Batlik – L’art de la défaite

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Trois ans après XI lieux, le prolixe Batlik revient pour son douzième opus, L’art de la défaite, dont le titre n’est pas sans rappeler celui de son sixième album (L’art des choix, 2010). Il y a donc chez lui un temps pour tout. Et pour la première fois de sa carrière, grâce au soutien du dispositif Adami, l’artiste a pu prendre le temps d’écrire ces dix titres et de les tester sur scène avant de les publier sous son label, A Brûle Pourpoint. Il s’est inspiré pour son fil conducteur des écrits du poète et philosophe roumain Emil Cioran, réminiscence d’une phrase qu’il a longtemps attribuée à son père. Il arrive parfois que nous ayons du mal à suivre cette pensée imagée, mais la clé est livrée : « La vérité ne se dit pas, elle se la raconte » (Promenades), « Bien sûr du bord de la berge c’est comme si on voyait tout / Mais du bord de la berge la vie se passe de nous » (Brasse coulée). Alors embarquons, acceptons de ne pas tout comprendre et de nous laisser porter par cette voix traînante et râpeuse à l’humour cynique. Les sonorités riches et travaillées – fruit d’une nouvelle collaboration avec Jean Lamoot – feront le reste. On retrouvera les riffs de ce guitariste ô combien virtuose qu’est Batlik, et on découvrira dans une langue inventée et scandée des chœurs signés Fanny Charmont sur deux titres (Répliques, Garde fou) qui se répondent, ainsi qu’un duo enchanteur avec le bluesman Don Cavalli (Seulement). « C’est tout l’art de la défaite / Ça tient dans un demi-tour / Tout l’art de la défaite est là / Dans ce demi-tour sur soi. »

Dora Balagny


  • Batlik
  • L’art de la défaite
  • à brûle pourpoint – 2019
  • Chronique parue dans le numéro 13 de la revue Hexagone.

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