Nosfell, bizarre certes, mais définitivement rock… et surtout pas hermétique !

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Photo Frédéric Petit
Photo Frédéric Petit

Quand Hexagone – en la personne du Sieur David Desreumaux – m’a proposé de « couvrir » le concert de Nosfell ce 4 mars au Trianon, j’avoue avoir poussé ma curiosité intrinsèque dans ses derniers retranchements… Et lorsqu’elle fut acculée dos au mur, je l’ai chopé par le colback et contraint à m’accompagner manu militari…

Ayant pris pour habitude d’écumer le web avant de découvrir un artiste sur scène, je repérais cette étiquette décernée à plusieurs reprises à Nosfell ; « rock bizarre »… Disséquons ensemble si vous le voulez bien cette expression d’un point de vue sémantique. Mais je vous laisse entièrement le choix ; si le sujet ne vous convient pas, vous pouvez également débattre des mérites du point de croix sur Modes&Travaux.fr. Rock laisserait donc entendre que ça « bouge bien » et bizarre que l’on ne pourrait pas trop savoir sur quel pied danser… Je supputais – à tort – que le Klokobetz, langue littéralement inventée par Nosfell afin de coller au plus près à son univers très personnel, y était pour quelque chose. L’entretien récemment accordé à Hexagone dans lequel il indique écrire également en anglais et en français, me rassurait mais finalement c’est bien la bizarrerie – entendez par là, une vraie singularité et non un simple refus des normes musicales en vigueur – qui m’ont séduit chez Nosfell.

Photo Frédéric Petit
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Une qualité que l’on doit également reconnaître à Casba Palotaï, qui assurait la première partie. Ce drôle d’oiseau hongrois aux faux airs d’Eric Clapton jeune, se déclare bluesman mais on est tenté de rajouter « cérébral » tant sa musique – guitare un brin saturée, boîte à rythmes à l’unisson, enregistrements au dictaphone diffusés via les micros de sa gratte – distille une ambiance quasi lynchienne. Le public respectueux mais pas forcément convaincu, applaudit tout de même avec bienveillance. Signe de l’ouverture dont font preuve les fans de Nosfell ? Quand il apparait sur scène, ceux-ci ne vont pas jusqu’à hurler frénétiquement son nom comme l’idolâtre moyen de notre Johnny national*, mais donnent libre cours à leur joie (il faut dire qu’ils rongent leurs freins depuis le 12 novembre, date initialement prévue pour ce concert au Trianon).

Photo Frédéric Petit
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Deux heures de performance de la part d’un Labyala Nosfell impressionnant et de musiciens tout aussi impeccables… Leur patience a été clairement récompensée. Il faut bien avouer qu’il est difficile de ne pas tomber sous le charme. Apartés complices et pleins d’humour, sourire facile et spontané, un corps éminemment gracile – il danse magnifiquement et se maintient dans la position incroyable d’un héron tout en s’accompagnant tranquillement à la guitare – autant d’atouts pour séduire – mais pas que – la gent féminine, il est vrai définitivement majoritaire ce soir là**. Est-ce cette voix à la tessiture impressionnante qui lui permet de vocaliser tel un séraphin ou de grasseyer comme un vieux chanteur de country, ces mélodies complexes tout à la fois envoûtantes et entraînantes, aux accents rock, voire pop, qui lui valent cet engouement ? Et comme si cela ne suffisait pas, l’animal maîtrise à la perfection le looper. Ceci lui permettrait aisément de se produire seul, mais son sens du spectacle et du partage le pousse sans doute à s’entourer de musiciens tels que le violoncelliste virtuose Olivier Koundonou, leurs duos étant sans nul doute le point d’orgue de ce concert. Si comme moi vous aviez quelques réticences à aller le voir sur scène et que j’ai pu vous convaincre, Nosfell est en tournée jusqu’en juin et vous pouvez visionner une belle captation de ce concert au Trianon sur Culturebox.

* Ou de Bertrand Cantat, pour de plus « jeunes » aficionados de la scène française… N’attendez pas de moi que je m’attarde à citer Calogero et consorts, on n’est pas dans un supérette…

** Nosfell prouve son attachement à la « cause féministe » ; il sera à Saint Nazaire, les 11 et 12 mars pour un hommage aux figures féminines.

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