Maud Octallinn – Sainte saucisse

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Que voilà un bien étrange album, délicieusement barré aux confins de la chanson décalée et des spécialités culinaires pur porc ! Deux ans après un premier disque, celui-ci, gageons-le n’aurait pas dépareillé chez Boucherie Productions, ou tout du moins leur succursale Charcuterie Productions… À l’image de la pochette, voilà un opus où la dérision se prend follement au sérieux, à moins que ce ne soit l’inverse. Alors bien sûr, ces petites comptines grinçantes et gentiment fofolles ne sont pas à mettre entre les oreilles prudes de vos amis véganes. Ce disque nécessitera peut-être même plusieurs écoutes afin d’en savourer toute la substantifique moelle. La performance est probablement plus pertinente en scène, où la donzelle dévoile sans conteste toute la démesure de son original talent. Si on peut hésiter à l’écoute entre trouver le projet agaçant ou attachant, il n’empêche que le charme opère, emportés que nous sommes par la voix acidulée et haut perchée évoquant tour à tour les univers musicaux de Camille, Philippe Katerine, Cléa Vincent ou Léopoldine HH. Les titres Piano-saucisse-aligot ou bien encore Je suis une andouille permettent des arrangements à la hauteur de l’ambition de l’ensemble, rehaussés qu’ils sont d’une petite flûte à bec aigrelette ou d’un trombone chamarré. En bonus, une version décapante de Boire un petit coup et sa célèbre antienne : « J’aime le jambon et la saucisse. » Maud Octallinn, bientôt en tournée dans votre cuisine, en commençant bien sûr par Toulouse et Strasbourg.

Patrick Engel


Maud Octallinn
Sainte saucisse
Ratée productions – 2019

Chronique parue dans le numéro 12 de la revue Hexagone.


 

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