JeHan – Divin Dimey

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1968

Jean-Michel Piton le dit en entretien : Bernard Dimey n’est pas réductible au cliché « poète des bistrots de Montmartre » qui lui colle à la peau. La réédition tant attendue de cet album de JeHaN le rappelle d’éclatante manière : si le chanteur-compositeur toulousain a découvert l’auteur avec Ivrogne et pourquoi pas ?, il a puisé dans différents registres pour composer un hommage personnel et nuancé. J’ai vécu donne le ton : une humanité avec ses hauts, ses bas, honneurs et compromissions, jusqu’au moment rédempteur où « se rallument soudain les rires et les chansons ». L’amitié est là, dérisoire et superbe (Si tu me payes un verre). L’amour, élégiaque (le désormais classique J’aimerais tant savoir) ou sensuel (La luxure). Haine et abjection sont aussi du voyage – voir le triste sort réservé aux Petits amoureux. L’homme en quête de lui-même s’en va chercher des mirages dans Le cerveau des baleines, se fiche des animaux du Zoo mais se trouve finalement coincé – sa médiocrité est la pire des cages. L’artiste se dépeint sous les traits inquiétants de L’enfant maquillé mais anticipe sa déchéance de parvenu (Je deviendrai très emmerdant). Conçus par Georges Baux et Jean-Pierre Mader, les arrangements mêlent modernité (samples, programmations, claviers) et tradition (cordes, accordéon) de façon assez équilibrée pour être encore pertinents vingt ans après. Quant à la voix de JeHaN… entre douceur et raucité, chanson et blues, elle offre son swing inégalable aux mots du poète, pour que sons et sens se nouent à jamais. « Et quand on s’est tout dit : il reste la musique ! »

Nicolas Brulebois


JeHan
Divin Dimey
EPM – réédition 2019

Chronique parue dans le numéro 11 de la revue Hexagone.


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