Une semaine au Bijou !

2
2446

Le Bijou « Le lieu Chanson » à Toulouse, depuis plus de 25 ans, scène incontournable. Comme Hexagone, le Bijou met en valeur une scène peu représentée dans les médias et choisit de partager ses passions, ses coups de cœur avec le public. Le lieu propose une programmation de grande qualité, avec des artistes confirmés ou des belles découvertes et des artistes locaux. Crois-moi : que du bon ! Et je suis plus qu’un fidèle (depuis le siècle dernier !) de ce lieu. Cette année, j’en suis à mon 40ème concert dans cette salle ! 

Un bijou de programmation cette saison encore.

Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal

Depuis Septembre, on y a apprécié, entre autres, Nathalie Miravette et son irrésistible Cucul mais pas que, Entre 2 Caisses, avec son superbe spectacle Je hais les gosses, en acoustique, à partir de chansons de Leprest. Des artistes chroniqués sur Hexagone sont venus nous régaler comme Virage à droite, qui avait fait sa première mondiale le  1er avril dernier au Bijou, et Jur avec son concert surprenant et prenant. Le Bijou nous permet aussi de découvrir des artistes québécois comme Alexandre Poulain ainsi que l’attachant et étonnant Keith Kouna. Je n’oublie pas de superbes artistes, méconnus des médias, mais dont je ne rate aucune occasion de les voir en concert. Comme Mr Roux, qui en était à son  4ème passage au Bijou, avec un original Sans frontière,  accompagné par deux amis chanteurs l’un québécois et l’autre ivoirien. Comme Marianne Aya Omac, désormais en trio, une voix unique au service de l’émotion et du plaisir du spectateur. Du confirmé, du francophone pas d’ici, des oubliés des médias mais aussi et bien sûr de très bons artistes locaux. On peut citer, mon coup de cœur, La Reine des Aveugles (on parie que j’en reparle bientôt et plus longuement ?), le groupe Sale Pierrot pour la sortie de leur premier album Grands soirs et petits matins et un collectif, Commando Nougaro, pour une revisite originale et réussie du répertoire de l’icône Toulousaine.

Je te propose de passer avec moi une semaine ordinaire au Bijou. C’est parti pour quatre soirées de concert.

Mardi 25 Novembre – Audition publique Osons

Photo Le Bijou

Tous les derniers mardi du mois, Le Bijou offre à ses spectateurs une audition publique, une scène ouverte, 6 groupes disposant chacun de la scène pour 20 minutes. La gratuité de la soirée incite le public à la découverte et assure à l’artiste une belle assemblée. Ce mardi est représentatif de la diversité que l’on peut y voir. Du théâtre musical avec un trio qui reprend des chansons et textes de Gaston Couté. De la chanson rap avec 2 jeunes (lycéens ?) qui étrennent leur première scène. Obsolescence Programmée, de la chanson électronique, un duo costumé, à revoir sur un set plus long. Marius chante, en trio, sur des mélodies agréables accompagné de musiciens aguerris, déjà croisés dans d’autres groupes sur Toulouse. Un jeune en solo offre un patchwork brouillon : chanson, texte dit, guitare, kalimba, machine et beat box. Une chanteuse de rue, en solo accordéon et chant, vient s’essayer à la scène. La scène ouverte Osons a révélé des artistes Toulousains connus depuis, comme entre autres, Manu Galure et Chouf. Sur une saison, plusieurs jeunes talents se voient offrir, quelques mois plus tard, la scène pour un soir ou un co-plateau. Ah ben tiens comme Lily Luca, passée en avril sur Osons et en co -plateau ce mercredi (belle transition !).

Mercredi 26 Novembre Co-plateau Lily Luca – Elie Guillou

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Lily Luca, en solo voix guitare, nous délivre un concert intimiste, avec des textes personnels, un sourire quasi permanent et souvent complice, et un joli répertoire. Le concert démarre et se termine par deux morceaux ayant pour thème la première chanson et la dernière chanson. Elle dit faire « une chanson d’amour car on ne peut pas faire autrement quand on est une étoile montante de la chanson française » et c’est Virgule, chanson d’amour finalement pas si attendue que cela. Son set contient de jolis moments comme Futur 2000, jouée un peu comme un robot où elle nous explique ironiquement comment cela va être bien quand arrivera l’an 2000. Faire avec liste un joli inventaire de sa vision ce que l’on peut supporter et de ce que l’on ne peut pas supporter. T’es où ? émeut : on pressent une singulière chanson d’amour parlant d’une rupture et qui finalement se révèle une chanson de deuil. En rappel, Le foulard, superbe, démarre comme une chanson d’amour, se poursuit comme une chanson de dépendance et se termine par un crime de délivrance. Sans effet de mise en scène, on apprécie la qualité du texte, des thèmes, de la voix et l’humanité qui s’en dégage. On sent le plaisir d’être sur scène. C’est peut-être pour cela qu’elle fait aussi partie d’un ensemble vocal Les clés à molette et d’un duo très décalé Les enculettes. Curieuse Lily Luca, la veille, est venue regarder Osons, et elle anime une scène ouverte à Lyon. Anne Sylvestre, cet été, l’a choisie pour faire sa première partie à Barjac. Une artiste complète qui, sur son blog, tous les mercredis, raconte les aventures d’une étoile montante de la chanson. Et elle décrit, avec humour et dérision, les heurs et malheurs de sa propre existence de chanteuse. Une artiste à suivre, à voir en concert.

