteuil confortable avec l’envie et même le plaisir de revoir Flow. Mais je ne m’attendais pas à une telle émotion. Toujours cette voix particulière et prenante, puissante et cassée. Un répertoire de plus en plus centré sur les enfants, sur l’enfance. Des mots simples, sur des sujets forts. Une artiste authentique, entière. Une sensibilité qui fait mouche. Ça part des tripes, de l’âme, du cœur. Et ça arrive direct dans les nôtres. Sans filtre, sans réflexion. Conséquence : j’ai pleuré trois fois, sur trois chansons différentes. Mais pas le genre « je suis un peu ému, ouh les larmes affleurent le bord des yeux ». Non des larmes bien grosses, bien garnies qui te font un bien fou en coulant, qui te purgent et te régénèrent. Je pense qu’en concert cela ne m’était jamais arrivé de la sorte. Hé je ne te raconte pas ma vie, je te parle de l’effet sur le public. Car ma voisine partageait mon état, et d’autres le diront après le spectacle. J’avais vu Flow en groupe à l’époque de son premier album au festival Musicalarue (en 2008 ?) et j’avais déjà pris une grande claque même en voyant le concert de loin en haut du théâtre de verdure. Puis je l’ai revue au Printival, toujours en groupe, quelques années après (2011 ?). Ce soir, ils arrivent à deux. Flow (Florence Vaillant) et son guitariste. Une formation en duo, qu’elle fait appeler Les Flow depuis quelque temps.

Photo Chantal Bou-Hanna
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Un début étonnant avec Une souris verte qu’elle fait chanter au public. Puis elle décortique et traduit le texte ; la souris, nuisible femelle, serait une sorcière montrée à ses messieurs de l’inquisition. Et la comptine moyenâgeuse, aurait été chantée par les enfants dansant une ronde autour du bûcher de l’exécution. Le ton est donné : « Je vous invite à vous renseigner avant de répéter quoi que ce soit. » Habillée sur scène comme à la ville ou plutôt comme dans la rue (casquette, sweat large, jean trop grand, grosses chaussures). Elle dit avoir été prise pour une punk. Mais c’est une punk qui chante une berceuse, Le sourire d’un môme : « Promesse à l’espièglerie… Ce p’tit plissement de frimousse C’est la vie qui éclabousse… Ça efface les galères, Tu porterais le monde entier pour Le sourire d’un môme. » Elle se met à la place de l’enfant dans Je sais (Je fais ce qu’on me fait) ou dans Alexandre : « C’est dur l’intégration / J’espère que ma mère va comprendre / C’est peut-être pas la solution / Mais je veux qu’on m’appelle Alexandre ». Elle chante ce qui la touche, sans fard, avec humanisme et sans tabou. Elle évoque le départ de Leprest dans Même pas mal. 

Photo Chantal Bou-Hanna
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Elle parle de la fragilité de la paix, l’illustrant par la superbe Shalom. Et se montre comédienne, avec chorégraphie, sur Pouffiasse. Un tour de chant maîtrisé. Elle utilise autodérision et humour dans les inter-chansons qui servent de respiration. A l’aise sur scène, elle sourit souvent (je ne me souvenais pas de cela sur les concerts précédents). Percutante et sensible elle est accompagnée par un guitariste choriste hors-pair, Etienne Abellion, qui continue à jouer même quand Flow parle. En rappel, elle ose un portrait au vitriol de la vie Dans mon village : « Quand on divorce on peut rester frère et sœur ». Puis elle finit dans l’émotion, avec Tout le bataclan en évoquant un soir de novembre dernier, le 13, où elle a perdu quelques amis (« Viens on va danser / Ramène ta gueule ton bout de courage et tout ton bataclan … / Viens on va chanter entre les larmes mais ça va le faire. »)

Petite anecdote : avant le concert, dans la salle où le repas est pris en commun entre festivaliers organisateurs et artistes, elle est venue, par hasard en tenue de scène (oui habillée comme tout le temps, quoi !). Elle nous a parlé de son passage à la télévision pour l’émission Chabada, de ses liens avec « les gens du métier » et d’autres sujets. Mais je ne t’en dirais pas plus (eh c’était pas une interview, juste un échange entre personnes qui partagent la même panière). Je peux juste t’apprendre (car elle le dit dans son concert) qu’elle prévoit toujours d’interpréter en concert quelques chansons inédites, n’existant pas sur album, en cadeau, pour les gens qui font l’effort de se déplacer. Dans la journée, elle a animé un atelier d’écriture avec des enfants de 3ème. D’après les présents, les élèves vont longtemps s’en souvenir, comme certainement du concert où ils ont été invités.

Photo Chantal Bou-Hanna
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Au début de son concert, elle dit quelque chose du genre : « Les enfants ça ne ment pas. Quand ça n’aime pas, ça n’aime pas. Ça ne fait pas semblant. Et ça fait du bien : la vérité, l’authenticité. » De ce que j’ai vu à Nogent, cette phrase ressemble à un auto-portrait de Flow.

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Flow au Festival Dimey le 4 mai à Nogent (52). Elle sera au Pic d’Or à Tarbes les 20 et 21 mai.

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