Nicolas Jules – Les falaises

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Nicolas Jules est un « groupe de rock tout seul dans [sa] chambre d’hôtel » (Le crayon). C’est lui qui le dit et le powête a toujours raison. Si bien que si l’on retrouve notamment les collaborations des amis Roland Bourbon et Nicolas Moro dans ce nouvel album, Nicolas Jules a néanmoins maçonné l’ouvrage en animal solitaire (voix, guitare, basse, batteries & claviers) qui n’en finit pas de nous étonner, de détonner, de parfaire son travail de défrichage à l’intention de nos trop tendres oreilles sans chercher à les flatter mais à rendre compte, son pour son, du monde (son monde ?) tel qu’il le perçoit. Sourd, lourd, abrutissant parfois. Dans un paysage musical dont la tendance est au lissage esthétique, Nicolas Jules poursuit son œuvre magistrale entamée il y a vingt-cinq ans déjà. Sans concession, sans rien céder à l’industrie et ses dérives, il continue de ficeler des albums aussi sombres que lumineux, au verbe acéré, au désespoir enthousiasmant, travaillés mais jamais polis ainsi qu’il le martèle dans Ratures, fleur quasi baudelairienne de près de douze minutes : « Et je me répète pour que ça rentre / Je ne vise pas le cœur (3x) / Je vise la tête / Je n’écris bien que ce qui fait mal / J’aiguise mes ratures / La barre tombée du T / Qui raye la beauté / Merde aux objets polis / Les ratures, les entailles pour s’accrocher / Les ratures, les entailles pour ne pas tomber. » Pour ne pas tomber… de ces onze falaises, miroirs des vertiges (et vestiges) de l’amour. Onze chansons au bord du gouffre, « pleines de mots sales », au propre comme au figuré. Magnifiques.

David Desreumaux


Nicolas Jules

Les falaises

ursule – 2019

Chronique parue dans le numéro 13 de la revue Hexagone.  

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