Véronique Pestel – Intérieur avec vue

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1976

Après le très bel album Faire autrement, paru en 2016, dont le titre était toute une profession de foi, ce nouveau disque est un véritable petit événement – comme toujours lorsqu’il s’agit de Véronique Pestel. La voix, chaude et souple comme une liane, s’épanouit en tortillons telle une viorne ténue se frayant un chemin têtu entre les moellons impassibles de nos vies claquemurées, et dès lors écouter la Pestel est une façon d’un peu se caresser le cœur… « Ce peu de bruit, ce peu de choses » est ainsi porté par une élégance de tous les mots et de tous les instants, une élégance aussi dans la posture qui est à l’évidence tout… sauf une posture justement. Véronique Pestel signe ici la quasi-totalité des quatorze titres, à l’exception – notable – de deux très beaux textes d’Aragon et de Marceline Desbordes-Valmore. Côté collègues de bureau, elle met en musique Tristesse d’hiver de Jean-Michel Piton, Rime orpheline de Rémo Gary, et interprète le savoureux Épidermes du talentueux Jean Duino – lequel assure de surcroît les guitares et les arrangements de cet album lumineux à l’instrumentarium boisé (piano, violoncelle, cor anglais, guitares, accordéon, accordina et bandonéon). Si Le parc de Sceaux a d’incontestables accents de la longue dame en noir, le délicieux Métisson métissa est pour sa part une ode tendre et iodée aux allitérations métissées, toute éclaboussée d’irisations de kaléidoscope, avec ce sens raffiné de la mélodie et des mots dits. Voici des chansons sans âge qui ne vieilliront donc pas, nous invitant sans trêve à un tendre bal chez intemporel ; voici un Intérieur avec vue possédant sans conteste une fenêtre sur cœur.

Patrick Engel


  • Véronique Pestel
  • Intérieur avec vue
  • euroscene événements – 2019
  • Chronique parue dans le numéro 14 de la revue Hexagone.

 

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