Marie-Claire Buzy – Cheval fou

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Neuf longues années s’étant écoulées depuis son précédent album, on pourrait penser que Buzy était fort occupée. Effectivement, devenue entre-temps psychothérapeute, elle a pris le temps, après ses années dans la lumière médiatique, de se retrouver. Et de retrouver donc, au passage, son prénom. Forte d’une dizaine d’albums studio, elle vous charma, souvenez-vous, avec les imparables Dyslexique, Adrian ou bien encore l’inoubliable Body physical (mais si, « Body, body physical, sex and rock’n’roll » !). Petit conseil au passage : ruez-vous à l’occasion sur l’album Délits, paru quelques années plus tard, véritable petit bijou méconnu où elle égrène les plus belles pépites.

Si avec Cheval fou le propos s’est fait moins pop, la belle voix androgyne est toujours là, au service d’un album puissant, libre et fier, tel un étalon lancé au grand galop dans une lande aride battue par les vents. Et ce Cheval foulà n’est certainement pas sans faire écho aux Chevaux sauvages chers à sa consœur Jil Caplan. Les collaborations dénotent un réel sens de l’esthétique et du talent artistique : Arnold Turboust a ainsi composé la musique de Journées nuages, et Bertrand Belin vient appuyer la chanteuse dans Où vont mourir les baleines – titre qui n’oublie pas de dénoncer au passage l’inertie coupable de nos gouvernants, que ce soit à propos de l’urgence climatique ou du sort terrible des migrants. À noter également Prière, en duo avec la comédienne Anna Mouglalis. Au final, un album chanson-rock minimaliste d’une classe folle, nimbé tout entier d’une élégance brute tout en retenue sensible.

Patrick Engel


  • Marie-Claire Buzy
  • Cheval fou
  • microcultures – 2019
  • Chronique parue dans le numéro 13 de la revue Hexagone.

 

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