Sympathique en diable, Aron’C est sur la route depuis 2007. Le duo aux guitares saturées a les tempes qui ont blanchi, mais ces deux-là maîtrisent plus que jamais le sens de la fête et l’envie de rock fraternel. Que le complet veston ne trompe pas, les chansons ont la fraîcheur de textes écrits sur le coin d’un agenda adolescent : on leur dira qu’on va être heureux, tu verras ! (On ira danser) Fustigeant la guerre (Les chrysanthèmes), saluant les combats d’insoumis (La nuit debout), mais le cœur qui saigne (Tu l’emporteras).
Emballage gentleman farmer, musicalité rock indé, la voix chevrotante fait penser aux hymnes noir-désiresques (Quelqu’un quelque part) à l’héritage – et solos de guitare – assumé(s). Du reste, L’art et la manière, titre phare de l’album, sonne comme un manifeste : sur les routes de France, les compères ont L’art et la manière de vous faire passer un bon moment. Une éthique de l’énergie, de la convivialité et du savoir-vivre ensemble.
Musicalement, le duo est à la recherche d’une plus grande sobriété que dans les opus précédents. Rock comme on l’a dit, mais des ambiances plus espagnoles rappellent aussi les chants humanistes de Mano Solo et le bon temps des groupes festifs. La sobriété se ressent également dans le graphisme de l’album : on y voit le duo près d’un mannequin de couture. Des garçons fréquentables qui bossent bien.
À noter le titre collectif datant de 2015, L’intermittent, où l’on peut entendre, entre autres, les voix de Garance ou Tomislav ; chanson corporatiste, certes, mais qui prône, comme Mes mains ma guitare, la nécessité de ces artisans saltimbanques.
Flavie Girbal
Aron’ C
L’art et la manière
Champ libre production – 22/02/2019
Chronique parue dans le numéro 11 de la revue Hexagone.