Lily Luca – sans « s » – est l’étoile montante de la chanson française. C’est vrai puisque c’est elle qui le dit ! Si son précédent album – au titre imprononçable – laissait peu de doute quant au bien-fondé de cette assertion, ce nouvel opus – au titre à coucher dehors – confirme son astrale ascension. Lily Luca figure en belle place dans la constellation des artistes contemporaines, de celles et de ceux qui commettent pour dire et signifier, qui ne prennent pas l’art à la légère ni pour une étoile filante.
Sous des dehors espiègles, parfois cabotins, se niche une artiste à la plume aussi acide et volubile que délicate et minimale. Peu de mots – mais choisis – pour exposer avec force et ampleur un catalogue de revendications qui avancent tout en subtilité pour taper fort au moment où on ne l’attend pas. Ainsi cet Open, qui tend un miroir à la société patriarcale et expose les dégâts commis par la domination masculine. Ou encore ce titre éponyme, Laissez-moi peigner mon poney, qui, sous les oripeaux d’une comptine, cache un manifeste en faveur de l’acceptation des différences.
Thématiques d’aujourd’hui, propos signifiants et dégenrés qui dérangent autant qu’un pull en laine qui gratte, Lily Luca affirme ici un féminisme tout en subtilité, entre persiflage, humour et cynisme, portée par un minimalisme musical moderne et réussi sous la houlette de Fred Thomas aux arrangements et à la réalisation.
David Desreumaux
- Lily Luca
- Laissez-moi peigner mon poney
- le collectif pauvre pêcheur – 2019
- Chronique parue dans le numéro 14 de la revue Hexagone.