Tiens, c’est une bonne liaison avec le spectacle d’Elie Guillou. Le spectacle Rue Oberkampf conte l’histoire d’un chanteur poète débutant qui rêve du Bataclan et qui va connaître les obstacles, les compromis et les renoncements. Une fable, qui dit beaucoup sur les chanteurs et le milieu de la chanson. Un grand moment, un spectacle à ne rater sous aucun prétexte. Tu veux en savoir plus ? Alors lis le reportage d’Hexagone sur le spectacle du 17 Octobre. Je précise juste, pour faire un lien de plus dans cet article, qu’il a choisi comme chanson d’un autre chanteur débutant de la rue Oberkampf  Petit rasta de Mr Roux. Mr Roux, habitué du lieu, a chanté Petit rasta, sur la scène du Bijou, quinze jours avant.

Jeudi 27 et Vendredi 28 Novembre – La Demoiselle Inconnue 

Photo Flavie Girbal
Photo Flavie Girbal

Comment c’était ce soir ?  A nouveau un superbe concert. Pour en savoir plus là aussi, lis le reportage d’Hexagone de samedi dernier et regarde la vidéo de Gros dégueu. Tiens, un nouveau lien, Gros dégueu et La ballade des mains baladeuses de Lily Lucas traitent le même thème. Les deux artistes ont choisi d’évoquer ce sujet délicat par l’humour et elles proposent des actes de vengeance différents et mémorables. Sur mon troisième concert de l’année de La Demoiselle Inconnue, je dirai juste : unique, vivement le suivant ! Et je ne suis pas le seul, le public du Bijou, enthousiaste, a obtenu trois rappels consécutifs. En plus de son talent, de la qualité des textes et de l’intensité de son interprétation, c’est une artiste attachante, authentique, d’une grande sensibilité qui procure émotion et plaisir à ses spectateurs. A noter que La Demoiselle, juste avant d’entrée en scène, demande un bisou (et ce soir-là un bisou du patron du Bijou), et qu’elle inscrit sur un bras la liste de ses chansons et sur l’autre les prénoms des gens à remercier (pour ne pas les oublier). En rappel, elle reprend, à sa façon, et superbement, La nuit je mens ! de Bashung. Le vendredi, je passerai tard au Bijou. Plus d’une heure après son concert, elle reprend sa guitare, revient sur la scène et, assisse, offre à une dizaine de privilégiés Soif de la vie de Mano Solo. A nouveau, elle s’approprie cette reprise qui colle si bien à son univers, à son répertoire. Moment magique. N’hésitez pas, allez voir cette artiste !

Mais ce n’est pas tout ! Le Bijou « Vins vieux et musiques actuelles », bar et restaurant de quartier le midi, nous régale le soir, avant le concert, avec une nourriture de qualité. L’équipe est sympathique et professionnelle : en cuisine Tristan, au service Alexandra, au bar Lauriane avec, notamment, une bière locale et ses cocktails (dont sa spécialité « Promenade en forêt » : un des chanteurs d’Entre 2 Caisses, revu sur Paris, deux mois plus tard, en garde un souvenir ému).

Photo Michel Gallas
Photo Le Bijou

Et comme on est là pour parler de concerts, citons Dorian au son et Laura à la lumière qui s’occupent d’une salle vantée par  les artistes. Et saluons les patrons du Bijou, Emma et Pascal qui parcourent les festivals pour débusquer de nouveaux coups de cœur et concocter une incroyable programmation. C’est leur troisième saison. Bon, on te voit bientôt au Bijou ? Au plaisir de s’y rencontrer car la programmation des deux mois à venir est encore très alléchante, avec entre autres, Lior Shoov les 11 et 12 Décembre, Orlando, groupe Toulousain ovniesque les 22 et 23 Janvier et Des fourmis dans les mains du 28 au 30 janvier. A noter, une dernière fois, une des particularités agréables de ce lieu : les artistes, en général, sont reçus 2 soirs de suite.

Le Bijou  123, Avenue de Muret à Toulouse. Tél : 05 61 42 95 07

2 Commentaires

  1. Voilà un reporter passionné et très précis…on a l’impression de sortir des concerts après lecture des articles ! Et cela donne envie de s’installer au Bijou une semaine complète !

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici