Jérôme Minière – Une clairière

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Québécois le plus français de notre lointaine province, Jérôme Minière a vécu la première moitié de sa vie à Orléans, puis en Belgique où il a étudié le cinéma. En 1998, il est un des tout premiers chanteurs à signer un album alliant chanson française et électro. Depuis, d’autres albums ont suivi, et ce douzième opus ne déroge pas à la règle : talk over sur un tapis musical électro et « luxuriant », personnages perdus dans la foule unanime, englués dans le brouillard numérique… Une ambiance tendue pour mettre en lumière des textes puissants.

L’artiste tend son miroir à cette société lancée dans une course effrénée vers le vide : « Aujourd’hui, les sentiments ça ne prend pas une seconde pour apparaître ou disparaître… » Seule La beauté reste éternelle – plus de neuf minutes pour nous interpeller sur notre frénétique rapport au temps, un titre qui aurait plu à Paul Virilio.

« Des gens qui marchent funambules / Sur le fil téléphonique de messages contradictoires / Les micro-moments de gloire / Un message raciste sur un mur soudain devenu si triste… » (La vérité est une espèce menacée). Comme une voix off qui défile sur un long travelling, nous nous retrouvons soudain au cinéma, spectateurs de nous-mêmes. On se laisse envoûter au rythme de cette scansion particulière. La clairière apparaît soudain dans un clair-obscur, mais ces punchlines lumineuses éclairent notre chemin.

Gérard Magnet


    • objet disque – 2019
    • Chronique parue dans le numéro 14 de la revue Hexagone.

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