« Au saut du lit, elle fait son lit en portefeuille / Pour y trouver le soir sans doute un billet doux. » Jeu de mots, double sens… perles. Sur ces paroles s’ouvre Le cœur à l’encan, dernier album d’Yvan Dautin. Vous y écouterez la nouvelle chanson française, celle d’il y a quarante ans. Ça roule un peu les r, ça swingue aussi pas mal, la voix n’est pas traficotée, on y entend même des valses… De quoi vous déranger ? Quand on n’est, comme Yvan Dautin, ni chanteur de charme, ni amuseur de ces dames, chanter, qu’est-ce que c’est ? C’est écrire avant tout. Écrire pour vibrer et donner à entendre des textes spirituels tels qu’on aime à les entendre. Dautin sait manier les mots et les idées, sait faire sonner sa voix, ce n’est plus à prouver. Alors après avoir fait paraître Un monde à part en 2012, il remet ça. Et force est de constater que le nombre des années n’altère pas la sensibilité. Si le cœur n’est pas à la gaudriole (désastre écologique, aliénation du travail, laissés-pour-compte, etc.), il n’est pas non plus à la grandiloquence et aux bilans pompeux et donneurs de leçons. Il est à l’amour, à la finesse et aux petits riens qui nous (r)animent. L’orchestration d’Angelo Zurzolo souligne ainsi l’état d’esprit de l’artiste : un fin mélange entre l’humour goguenard de Bourvil et le swing de Paul Anka. Une réussite.
Flavie Girbal
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- Yvan Dautin
- Le coeur à l’encan
- epm – 2019
- Chronique parue dans le numéro 14 de la revue Hexagone.
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