Le soleil ne voulait pas rater le rendez-vous pour cette première journée de la 19ème édition du Printival. Chaud et lumineux, il ensoleille l’inauguration, qui se tient pour la seconde fois en plein centre ville, sur la place Gambetta, attirant un public beaucoup plus nombreux qui suit avec attention les discours et la prestation de la Chorale à ma sœur, puis vient goûter l’apéritif offert.
Une première soirée marquante pour l’ouverture du Printival 2018, dans le bel écrin du théâtre. Un théâtre qui affiche plus que complet ce soir. Le festival a refusé un grand nombre de spectateurs potentiels pour cette soirée particulière : La fête à Barbara Weldens. Dany Lapointe, sa manageuse et amie, est venue dire quelques mots écrits avec le cœur. Ottilie [B] a la charge d’ouvrir en première partie. Une artiste à l’univers personnel marqué et original, comme Barbara Weldens bien sûr et comme très souvent la programmation du Printival. Avec un univers sans frontière, à la lisière de la chanson française et en plein centre du spectacle vivant, Ottilie nous emmène en voyage, sur des routes hybrides et singulières. Une traversée vocale et musicale, inspirée de ses voyages, des sons récoltés, des souvenirs sonores de rencontres artistiques, à travers le monde, qui ont donné vie à l’album : Passage : (chroniqué ici). » Quand on rencontre une nouvelle personne, on devient une nouvelle personne » dit-elle. En rappel, elle viendra chanter sans micro au milieu du public (photo ci-contre).
Après un rapide verre au bar (mais pourquoi les théâtres positionnent-ils leur bar au deuxième étage ?), c’est l’heure du moment attendu et un peu craint aussi. Un moment vraiment particulier. Dans le public, dans l’organisation et sur la scène, beaucoup ont bien connu l’artiste de Fouzilhon, village à proximité de Pézenas. Mais le parti pris artistique a rendu possible une entreprise pourtant périlleuse, en montrant les différentes facettes de l’artiste. Faire une fête plutôt qu’un hommage. Offrir le fil rouge à un clown, l’étonnant Gilles Remy, en référence aux années circassiennes de Barbara. Étoffer la couleur musicale par le son et les instruments des Ogres de Barback avec le chef d’orchestre de la soirée Sam Burguière et ses deux sœurs. Et cette soirée permet, bien sûr, de faire entendre les textes de Barbara avec la voix d’autres artistes. Sarah Olivier, qui apparaît plutôt proche par son type d’interprétation, sa forte présence sur scène pour reprendre Barbara, nous livre Mes nichons et Du pain pour les réveille-matin.
Parmi les moments forts, Périne Faivre, accompagnée au piano par Renaud Gremillon (tous deux de la Compagnie des Arts Oseurs) vient vivre et partager avec talent deux textes marquants, et qui se font écho, sur la thématique principale du spectacle Le grand H de l’homme : un extrait de King Kong Theory de Virginie Despentes et le titre Femme de Barbara. Evidemment, la présence de Barbara Hammadi (la pianiste et amie de Barbara) et de Marion Diaques (sa violoniste) nous ramène aux superbes concerts en trio de la dernière année. Erwan Pinard, remplaçant Fred des Ogres, accompagné au piano par Barbara Hammadi, interprète une version de Viens, personnelle et émouvante. Plus tard, reprenant Chanson pour les sages, chanson non enregistrée – et peut-être jamais chantée en public -, il partira dans une danse endiablée avec avec Ottilie [B]. L’émotion montait, palpable, envahissant la scène, malgré les ponctuations bienvenues du clown. Gros moment d’émotion aussi avec Camille Hardouin : elle interprète à la harpe, là aussi pour une version personnelle, tout en retenue Je ne veux pas de ton amour. En même temps, Maya Mihindou, son amie et illustratrice de l’album Mille Bouches, peint sur les vêtements et le corps de Camille. Un moment étonnant à l’image de Barbara sur scène.
En fin de concert, Camille Hardouin revient, sans micro et assise sur le bord de scène pour son titre Terre d’oubli (avec lequel elle avait déjà rendu hommage en l’interprétant dans une église lors du Festiv’Allier à Langogne en août dernier lorsqu’elle a dû « remplacer » Barbara). Derrière elle, les artistes féminines, assises par terre, devant le piano, murmurent en chœur. Et le public reprend aussi. Pour beaucoup l’émotion s’exprime par des larmes. Sur la scène, les larmes sont retenues mais avec difficulté. La chanson collective de fin de spectacle, elle aussi judicieusement choisie, c’est Je chante des Têtes Raides (« A partir de maintenant / Je chante »). Oui, Barbara on va continuer à chanter tes textes. On va continuer à se souvenir de l’émotion reçue lors des concerts, de ton rire et de ton amour de la vie.
« A mes flancs j’ai un rêve / Mais ça c’est moi qui le tiens / J’l’lâche pas, j’l’lâche pas / Ca doit vouloir dire ça / Vivre j’en sais rien / Ça fait peur Mais je lâche rien »
17 avril – Printival Boby Lapointe
Photo de une : © David Desreumaux. Photo inédite (juin 2016) prise lors d’une séance pour le portrait de Barbara Weldens paru dans le n°1 d’Hexagone.
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